• "La Haute Facture" pousse les meubles


    Une dizaine d'éditeurs de mobilier et d'objets associent leurs savoir-faire pour créer une "haute couture de la déco et du design".

    (1) Les éditeurs de la Haute Facture contemporaine française, soutenus par le ministère de l'Industrie (PME), sont adhérents de l'Unifa (Union nationale des industries françaises de l'ameublement) et bénéficient de l'aide du Via (valorisation de l'innovation dans l'ameublement) : l'appellation «Haute Facture» revient à Gérard Laizé, directeur de cette institution.

    La haute facture regroupe: Guillaume Vincent. Michael Wagner & Laurent Charles. Philippe Coudray. Christophe Delcourt. Nicolas Aubagnac. Régis Mathieu. Philippe Parent. Xavier Dohr. Sylvie Coquet. Domeau & Pérès.
    Prochaine exposition au Via, en mai 2005.
    29-33, avenue Daumesnil, 75012. 01 46 28 11 11.

    Ronze, velours, macassar ; méthacrylate, fibre de verre, résine de synthèse... Au Salon du meuble ou à la dernière Biennale des éditeurs de la décoration, en janvier, les matériaux les plus anciens ou les plus technologiques, les formes les plus différentes cohabitaient sur le stand des éditeurs de la Haute Facture contemporaine française. C'est sous cette appellation que décorateurs, stylistes, designers, artisans et fabricants de dix petites maisons différentes ont réuni leurs forces, dans une association qui se veut la haute couture de la déco et du design. (1)

    Philippe Parent, décorateur et président de ce jeune «club», depuis longtemps attaché «à la part contemporaine que l'on peut extraire de la tradition des métiers d'art», explique que «ce groupement est d'abord un stimulant économique pour les éditeurs que nous sommes, c'est-à-dire des professionnels qui vendent leurs pièces, qui ont un catalogue international et l'entreprise commerciale qui suit. Nous nous donnons de la visibilité. En aucun cas, il s'agit d'une chapelle stylistique. C'est pour créer une émulation entre nous, et des liens entre nos différents domaines». Entre mobilier, luminaires, art de la table, tissus, tapis...

    Grâce à ce tremplin, le décorateur Xavier Dohr entend dépoussiérer tout ce qui, dans le vocable «savoir-faire», renvoie injustement à un artisanat désuet, aux styles (Louis XV, Empire...) si résistants en France. Avec un credo social. «Il faut sauver les ateliers d'artisans très performants, défend-t-il. Il n'y a pas que des tape-clous ! Nous regrouper, c'est défendre l'excellence de leurs mises en oeuvre, et le haut de gamme que nous pratiquons grâce à eux. Un meuble a besoin d'un concepteur, mais aussi de cinq à six artisans.»

    Hors tendances, ces pièces de haute facture s'adressent bien sûr à une clientèle aisée mais que Xavier Dohr estime «rajeunie», qui en a assez du total look ­ tout design ou pur style, tout standard ou tout copie. Et qui pratique les mélanges, attend du sur-mesure, aspire à une identité personnelle, à travers un créateur, pas forcément une signature. Du luxe, certes, mais pas tapageur, à des prix «marché» c'est-à-dire calculés par rapport aux coûts de production, contrairement à certaines «oeuvres» de design vendues en galerie. Les éditions des pièces ne sont pas limitées, si ce n'est par la demande.

    La haute facture pourrait bien être un lieu de débat entre les arts décoratifs et le design, champs aux frontières incertaines, qui s'affrontent parfois stérilement. Que vont se dire par exemple les artisans-éditeurs Domeau & Pérès, fervents défricheurs du design, et Philippe Parent, détracteur d'un domaine «stérile depuis vingt ans» ? Les acteurs de ce projet collectif, alliance de carpes et de lapins de luxe, se mettent au pied du mur d'utiles redéfinitions : économiques et esthétiques.

    Par Anne-Marie FEVRE
    Libération.fr vendredi 11 février 2005

     http://www.liberation.fr/page.php?Article=274865

    Design : Philippe Parent, architecte d'intérieur


    «Le design arrive à sa fin»


    Philippe Parent Studio, 45, rue de Bourgogne, 75 007. tél:01 45 51 15 85.

    La faconde provocatrice de Philippe Parent (56 ans) est inversement proportionnelle à la force cosy-tranquille de sa galerie, rue de Bourgogne. Sa commode Rondin (1999), en chêne, éclaire bien la démarche de cet ensemblier et architecte d'intérieur: s'appuyer sur les métiers d'art pour créer un meuble à la ligne inédite, intemporelle. Mais son excitation de l'heure, ce n'est pas de vanter ses pièces. Il a plus à coeur d'expliquer son engagement pour la haute facture, regroupement qu'il attendait depuis longtemps. Il y voit «une salutaire réaction à la chapelle design créée par les médias depuis vingt ans, aux dépens des arts décoratifs. Le design de meuble et d'objets arrive à sa fin, il n'est plus que copie. Les designers d'aujourd'hui ne créent que des prototypes, ce sont des peintres du dimanche. Le design ne vise aucun confort, ne s'intéresse pas aux consommateurs. Impossible de rester assis ou allongé sur la Video Lounge de Christophe Pillet. C'est une chaise à regarder!».

