Petite voix au téléphone. Ça sent les larmes tout ça. Je m'assoie et j'attends... Tout doucement elle me dit qu'il l'a quitté. Ce n'est pas une mauvaise chose en soi. Ce qu'il ne sait pas c'est qu'elle est enceinte.

Bleu c'est la couleur que je dévore des yeux parce que je ne sais pas quoi dire. Je n'ose pas lui dire ce que je pense. Petite voix murmure qu'elle ne lui dira pas. Je me tais.

Fin de la communication. Petite voix s'est tue.

Je me sens toute pas bien. Envie de vomir. J'ai des petits points noirs dans les yeux lorsque je me lève. Ça sent le malaise.

Francis Lalanne me susurre à l'oreille : « pense à moi comme je t'aime ». « Ta gueule Francky » c'est tout ce que j'ai envie de lui répondre.

Petite voix ne m'a pas dit pourquoi il est parti. Mais je sais déjà. Pour une autre. Comme souvent dans les histoires.

Je regarde mon ailleurs. Je me dis qu'il est tout doux comme je l'aime. Plus tard pour le reste.

Petite voix qu'est ce que je fais ?

J'ai repris le travail. Maintenant j'ai hâte de repartir en vacances.

Mon nouvel ailleurs prend forme... L'installation s'achève au fur et à mesure. Mon fauve prend lui aussi possession des lieux... Il y a encore pleins de cartons. Mais j'y arrive tout doucement... Je campe encore un peu au milieu de tout ce charivari. Mais j'aime ça.

Ça me fait sourire.

Mes nouveaux voisins ont pris contact avec moi... Histoire de voir s'ils devaient se faire du souci ou non. A priori je leur ai convenu. Ils sont âgés, ridés... Pour l'instant ils sont charmants. Ils ont manifesté de l'intérêt lorsqu'ils ont vu mon violon. Mais je ne joue plus. Je ne sais plus.

Je viens moins ici ... J'ai peut être moins à dire.

Mon ailleurs me plaît.

Assommée par la fatigue, je me suis endormie. Dans mon rêve tout était mêlé. Je me voyais courir. Il me prenait la main. Me disais toutes ces choses que j'avais envie d'entendre. Les tournesols sont apparus avec le soleil... Un tout mêlé... Je me suis réveillée. Sourire... Je me suis mise de la musique classique. Du violon. Marc est entré dans ma chambre pour me demander de diminuer le volume. Je l'ai fait. Je n'ai rien dit. Mon fauve me manque. Samedi je reviens sur Paris. J'ai hâte et en même temps pas du tout. Cela signifie que Lundi je recommence à travailler. Il faudra que je parle. Je n'en ai pas envie. J'aime bien mon mutisme.

Marc m'a dit que j'étais dévisagée par les gens dans la rue. J'ai levé un sourcil interrogateur. C'est nouveau ça ? Depuis quand on me regarde ? Il m'a dit que tout simplement j'étais jolie. Là j'ai ri. Je sais... Il faut que je prenne confiance en moi. Pour l'instant c'est difficile. Mon fauve me manque. J'ai envie de l'entendre miauler, son ronron... Il me manque. Nous ne nous quittons que très rarement et le moins longtemps possible. C'est comme ça. J'ai dû mal à m'en séparer. 4 ans que l'on vit ensemble.

Mon fauve ? C'est une femelle... Mais j'aime bien l'appeler mon fauve. Mes meilleurs amis m'appellent bien la sauvageonne. Donc pourquoi pas mon fauve ?

Mon père me chantait cette chanson : "souris puisque c'est grave"... Aujourd'hui encore, je me calque un sourire même si cela ne va pas. On apprend jamais à être triste : on l'est. Je commence juste à apprendre le bonheur. Pour l'instant il rime avec toute seule.

Je ne regarde plus l'heure tourner en espérant qu'IL vienne, je ne vérifie plus si mon téléphone est suffisament rechargé. Je me préoccupe de moi, de mon nombril, et de mon fauve aussi. J'apprends le bonheur.

J'apprends à conjuguer mes instants simples, mes passions et je me rends heureuse ainsi... Tout doucement...

Souris puisque c'est grave...