• DES GOÛTS...


     „ Jesteśmy na wczasach

    W tych góralskich lasach,

    W prrromieniach słonecznych

    Opalamy się...

     

    Orkiestra przygrrrywa

    Skocznego begina,

    To nie twoja wina,

    Że podrywam cię..."

     

    « Dans nos belles forêts,

    Nous nous reposons,

    Au soleil radieux,

    Tous, nous y bronzons.

     

    L'orchestre nous présente

    Vigoureux « fox-trot »,

    C'est ne pas ta faute,

    Si tu me tourmentes... »

     (NdT : Bofff... une libre adaptation...)

     http://www.youtube.com/watch?v=OOsgIhGg47o

    - chantait un certain Wojciech Młynarski, véritable « coqueluche » des cabarets polonais.

    Ensuite, la chanson décrit le malheur d'un pauv' contrebassiste qui jouait, jouait, jouait... - pendant toute la saison touristique (à savoir : trois mois), et ne quittant pas des yeux, la belle panna Krysia...

    Et en fait, cette demoiselle (vierge, sans doute, derrière l'oreille ?) était plutôt une « professionnelle », alléchée par le pognon en surstock des touristes masculins, égarés dans le petit bled à la montagne...

    Ce hit vacancier était strictement respecté dans tous les « dancing » de Pologne.

    C'est ainsi, en nous la coulant douce pendant les vacances à Ustroń, que nous eûmes l'opportunité de nous rendre (accompagnés de nos parents et de leurs amis) dans un vrai établissement « à dancing ».

    Dans un établissement gastronomique - lokal gastronomiczny, du délicieux et totalement incongru nom de : « Tropicana » (Ha !),

    tropicana 2

    situé au pied de la montagne Czantoria, de l'autre côté de la Vistule, mais cependant proche de notre lieu de résidence caniculaire.

    Après un « check out » complet : toilette des coins et des recoins de nos corps (dans la bassine), « non, pas cette jupe - elle est trop courte », « remets un autre pantalon », « attends que je finisse », « qui m'a pris mon peigne ? » etc. - nous nous sommes rendus dans ce restaurant.

    Maman, tout de blanc vêtue, en escarpins à très hauts talons

    buty 2

    et son chignon « choucrouteux » fièrement dressé sur sa tête, telle une meule du foin, et dont nous étions, avec mon frère, les spécialistes avisés...

    Notre trajet comprenait quelques 3 km., à pieds, et en « tout terrain ».

    Il fallait presque la porter car ses godasses arachnéennes avaient visiblement difficile de la suivre...

    En plus, le soleil « baillait » (ââââ - faaaitguééé) sournoisement, en nous montrant qu'il allait se coucher dans les minutes qui suivaient...

    « Entre chien et loup » (nous nous tenions et de préférence, plutôt près des chiens...) - ainsi appelions-nous cette période de la journée où on n'y voyait que dalle et surtout maman.

    Après quelque voltiges frôlant des nombreuses micro torsions de chevilles, tout en la soutenant tant physiquement que moralement, nous sommes parvenus « au bon port » de la « Tropicana » dans toute sa splendeur.

    Les locaux de telles localités purement touristiques étaient immenses !

    Plusieurs centaines de couverts y étaient prévus car dans les pays comms c'était facile de construire grand et mieux que les autres... Na !

    Le seul hic, ce qu'il n'y avait que trois filles de salle censées  servir (toujours au féminin) et un, parfois deux cuistots...

    L'attente y était insupportable...

    Les clients s'étant confortablement installés à des tables numérotées dans des fauteuils « coquilles » en velours rouge vermeil, commençaient leurs commandes.

    Et hop ! Des bouteilles d'un demi litre de vodkas diverses apparaissaient sur les tables couvertes de nappes blanches...

    Jarzębiak - aux fruits de sorbier,

    Soplica,

    wódka Żytnia et Wyborowa,

    Klubowa,

    Krupnik - au miel,

    et, surtout, la Żubrowka, - avec ce brin d'herbe médicinale qui poussait uniquement au Puszcza Białowieska de Nord-Est de la Pologne, - le biotope naturel des bisons européens.

    On disait toujours qu'il fallait qu'un bison l'asperge de son urine pour en donner ce goût tant apprécié... 

    Zubr 2_11

    La fumée des cigarettes de toutes marques et même américaines (sic !)  prenait d'assaut la salle du restaurant.

    La clientèle était surtout constituée de gens aisés ayant des revenus abondants, crevant les yeux et d'origine tout à fait inconnue...

    Pour pouvoir boire, il fallait absolument "consommer" - càd. manger !

     tablica przekaski 2

    Au bout d'une heure, le temps d'ingurgiter un « befsztyk tatarski » -

    tatar 2

    un filet américain amélioré par un jaune d'œuf, des cornichons finement coupés, des « szproty » - sorte de petites sardines à l'huile et d'oignon - le spectacle commençait...

    Je suppose qu'on attribuait ce laps de temps aux consommateurs afin de les saouler préalablement pour qu'ils puissent « affronter » la suite des festivités collectives...

    Sur une petite scène, une « baleine » en bas résilles surmontés d'une « large ceinture » en lamé brillant  en guise de jupe, et au décolleté outrageusement plongeant jusqu'à son nombril (la seule preuve de son appartenance à la famille des mammifères) s'était mise à se produire en ne nous laissant aucune chance pour faciliter notre pré digestion.

    Immédiatement, nous avons constaté que le micro, qu'elle serrait  dans sa « paluche » digne d'un bûcheron, et qui amplifiait sa voix (« tubale » et chevrotante), était strictement inutile car il suffisait d'ouvrir la porte du resto pour que les Polonais de Gdańsk (de l'autre côté de la Vistule, en long...) l'entendent... 

    Après trois chansons - une pause - une nouvelle tournée générale de spiritueux - à toutes les tables autour de nous...

    Nous - à la limonade (et pas en poudre !).

    Les couples se mettaient à danser.

    http://www.youtube.com/watch?v=tNjkVk5c1So

    D'abord séparément.

    Puis, après une première extinction des lumières « auxiliaires » - ensemble.

    Qui voilà ?

    Une « panna Krysia » puis  - deux - trois...

    Il y en avait !!! Une nuée...

    Maman, qui adorait danser, se faisait inviter par des cavaliers titubant et de plus en plus affaiblis par cette jubilation touristique, arrosée et spontanée...

    Durant tout ce temps, Tygrys n'observait que deux éléments : maman et un silence glacial... promettant le pire...

    Heureusement, à l'arrivée de la commande, enfin, - un « goûter - dessert » - tort orzechowy - sorte de gâteau à la crème au beurre et aux noix, quelque chose d'absolument inattendu était apparu :

    Extinction complète de toutes les lumières et une stripteaseuse...

    J'en avais le souffle coupé...

    Mon frère faisait semblant qu'il s'en foutait mais...

    Tous les yeux (exorbités, j'admets...) des hommes étaient collés comme des ventouses sur ce corps, visiblement manquant de calcium et de plusieurs oligoéléments...

    Au point culminant de ses torsions hautement « érotico-libidineuses »,

    http://www.youtube.com/watch?v=FvQKmmgzq1Y

    son dessous de scène, limité à un lacet en strass, -dont plusieurs manquaient déjà... - avait effectué un vol plané, et volontaire, juste pour s'étaler en plein milieu du gâteau de mon frère...

    Flooooooooooop !

    tort orzechowy 2

    (...sans string...)

    Avec un calme plus que stoïque, il écarta cette « ficelle strasso-pailletteuse » pour me glisser à l'oreille : Tu peux pas imaginer, ma Vieille, moja Stara, à quel point je déteste une association sucré/salé !

    Je lui en « voulais ».

    Un peu, car il devait en savoir quelque chose...

    Et effectivement, quelques jours plus tard, il m'annonça, qu'il avait eu une "super" occasion d'honorer une « panna Krysia » (certes, après quelques bières !), seulement, au lever du soleil, il avait constaté, que non seulement il lui manquaient quelques dents (à Krysia), mais de plus, qu'elle était moche, mais moche...

    D'une mocheté, ce qu'il y avait de plus moche !

    Ah, les désirs des hommes... Ils resteront impénétrables...

    Me semblait-il.

    « - Mais oui ! Je bois parce que je suis malheureux... J'ai une femme... Une horreur ! Mais laide ! - se confessait un « drobny pijaczek » - menu poivrot, après plusieurs vodka gobées en compagnie de ses compagnons de comptoir, - joyeux et rencontrés par hasard. 

    A la demande générale et afin de prouver la monstruosité physique de sa « douce », il invite ses potes à la maison.

    Au milieu de la cuisine une trappe fermée par un solide cadenas. Après l'avoir déverrouillée, il crie vers le sous sol :

    - Maryśka (prénom d'emprunt...), tu veux bien venir ?

    - Oui ! J'arrive ! Je mets la cagoule ?

    - Non, non ! Cette fois-ci ce n'est pas pour baiser, c'est pour te montrer à mes copains ! »    

     


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  • VACANCES - YEUH


     Un dimanche d'avril, accompagnés des « swirlilirli » radieux des petits oiseaux, et suivis par la fumée bleue s'échappant de la Trabant 600, nous nous rendîmes à Ustroń, une petite ville pittoresque de Beskid Śląski, en vue d'y trouver un logement pour notre canicule de juillet.

    En Pologne, à cette époque, il était de coutume que  les touristes se choisissent leur « locum » pour y passer les vacances d'été.

    Voyant une maison de campagne qui pouvait nous convenir, à Ustroń - Polana, à Skalica (à ¾ de Równica, un sommet de 800 m.) précisément, et après une visite des lieux, nous choisîmes une chambre d'une quarantaine de mètres carrés.

    Il était également convenu que nous ayons accès à la cuisine et à la « source d'eau » - c'est-à-dire au puits se trouvant dans le verger, à 20 m..

    Les ablutions restantes se faisant localement dans une bassine.

    La location comprenait également les trois « wychodek » - les toilettes bien austères et alignées en batterie (?) et « à la queue leu-leu », à 15 m. de notre futur lieu de résidence estivale.

    Le prix de celle-ci était honnête et raisonnable quoique un peu louche...

     Maj - mai

    Czerwiec - juin

    Lipiec - juillet :

    Trois mois plus tard, nous prîmes joyeusement possession de la chambre et la belle vie pouvait commencer...

    Tygrys n'ayant pas beaucoup de congés restait à Katowice et nous rendait visite toutes les semaines à partir du vendredi soir (snifff...) jusqu'à dimanche soir (youpi !).

    Franchement, les quatre jours de la semaine ne nous suggéraient que la réussite.

    Installés depuis la veille, nous restions encore au lit, lorsque vers 5h du mat' de ce lundi, une sirène « audiblement » proche de nous et visiblement invisible, s'était mise à « vomir » ses sons, aigus et modulés

    syrena druhna 2

    nous annonçant une suite imminente et peu plaisante...

    Après un instant de répit :

    Bam, bam ! et Bada boum, bam, bam ! - aussi.

    Maman, les cheveux de son chignon couchés (normalement redressés tous les jours) comme Bob Marley, courait dans tous les sens en se cognant contre les valises et autres sacoches éparpillées sur toute la surface de notre chambre...

    Evidement cela avait réveillé en elle les tristes souvenirs de la seconde guerre vécue à Cracovie, la ville de la Grande Vistule - notre fleuve national, Wisła.

    Avec désolation, nous avons appris que de l'autre côté de Skalica (à 150 m. à vol d'oiseau) - une petite « bosse » parsemée de  pierre calcaire, - se trouvait une carrière, véritablement pullulante de cette matière minérale blanchâtre et fortement salissante...

    Et, que cinq, parfois sept fois par jour, des explosions y avaient lieu...

    Bon, il ne nous restait qu'à suivre les consignes de papa - artilleur : après la sirène - silence - les doigts dans les oreilles - bouche grande ouverte.

    Bof... Alors qu'un simple walkman aurait amplement suffi...

    Evidement, dans le cas de maman, si ça avait été pour écouter Doris Day ou Marilyn...

    Finalement nous nous y sommes habitués, et les vacances on pu continuer pleinement.

    Maman s'occupait un peu plus de nos menus gastronomiques puisque la cuisine était située dans le fin fond d'un « boyau » de maison, presque dans la cave. Elle combattait également cette poussière blanche omniprésente...

    Le centre de la ville était proche et, en même temps, très éloigné.

    Du haut de notre colline nous apercevions « les témoignages d'une civilisation alléchante » : la gare vicinale,

    Ustron_Polana_pkp 2

    le clocher de l'église, évidemment (hélas...), quelques restaurants, les débits de boissons alcoolisées et moins...

    Le « lac pour les kayacs »,

    staw kajakowy 2

    la piscine municipale, et des magasins...

    Malheureusement, ce monde si merveilleux et riche en sensations fortes, se trouvait de l'autre côté de la Vistule (toujours Wisła), dont la source se trouvait à 10 km. de Ustroń, et « les deux » ponts (seuls et uniques) se trouvaient à quelques sept kilomètres l'un de l'autre...

    Oué, oué - en attendant. Il y avait un gué...

    Mais...

    Depuis que :

    « Un touriste, sous l'influence de quelques bières « żywiec » - « piwo żywieckie » (brasserie du même nom)- pique-niquait sur la rive droite de la Vistule. Debout, en se balançant sous le souffle d'une brise légère, il entendit...

    - Halo, monsieur, vous croyez qu'aujourd'hui je pourrai passer ici, par la rivière ? Ce n'est pas trop profond, hein ?? -  demanda un petit paysan au chapeau noir et conduisant un attelage.

    - Mais, noooon... Vous pouvez y paaasser ! Sans proooblèèème... - répondit l'usager de houblon...

    En avançant, l'attelage, y son conducteur compris, disparaissent dans les flots plus profonds que prévus...

    Ne reste que le petit chapeau noir flottant à  la surface.

    -    Wô, purée ! Ca alooors ? - balbutia le touriste - Il y avait encore dix minutes de ça, un canard y marchait et il n'avait d'eau que jusqu'à la moitié de son corps... »  

    kaczka 2

     

    Il fallait donc marcher beaucoup pour accéder à ce centre stratégiquement éloigné car visiblement, c'était encore « un coup monté » de Tygrys pour nous « réserver » et nous « savoir » cloués au sol calcaire de Skalica...  

    Cependant, mon frère, maître nageur depuis peu, et moi en période de « formation » similaire, nous ressentions que le contact agréable avec l'eau chlorée de la piscine nous était vital. Nous nous y rendions donc fréquemment.

    Jusqu'au jour où il fit pluvieux et où il n'y avait personne à la piscine.

    Plouf dans l'eau ! A la « ni vus ni connus » et la compet' complète « en trompette » commença.

    Plongeon du « pont de capitaine » - mostek kapitanski, suivi du - « dauphin » - « papillon » - « etçatusaisfaire ? », un peu de crawl couvert...

    « Z wody ! »

    ????!

    ("hors de l'eau" - comme ces « ziemniaki z wody » au menu - « patates à l'eau »...) - siffla une voix imprégnée d'autorité et appartenant à une silhouette franchement disgracieuse, à la masse musculaire atrophiée, adroitement remplacée par des couches abondantes de graisse à l'odeur rance...

    oui, maître

    Aïe ! Leur bulldog de maître nageur !

    Alors que nous étions déjà « mondialement » connus dans un classement de nageurs plus que provinciaux, cette baignade, hélas, nous avait coûté une amende carabinée de 300 zl. - soit l'équivalent d'une trentaine de bières « Żywiec »

    zywiec piwo 2

    à consommer (avec modération) sous un parasol multicolore les orteils en éventail...

    Et comme il n'y avait vraiment pas de quoi en faire tout un foin, nous l'avons payée de notre argent de poche.

    Parce que, suite à quelques mésaventures similaires comprenant, entre autres, le renversement de kayac au plein milieu du « lac pour les kayacs » (ce n'était que pour mesurer le profondeur de ce point d'eau... 30 cm. à tout casser - Nul !), hormis de nombreux trekkings montagnards, nous nous adonnions à des tâches typiquement campagnardes et surtout rémunérées !

    Nous nous faisions finalement « du blé » comme surveillants « nocturnes » des meules de foin

    snopki

    des indigènes intéressés, par son « retournage » et « aérage » entre deux orages, son stockage pénible dans le fenil, au dernier moment précédant une pluie diluvienne...

    Et la reconnaissance de nos employeurs grandissait sans cesse...

    Avec « ce blé » obtenu de notre "traitement" du foin, toutes les sources d'eau et autres débits de boissons de Ustroń nous appartenaient durant quelques années.  


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  • A, BELL INVENTION...

    « Un homme d'âge mûr, seul dans sa solitude profonde, se trouve à la pêche et... au bout de son hameçon une grenouille.

    Il la libère aussitôt (pauv' bête...).

    - Quoi, quoi, quoi ! - coasse cette dernière, offusquée - Tu me lâches ? Prends moi avec toi et en guise de reconnaissance je ferai pour toi tout ce que tu désires. 

    En plus, tu sais... que je pourrai même remplacer une femme dans ton lit...

    - Eh bien marché conclu ! - s'exclama le petit bonhomme (désespérément seul) - Mais tes qualités sexuelles ne m'épatent pas, et même, je m'en fous... Je te prendrai avec moi car je n'ai  jamais vu une grenouille qui parlait. »

     

    Plusieurs années se sont écoulées, et à la fin...

    Les services locaux de « télécom » comm, nous avaient octroyé un téléphone.

    Avec un numéro d'abonné, pour être complet...

    La joie était plus qu'intense !

    Enfin notre vie allait changer.

    Plus de visites à l'improviste des hordes d'amis des mes parents pour un « brydżyk » éclair.

    Plus de longues formules grammaticales en langue anglaise échangées entre maman et ciocia - tante - Lola, la germanique germanisante... (ja, ja, ja).

    En plus nous pouvions nous contenter d'un seul interlocuteur, donc d'une seule voix, au lieu d'entendre les cris des deux...

