• L'AMOUR DURE TROIS ANS

    Synopsis : Marc Marronnier, critique littéraire le jour et chroniqueur mondain la nuit, vient de divorcer d’Anne. Il est sûr à présent que l’amour ne dure que 3 ans. Il a même écrit un pamphlet pour le démontrer mais sa rencontre avec Alice va renverser toutes ses certitudes.

    De Frédéric Beigbeder avec Louise Bourgoin, Gaspard Proust et JoeyStarr

    Nouveauté

    ... mais c'est totalement faux, bien entendu, tout le monde le sait !!  ...

    ... et pendant une heure et demi, le film n'est qu'une démonstration du contraire ...

    Frédéric Beigbeder adapte son propre roman et présente sa toute première réalisation. Tant l'auteur que l'homme me semble totalement ambigu et complexe, je ne sais si je l'aime ou le déteste. Bien que ne l'ayant jamais lu, j'ai tout de même une vague notion de ce qu'il propose à travers quelques écrits et surtout les adaptations de ses œuvres à l'écran.

    J'avais adoré le film 99 F avec Jean Dujardin qui déjà campait un clone de l'écrivain (bien meilleur à mon sens mais Jean Dujardin est inégalable). Gaspard Proust renouvelle l'exploit. Un exploit ? Je dirais plutôt le reflet du dérangeant narcissisme de Beigbeder tout à la fois pédant, prétentieux, cynique, limite vulgaire et talentueux, provocateur, ironique, créatif, dénonciateur.

    Bref, j'ai bien du mal à situer le personnage et à définir le sentiment qui m'anime à son égard.

    Mais il faut bien avouer que son coup d'essai est un coup de maître ... ou presque !

    Si l'on épure le film de quelques scènes inutilement trash (le vomi beurk ...) et de quelques maladresses de débutant, il faut tout de même avouer que l'ensemble est exquisement subversif, à l'humour décalé, un chouïa déjanté, son héros est misogyne, insupportable, exaspérant mais attachant et touchant interprété par un Gaspard Proust un peu gauche mais attendrissant.

    Le ton est un peu pompeux et littéraire mais Beigbeder nage dans son univers avec classe et raffinement.

    Il réussit surtout à réunir à l'écran un panel de personnages éminemment intéressants : la jeune demoiselle campée par une Louise Bourgoin toujours aussi pimpante, piquante, parfaite, sublime, rayonnante, le bon copain (JoeyStarr encore une fois surprenant), les parents ... toute une pléiade d'acteurs excellents (Valérie Lemercier, Anny Dupeyrey, Bernard Menez ... bémol sur la prestation de Nicolas Bedos tout aussi horripilant que son père).

    De son roman le plus personnel, il en fait un film des plus ... personnels ... puisqu'il est auto-biographique ! CQFD !

    Est-ce juste là le désir de s'exposer et de faire partager son expérience ou bien le désir de flatter son ego surdimensionné ?

    Peu importe la réponse, le résultat est atypique, étonnant et plutôt plaisant à suivre car porté élégamment par ses comédiens, magnifiquement écrit et dialogué (quelques bonnes répliques), intelligent et impertinent, émaillé de quelques curiosités visuelles.

    Mais Beigbeder a surtout le talent de réinventer les diktats de la comédie romantique en intégrant dans son film des idées complètement dingues, des situations aberrantes, des métaphores insolites, il y met du peps, de l'originalité, du dynamisme, de la dérision (voire de l'auto-dérision ?), évite habilement les clichés, n'est jamais mielleux, et n'oublie pas d'honorer au passage son idole, Michel Legrand (le duo final est magnifique, j'ai eu les frissons ...).

    Dommage toutefois qu'à la fin les tétons de Louise Bourgoin qui pointent au travers de sa robe écarlate et la tête de Gaspard Proust qui me fait trop penser à Daniel Auteuil jeune m'ont obnubilée au point que l'impact sentimental de la scène en a été annihilé.

    Mais tout est remis en cause par un plan final hallucinant et incroyable, malheureusement atténué par des incrustations dans le générique totalement superflues.

    Je suis donc partagée et dubitative mais j'avoue avoir été agréablement surprise par ce premier film encourageant pas aussi insignifiant qu'on pourrait le croire au départ, derrière l'apparente légéreté se cache une vraie réflexion sur les rapports amoureux ... Beigbeder s’essouffle un peu sur la distance et ne maîtrise pas tout, sa réalisation est parfois un peu chaotique et bancale (on sent l'amateur derrière la caméra ...) mais les intentions sont là, et sont bonnes, et il révèle un potentiel prometteur.

    Reste à savoir s'il sera capable de s'ouvrir à d'autres styles et à d'autres auteurs. Il est tout de même fâcheusement égocentrique.


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