• Disparition de Georges Guynemer

    Bien qu’évènement atroce dont on ne connait pas encore vraiment le commanditaire, les attentats qui ont eu lieu le 11 septembre 2001 dans l’est des USA commencent à s’estomper de la mémoire des jeunes générations. Que dire alors des autres évènements plus anciens dont nous pourrions fêter l’anniversaire, en ce 11 septembre ?

    Comme, par exemple, le coup d’Etat chilien qui renversa Salvador Allende en 1973 ou la mort de l’As français du combat aérien, Georges Guynemer, pendant la première guerre mondiale.

    Lorsque la guerre éclate à l’été 1914, Georges Guynemer a 20 ans et veut s’engager mais les médecins le déclarent inapte, trop chétif pour la rude vie du front. Son père Saint-Cyrien tente d’user de ses relations mais rien n’y fait. Georges réussit cependant à se faire embaucher, au titre du service auxiliaire, comme aide mécanicien puis, tenace, comme élève pilote, à l’école de pilotage de Pau. Breveté en 1915, il est affecté à l’escadrille MS 3 (comme Maurane-Saulnier, nom des nouveaux appareils perçus par cette unité aérienne) et prend en compte le « Vieux Charles » ayant appartenu au sergent Charles Bonnard.

    Dès lors, en mission d’observation au plus près des combats au sol, il va enchaîner une série d’exploits qui vaudront au jeune pilote de 21 ans la croix de guerre puis la médaille militaire. L’escadrille MS 3 est rebaptisée N 3 avec l’arrivée des Newport 10 égalant en puissance les avions Fokker allemands. L’Audacieux sergent Guynemer prend de plus en plus d’assurance et devient l’un des meilleurs pilotes de sa génération. C’est le président Poincaré, lui-même, qui lui remet la Légion d’Honneur pour bravoure sur les arrières de l’ennemi. Avec une cinquième victoire aérienne homologuée, il accède au titre glorieux d’As mais ne va pas en rester là. Promu lieutenant en 1916, il participe aux combats de Verdun et de la Somme. Il est blessé de plusieurs balles mais reprend l’air dès ses blessures soignées.

    Le groupe des Cigognes (en référence à l’Alsace que tous voulaient ramener dans le giron français) met au point avec ses meilleurs éléments, Alfred Heurtaux, René Fonck (l’As des As), Roland Garros (l’inventeur du tir au travers de l’hélice), une technique de combat qui consiste à surprendre l’adversaire par l’arrière, lui porter un coup brutal et bref puis s’esquiver avant qu’il ait eu le temps de riposter. Guynemer excelle à ce jeu, collectionnant les victoires, abattant même un bombardier allemand aux commandes d’un avion Spad dont il avait contribué à améliorer la motorisation en écrivant à l’ingénieur en chef de l’entreprise. C’est justement aux commandes d’un Spad, son « avion magique » qu’il atteindra sa 53ème victoire homologuée.

    Après 45 avions abattus, 20 citations et 2 blessures, il est promu en 1917 officier dans l’ordre de la Légion d’Honneur, médaille que lui remet le général Franchet d’Espèrey, assortie de la belle citation suivante : « Officier d'élite, pilote de combat aussi habile qu'audacieux. A rendu au pays d'éclatants services, tant par le nombre de ses victoires que par l'exemple quotidien de son ardeur toujours égale et de sa maîtrise toujours plus grande. Insouciant du danger, est devenu pour l'ennemi, par la sûreté de ses méthodes et la précision de ses manœuvres, l'adversaire redoutable entre tous. A accompli, le 25 mai 1917, un de ses plus brillants exploits en abattant en une seule minute deux avions ennemis et en  remportant dans la même journée deux nouvelles victoires.

    Par tous ces exploits, contribue à exalter le courage et l'enthousiasme de ceux qui, des tranchées, sont les témoins de ses triomphes. »

    Le 10 septembre 1917, Guynemer doit se poser en Belgique pour faire réviser le moteur de son Spad XIII qui a, une nouvelle fois, des ratés. Le pilote est soucieux mais redécolle le 11 septembre pour effectuer, ce qu’il ignore encore, son dernier vol. En patrouille avec un autre pilote, Jean Bozon-Verduraz, il sillonne la zone de Langemark, au centre du triangle Lille, Dunkerque, Gand, au dessus de la Belgique. Guynemer aperçoit un Rumper biplan allemand isolé et fonce sur lui sans s’apercevoir que plusieurs Fokker, plus haut, le prennent aussitôt en chasse. Bozon-Verduraz, qui a vu la manœuvre, tente de les disperser mais quand il cherche ensuite à rallier son chef de patrouille, celui-ci a disparu, vraisemblablement abattu. Les Allemands glorifieront le lieutenant Kurt Wissemann pour cet exploit mais ni l’avion ni la dépouille de cette « superbe cigogne » ne seront retrouvées car la carcasse crashée à Poelkapelle et son occupant, capitaine de 22 ans, disparaîtront sous un feu puissant d’artillerie, malencontreusement déclenché à ce moment.

    « Mort au champ d’honneur le 11 septembre 1917. Héros légendaire, tombé en plein ciel de gloire, après trois ans de lutte ardente. Restera le plus pur symbole des qualités de la race : ténacité indomptable, énergie farouche, courage sublime. Animé de la foi la plus inébranlable dans la victoire, il lègue au soldat français un souvenir impérissable qui exaltera l’esprit de sacrifice et provoquera les plus nobles émulations. »

    Ces seigneurs de l’air, tel « le Baron rouge » allemand, avaient beaucoup de classe et savaient à l’occasion épargner un adversaire qu’ils respectaient car tous connaissaient la réputation, jamais usurpée, de leur concurrent. Attitude noble et chevaleresque.

    Que ces pages d’histoire, à l’image du petit Prince Antoine de Saint-Exupéry, sont belles ! Puissent les générations actuelles quitter leur écran digital pour les relire et s’en inspirer.


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