    Fini pour maman de courir « pour rien », comme une autruche, de l'autre côté de la ville, dans un magasin spécialisé en pièces de rechange de Trabant 600 und 601, à la recherche de vis et autres menues piécettes, cassées adroitement par Tygrys, qui les serrait quotidiennement

    srubki 2

    et continuellement trop fort.

    Dorénavant, il suffisait simplement de donner une trentaine de coups de fil, et voilà - le tour était joué !

    Le petit appareil, - en ébonite d'une couleur vraiment recherchée... par les designers frustrés,

    aparat tel

    à savoir un gris « verdasse » palot délavé (virant vers la couleur « seledynowy » - les myopes l'appelaient « pastel ») mais dans son ensemble plutôt indécis - avait trouvé son abri dans le couloir d'entrée de notre appartement, dans une niche de la grande étagère en bois.

    La prise était placée « au plus court », à sa proximité la plus proche, soit à 30 cm..

    Pour la vie...

    Tout allait bien. L'appareil nous convenait et puis, notre appartement avait gagné un peu plus de valeur, nous disions-nous...

    Jusqu'à sa première sonnerie ! Stridente et impérative...

    Les puissantes ondes sonores émises par cette calamité, n'étaient que renforcées par cet emplacement... A tel point, que les voisins des tous les immeubles situés autour du nôtre, étaient au courant de cette présence « téléphonisante ».

    Plus tard, tous les habitants de notre immeuble en disposèrent, et les sonneries étaient audibles quasi non-stop.

    Avec mon frère, nous nous sommes littéralement rués sur ce nouveau passe temps, tant agréable...

    Au début...

    Je pouvais enfin faire de loooongs résumés, tout en ruminant avec mes copines de classe et en détail, de la journée écoulée à l'école, et les « ridiculités » des autres se trouvant au centre de nos bavardages... Cool ! (Call).

    Si initialement tout allait à merveille, c'était parce que c'était moi qui téléphonais, et de préférence en l'absence de mes parents.

    Dans le cas de mon frère (arrivé à un âge dangereusement nubile et très impatient de quitter sa coquille de célibat) la situation se dégradait en un clin d'œil et de « feuille », surtout ceux de Tygrys.

    Les très nombreuses « conquêtes » féminines de mon frère - quel talent - quelle santé... nous avaient alors pris d'assaut.

     http://www.youtube.com/watch?v=tgg2eLaTnxA

    (A, ké kitch!!! Ké tarte !)

    D'abord lui.

    Mais lorsqu'il ne voulait plus « communiquer » pour une raison quelconque, ses « coumères » attirées comme des mouches au vinaigre, s'emparaient alors de mon temps, de mes oreilles et de mon statut divin de sœur cadette, facile à manoeuvrer...

    Je devais constamment les rassurer. 

    Que tout allait bien.

    Que mon frère était seulement « un peu » absent.

    Qu'il était occupé...

    « Je t'assure qu'il allait te téléphoner... »

    Kurdemol !

    Et parfois, pour avoir vraiment la paix de leur côté, en inventant, je racontais « en détail et pas à pas », le déroulement de son indisposition gastro-intestinale, ce qui se montrait souvent d'une efficacité délicieusement foudroyante pour écarter l'une ou l'autre « enragée » se croyant délicieusement (deux fois...) unique dans son cœur...

    Après tout, ce n'était qu'une partie de ma vengeance personnelle parce que lui, il « décourageait » aussi tous mes éventuels « apsztyfikant » - galants, et ce d'une façon musclée et peu orthodoxe.

     La première facture du téléphone s'était avérée encore rien à côté de la deuxième...

    Et la suivante - la troisième !

    Un second désastre « berezineux », si on peut dire (Si ! Je peux...) était arrivé.

    berezina 2

    Nous nous y sommes directement dé-pa-ssés.

    Nous les avons fait ex-plo-ser !

    Tygrys éructait sa déception (voir ici : rage).

    En fait, dans notre cellule familiale, il était le seul à ne pas profiter de cette merveille de communication, mais cela n'avait rien d'étonnant parce qu'il avait toujours été un peu considéré, comme un « orso » mal léché et un poil caractériel, comme Einstein...

    Ce téléphone, tant attendu, était devenu subitement notre os de désaccord ainsi qu'un élément réellement perturbateur de la vie vécue harmonieusement au sein de notre famille unie.

    Les consignes étaient alors cruelles, surtout en ce qui concernait l'aspect bassement pécuniaire : il fallait arrêter de « pendre » au téléphone (quoi ?!), et se contenter de messages brefs et précis ! Tu parles... Autant de rien dire, na !

    Pour son aspect sonore : interdire à quelqu'un de nous téléphoner ?

    Et toutes les communications erronées, hein ?

