• Raymonde Peschard, une franCo-algérienne illustre martyre de la région de Bordj-Bou-Arreridj et du MASSIF DES BIBANS.

     

     

    D’abord je dénonce avec vigueur que l’hôpital de Bordj a été débaptisé du nom du martyre « Docteur Belhocine » car le régionalisme et le tribalisme sont de grands fléaux depuis longtemps malfaisants à Bordj. Plusieurs cas existent dans ce genre. Entre autres, je ne cite que l’ancien quartier appelé « Combata » où a été construit le nouveau siège de la Wilaya. Il avait le nom d’un martyr bordjien « Amarouche » au début de l’indépendance « les années 60 ». Comme la tribu régnante (mieux encore : qui a longtemps sévi dans la gestion des affaires de la région surtout avec les fausses attestations de Moudjahid) de l’époque ne voyait pas cette appellation d’un bon œil, elle l’a rebaptisé ce quartier d’une date… Pour Raymonde, Contantine en a sa rue au nom de cette dame qui a consenti le sacritique pour la liberté du peuple algérien

    Mais c’est surtout qu’aucun édifice ou rue, à Bordj-Bou-Arréridj, ne porte le nom de « Raymonde Peschard », je trouve ça injuste et ingrat envers cette autre martyre… Comme je tiens à préciser que Raymonde Peschard et Aïcha Haddad ne se sont jamais rencontrées, contrairement à ce qui est dit à Bordj chez et auprès des falsificateurs de la mémoire historique locale et nationale.

    Il y a 52 ans, le 26 novembre 1957, au pied du mont « Tafartaste » (la dégarnie) qui surplombe le chef lieu de la daïra de Médjana, fief d’El-Mokrani, tombait en martyre pour l’indépendance de l’Algérie : Raymonde Peschard. Au lieu dit « Draâ Er’Rih » (la vallée du vent), elle tombe dans l’embuscade tendue, sur indications de harkis et autres collabos qui aperçurent le déplacement pédestre du groupe qu’elle conduisait. Ils l’indiquèrent à l’armée colonialiste déjà aux aguets et aux abois depuis, déjà 3 années du déclenchement de la glorieuse guerre de libération.

    Sa mort ne survient pas dans l’assaut donné par l’armée coloniale. Mais après, comme d’ailleurs d'autres membres du groupe. Blessée et capturée, elle ne pouvait supporter de voir ses frères, le docteur Belhocine et Oukmalou Arezki, achevés sauvagement. Devant les corps allongés de ses frères de combat, et malgré ses blessures, Raymonde trouvera le courage de déverser sur les soldats un flot d’injures, les traitants de sauvages, de barbares et de nazis (…). Un officier lui logera alors une balle dans la tête…

    Comment elle s'est trouvée avec les 4 médecins à marcher à pieds pour traverser le "Massif des Bibans", puis tomber dans l'embuscade ? Le groupe venant de la capitale, où Raymonde était recherchée et susceptible d'être arrêtée, empruntait le train Alger-Bône (actuellement Annaba).

    Ils ont été surpris des contrôles, se répétant à chaque gare jusqu'à Bouira. A Bouira, ils se sont renseignés auprès de passagers sur la situattion qui prévaut dans l'Est-algérien, où la guerre s'est déjà installée à partir de la Kabylie. Les troupes françaises ont été renforcées depuis l'offensive d'août 1955 et les Aurès constituaient une zone presqu'incontrôlable par les français.

    Ainsi conjointement les membres du groupe ont décidé de quitter le train au niveau de la gare Beni-Mansour, là où un arrêt est obligatoire pour qu'une partie des voyageurs fasse la correspondance vers B'Gayathe "BEJAIA" (ex. Bougie). Ils devaient donc traverser à pieds le "Massif des Bibans", montagneux donc offrant plus de recoins pour le repos et de cachettes en cas... Mais au niveau de "Tafartas" et à son pieds les plaines céréalières, d'ailleurs qui font la renommée de la région dite "Bled Essaba" sont presque dénudées et bien plates pour apercevoir le groupe. Si on escalade pas le mont, on serait visible. Si la traversée se fait par la montagne, la marche sera plus pénible et plus longue.

    La petite unité qu’elle commandait, dans un mouvement de transfert, effectait donc le trajet pour traverser l’est algérien. Elle  se composait de 4 médecins dont les deux frères Belhocine et Oukmalou Arezki, tous docteurs en médecine, attelés à rejoindre clandestinement la Tunisie où les troupes de l’ALN étaient regroupées, et commençaient à se former et à s’équiper en logistique selon les normes d’une armée professionnelle. Ces troupes avaient d’énormes besoins dont celles d’encadrement divers et ceux médicaux lui manquaient plus.