    C'est sans langue de bois. Seul le design industriel intégré dans l'entreprise garde un sens pour lui. Cet ancien élève de l'école Boulle, enseignant par ailleurs au Strate College, s'amuse. Il connaît bien le design, l'a apprécié et défendu dans sa jeunesse. «Le design a eu le mérite d'inventer des produits à prix abordable pour le plus grand nombre. Mais personne n'a égalé la chaise longue des Eames de 1956! Ni la Panton! Il y a vingt ans, je n'ai plus supporté, je me suis mis à détester les lampes Artémide, et toutes les épures issues du Bauhaus.» Parent a fait son retour à la tradition. Pour défendre «tous les conforts, celui de l'oeil, du corps et du toucher, et créer des luminaires doux qui n'agressent pas». Quant aux nouveaux rituels de vie, il n'y croit pas. Deux seules choses ont changé à ses yeux: la télévision, qui a modifié le rôle du salon et entraîné le canapé-vautrage, et la cuisine qui redevient la pièce à vivre. Parent a une vision cadrée, arrêtée, un peu notable. Même si un léger doute le parcourt lorsqu'il s'agit de définir le «contemporain» qu'il met en oeuvre.

    Par Anne-Marie FEVRE
    Liberation, vendredi 11 février 2005
      http://www.liberation.fr/page.php?Article=274867

    Design : Domeau & PErès, fabricants-éditeurs«Défendre l'innovation, bousculer la tradition»



    Domeau & Pérès, 21, rue Voltaire,
    La Garenne-Colombes (92).
    L'exposition : «10 ans de design par 12 créateurs français. 1994-2004.» Centre des arts d'Enghien-les-Bains (95), jusqu'au 3 avril. 01 30 10 85 59.
    Le livre : Domeau et Pérès/Design.
    Dix années de création, édition Bernard Chauveau, 39 €.

    En 1994, deux jeunes artisans travaillent dans la même entreprise de mobilier. Bruno Domeau (né en 1962) est sellier, Philippe Pérès (né en 1970) est tapissier et a été sept ans compagnon. Du savoir-faire, ils en regorgent. «Mais, affirment-ils, on ne se retrouve plus dans le mobilier de style, dans la reproduction du passé.» Alors, ils frappent aux portes des designers, leur proposant «une collaboration sur mesure» pour inventer ensemble des pièces nouvelles. Le premier à leur répondre, c'est Christophe Pillet, pas encore très en vue à l'époque puisqu'il sort tout juste de chez Starck. Ils se font la main ensemble dans un bar musical parisien, un hôtel particulier à Boulogne, tandis que le duo travaille à la diable dans le salon de Bruno. En 1996, ces apprentis «fabricants-éditeurs» s'installent dans un garage de 40 m2, à La Garenne-Colombes. En 1997, ils débutent au Salon du meuble où ils apparaissent comme des ovnis très remarqués. Leur première pièce emblématique, qui reste leur mascotte, c'est la Video Lounge de Pillet, chauffeuse et repose-pieds, version laine ou poulain et pieds inox. Une sculpture de luxe, mais éditée, reproductible. A un prix de marché. «Ce sont d'incroyables artisans que je découvre alors, explique Pillet, capables de toutes les performances techniques. Avec eux, je dessine, ils fabriquent, mais c'est comme si nous étions une même tête guidant de mêmes mains. Avant eux, on avait failli oublier que la haute facture pouvait servir la création contemporaine et l'innovation.»

    Les Domeau & Pérès fêtent aujourd'hui leurs dix ans de création et d'édition de design. Avec un ouvrage intime et collectif où se raconte leur petite saga. Et une exposition lumineuse au Centre des arts d'Enghien-les-Bains, regroupant une partie de leur collection, riche de 40 propositions diversifiées, émanant de douze créateurs, pas des moindres en France. D'Andrée Putman aux Bouroullec. A l'actif du tandem, des «affinités électives» avant tout, des histoires humaines qui se tissent avec Matali Crasset lorsqu'ils essaient de venir à bout de son lit d'appoint Quand Jim monte à Paris, pour le mener à la perfection. Ils sortent du cuir, de la mousse, des tissus, pour explorer d'autres matériaux, le Corian très tôt pour les Bouroullec ou la résine pour Jérôme Olivet et son siège Hyperespace. Ils travaillent aussi, là en duo, pour l'aménagement luxueux de concept cars ou de petits avions. Ils occupent aujourd'hui de plus grands locaux, toujours à La Garenne-Colombes, où niche leur petite société de huit personnes, côté atelier et côté showroom. Leur passion, ils l'expriment encore comme des gamins en caressant la dernière chaise longue Enghien, que Christophe Pillet vient de concevoir en l'honneur de la ville balnéaire. Ou face au dernier siège en cuir de Martin Szekely, Domo. «Il a l'air sévère, dur, mais il faut s'asseoir, s'amusent-ils, il est très confortable.» Ce siège, «du non-design», n'a pas l'image du confort mais il l'apporte par son usage. Domeau & Pérès entendent «défendre l'innovation, de nouveaux usages, bousculant la tradition». Pour eux, la haute facture, c'est une sorte de «petite réunion à l'italienne, de ces grandes maisons comme Edra, Moroso, B & B qui savent faire masse lors du salon de Milan». En tout cas, ils ont les moyens d'en être les fers de lance.