    « Non monsieur, ce n'est pas la boucherie « Bez Kości » - Sans Os ! »

    - Et puisque c'est ainsi, voyons : autant qu'on s'en passe complètement et que je continue tes "commissions mécaniques" à pieds comme d'hab' et mon anglais "à la criée"  - disait maman. Avec raison.

     Cependant, je sentais que depuis certain temps, mon frère n'appréciait pas des masses cette Bell invention...

    Alexander_Graham_Bell 2

    « La grenouille s'était vite adaptée à la vie à deux avec le petit bonhomme.

    Cependant, n'ayant pas trouvé un langage commun avec son co-habitant, elle s'était mise à téléphoner à toutes ses cousines et copines « amphibiennes » possibles : des heures de balivernes avec la petite Rainette, des fous rires avec la Rieuse, les nouvelles tendances de la mode avec la Rousse, des histoires à faire peur avec cette « bourge » de Bleue, des propos malsains avec "le" grenouille Taureau...

    Le petit homme l'avait pourtant prévenue, que si cela continuait, il la clouerait au mur.

    Ce qui fût fait finalement, lorsqu'elle eut passé une journée entière en communication soutenue et surtout internationale avec la grenouille de Québec...

    Grenouille_du_quebec 2

    ... Clouée au mur depuis une dizaine de minutes, la grenouille aperçoit quelqu'un d'autre à côté et plutôt dans la même position...

    - Veuillez m'excuser... Il y a déjà combien de temps que vous demeurez "pendu" ainsi... - demanda la grenouille avec réserve...

    - Oh, ça va faire bientôt 2000 ans, mon enfant... - répondit l'interpellé.

    - Fiiiiichtre ! Maaaaais çaaaaaaa aloooors, dites donc ???!!! Mais vous téléphoniez où pour une punition aussi longue ? »


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  • TEMPS D'UN TONTON

     En lisant le journal « Polityka »,

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    maman, avec la plus grande stupéfaction, était tombée sur un article intitulé « Pułkownik sieje pszenicę » - « Le colonel sème le blé », consacré à notre « tonton » d'adoption, Adolf K., dont nous n'avions plus de nouvelles depuis des années.

    A sa demande, on l'appelait Adam, car à partir de 1933, en Pologne, le prénom Adolf, si tristement gravé dans l'histoire mondiale, était considéré comme « honteux ».   

    Il ressortait de cet écrit, qu'un régiment de soldats de l'armée polonaise avait été stationné sur la frontière polono biélorusse, afin d'y maintenir l'ordre auprès de la population locale transfrontalière, ainsi que pour préserver le patrimoine culturel (nombreuses propriétés de la noblesse polonaise) contre les pillages massifs connus après la seconde guerre.

    Par ailleurs, dans le même coin, près de Kętrzyn - voïévodie Varmie-Mazurie (ancienne Prusse Orientale) se trouvait le fameux bunker, Wolfsschanze (tanière de loup), de l'état-major d'Adolf Hitler où, en juillet 1944, avait lieu un attentat à la bombe. 

    (Kurdemol et zut ! - Encore raté ?!)

    bombe 2

    A la tête de cette troupe et depuis des années,  - relatait la gazette, - se trouvait donc tonton Adam, dont la présence était toujours indésirable auprès des indigènes y établis depuis peu, c'est-à-dire depuis 1945.

    Homme au cœur d'or et véritable crème, en général, le colonel était cependant très apprécié par ses subalternes... et adoré par son chien « Cezar », - un boxer, mâle, à la taille plus qu'impressionnante.

    Ce quadrupède, fauve,  au plastron blanc, avait été « saisi » lors d'une descente musclée de militaires sur le lieu où la bête était maltraitée par une famille d'abrutis pour la rendre bien « hargneuse ».  

    L'article racontait aussi, qu'une nuit, un individu fortement imbibé de « samogon », cet alcool frelaté et obtenu par la fermentation de pommes de terre, avait fait irruption dans le bureau de tonton, en le menaçant d'un couteau à cran d'arrêt.

    Cezar, qui était devenu un pépé pénard -

    cezar olsztyn

    « au caleçon en soie et à la sortie de bain en astrakan » car ayant déjà vécu quelques mois de bonheur intense auprès de son nouveau maître - se jeta alors comme un éclair sur l'agresseur et le projeta sur le dos, par terre, ses quatre crocs dénudés prêts à mordre et trente-huit autres quenottes désamorcées pour la bonne « confirmation » de l'usage de ces premiers...

    Il l'avait maintenu dans cette position plus de trois heures... jusqu'à l'arrivée des secours.

