Titre : [Rec]3 : Genesis
Réalisateur : Paco Plaza
Année : 2012
Avec : Laeticia Dolera, Diego Martin
Genre : Un peu d'horreur, un peu de comédie, un peu de gore, un peu de mariage 

Ouais, alors moi, je n'aime pas [Rec]. Enfin, disons que j'ai trouvé le premier pas aussi bien que ce qu'on disait, mais pas aussi nul que ce à quoi je m'attendais, et la fin était réussie. Voilà. Sinon, les found-footage, je déteste. Le films de zombies inféctés, ça commence aussi à me lasser. Partant de là, l'annonce d'un troisième [Rec] réalisé de façon "traditionelle" ne me faisait pas hurler d'indignation, mais au contraire éveillait mon intérêt. Surtout que l'affiche a la classe, et que les trailers semblaient annoncer quelque chose de bien jouissif et bourrin...

[Rec]3 : Genesis commence pourtant comme un [Rec], en plus mal filmé puisqu'ici c'est un guignol avec du matos amateur qui décide d'immortaliser le mariage de son frère. Et comme dans le premier, le film met un bon bout de temps à démarrer. Quelle plaie de devoir se cogner plus de 20 minutes de mariage, avec des espagnols qui chantent et tapent dans leurs mains et l'image qui tremble non-stop. Si on reste attentifs, on remarquera la petite allusion au premier [Rec], qui permet à la fois d'amener l'infection et de situer le film : il se déroule donc en même temps que le premier. Pas de préquelle, donc. Aucun rapport avec l'histoire qu'on connait même, puisqu'il s'agit d'un autre endroit, avec d'autres personnages. Forcément, [Rec]3 y perd beaucoup en intérêt, et au lieu d'un second souffle pour la saga, il n'apparait dès lors plus que comme un spin-off. Quand les choses commencent à devenir intéressantes (entendez par là quand ça commence à saigner, gueuler et crever), très vite le marié du jour à l'excellente idée de fracasser la camera du rigolo qui filmait tout ça. Une transition comme une autre pour passer à une réalisation traditionelle, et, par la même occasion couper pour de bon tout lien avec la saga. Et même si l'on garde une certaine unité de lieu qui permet de tenir les personnages enfermés, ce n'est plus un [Rec], mais un tout autre film de zombies qui commence. Pour le meilleur, on espère. 



Paco Plaza essaye d'apporter un peu de fraicheur et de nouveauté en ajoutant de nombreuses touches d'humour. On s'éloigne de la terreur hystérique des premiers, et pas qu'un peu : la vision d'un gros hispanique moustachu en cote de mailles armé d'un bouclier ou d'un type déguisé en Bob l'Eponge fait à peu près autant sourire qu'elle embarasse. L'humour fonctionne en fait assez rarement. Après un début trop long on a du mal à rentrer dans le film. Peut être parce qu'à l'exception du couple autour duquel Paco Plaza décide d'articuler l'action, les personnages n'ont pas le moindre intérêt et ne sont clairement là que pour se faire décimer au fur et à mesure. Pire, le film agace quand le réalisateur ne peut s'empêcher de nous imposer ses obsessions bibliques. Le "Genesis" du titre, ce n'est pas la genèse de [Rec], non, c'est la Genèse comme dans le Livre, avec les anges déchus, tout ça. Un peu vaseux comme explication, et le coup du prêtre récitant ses versets est vraiment de trop. Entre temps, on aura quand même eu ENFIN droit à un peu de gore, vite expédié : à part 2 ou 3 scènes, l'essentiel du sang gicle hors champ et on passe à autre chose. Les infectés sont d'ailleurs devenus bien moins coriaces qu'avant... Dommage, parce que le dernier quart d'heure avait vraiment le potentiel pour être le bon défouloir geek violent et jouissif qu'une mariée armée d'une tronconneuse semblait nous promettre. La sauce ne prend qu'à la toute fin, avec un petit revirement de situation tragi-comique, permettant à Laeticia Dolera de se lacher pour de bon et d'enfin donner l'impression de s'amuser. 

[Rec]3 : Genesis trahit ce qui était le coeur de [Rec], et les fans peuvent crier à l'arnaque, jusqu'à son titre qui peut les induire en erreur. Ca ne serait pas si grave si le film réussissait à trouver son rythme, mais Paco Plaza n'a clairement pas le talent de Jaume Balaguero, et si le film devient meilleur au fil des minutes, on n'atteint pas non plus les sommets fantasmés. L'humour fonctionne rarement, le film est trop avare en gore, les personnages sont creux et la tension dramatique autour du couple n'est pas franchement étouffante. Pire, les dérives cathos et la dernière image gnan-gnan à mort sont aussi maladroites qu'énervantes. Il reste quelques passages rigolos qu'on aurait aimé applaudir si on avait été plus dedans, et un divertissement qui passe très bien, si il avait été un court-métrage deux fois moins long. C'est sympa, mais à la fin on se demande quand même l'intérêt. Vivement le 4, que Balaguero reprenne tout ça en main!

Note finale : 6/10