• Parfois,

    On vous met une petite idée en tête et elle reste dans l'arrière cerveau. Elle trotte, elle ressurgit de temps à autres, elle rit doucement attendant son heure, elle se terre, elle se cache et ressort au bon moment... ou lors d'un moment de faiblesse.

    Première erreur de ma part, j'ai fait un tour à la FNAC... là généralement, mes principes de "n'oublie pas ton petit bouquiniste/disquaire/..." passent à la trappe et je commence à errer telle une âme en peine dans les allées peuplées de vendeurs pour la plupart mal aimables -je parle de ceux de Paris et plus particulièrement de ceux de l'ignobles  FNAC des Halles- et de personnes pressées.
    Tout commence innocemment : rayon BD. Hop Riad Sattouf, Oh Blutch. Ensuite tour au rayon bouquin et là hop Bret Easton Ellis et compagnie. Rayon DVD idem : Oh Nip/Tuck saison 2.

    Et là seconde erreur : tour au rayon musique... Groupe de gamines de 13/15 ans avec iPod dont les écouteurs pendent -ça doit être un nouvel accessoire de mode-. Premier arrêt, rayon Jazz : pas motivé. Deuxième arrêt, rayon labels indépendants : pas inspiré. Et puis là, l'idée cachée, celle du début, ressort et guide un coin d'oeil : Noir Désir en public.
    Et j'ai craqué à cause de cette chienne d'idée qui me trottait dans la tête depuis que quelques uns m'ont dit "mais si il est bien !" "Mais non c'est pas commercial !". Je l'ai pris rapidement dans le rayon en regardant à droite et à gauche si personne ne me voyait. J'ai couru à la caisse, hop caché entre les BDs et les bouquins.

    Et je l'ai écouté fébrilement en rentrant chez moi. Après l'enchaînement : Si rien ne bouge, Septembre en attendant et un One trip One Noise un peu faiblard, je souriais et caressais doucement mon Dies Irae. Et puis, Les Ecorchés, le Fleuve, la Chaleur et une Ernestine fabuleuse arrivent. Et là, j'ai senti la chaire de poule arriver, l'impossibilité de ne pas fredonner l'air... La petite idée est bien ancrée et me répète : "tu as l'air con maintenant". Oui j'ai l'air con car l'album est beau. La voix de Bertrand Cantat plus grave, plus cassée, plus stable que dans Dies Irae, le son est fabuleux...

    Pourtant, après la première écoute j'avais quand même un drôle de goût en bouche. Un goût amer, salé... celui de me dire qu'on aura plus de Noir Des' avant un bon moment... et puis j'ai remis Dies Irae sur ma platine parce que je suis un vieux con.


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  • Comme tous les six mois depuis maintenant cinq ans,

    Je retourne faire un check-up à l'Hôpital où une petite mésaventure m'a cloué deux étés durant sur un lit qui sent le formol avec plus de tubes dans les bras que je n'ai de veines.

    Comme à chaque fois, je vais me retrouver au milieu d'une bonne dizaine de patients qui attendent le même examen que moi... Comme à chaque fois, j'aurais la chance de passer parmi les premiers entre les mains d'un professeur qui délivrera sa sentence : "Tout va bien, ménage-toi un peu quand même".

    J'ai tendance à fuir au possible les autres patients qui me bavardent entre eux de leurs séquelles, de leurs souffrances, de leurs ennuis post-opératoires et du temps qui, décidément, n'en fait qu'à sa tête. Il n'y a aucun mépris pour ces personnes qui partagent un événement difficile à vivre, il n'y a même aucun honte à avoir vécu cela. Pourtant je fuis. Je fuis car être dans ces murs avec ces personnes m'est inacceptable. La plupart d'entre eux ont entre 30 et 50 ans de plus que moi mais cela n'explique rien. Ce qui m'est impossible à maîtriser c'est cette image de moi-même qu'ils me projettent, cette douleur qui est là, cette faiblesse qui me ramène tous les six mois ici.

    Pourtant, ironie suprême, la plupart des personnes avec qui je sympathise aujourd'hui me révèlent plus tard qu'elles ont eu-elles aussi d'importants soucis à un moment ou à un autre de leur vie. Comme si les malheurs passés laissaient sur les gens des marques pour qu'ils se reconnaissent et s'attirent irrésistiblement...


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  • Parfois,

     

    Je garde certaines choses au plus profond de moi et une seule phrase suffit à les faire ressortir. Là, en l'occurrence, c'est une remarque de K. sur Noir Désir.

     

    J'ai toujours été un admirateur de la joyeuse bande qui a beuglé contre la Holy Economic War, qui  s'est insurgé contre les Hommes Pressés en plongeant dans la Chaleur quitte à en ressortir complètement Lazy...

    J'ai toujours adoré ces bordelais qui vomissent sur beaucoup de choses avec une verve poétique délicieuse, qui s'éloignent des projecteurs pour jouer de manière intimiste ou exploser en concert. Chaque fois que je passe un morceau de Noir Des', j'ai l'impression d'avoir un petit bout de ce groupe chez moi qui vient pousser son cri ou fredonner son air.