    Après la lecture, maman avait immédiatement prit contact avec « wujek » Adam (pensionné) et nous nous rencontrions chez lui, à Olsztyn, en Mazurie - aux Pays des Grands Lacs... et au retour de nos vacances à Krynica Morska.

    Sans nous connaître, Cezar, pesant quelques 65 kg.,  se précipita sur nous, en nous envoyant joyeusement « des pelles » avec sa langue... (oué, oué ! Jouer, jouer ! Flop, flop, flop et re-flop bavant et accentuant son dévouement infini...)

    Depuis son exploit, ce chien vivait comme un véritable compagnon, un pote humain de tonton.

    Un privilégié de première classe !

    Il prenait tous ses repas (d'humains), à table, assis sur une chaise, en face de son maître !!!

    A 6 heures du matin : fricassée, pain blanc, viennoiseries...

    A 10 heures : une pomme, une tartine au saucisson...

    A midi : deux « Rodenbach » chacun (si, si « Rodenbach » !)

    A 13 heures : repas complet, un peu plus copieux pour Cezar...

    A 16 heures : goûter sucré.

    Et ainsi de suite...

    Et absolument à minuit : encore deux « Rodenbach » pour un bon sommeil (les boxers ont également un penchant pour la bière).

    Constamment à la recherche de nourriture, ce « piesek » (chien-chien), boulimique et astucieux, « rackettait » (avec tact et savoir-faire) même les petits enfants mangeant leurs tartines dans la rue.

    A la vue d'un « client » potentiel, il sautait comme une bombe par la fenêtre du rez-de-chaussée (ce qui est, sans doute, à l'origine de sa bouille plate), et aussitôt il s'asseyait sagement devant sa victime, en n'aboyant qu'UNE fois : WAF !

    Le gosse affolé jetait sa tartine par terre tout en se sauvant en sanglots, et là...

    Miaaam et faaastoooche ! Suivant !

    Un poil déformé par la violence connue à son jeune âge canin, il  réagissait immédiatement aux cris de détresse des humains, ce qui était parfois grandement salvateur ou simplement gênant.

    Tonton allait souvent à la pêche avec Cezar (...j'aime pas l'eau, j'aime pas l'eau, j'aime pas l'eau - se disait le canidus fidelus...).

    Il y avait six lacs autour de Olsztyn.

    http://www.youtube.com/watch?v=7WzUZ7aXWOU

    La verdure y était luxuriante et les endroits pour la pêche étaient plutôt sauvages...

    http://www.youtube.com/watch?v=oq7lm-GnWsA

    Demeurant dans ce havre de paix lacustre, - tonton pêchant, Cezar couchant, - de temps en temps, des cris stridents féminins perçaient au travers du feuillage touffu des joncs y présents.

    Cezar, brutalement extirpé de sa sieste, se jetait alors en avant et en premier... et le silence se refermait juste derrière lui, après son « quignon » de queue...

    Laaargement après lui...

    Apparaissait tonton.

    Essoufflé et inquiet (de crainte de ne pas se perdre dans les marécages...).

    Et devant ses yeux : un couple à poil, visiblement venu de son plein gré pour « tirer un coup » loin des yeux, avec Cezar assis devant, les poils du dos dressés comme un stégosaure et les quatre crocs dénudés... etc. etc. etc. 

    Il faut tout de même admettre qu'il avait également sauvé quelques « rondelles » imprudentes, qui s'y étaient aventurées en « galante » compagnie, tout en croyant naïvement qu'il s'agissait d'études approfondies sur les insectes hyménoptères, ou diptères si on préfère ...

     

    trzmiel 2

    http://www.youtube.com/watch?v=l5igWxSPDaI

     A la fin de sa carrière militaire, lorsque les autorités politiques polonaises de Varsovie avaient octroyé à tonton la plus haute distinction pour « l'ensemble de son œuvre et sa précieuse contribution à la construction de l'état polonais » - une médaille de Polonia Restituta,

     

    polonia restituta

    il s'y était rendu (après de longues négociations) à condition, qu'il y soit accompagné de son chien tant dans le train (en première classe et avec un titre de voyage comme les autres passagers), qu'à l'hôtel, à la grande cérémonie ainsi qu'au dîner somptueux de gala...


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  • LEUR HEURE

    Dans ma famille, les montres, horloges et autres réveils n'occupaient pas une place primordiale en ce qui concernait la « maîtrise » du temps.

    Maman fonctionnait  toujours par rapport à l'appel des cloches de l'église, suggérant tapageusement telle ou telle messe...

    Papa agissait par rapport au lever ou coucher du soleil en concordance avec les conditions météorologiques présentes...

