• [Critique] L’ Étrange Couleur des Larmes de ton Corps




    Titre
    : L'Etrange Couleur des Larmes de ton Corps 
    Réalisateur : Hélène Cattet, Bruno Forzani 
    Année : 2013 
    Avec : Klaus Tange, Ursula Bedena 
    Genre : Thriller giallesque experimental 
    Pays d'Origine : France, Belgique, Luxembourg 
    Durée : 1h40 


    Après Amer et un segment pour les ABCs of Death, Hélène Cattet et Bruno Forzani continuent leurs expérimentations visuelles, toujours fortement influencés par le giallo à la Argento et le cinéma des années 70. Dans L’Étrange Couleur des Larmes de Ton Corps, nous suivons un homme revenant de voyage qui découvre que sa femme a disparu... Et qui va découvrir que l'immeuble dans lequel il vit dissimule de bien étranges secrets.



    L'univers des deux réalisateurs est reconnaissable immédiatement, il faut l'admettre, toujours bel et bien le même. Effectivement, c'est très joli : l'immeuble dans lequel se passe le film est incroyable, la composition des plans est très étudiée et il y'a de très belles couleurs. Et dès le début, on remarque également ce travail sur les textures sonores : soupirs, cuir, lame du couteau : le film bénéficie d'un très gros travail sur les sons. Mais hélas, après avoir passé les premières minutes du film à se dire que c'est en effet très beau tout ça, le film commence à irriter. Dans leur volonté d’expérimenter (tout à fait louable, cela dit), Bruno Forzani et Hélène Cattet se lance à fond dans la même voie que celle que tonton Dario empruntait pour son Inferno, et soyons franc : comme la "suite" de Suspiria, L’Étrange Couleur des Larmes de ton Corps peut très vite devenir pénible. Et c'est surtout sur le plan sonore que ça se joue (malgré une musique réussie, à la Goblin ou à la Fabio Frizzi) : le mixage rendant particulièrement agressifs certains sons, rendant leur répétition insupportable, notamment lors d'une scène répétée plusieurs fois où la sonnerie de l'interphone vous donnerait envie de coller des baffes à votre voisin. Certes, c'est probablement l'effet voulu, et si le but est de faire physiquement souffrir le spectateur, alors c'est réussi. Mais ça n'en est pas moins agaçant. Et, à moins de réussir à entrer dedans, hélas, cette oeuvre est fatigante. Même visuellement, on finit par se lasser et s'ennuyer de revoir les mêmes plans, encore et encore, de subir cette recherche perpétuelle de l'effet, ce maniérisme constant qui rend au final le film plus indigeste que fascinant. Il se produit alors une impression de fatigue physique, pas parce qu'on est rentré à fond dedans, mais juste parce que c'est fatiguant. Fatiguant pour les yeux, fatiguant pour les tympans (il n'est pas interdit de passer la moitié du film les mains sur les oreilles), fatiguant pour la tête. Car derrière ses délires arty que je n'ai pas envie de qualifier de poseurs, L’Étrange Couleur des Larmes de ton Corps n'a hélas rien à proposer : ce ne sont ni le jeu des acteurs ni le scénario qui nous donneront envie de le revoir. On note qu'au générique de fin le mot "couleur" du titre devient "douleur", et ce n'est pas pour rien. Ou encore qu'un personnage s'exclame "coupez moi le son, c'est infernal", et on le remercie de le remarquer.

    De L’Étrange Couleur des Larmes de ton Corps, on retiendra donc une répétition d'images et de sons jusqu'à un point donnant envie de hurler "stop!". Le but était de proposer une expérience sensorielle, et on peut dire qu'il est atteint : l'ennui n'a jamais été aussi physiquement insupportable face à un film. Et si ceux qui arriveront à entrer dedans pourront peut-être vivre le film autrement, hélas, pour les autres, ce sera l'irritation, la lassitude, l'ennui. Il faut des œuvres différentes, il faut encourager les démarches audacieuses. Il faut féliciter Bruno Forzani et Hélène Cattet pour leur courage, et leur souhaiter de pouvoir continuer à s'exprimer. Mais il faut bien aussi reconnaître que L’Étrange Couleur des Larmes de ton Corps est un film pénible, un véritable chemin de croix pour de mauvaises raisons (on ne souffre pas avec les personnages, on souffre de ne pouvoir baisser le son dans la salle) et qui pourrait avoir l'air incroyablement prétentieux si leurs auteurs n'avaient pas l'air aussi sympathiques.


    Note finale : 3/10 


    Tags Tags : ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :