Même si j'apprécie le fait de travailler avec LacProfond, j'avoue préférer le défi que représente cette puce de Boutentrain! Il n'arrête pas une minute! Moi qui pensais ne pas avoir de concentration! À côté de lui, j'en ai des tonnes! Cependant, impossible de s'ennuyer, avec une puce-pie!

Il m'est impossible de vivre sans défis. Je peux sûrement mieux me passer d'amour (je ne parle pas d'amitié) que de défis : sans eux, je m'étiole. Seulement, mes défis passent par le contact avec les gens, l'enseignement, le théâtre, l'interaction directe,  etc. Bricoler une marionnette géante articulée, faire partie d'un comité, ne sont pas des défis intéressants pour une personne comme moi: manque d'action, d'intensité!

Premièrement, faire une tête géante et articulée est aussi facile et agréable pour moi que...de faire des maths! Quand on sait que je braillais comme une Madeleine en faisant mes devoirs de math!... J'ai plein d'idées quand vient le temps de décorer les marionnettes, mais les fabriquer... Oh! la la! Je suis incapable d'aider les autres...

Quant aux comités : toute forme de réunion me donne des boutons. Je souffre de réunionnite boutonneuse! Et puis, rester assise sans bouger m'est très pénible : mes fesses prennent feu au bout de 10 minutes d'inaction! Ben oui! Ça sent le jambon roussi dans toute la pièce! Lorsque je dois rester longtemps en place sans bouger, il faut que je tripote un objet, que j'écrive, dessine, etc. Sinon...c'est la folie assurée et pas seulement pour moi!

Mais au fait, j'oublie que je suis Borderline, moi! Je ne suis pas sensée parler ainsi! Les borderlines, parce qu'elles gèrent mal leurs émotions, sont trop instables pour gérer une équipe, dealer avec des puces et des sauterelles etc. Pourtant, j'y arrive! Merde! J'ai perdu une bonne partie de mes symptômes et gardé le diagnostic...grâceà mon vénérable médecin! Sérieusement, j'ai un certain ascendant sur mes symptômes, maintenant. Gardez courage: vous le pouvez vous aussi!

J'adore travailler avec des gens ayant des difficultés particulières. Pourquoi? Parce que je suis un peu timbrée? Sans doute! MDR! En fait, ce qui me motive à travailler avec ces gens, c'est le défi. Mais...quel défi?

Figurez-vous que le fait de batailler pour amener une personne à repousser ses limites est très valorisant non seulement pour elle...mais pour moi! Lorsque je vois quelqu'un qui avait du mal à se rendre de A à B, se rendre à l'objectif D et y être relativement à l'aise, j'ai l'impression d'avoir personnellement gagné quelque chose. Je sais que c'est fou, mais c'est ainsi...

Je suis une rassembleuse, une leader tranquille. Je ne crie pas, j'y vais en douceur. Seulement, quand j'ai décidé d'amener une personne à un endroit précis (objectif), je le fais. Quelle plus grande victoire que d'amener une personne à s'aider elle-même?

Je remercie ces gens qui me font me sentir plus vivante...

A Cultures à Partager, j'étais comme un poisson dans l'eau! J'enseignais la réparation de livres à des gens ayant différentes limites. L'un d'eux avait la fâcheuse habitude de se gratter l'oreille...avec son exacto à la main! Il avait de plus énormément de mal à retenir l'information, mais disposait d'énormément de concentration. Il était très zélé, en faisant toujours trop, ne demandant pas suffisamment d'aide. C'était aussi notre petit soleil... Une autre personne avait la volonté assez papillonnante, sa traînait un peu les pieds et disposait, par contre, de beaucoup de dextérité manuelle, de mémoire et de concentration. Elle manifestait de fréquentes variations d'humeur... Le troisième membre de ma petite équipe, une petite souris rieuse,  rigolait à qui mieux mieux et devait constamment être ramené à l'objet de sa présence à l'atelier: travailler!

Croyez-le ou non, ces personnalités claudicantes et disparates se sont unies pour former une équipe soudée et très fonctionnelle. Chacun mettait ses forces au service des autres. Chacun a pigé dans ses ressources personnelles et celles que les autres mettaient à leur disposition et a corrigé ses petits défauts. D'ailleurs, les défauts n'étant à mes yeux que des qualités mal utilisées ou exagérées, j'amenais mes collaborateurs à les mettre à leur propre service ainsi qu'au service des autres. Quelqu'un de paresseux étant habituellement plus zen qu'une personne zélée, ces personnes peuvent apprendre à modifier avantageusement leur comportement en s'inspirant l'une de l'autre... Le zélé ayant été invité à demander fréquemment de l'aide à la paresseuse, leurs comportements respectifs se sont équilibrés...

Je n'ai eu qu'à orienter un peu ces gens; ils ont fait le reste tout seul... Il faut faire confiance aux gens: ils ont toutes les ressources en eux-même. Ils l'ignorent seulement...

Avez-vous essayé d'apprendre quelque chose à une puce? Je vous souhaite bonne chance! Ces petites bêtes-là sautent si rapidement d'un endroit à un autre, qu'on doit constamment les rattraper et les ramener à leur pupitre! Ainsi est Boutentrain! De plus, il ferait concurrence à une volée de pies! Et, folle que je suis, je me suis mis en tête de lui apprendre à se faire un blogue! Oh la la! C'est essoufflant...mais ce qu'on peut rigoler!

Ma deuxième "élève", incroyable, mais vrai, est le parfait contraire du premier : bien à son affaire, calme, posée, concentrée... C'en est saisissant! Ayant eu une rencontre de plus avec Boutentrain qu'avec elle, j'ai hâte de retravailler avec cette personne que je nommerai ici LacProfond. Ce que j'admire chez cette personne, c'est qu'elle sait exactement où elle s'en va... Tout est déjà bien organisé dans sa tête. Ça va être du gâteau!

Hé oui! J'ai fini par apprendre que la colle ne servait pas à se faire des faux ongles en feutrine ou à fabriquer des verrues transparentes aux marionnettes! Ouf! Une affaire de réglée! Il me reste cependant à découvrir comment faire des moustaches en colle à brillants...sans que celles-ci aient 3'' de large!

Sur le plan social, ça va très bien; je suis déjà un membre de l'équipe à part entière. Les gens, un peu désarçonnés au début par mon humour particulier, rient maintenant à pleine gueule quand je blague. On me traite comme si on me connaissait depuis toujours. À l'heure du dîner, des personnes à qui je me suis présentée la semaine dernière, m'invitent à manger avec elles. C'est très agréable.

Mais j'ai deux coups de coeur : ma grande sensible de chef d'équipe, ainsi que le joyeux drill du groupe, la version masculine de La Cascadeuse, que je nommerai ici Boutentrain. Il va sûrement se reconnaître en lisant ces lignes...