    Mon frère, la tête dans les nuages, « marchait » à la boussole d'aviation

    busola lotnicza

    vers les endroits particulièrement intéressants et débordant de jeunes filles candides et peu farouches...

    Quant à moi, je suivais le « mouvement général » de la foule, mais surtout de maman, en veillant toutefois que ce soit à l'opposé de « son » église...

    Au début de son engagement à l'usine, papa avait eu l'occasion d'acheter (avec un crédit étalé sur trois ans) et « pour rien », deux montres totalement russes (étonnant, non ?) de marque « Zaria ».

    zarya zegarek 2

    L'une en version homme, et l'autre pour femme...

    Elles étaient en OR !

    Russe...

    D'une couleur peu noble et intensément orange, cette matière était artificiellement obtenue à l'issue du traitement de tonnes et de tonnes de poussière aurifère,

    piasek zloty 2

    récupérée avec précaution dans les carrières sibériennes, qui en regorgeaient.

    Le « beau petit ménage russe » restait bien enfermé, chacun dans son étui d'origine (faisant donc chambres à part), et était mis en marche, et sur les poignets de leurs heureux propriétaires uniquement pour des occasions chics, ou dans le but de faire baver l'un ou l'autre spécimen de l'entourage insistant pour intégrer le nôtre.

    L'achat de ces montres était une forme de « bon placement » d'un capital si difficilement cumulable...

    « Trois ressortissants d'un milieu très rural, à leur retour de « Hamerika » (Etats-Unis d'Amérique, tout simplement) au pays, se tiennent, tant bien que mal, à la table d'un débit de boissons alcoolisées dans le fin fond des Tatras...

    - Eh, oui... J'ai beaucoup bossé dans un abattoir à Chicago en rentrant et sortant des carcasses de bovidés congelées... mais... avec ce que j'ai gagné en trois mois, je me suis acheté une belle vache de race... Personne chez nous n'avait jamais eu une telle bête... Hélas, lorsque je l'ai rapatriée chez nous, elle avait disparu... - dit le premier.

    - Oh, moi, à Las Vegas, je nettoyais les casinos et balayais les rues... Après trois mois je me suis acheté une montre en or... C'était un bon placement, et puis, il n'y a personne chez nous qui en avait une pareille... Hélas, à mon retour elle avait disparu... - dit le deuxième.

    Le troisième, en regardant sa montre :

    - Bien... Bien... Bien... Comme c'est dommage ! Mais... Oh, la, la - il est déjà 14 heures 17 ? Bon, je vous quitte. Je suis en train de bavarder avec vous gaiement, alors que je suis en retard pour traire pour la première fois ma vache ! »

    De toute façon la vie dans notre immeuble commençait tôt, et derrière nos murs, nous entendions parfaitement les sonneries des divers réveils ainsi que d'autres bruits nous prouvant que nous sommes tous humains, et donc organiques...

    Le seul problème, c'est que les ouvriers se levaient, parfois, à 5 heures du matin pour commencer leur travail à 6 heures, et donc déjà une heure plus tôt que les ingénieurs. Or, parmi l'ensemble des cohabitants de l'immeuble, il n'y avait qu'un ingénieur, et c'était mon père.

    De temps en temps, « pracownicy fizyczni », - les travailleurs physiques, - respectaient, en plus, leur régime à pauses ...

    N'empêche...

    Tygrys parvenait toujours à arriver partout à la dernière minute, certes, mais à temps, à bout de souffle puisqu'au grand galop.

    Parfois, avec mon frère, nous avions un autre système de repérage dans le temps.

    Très astucieux...

    Tard dans la soirée (pendule et réveil en panne...), en regardant un film qu'on nous avait « strictement » interdit de regarder pendant l'absence de nos parents (et même en leur présence...), il suffisait de mettre à fond le disque avec une certaine « Delilah » de Tom Jones

    http://www.youtube.com/watch?v=sI5LWwC-cE8

    ou un autre morceau facilement détectable à l'oreille nue (très satisfaisant aussi...), pour pouvoir entendre immédiatement les cris fous furieux d'un voisin :

    - Hé, ho ! C'est fini, dis, « la-la » à 23 heures 20 ?! Mais vous êtes fous ?

    Déjà 23 heures passées !

    Vu l'heure, l'arrivée des parents est imminente : extinction de la téloche, de la lumière.

    Au lit !

    Grave erreur : ce que nous ignorions, triple hélas, c'est que Tygrys, en gagnant notre appartement (« profondément endormi »), se faisait, d'office, un plaisir fou de mettre sa main derrière le téléviseur pour y détecter la température encore élevée des lampes trahissant leur usage récent.  

    telewizor 2
          

     

     


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