     

    Pourtant, je n'achèterais pas le « nouveau » live. Dies Irae est un des plus beaux live jamais sortis et je ne voudrais pas être déçu. Mais là n'est pas la vraie raison. La vraie raison c'est un dégoût pour les nécrophages, un rejet absolu de ceux qui se repaissent des cadavres, des excréments et autres déjections. Je hais les charognards.

    Si, aujourd'hui, cet album est numéro un des ventes, personne ne me fera croire que ce n'est pas à relier avec la disparition tragique de l'ex-compagne de Bertrand Cantat, du livre putassier de sa mère et de la couverture médiatique vomitive qui a été fait de ce tragique accident domestique.

    Le hasard a fait qu'au moment de cette historiette, j'ai emménagé juste à côté du cimetière du Père Lachaise. Voyant un énorme attroupement de touristes photographes amassés autour d'une sépulture, je me suis demandé quel écrivain, poète, homme d'état ayant fait date dans l'histoire pouvait tant fasciner les foules... C'était en réalité la tombe de Mlle Trintignant. Ah, c'est évident c'est excitant de savoir qu'il y a de la charogne fraîche en dessous de cette terre. Finalement, je suis sorti au plus vite de ce lieu pourtant magique avec une furieuse envie de rendre, non pas l'âme, mais mon déjeuner.

     

    La première chose que j'ai entendue sur cet album est que la part de Bertrand Cantat reviendra aux « pauvres orphelins de Marie Trintignant »... c'est sûr, pour un amateur de musique, c'est fondamental. Je cours donc de ce pas exhumer mon beau Dies Irae. Lui, au moins, ne sens pas la mort mais la vie débordante.


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  • Hier soir,

     

    Je suis rentré du cinéma après avoir vu The Jacket -qui n'est pas mal du tout mais je reste émerveillé par Broken Flowers- et ai allumé mon téléviseur. Et là, la magie a opéré : TF1 diffusait Rocky IV.

     

    Rocky IV est l'essence même du film temporel. Aucune personne née après les années 80 ne pourra plus percevoir la substantifique moelle de ce chef d'œuvre. Rocky IV, ce n'est pas un film de sport. Comme le dit très justement le gentil ex-rival de Sly : « Ce n'est pas simplement la boxe, c'est entre eux et nous, entre l'Ouest et l'Est ». C'est bien là que réside le génie de ce film : ne pas parler une seule seconde d'autre chose que des clichés qui ont existé entre le bloc de l'Est avec ses surhommes forcément blonds, forcément imberbes, forcément sans sentiment, forcément dopés... et le bloc de l'Ouest avec ses boys forcément gouailleurs, forcément pleins d'humour, forcément pleins de sentiments et forcément vainqueurs à la fin.

    Lorsque j'étais en prépa et que me lectures allaient de Keynes à Kant, l'un de mes professeurs m'a dit : « Si tu veux réussir un concours, laisse tomber Télérama, va voir James Bond ». Il m'a gentiment tapé sur l'épaule et m'a laissé en plan avec mes textes imbuvables sur les impératifs catégoriques ou sur la révolution industrielle.

     

    En regardant Rocky, j'ai compris avec une acuité toute nouvelle ce précieux conseil.

     

    PS : Je viens de commencer la série Deadwood et... c'est bien.

    PPS : Broken Flowers... c'est du pur Jarmush. Donc ceux qui, comme moi, sont sensibles à son éloge de la lenteur adoreront. Ce qui, comme celle qui partage ma vie, ont besoin d'une histoire avec une fin seront frustrés. Mais au final, j'adore.


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  • Hier soir,

    J'ai cheché une consolation. C'est ça quand on est dépendant, quand on a besoin physiquement d'une substance. On tremble, on a de la fièvre... bref on est en manque.

    Moi, c'est Laurence et François de l'Ile de la Tentation. Hier j'ia tenté de trouvé un substitut. J'ai regardé M6 et son Pensionnat de Trucmuche... Je me suis dit : "Ecoute le toxico, ça doit pas être mal au niveau de la misère humaine. Certes ce ne sont que des ados mais ce sont peut-être les Laurences, les François de demain".
    Premier soucis, la prise en intra occulaire de François faisait un efffet immédiat : détente des neurones, zygomatiques qui se tendent... C'était du brutal, de l'immédiat. Là, rien... disons rien d'aussi beinfaisant ou d'aussi immédiat.
    Pensant qu'il ne s'agit du délais d'adaptation à ma nouvelle came, je poursuis l'expérience. Et finalement... ça donne un peu le sentiment de prendre un Lexomyl après un shoot de morphine.

    Alors s'il vous plaît, aidez moi ! Trouvez moi une nouvelle émission hebdo ! en plus Broken Flowers n'est toujours pas sorti... vite une dose...


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