• Pologne: En Seigneurs

    EN SEIGNEURS


     « - Jasiu (diminutif de Jan), tu ne peux pas tutoyer les profs... Tu dois t'adresser à eux poliment et avec respect, en les vouvoyant. Comme punition, tu copieras 300 fois « je ne tutoierai point mes professeurs ». Cela pour demain. Compris !?

    Le lendemain, Jasiu présente sa punition.

    - Mais enfin ! T'as écrit la même phrase 1200 fois ? Pourquoi donc ?

    - Oh, c'est pour te plaire... » 

     L'équipe d'enseignants de notre lycée était nombreuse, qualifiée et pas nécessairement tous issus d'un ciel rougeoyant.

    http://www.youtube.com/watch?v=Uh_aG5MzPVM

    LyceeObstrue

    Il y avait Janina, la prof de français (à la disposition de sept personnes de ma classe ayant choisi cette deuxième langue obligatoire), une délicieuse personne, bien élevée... au sol... parisien, contrairement aux autres, provenant eux de la batterie comm'... Elle était licenciée en philologie romane de la Sorbonne.

    Une chançarde qui s'était nourrie pendant ses 35 ans de vie en France de plats exquis de la cuisine française, et qui en plus étaient servis par des vrais Français - les « żabojady », les redoutables « bouffeurs de grenouilles », appelés ainsi par les « Polak » - les Polonais (Non, pas les colins d'Alaska).

    cuisse_grenouille 2

    « Une grenouille en chaise roulante pénètre dans un restaurant chic et très cher (d'au moins quatre étoiles pas rouges...).

    Elle s'arrête au milieu de la salle et, en scrutant les mâchoires en action, s'exclame amèrement :

    - Et, alors, bande des goinfres ! Ca vous goûte, ça vous goûte ? A l'ail c'est encore meilleur !!! »

     Le programme élargi de langue russe - la « spécialité » de ma classe - était brillamment assuré par Alicja, une dame d'aspect « non couleur », plutôt grise et insignifiante.

    Délavée..., sans aucune « coloration » tant dans son teint pâle, que dans ses convictions pour la « convivialité politique » sévissante, puisque, ses connaissances à elle dans cette langue dépassaient largement les « biti biti » incompréhensibles éructés en patois ukrainien « russ-insuffisant » par notre « Łysy », le « Lvovien », ainsi que par tous les apparatchiks « russo satéllisant »...

     Marysia (de Maria), la grande matheuse, laquelle, malgré sa bonne volonté et son apprivoisement total des mathématiques de tout genre, se brouillait au tableau des heures durant, tout en essayant de nous transmettre (en petite écriture nerveuse, proche de l'électrocardiogramme) ses formules mathématiques - longues et à dormir débout - et dans notre cas, en position confortablement assise.

     Un être spectaculaire, véritable sex-symbol, Basia (de Barbara), appelée « Gruba » - la « Grosse », au maquillage « outrancier »

    camion 2

    composé de quelques tonnes de fond de teint balançant entre la pêche et la brique pilée sur son visage rond... ainsi que sur son col roulé.  Blanc.

    Equipée de cils courts, noirs et épais, ressemblant à deux gros mille pattes

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    (total : 2000 pattes) y incrustées pour faire joli, elle était notre titulaire de classe et prof de polonais.

     Et puis Miecia (de Mieczysława - prénom païen : celle qui glorifie le sabre), - faisant songer à la Queen-Mum' anglaise - spécialiste en histoire et ragots divers ...

    Une vieille, très vieille fille qui avait presque oublié d'en être une.

    Il parait, que dans sa lointaine jeunesse (c'est difficilement imaginable), elle avait connu un « amour impossible » et non consommé (et ça, c'est dommage...) avec un aviateur de la R.A.F anglaise...

    pilot 2

    Hélas, c'était sa sœur jumelle qui s'en été perfidement emparé...

    « Une souris éclatante de bonheur raconte à sa copine :

    - J'ai fait la connaissance d'un mec ! L'Homme de ma vie - beau - attentionné - tendre : un vrai trésor ! En plus, un qui m'aime...

     ;)

    Regarde, j'ai même sa photo...

    - Sacrebleu ! Mais que vois-je ?! C'EST UNE CHAAAUUUUVE SOUUURRRRIS !!! Oh, la malheureuse ! Tu t'en rends compte ?! Notre prédateur !

    - Quoi ? Quoi ? - Beeeeuuuuu... Bouuuuuuu.... Kh, kh, kh - éclata en sanglots la souris totalement « démolie »  - Pour... pour... pourtant, il m'a jurééééééé qu'il, - khé, khé, pchip, illl était aviateuuuuuuur... bouuuuhouhouuuuuuu... »

     Il y avait évidement notre « puszysta » - la duveteuse et sulfureuse - « Lufa », de la préparation à la défense qui faisait plutôt tache, au sein du corps d'enseignants, par sa vulgarité soigneusement recherchée et à la « in » militarisée, et que, ni aucun vêtement, ni aucun homme ne voulait vraiment épouser...

    mariée

    « Alors que Kubuś Puchatek - Winnie l'Ourson - s'affairait dans sa cabane à préparer son inventaire annuel de pots du miel, un bruit métallique fortement suspect et provenant de l'extérieur s'était fait entendre...

    Puis quelqu'un cogna à la porte...

    Encore une fois...

    Encore plus fort...

    Kubus Puchatek, effrayé, avait vite fermé la porte à clé et s'était plaqué contre le mur à l'opposé...

    Ce « quelqu'un d'insistant et menaçant », en grognant, martelait violement les huis de la cabane.

    Puis la vieille porte avait cédé et un immeeense sanglier noir, mâle à la forte musculature avait fait irruption dans la cabane.

    Kubuś Puchatek, affolé et collé contre le mur (prêt à faire pipi dans sa culotte...) s'était aussitôt trouvé dans les bras de ce dernier qui s'était mis à l'embrasser, l'embrasser, l'embrasser...

    - To Ty, moj Prosiaczku ! C'est toi, mon Porcinet !? T'as enfin terminé ton service militaire ! - criait Winnie l'Ourson au travers de larmes de joie et saisi d'émotion... »    

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    Il y avait encore une autre Janina, - sorte de reine égyptienne, Hatshepsout, tant par son physique que par son comportement royalement hautain, au « khôl » abondamment répandu autours de ses yeux comme des trous noirs (version spatiale) - qui assurait les cours de physique et d'astronomie.

    Ses dents toujours serrées et ses lèvres fines soulignaient son caractère acariâtre et imprévisible...

    Plus tard, elle fut condamnée à trois ans de prison

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    pour « activités nuisibles visant le régime comm' polonais », - comme c'était injuste... - et fut ensuite glorieusement libérée et considérée comme une héroïne, par « Solidarność » fraîchement installé.

     La biologiste, Zosia (de Zofia), la plus humaine et la plus proche de nous, sans doute parce que son intérêt scientifique se catalysait sur ses « batraciens favoris », sur lesquels elle faisait sans cesse des recherches approfondies...

     « Communisant » ou pas, tous ces profs avaient un seul but commun : celui de nous faire parvenir à la raison... et au baccalauréat, au bout de quatre années d'études...

    A la « Matura », en polonais

    matura

    - cette série d'examens en batterie, infinissable... de la fin de l'enseignement secondaire et donnant accès à la porte de l'enseignement supérieur...

    (Yessss!)

     http://www.youtube.com/watch?v=QVp6whdXAJY


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