• Déménagement snob

     

    Dans deux mois, Boulogne-Billancourt ne sera plus la ville la plus snob du monde. La raison ? Je déménage ! Je sais que Monsieur Baguet, maire de la ville, va contester ma décision, mais après avoir fait de mon mieux pour l’aider à « gentrifier » Boulogne-Sud (qui en avait fortement besoin), aujourd’hui je constate : Mon Dieu ! Que est devenu mon joli quartier de pauvres et de prolétaires ?!

    Ma boulangère marocaine a déjà chargé son chameau et ses ânes pour retourner au bled. Un « meilleur ouvrier de France » (mais absolument pas le plus aimable) a pris sa clientèle. De surcroît, il ne propose ni pastillas ni cornes de gazelles. Mon boucher « hallal » a déménagé dans le 93 : ça ne va pas être simple pour faire mes tajines internationalement réputés…  Certes, il y a maintenant un supermarché « bio » mais les vendeurs aux mines défaites et jaunâtres ne m’inspirent pas vraiment. Plusieurs cafés jadis réservés aux travailleurs de Renault autour de la Place Jules Guesdes se sont fait un lifting et se sont convertis en « lounge-bar » : transformation pas toujours très réussie. Et fini le couscous du vendredi. Il y en a même un où l’on peut se faire tatouer en grignotant des « cookies », puis un « concept-store » (où l’accueil n’est également pas des plus chaleureux), juste à côté du foyer des éboueurs totalement confus par ces nouvelles activités, où l’on déguste des salades issues de cultures écologiques. Pourquoi les bobos et les verts font toujours la tête ? Les insecticides : rendent-ils donc heureux ?

    Soit ! Je prépare donc ma ménagerie et mes malles pour la campagne. Paysan ? A la bonne heure ! Mais bourgeois-bohémien : jamais ! Pour votre culture générale, j’ajoute que ma future datcha se trouve dans un village nommé Bois le Roi. Snobisme oblige. Les agences du cru prévoient d’ores et déjà une hausse importante du prix de l’immobilier…