• [Critique] Sweeney Todd

    sweeney todd

    Titre
    : Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street (The Demon Barber of Fleet Street)
    Réalisateur : Tim Burton
    Année : 2008
    Avec : Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Alan Rickman, Timothy Spall, Sacha Baron Cohen 
    Genre : Drame, Comédie Musicale, Burton, Horreur


    Après avoir parlé d'Alice, j'avais BESOIN de remonter un peu le temps et de revenir sur Sweeney Todd, dernier chef d'oeuvre de Tim Burton pour le moment (qui sait, Dark Shadows sera peut être réussi). Sweeney Todd est un retour du réalisateur à l'horreur après le superbe Sleepy Hollow, sorti en 1999, et surtout après une floppée de films familiaux et de blockbusters pour la plupart réussis, parfois magnifiques (Les Noces Funèbres), parfois ratés (La Planète des Singes), parfois un peu chiant quand même (Big Fish), mais tous plein de gentils sentiments. Se basant sur des faits ayant connu plusieurs adaptations (au théatre et au cinéma) depuis 1847, Burton décide d'en faire une comédie musicale, après avoir vu celle de Stephen Sondheim.

    Dans une comédie musicale, il faut une bonne musique et de bonnes chansons. Pour changer, la bande-son n'est pas de Danny Elfman. Et si ça avait pu inquiéter à l'époque, il faut reconnaitre que c'est peut être le premier bon point de Sweeney Todd. La musique composée par Sondheim, très sombre et théatrale, tranche radicalement avec ce qu'on a pu entendre 50 fois chez Burton et est un véritable bol d'air. Sinon, oui, les acteurs chantent. Oui, ça fait peur avant de voir le film. Et oui, ça passe très bien. Si toutes les chansons ne sont pas forcément géniales, certaines sont très réussies (l'ouverture du film). Et puis entendre Alan Rickman faire des "poum poum poum" entrainants ne se refuse pas. Visuellement, Sweeney Todd est parfait. Si Burton a toujours apporté un soin particulier à l'esthétique de ses films, les responsables des décors et des costumes se sont ici surpassés : pas de spirales sympa ou de carreaux colorés, Londres est représentée comme une ville poisseuse, tout est noir et poussiéreux, sordide même. Les contrastes entre les couleurs renvoient plus que jamais au cinéma expressioniste, et l'arrivée de lumière lors des rares scènes "colorées" en extérieur ferait presque mal aux yeux. Toute cette noirceur permet à un élément central de Sweeney Todd de s'imposer : le sang. Rouge vif, il gicle des gorges tranchées et tache les vêtements. En plus d'être pessimiste (le film raconte comment un homme, autrefois bon, devient un meurtrier suite à son exil forcé par un juge pourri ayant violé sa femme et volé sa fille), Sweeney Todd est franchement gore. On est à des lieux des gentils Oompa-Loompa rigolos, et c'est tant mieux.

    sweeney depp

    Dans le rôle du barbier tueur, Johnny Depp est excellent. Il retrouve avec Sweeney Todd la sobriété qui lui fait défaut depuis qu'il a joué un pirate, et campe un personnage dur, menaçant et obsédé par sa vengeance, restant souvent silencieux et inexpressif. Helena Bonham Carter réussit jusqu'au moindre détail (sa démarche, ses postures) à traduire l'envie désespérée de son personnage de reconstruire une petite vie "comme on peut", même si cela passe par faire de la viande à partir de cadavres. Alan Rickman est toujours aussi impressionnant et froid, accompagné par un Timothy Spall qui a toujours une tronche pas possible. Même Sacha Baron Cohen, qui apporte une touche burlesque, réussit à ne pas être énervant et à donner corps à son personnage de charlatan. Le jeu des acteurs est un autre bon point pour Sweeney Todd. Dommage qu'arrive là le seul défaut du film : les deux jeunes amoureux, là, ils sont imbuvables : un blondinet (vu par la suite dans Twilight, argh) chante sous une fenêtre qu'il sent la Johanna, et la Johanna nous vrille les tympans avec ses jérémiades. Heureusement qu'on ne doit pas trop supporter leurs niaiseries, qui font juste tâche. Sauf ces deux là, Sweeney Todd se déroule sans fausses notes, jusqu'à son terrible final. 

    Burton nous offre dans ce film tous les changements qu'on attendait sans le savoir à l'époque, lui permettant de se renouveller et de sortir de son univers stéréotypé (musique de Danny Elfman, jeu excessif de Depp, décors bariolés et biscornus), tout en gardant ce qu'on aime chez lui (son humour noir, l'esthétique superbe, des personnages victimes d'un monde pourri). Après nous avoir parlé de singes dans l'espace, de gros poissons et de gentil géant, d'Oompa-Loompa et de chocolats et d'un mariage groovy, il vient nous parler de viol, de meurtre en série, de misère, de vengeance, de sang et de mensonge. Magnifique de son générique jusqu'à son final, Sweeney Todd est un chef d'oeuvre de noirceur, un des meilleurs films du réalisateur qui avait réussi à trouver un second souffle, l'intégrité et l'originalité qui lui ont fait défaut par la suite avec Alice.

    Note finale : 9/10 (mais pourquoi est ce qu'Anthony va sentir Johanna sous sa fenêtre?)

    BLOOD 


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