Titre : Repo! The Genetic Opera
Réalisateur : Darren Lynn Bousman
Année : 2008
Avec : Anthony Head, Alexa Vega, Paul Sorvino, Nivek Ogre, Bill Moseley, Paris Hilton, Sarah Brightman
Genre : Comédie Musicale, SF, goth-nawak un peu gorounet

Alors que Bousman bosse sur The Devil's Carnival, autant revenir sur sa première expérience en matière de comédie musicale. Pour être franc, je m'en cogne des Saw, ça me gave. Mais avec le temps, l'Homme-Bouse semble prouver que le monde entier a peut être commis une grave erreur en limitant son travail à cette saga : son "remake" de Mother's Day est bon, et avant cela, ce Repo! est qualifié par certains de culte. Voyons. Moi, il ne m'attirait que pour une simple et bonne raison : l'association de l'acteur Bill Moseley et du chanteur de Skinny Puppy Nivek Ogre. Et en plus, ils y jouent deux frêres dont un se nomme Luigi. 

A l'origine de Repo! The Genetic Opera, il y'a un spectacle musical qui était joué depuis une dizaine d'années et remportait un certain succès. Se déroulant dans un futur proche, Repo! parle de transplantations d'organes organisées par GeneCo, une firme alors considérée comme ayant sauvé l'humanité, mais qui n'hésite pas à aller récupérer les organes impayés, quitte à aller les arracher à la main. C'est le boulot du Repo Man (Anthony Head), médecin faisant le deuil de sa femme morte par sa négligence, sur-protégeant sa fille malade (Alexa Vega) le jour, et donc chasseur d'organes la nuit. Vous avez vu le film Repo Men de Miguel Sapochnik avec Jude law et Forest Whitaker? On frôle le plagiat, Repo Men est basé sur un roman de 2009 qui semble avoir bien pompé ce Genetic Opera...Passons. Comme un opera, le film ne compte presque aucun dialogue non chanté, même si on est souvent entre les deux, ce qui rappelle forcément le boulot de Steven Sondheim avec Sweeney Todd. L'univers futuriste de Repo! The Genetic Opera est plutôt bien construit, renvoyant inévitablement à Blade Runner (aaah, les grands immeubles dans le futur...). Le casting, par contre, est la première faiblesse du film, ainsi qu'une de ses forces. Hétéroclite, il donne tout de suite au film un aspect un peu foutoir qui lui fait perdre énormément en crédibilité. Si dans les rôles principaux, la jeune Alexa Vega et Anthony Head surprennent (et s'en sortent plus que bien au chant, si ils ne sont pas doublés...), les seconds-rôles font Cour des Miracles. Paris Hilton a beau se moquer d'elle-même, elle reste imbuvable, c'est physique. Bill Moseley en fait des tonnes, Nivek Ogre a beau avoir visage masqué, sa gestuelle et sa prononciation folle et théatrale rappelle son jeu de scène (moi, j'adore). Et surtout, Terrance Zdunich (le scénariste et auteur de la pièce) campe une sorte de narrateur ridiculo-gothique tout droit sorti d'un clip de HIM qui arpente les cimetières en beuglant "graaaaaavvves" pendant que des riffs de guitares mollement mixés viennent l'appuyer. Kitch. Voilà, le mot est lancé : kitch. Repo! The Genetic Opera est ultra-kitch.



Si les décors en image de synthèse ou les passages en bande-dessinées peuvent se justifier par un manque de budget, la bande-son, elle, renforce l'impression laissée par le casting : du grand n'importe quoi, kitch, re-kicth et re-re-kitch. Forcément, avec un mec de X-Japan derrière...Dans un ton rock-metal vaguement indus par moments, on a l'impression de se coltiner une sorte de clip de Cradle of Filth croisé avec une connerie symphonique à la Within Temptation version un-peu-cyber-un-peu-visu. Il suffit de voir le look de la diva aveugle pour comprendre. Les chansons sont assez peu mémorables, même si certaines passent bien (le passage façon Avril Lavigne avec Joan Jett pour accentuer le coté rebellion prépubère girlie est très drôle), ça sent mauvais le goth de bas étage. D'ailleurs, en bon film de SF, Repo! The Genetic Opera décrit un futur sombre, très sombre : le monde sera peuplé d'emo-goths fans d'Evanescence, "sa fou lé frisson". Alors si le ton barroque du film peut évoquer The Rocky Horror Picture Show, on en est quand même loin. On ne sait pas trop si Repo! est drôle, en fait. Avec un thème intéressant et pas mal de second degré, le film se vautre hélas un peu trop dans des thématiques de pré-ados et une esthétique cheap, qui caressera dans le sens du poil ceux qui se demandent encore si du sang satanique fera rouler leur scooter plus vite pour aller au lycée. Dommage, car autrement, c'est un film que j'aurais adoré pouvoir aimer. 

Tous ses petits défauts le rendent d'ailleurs attachant, et lui permettent d'accéder au statut d'OVNI un tantinet maladroit, qui a les armes pour devenir culte...Mais il est peut être encore un peu tôt pour en juger. Laissons lui encore quelques années, le temps qu'on puisse dire "ah c'est trop kitch, mais c'est normal, ça date de 2008. Dans les années 2000, les gens aimaient ça, le kitch".

Note finale : 5,5/10