• Pologne: Chaudes Rondes

    CHAUDES RONDES


    Notre formation générale au sein du lycée comprenait également de l'éducation physique, que Krysia (de Krystyna) dispensait avec acharnement.

    Avec sa silhouette gracieuse, fine et svelte, telle une ancienne bouteille de « Coca Cola », elle reste la seule dans ma vie qui portait dignement ce survêtement de sport assez disgracieux et si mal compris et perçu de nos jours...

    Résignée dans son ambitieuse vocation de faire de nous des athlètes hors pair, elle s'était contentée finalement de nous préparer simplement à divers efforts physiques comme l'accouchement, ou le trimballage de lourdes commissions du rez-de-chaussée jusqu'au 8e étage (pour celles qui disposaient rarement d'un ascenseur montant correctement).

    Elle attachait également une grande importance à notre éducation « de femmes » en ce qui concernait les différents pas de danses...

    Notre classe comprenait (avec difficulté...) trente filles et sept garçons.

    Boutonneux, de taille inintéressante, mais avant tout, de consistance « matheuse et cérébrale » - dans le genre « radar qui sait tout » - ils évoluaient en parfaite symbiose avec cette communauté caquetante de « babiniec », un groupe composé exclusivement de « baba » - des « bobonnes » (ah, quelle horreur !) - et incrustés comme des puces sous nos ailes protectrices de jeunes gallinacés.

    Depuis cet apprentissage forcé de la danse en « couple féminin » - des valses, des « latinos », des mazurka, des polka, des polonaises et... des slows !!! - toujours plaquée avec les seins (fraîchement formés) contre « l'anatomité » semblable de mes copines, toutes en tenues ridicules de gym', comme des « amanites phalloïdes »,  

    amanite phalloide

    rien que d'y penser, j'en ai la chair de poule et mes cheveux se dressent...

    Dans ma vie d'ado, j'avais pourtant déjà eu quelques opportunités de danser un slow langoureux et envoûtant avec un « vrai » mec, un dur quoi, et de plus, de la même taille que moi, chez lequel d'autres choses s'érigeaient en pimentant, - ô, comment agréablement ! - mon expérience dans ce domaine.

    A partir du mois d'UN septembre, à raison de trois fois par semaine, nous nous « formions » toutes en « gymnastique artistique en ligne ».

    C'était la grande tendance de l'époque pour fêter de façon grandiose et glorieuse un événement public.

    Cela consistait en le squattage d'un immense terrain, sur lequel on lâchait quelques centaines, voire des milliers de « clones » qui ondulaient sur les rythmes d'un air musical difficilement déchiffrable et plutôt ringard, en agitant avec grâce des objets tels que de longues écharpes jaunes de sept mètres, ou de petites « ombrelles - pépins  cul-cul » rouges et en dentelles...

    http://www.youtube.com/watch?v=PdlrgGlsJx8

    Notre lycée représentait avec quelques autres (au total 3800 "gymnastes") les couleurs régionales de la Silésie - jaune et bleu.

    slask2

     

    Un bâtonnet, avec un métrage impressionnant de ce tissu synthétique de couleur « jaune - fluo - pétant » y attaché, était « notre » accessoire à manipuler gaiement et obligatoirement de la main droite vers la Tribune du centre, remplie de nos  « gauches » locaux.

    Le reste de notre accoutrement festif se limitait au port de « tricots de gymnaste » - bleu - électrique - serrant étroitement et adroitement nos corps en expansion juvénile permanente, alors qu'ils avaient été commandés l'année précédente...

    Le spectacle apothéotique et « à la gloire de », se donnait au Stadion Śląski,

    stadion slaski2

    situé dans l'enceinte du Park Kultury i Wypoczynku de Chorzów, - le plus grand stade de Pologne, pouvant accueillir, à cette époque, une centaine de milliers de « kibice » - supporters... (90 000 le 06 juin 1973) conformément à la devise largement répandue : « tant que ça paie - ça peut rentrer... »...

    Les « Parasolki » -

    parasolka2

    les « ombrelles » - représentaient l'école d'enseignement secondaire professionnel en matière de couture (d'une durée de cinq ans avec le baccalauréat) et arboraient avec classe de belles « mini robettes » plissées, très chics, rouges...

    Avec de la dentelle blanche y discrètement dépassant... et aux couleurs nationales de notre pays.

    Nous, les « silésiennes champignonnesques à bâtons », ne supportions pas ces « pépins à ombrelles prétentieux ».

    Après de longs préparatifs, nous nous sommes trouvées entassées dans le graaaand Tunnel du stade - dans le noir le plus total à cause d'une panne d'électricité interne.

    Rien d'étonnant, puisque tout le matos sophistiqué, servant « à amplifier » et « enjoliver » la cérémonie, avait bouffé toute l'énergie prévue pour cet endroit depuis un an...

    Nos édiles locaux, eux, contrairement à nous, étaient noyés dans une lumière quasi divine...

    Vu ?

    Non, on ne voyait rien...

    oczy 2

    Je recommence :

    Sentant... les pieds...

    Non plus...

    Voilà :

    Trouvant cette situation extrêmement irritante, chacune de nous essayait de gagner un peu plus de place...

    Quelques coups de bec anodins, sans gravité se sont dispersés...

    Et puis, toujours dans l'obscurité,

    oczy 2

    (oui, je sais... mais il faisait vraiment nwééér...)

    suite aux coups de nos bâtonnets « donnés au hasard », nous nous sommes retrouvées sous une véritable pluie de « parasolka ».

    Sur nos têtes, sur nos dos et nos jambes nues...

    Nous - mais qui - nous ? - dans le noir - avons alors procédé à une riposte rapide d'autant plus renforcée par notre indignation à son apogée... 

    Personne ne savait plus qui était son agresseur ou sa victime...

    Nous avons alors débordé sur la pelouse parsemée de nos points de repère tout en nous tabassant, en nous poussant violemment avec des cris stridents de  rage...

    Ki aaaaï !

    Cette pagaille générale correspondait cependant à merveille... avec l'ouverture d'un match, faisant partie des qualifications pour la phase finale de la Coupe du Monde de 1974,

     

    polska anglia chorzow

    (Tomaszewski, Lubanski, Deyna, Gorgon, Musial, Gadocha - nous admiraient aussi...)

    entre les équipes de foot nationales polonaise et anglaise... terminé 2 : 0, pour les Polonais...

    Yesss !

    http://www.youtube.com/watch?v=uMELz61Klqo

    Le lendemain, les journalistes britanniques avaient baptisé notre stade silésien « Kocioł Czarownic » - le Chaudron des Sorcières.

    http://footnostalgie.free.fr/version2/index.php?option=com_content&task=view&id=267&Itemid=32

    J'essaie de comprendre pour quelles raisons...

    Faisait-il chaud ?

    http://www.youtube.com/watch?v=TZ0ateYvWEQ

     

     


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