• [Critique] The Woman

    the woman

    Titre : The Woman
    Réalisateur : Lucky McKee
    Année : 2011
    Avec : Polyanna McIntosh, Angela Bettis , Sean Bridgers
    Genre : Horreur, Etude Anthropologique du "type bien" et tortures dans le cagibi



    Alors comme ça, The Woman fait parler de lui. Normal, c'est le nouveau film de Lucky McKee, réalisateur talentueux à qui l'on doit principalement May, oeuvre culte, mais aussi un Masters of Horror plutôt cool, ou encore The Woods, un film qui vaut surtout pour les rares apparitions de ce bon vieux Bruce Campbell. Mais apparemment, là, c'est surtout pour l'aspect scandaleux du film. The Woman serait, à en croire certains, un film dégradant pour la femme, se complaisant dans une violence extrême gratuite et humiliante, et en plus, The Woman indignerait les petites natures l'ayant découvert au festival de Sundance...

    La woman en question, elle vit en haillons dans la forêt, une grotte ou au bord de la rivière, ne s'exprime que par grognements et a les cheveux encore plus sales que Kurt Cobain. La belle vie, quoi. Et d'un coup, un type débarque, lui tire dessus, la capture et l'enchaine dans son cagibi sous terre, avant d'annoncer tout fier à sa gentille famille qu'il a "une surprise!". En bon père de famille, il présente sa trouvaille aux siens en même temps que son projet : l'éduquer pour lui apprendre à vivre en société. Comme c'est gentil, dit comme ça. Ce monsieur a tout de cette catégorie horripilante de personnes, vous savez, ces gens vomitifs qu'on appelle les "types biens" : il a un bon boulot (il est avocat), un grand sourire colgate et le prénom qui va avec (Chris) et entretient de bonnes relations avec son voisinage : en résumé, il est parfaitement intégré à la société, c'est un bon père avec une familles sans histoire. Et pour éduquer la "bête sauvage" qu'il a capturé, il décide que le mieux, c'est de l'attacher et de cogner dessus.

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    Très vite, on découvre que derrière sa facade de père de famille idéal, Chris est une vraie ordure. Non seulement, il se comporte envers sa captive comme le porc qui se sait protégé par son apparence, se croyant planqué derrière la supposée superiorité que lui apportent ses petites certitudes prétentieuses. Mais en plus, il est un vrai tyran envers sa famille, pas si heureuse. Je ne comprends pas comment on peut trouver The Woman dégradant pour la femme, tant les hommes du film (le père et son fils) y sont présentés comme des êtres pervers, violents et répugnants, juste des lâches qui se cachent derrière une routine de facade. Si Polyanna McIntosh est d'emblée impressionnante et bestiale (si elle avait joué Conan dans le remake tout pourri de Nispel, le film aurait peut être gagné en sauvagerie...), on la prend très rapidement en pitié et on en vient à haïr viscéralement ce type et son sale gosse, à leur souhaiter pire qu'une rencontre avec Justin Bieber ou Frank Dubosc. Après avoir été assez "pudique" sur la violence visuelle dans May, Lucky Mckee met le paquet avec The Woman : mutilation, hurlements, viol, tortures diverses...En intercalant entre les scènes chocs des tranches de vie du quotidien, il rapproche le spectateur des personnages et le plonge dans une ambiance étouffante, malsaine, de plus en plus sordide au fur et à mesure que l'on devine que Chris, décidément, cache bien des choses sur sa petite famille. 

    Plus qu'un film dégradant et complaisant, j'y ai vu plusieurs critiques contre notre société. Tout d'abord contre ces êtres répugnants et sûrs d'eux-mêmes, qui, sous prétexte d'une situation socialement enviable se permettent de s'imposer aux autres par la violence. Ensuite, contre les pulsions malsaines, perverses et morbides qui peuvent se cacher derrière ces apparences de "types biens". Et puis enfin, contre la lacheté de notre société, symbolisée par la femme de Chris (jouée par Angela Bettis, abonnée à McKee), qui préfère fermer les yeux et se taire face à la violence, et dont la passivité coupable est presque tout aussi grave. Malgré ses défauts (à être aussi radical, le film est un peu naïf et peu crédible, forcément) The Woman est un film particulièrement malsain, un vrai cauchemar se mettant en place peu à peu et qui vient nous prendre aux tripes, au point de trouver juste le déchainement ultra-violent de la fin. Et Lucky McKee confirme qu'il sait y faire quand il s'agit de nous faire pénétrer progressivement dans l'enfer et la folie de ses personnages. Oh, le film sortira directement en DVD chez nous, vers mars logiquement.

     

    Une note? Allez, 8/10


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