• [Critique] Les Sorcières de Zugarramurdi




    Titre
    : Les Sorcières de Zugarramurdi (Les Brujas de Zugarramurdi)

    Réalisateur : Alex de la Iglesia
    Année : 2013
    Avec : Hugo Silva, Mario Casas, Carmen Maura, Carolina Bang
    Genre : Fantastique, Comédie, Horreur
    Pays d'Origine : Espagne
    Durée : 1h50

    Présenté en avant-première au PIFFF, Les Sorcières de Zugarramurdi était introduit par son auteur, le totalement fou Alex de la Iglesia, de la manière suivante : "je suis gros, je suis vieux, je suis divorcé, c'est un film qui me ressemble. C'est un mauvais film, fait par un mauvais réalisateur pour de mauvaises personnes comme vous". Voilà qui donne le ton de ce nouveau délire dans lequel des braqueurs fuient après un casse, le gosse d'un d'entre eux sur les bras, et vont trouver refuge dans un patelin historiquement connu pour être un repère de sorcières.

    Les Sorcières de Zugarramurdi commence très fort, la scène du braquage fourmille d'idées hilarantes et totalement déjantées (ne serait-ce que parce qu'une partie de la bande est déguisé en Jésus, Bob L’Éponge ou Homme Invisible), et très vite on se rend compte qu'en effet, ce bon gros vieux d'Alex a l'air marqué par son divorce. Les femmes sont rapidement décrites comme des êtres tyranniques, égoïstes et manipulateurs. Les sorcières du titre, ce sont elles en général. De là à parler de misogynie? Du tout. Car les personnages masculins sont particulièrement idiots, incapables et irresponsables. Comme d'habitude, tout le monde en prend pour son grade et l'humour cynique d'Alex de la Iglesia fait mouche à chaque fois dans une première partie survoltée et réjouissante. Quand on est familier de son univers, on ne serait presque plus surpris d'ailleurs : tout va bien, Bob L’Éponge se fait abattre en pleine rue, y'a un type dans un coffre, y'a Jésus qui se promène l'arme au poing... Cela peut paraître bizarre, mais dans un univers aussi fou on se sent en terrain familier, impression renforcée par la présence au casting de gueules récurrentes de son cinéma, ou d'acteurs aussi vus dans d'autres films de genre espagnols (au hasard, chez Balaguero).



    Si il y'a bien une qualité dans le cinéma d'Alex de la Iglesia, c'est la générosité. Il veut tout donner à son public, y aller à fond. Quitte parfois à en faire un peu trop, là où le film aurait gagné à couper dans certains dialogues et à perdre quelques minutes sur sa durée totale. Le rythme baisse donc inévitablement lors de la cavale des braqueurs, et si le ton reste rigolo c'est là que les sceptiques vont commencer à sentir le temps passer. Parfois qualifié d'hystérique, le plus dingue des réalisateurs espagnols (et européens?) en remet pourtant une couche lors d'une dernière partie spectaculaire de nouveau totalement folle : les sorcières se déchaînent, grimpent au plafond et cherchent à invoquer "quelque chose". Visuellement, on n'échappe pas à quelques images de synthèse inévitables mais pas dérangeantes, et Les Sorcières de Zugarramurdi est dans l'ensemble agréable à regarder (mention spéciale pour un générique très graphique qui nous plonge tout de suite dans l'ambiance). Certains plans sont même particulièrement beaux, et on admire la démesure de certaines scènes : Alex de la Iglesia a probablement profité d'un budget conséquent et tant mieux pour lui! Les sorcières, figures fantastiques que l'on ne voyait plus trop, semblent de nouveau intéresser le cinéma depuis un an ou deux, et c'est tant mieux. Impossible de ne pas penser à la fin de Dark Shadows de Burton d'ailleurs, lors d'une scène où l'une d'elle commence à détruire les murs autour d'elle pendant un gros chagrin d'amour, et le sabbat des Sorcières de Zugarramurdi enterre largement celui de Hansel & Gretel Chasseurs de Sorcières !

    Un début complètement déjanté et une fin à la fois grotesque et épique nous font oublier les quelques défauts des Sorcières de Zuagarramurdi. Derrière ses airs de grosse série B, le film est une nouvelle réussite pour son dingo d'auteur, même si à vouloir tout offrir à son public il en oublie parfois d'être plus concis et s'égare un peu. Rien de bien méchant, juste une grosse envie d'y aller à fond qui a toujours été présente et qui, on l'espère, ne quittera pas Alex de la Iglesia. Et malgré un discours assez dur sur les relations amoureuses, le film est peut-être un de ses moins noirs et les plus optimistes. C'est qu'il s'attendrirait presque, ce vieil homme gros et divorcé.

    Note finale : 8,5/10

     


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