• Pologne: Aux Traces de Thraces

    AUX TRACES DE THRACES


    Aux aurores, à savoir aux alentours de 3 heures de la nuit, je m'efforçais de situer les quatre soleils levant pour les ranger en un seul, et d'aligner devant moi les quatre horizons identiques - l'un à côté de l'autre...

    Ces horizons tremblotaient devant mes yeux rouges et bouffis comme des baballes de ping-pong (... ké la baballe ? Apporte ! Donne à « maman » !).

    Après avoir abusé de vodka, le lendemain de la veille, on voit tout en double, certes... mais après la « Mastika », c'est tout de suite, et en quadruple...

    Avec Kasia, nous présentions les mêmes symptômes que les lapins sévèrement  atteints de la myxomatose...

    yeux2

    De plus, il n'y avait hélas que l'air qui nous entourait qui parvenait, à lui tout seul, à sentir « la rose »

    roses 2

    - dont l'huile essentielle est la fierté nationale des Bulgares...

    olejek rozany 2

    Ce parfum si omniprésent et si enivrant était toutefois différent de celui que nous dégagions, tous les trois, par chacun des pores de nos peaux, « blanchâtres », chiffonnées et couvertes de pustules apparaissant juste après une piqûre de moustique...

    http://www.youtube.com/watch?v=D0OgnkHss-E&feature=related

    Heureusement, il y avait un vieux dicton polonais qui disait que : « à défaut de pouvoir se laver - il faut s'aérer » - ce qui s'appliquait principalement aux gonzesses « peu propres » sur elles et portant des mini jupes... Nous nous aérâmes à volonté...

    Jasiu, notre seul et unique conducteur restait tout de même sobre - comme toujours - car chargé d'une grande responsabilité : nous amener saines et sauves « à bon port », c'est-à-dire à la « Cité de Jupiter », autrement Obzor.

    Une belle petite ville de 2000 habitants, - propre et pomponnée, et à cette époque, très peu fréquentée par les hordes de touristes étrangers.

    La malchance voulu que nous tombions sous le même toit d'une maison « à chambres d'hôtes », abritant déjà, hormis nous quatre, un petit, certes, mais cependant extraordinairement sonore troupeau de Polonais de « Varsovie-Centre » - peu farouches à la vue d'une bouteille pleine de la « Slivovitsa » la plus locale...

    J'ai dit - « Varsovie-Centre » parce que les Vrais Varsoviens, comme les Vrais Parisiens doivent absolument habiter dans le centre afin d'échapper aux explications, jugées minables, s'ils entraient dans les détails expliquant que l'un habiterait à Włochy, et l'autre, à Sarcelles...

    Ca ne sonnerait pas aussi bien... voire, cela compromettrait même leur statut de citadin « privilégié ».

    La source d'eau douce se trouvait dans le fond du potager, long d'une centaine de mètres, où les poivrons doux, gentils et dodus, comme leurs maîtresses agricultrices, se pavanaient sur leurs branches avec une nonchalance paisible....

    A côté du « point d'eau » commun, se trouvaient également une « salle de douche »

    douche 2

    (l'eau dans un tonneau noir était chauffée par le soleil) et trois toilettes, aussi crades l'une que l'autre...

    toilette turque2

    et même s'il y en avaient eu 17, elles l'auraient été aussi...

    La particularité qui m'avait totalement enlevé l'envie de digérer  ou, de « filtrer » quoi que ce soit d'organique, émanait de sa nature - c'était une chiotte turque - c'est-à-dire  qu'au milieu de la petite pièce il y avait un trou béant qui régurgitait en permanence les déchets produits avant et déposés après par les humains.

    Mon désespoir frôlant la psychose s'agrandissait à chaque fois, lorsque j'étais censée y disparaître, tant momentanément que discrètement, vêtue d'un pantalon blanc, ou d'une mini jupe serrante de type « large ceinture »...

    Les Bulgares de notre entourage étaient de bons cultivateurs et des personnes avenantes.

    Calmes, souriants et accueillants.

    Sans doute parce qu'ils n'étaient pas trop informés et, ne disposant qu'un seul programme national à la TV et la radio, suggéré par des rédac' chefs moscovites - censurant et rejetant tout ce qui avait l'aspect « pourri » ou osé, - ils vivaient dans l'ignorance candide de l'existence du « monde des crapules »...

    Les fruits exquis (non habités !) et les légumes regorgeant de soleil y poussaient fièrement et avant tout, « librement », - sans « craintes ni clôtures », ni même la TV nationale - et les petites affichettes disposées un peu partout, « invitaient » tout passant à s'en servir... Quoi que : modérément...

    Nos compatriotes voisins excellaient en l'application « à la lettre » de cette information.

    Ils ne mangeaient rien sur place - ils ne dépensaient pas un Lev- toutefois, ils en remplissaient à ras n'importe quelle pièce (disponible) de leur vêtement (toujours de sport car le tissu en était extensible !), des sacs en plastique - populairement appelés « Epa » (du nom d'une marque aperçu sur le premier sac de la vie, sans doute...) - et des immenses filets en nylon, afin que le transport et le regroupement dans leur « garde manger » se fasse massivement et dans de bonnes conditions...

    La première semaine à Obzor s'était gravée dans ma mémoire pour cause d'une loooongue série d'incidents fortement déplaisants et prêts à me gâcher les vacances.

    Mon premier baptême consistait en une expérience douloureuse - une « grimpette de  jeune chèvre » sur un gigantesque figuier.

    figuier2

    En fait, à un certain moment, juste avant de donner ses fruits, cet arbre dégage sur ses feuilles et sur son écorce un produit légèrement toxique et intensément urticant... destiné juste à mes fesses, cuisses et autres appendices...