    Outre que Raymonde Peschard était une infirmière douée, d’une doigtée chirurgicale reconnue, elle avait été remarquée par son grand dévouement. Comme elle connaissait bien l’est algérien où, Constantine, elle avait vécu et grandi.

    Parmi les bordjiens à avoir aussi suivi cet itinéraire vers la Tunisie, le docteur Benabid Docteur Ahmed Benabidet monsieur Kamel Boussaïd (2 hommes de notre ville sur lesquels nous reviendrons certainement plus tard). Le premier a rendu l’âme à son seigneur et le second est encore en vie. Ils ont traversé le même chemin que comptait suivre Raymonde Peschard et son groupe…

    Raymonde Peschard qui porta le prénom de Taous dans le maquis, est née à Alger, en 1927 à Saint-Eugène. Précocement engagée dans l’action politique auprès des plus humbles dès que sa conscience s’éveilla, grâce à un oncle Edouard Peschard. Un communiste cheminot à Constantine qui l’avait adoptée à la mort de sa mère et l’avait aidée à acquérir une formation d’assistante sociale et de femme militante.

    Pendant les années 40, elle adhéra au PCA (Parti Communiste Algérien) Logo du PCA, et avait aussi de forts contacts avec les nationalistes du Vieux Rocher à Constantine. Raymonde se fait rapidement remarquer par les autorités coloniales qui ne tardent pas à la déclarer persona non grata dans les murs de Constantine.

    C’est ainsi qu’elle réintègre Alger, sa ville natale, où grâce encore à la légendaire solidarité ouvrière et communiste, elle a été recrutée au sein de la société Electricité et Gaz d’Algérie (EGA devenue Sonelgaz à l’indépendance). Elle reprend son action et se retrouve aux côtés de celui qui devient bientôt un héros martyr de la cause algérienne : le communiste Fernand Iveton, syndicaliste exécuté à la guillotine à Oran, avec lequel elle entre au FLN en 1956.

    En novembre, à la suite de l’arrestation de Fernand IvetonFernand Yveton, la presse coloniale diffuse sa photo sous le titre : « La femme blonde qui a remis la bombe à Iveton est identifiée ». Peschard se fond dans la clandestinité et monte au maquis, vers le mois d’avril de la même année. Elle fut une d’abord infirmière, mais insiste pour être parmi ceux qui combattent les armes à la main.


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  • Commentaires

    1
    Samedi 13 Février 2010 à 12:42
    Raymonde PESCHARD
    Excellent travail de mémoire. Toutes mes félicitations. Il faut, cependant, indiquer les sources de vos articles et des photographies ainsi que les autorisations de leurs auteurs. A ce propos, vous serez gentil de le faire pour le portrait de Raymonde PESCHARD, mis en page et publié par notre site,après autorisation de son auteur, en respect de la propriété intellectuelle.
    2
    Lundi 19 Décembre 2011 à 11:12
    Image de ce sujet.
    Salut, Justalg. Ravi que vous ayez apprécié. Cependant, le portrait en question est de Mustapha Boutadjine, un GRAND ami à moi. Il s'agit d'un collage que vous vous attribuez... L'autorisation de cet artiste, je l'ai eu dans son atelier dans le 92 - Cachan. Comme vous semblez défendre HADOPI et autres lois américaines des droits des auteurs, retirer votre image. ou bien modifier son URL, elle sautera de ce site. Car elle est en ligne selon son adresse. Sinon revenez prochainement, l'oeuvre de Mustapha Boutadjine aura un article dans ce blog pour vous imprégner de son travail. Amicalement. Tatem, auteur de ce BLOG
    3
    Mardi 6 Mars 2012 à 00:14
    Portrait de la chahida Raymonde Peschard
    A "BBA" suite à son message du 19-12-2011 Je vous invite à visiter la page consacrée à Raymonde Peschard, dans le site: http://justesdalgerie.forumactif.org/t74-raymonde-peschard-morte-pour-l-algerie Vous constaterez que: - Il y est mentionné le nom de l'auteur de son portrait, l'artiste peintre Mustapha Boutadjine, comme de juste ! - Le portrait y a été publié, après autorisation de l'auteur. - Seule la mise en page a été faite par notre site, et, c'est la seule chose qu'il puisse s'attribuer. Amicalement Justdalg
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