    Ensuite, la « plongée » sous marine,  tête en avant au travers d'un banc de méduses...

    meduse 2

    du même effet que le figuier centenaire...

    Résultat : trois longues journées avec une boule vissée à la place de la tête, gonflée à faire éclater de jalousie toutes les pastèques locales...

    Puis, la « morsure » gloutonne et à pleines dents dans « louta tchouchka » -

    louta tchouchka 2

    ce minuscule poivron de « rien du tout », ayant tout d'un grand... Piquant par sa nature et vindicatif par sa volonté... Deux jours d'anesthésie buccale totale...

    Etant « robuste et droite dans mes neurones » et, avant tout « pachydermique », je ne me suis pourtant pas laissée abattre...

    Nous nous exprimions en russe et en polonais (dialecte slave occidental) - eux, en bulgare (dialecte slave méridional) - et tout le monde se comprenait à merveille...

    Cependant il y avait bien un autre « petit » problème concernant la communication directe avec la population locale et principalement avec les commerçants.

    Tous les matins, à tour de rôles, nous coursions (à pas pareils) dans la même « épico-maroquino-marqueterie » (fermée la plupart du temps sous prétexte de sieste - et la sieste c'est long et sacré !) pour de simples commissions, telles que du lait, du délicieux fromage « feta » de brebis et du pain.

    Nos repas du soir, nous les prenions dans un « resto-cantino-patio-dancing ».

    Les Bulgares ont une particularité rare et prêtant à une confusion permanente, et qui se manifeste par des signes de tête « à l'envers » des nôtre.

    Leur acquiescement vaut un « non », alors que pour nous c'est « oui », et notre négation - pour eux représente un « oui ».

    C'est clair ?

    De là :

    Au magasin rempli à craquer :

    - Bonjour ! Vous avez du pain ? - demandais-je comme tous les autres...

    Signe : oui. Longue file. Réponse orale au comptoir : Mais, non ! Je n'en ai pas... Je vous ai fait signe tout de même !

    Le lendemain :

    - Bonjour ! Vous avez du pain ? Signe : non. Je pars déçue... Stoooppp ! Mais où allez vous ? Je vous dis que j'en ai...

    Au bout d'une semaine, lorsque la commerçante avait compris notre « étrangeté » en matière de signes de tête et dans le souci de nous plaire, elle s'était mise à respecter les mêmes que nous... Dans le cadre d'un acquis mimétiquement pluriculturel...

    Et nous de même, par respect de leur « symbolisme » national...

    Alors les quiproquos ne faisaient que s'aggraver...

    Au resto, un vieux mec à la carcasse d'un batracien géant « Aga-Aga », 

    ropucha aga2

    « nisko skanalizowany » - aux jambes « bassement canalisées » et « lubieżnie rozbiegane oczy » - « les yeux concupiscents trottant » (et parcourant mon corps dans tout les sens...) me fit signe si je voulais lui accorder une danse...

    Mon signe de tête - non !

    Evidemment !

    Aussitôt l'« Anoure » me serrait dans ses bras noueux de « nœud nœud » pour me faire subir de A à Z un slow « déchirant », pimenté des quelques attouchements incorrects et déplacés (?)

    http://www.youtube.com/watch?v=FQt-h753jHI

    (avant)

    J'adore Valentina Hassan...

    http://www.youtube.com/watch?v=CF1Q0nxSQz0&NR=1 (après)

    Non. Simplement placés là où il ne fallait pas !  

    Ayant été une jeune « blondinette aux yeux clairs »,

    blondynka 2

    j'avoue que j'avais beaucoup de succès auprès de ces « mâles thraciens » basanés, lesquels, à la vue d'un génotype féminin pareil, faisaient rapidement des traces dans leurs caleçons...

    Et si je pouvais encore y « évoluer » à l'aise, tout en préservant mon intégrité physique intacte, c'était grâce aux 195 cm. et 90 kg. de Jasiu, lequel faisait efficacement et inlassablement office de « body guard » personnel - possessif et, s'il le fallait vraiment, lourdement expéditif à l'égard de tout « gastéropode », ou « batracien » insistant... 

    ochrona2

    Le resto nous proposait d'innombrables plats composés de saucisses et de viandes grillées accompagnées de riz et de légumes à profusion.

    Comme, par exemple, « Chopski Salat »

    chopskii salat2

     - cette spécialité de la région de Sofia - dans la composition de laquelle entrent des tomates, des concombres, des poivrons jaunes et rouges et des oignons - finement coupés en dés minuscules, parsemés de flocons de « feta » bulgare et aspergés de quelques gouttes d'huile d'olive... Sel et poivre... C'est à essayer absolument.

    Les soirées étaient égayées par la présence de quelques spécimens locaux ainsi que par celle - plus musicale - d'un groupe de rock de cinq étudiants provenant de Sofia, avec lesquels nous avions immédiatement sympathisé. 

    http://www.youtube.com/watch?v=neQd1WTYCD0

    Et après la saison, lorsqu'ils devaient se rendre à la gare d'Obzor,  située à quelques kilomètres, avec leur matos d'un grand volume, c'était Jasiu qui, après avoir scientifiquement rangé toute leur « boutique » dans sa spacieuse « Waouw-dis... » 80 citron, les avait véhiculés.

    En reconnaissance « éternelle » de ce coup de main, ils nous avait chaleureusement invité à leur rendre visite dans leur bled, éloigné de plusieurs centaines de kilomètres, mais cependant sur la « piste » menant vers Sofia, où nous envisagions de nous rendre à la fin de notre séjour pour rentrer ensuite par la Hongrie, en faisant un crochet à Buda.

    Et puis à Pest... 


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