    Par Anne-Marie FEVRE
    Liberation, fr vendredi 11 février 2005

     http://www.liberation.fr/page.php?Article=274868

    Design : Xavier Dohr, designer

    pix

    «Des objets parfaitement finis»

    Xavier Dohr Studio, 25, rue de la Grange-aux-Belles, 75011.
    01 42 01 70 00.

    Senteurs, sons, quadrille de fauteuils, canapés et poufs et petit jardin intérieur. Couleurs aux dominantes marron, cuivre, gris, blanc. Xavier Dohr, 39 ans, a créé un salon très habité plutôt qu'un show room commercial. Qui doit ressembler aux nombreux intérieurs que conçoit ce designer. «Le design, ce n'est pas un style, c'est mixer la technique et la tradition. Un designer donne une réponse esthétique et technique à une problématique posée. J'enlève la déco. Je gomme, je crée des vides, des arêtes légères.» Son long et cossu canapé Nembe perd ainsi de sa massivité, grâce à cette écriture, récurrente dans les pièces de Dohr.

    Le label haute facture des créations de Xavier Dohr s'exprime à travers «des objets dessinés, bien produits, parfaitement finis». Et les matériaux qu'il choisit. Ses bois rares (zébrano veiné d'Afrique, tinéo orangé du Chili, tulipier crème, chêne des marais) ne sont pas teints mais oxydés, à l'ancienne. Ses sièges sont recouverts de jersey, poils d'animal, fibres végétales ou synthétiques. Si ces matériaux ne tirent pas vers le passé, c'est qu'ils sont mis en relation avec de l'acier époxy, de l'inox, ce qui leur donne un sursaut contemporain. Le tabouret Kurdy est recouvert d'un patchwork de quatre peaux différentes. Le luxe n'est pas ostentatoire, couleurs et jeux de matières s'équilibrent, se neutralisent. Le savoir-faire des artisans auquel le créateur fait appel s'exprime par exemple à travers le cuir du tabouret Sukki, qui est traité avec toutes les finitions couture d'un bagage. Quelquefois crie le rouge, la couleur du fauteuil Touma, en peau de cheval, lumineux sursaut.

    Xavier Dohr travaille seul, avec disponibilité, car «le client aime qu'on lui raconte l'histoire d'une pièce». Il gère seul aussi ses relations avec de nombreux ateliers. Dans sa collection, il peut y avoir six ans d'écart entre deux canapés : cet ancien élève de l'Ecole supérieure d'arts appliqués et textile de Roubaix, venu de la passementerie qu'il pratique toujours, ne court pas après les tendances. Il a inventé la sienne : la volupté monacale mordorée. Curieusement, son chien à poil blanc, si calme, est en complet écho avec le cadre discrètement sensuel qu'il sait mettre en scène.

    Par Anne-Marie FEVRE
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    vendredi 11 février 2005 (Liberation - 06:00)
    http://www.liberation.fr/page.php?Article=274866#


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  • Chez Toni & Guy, un DJ rythme votre coupe de cheveux.

    La bande-son de nos vies


    Restaurants, magasins, hôtels, gares, ont de plus en plus recours à des professionnels pour composer leur identité sonore. Enquête sur cette nouvelle forme de design.
    La musique est-elle un art décoratif ? Peut-elle être utilisée au même titre qu'une paire de rideaux, un tapis, un coussin, un encorbellement, un crépit, une échauguette ? On pourrait croire que non, mais, depuis plusieurs années, la vogue du «design sonore» tend à faire de l'harmonie un artefact.

    D'une certaine manière, avec opéra, ballet ou chanson, la musique devenait le faire-valoir d'une intrigue, d'un drame ou d'un texte. Mais il y avait encore égalité des chances : «Prima la musica» ou «Prima le parole» ? Dilemme ancien et jamais résolu.

    Dans le cas de la musique d'ascenseur, des pianos d'hôtel, des haut-parleurs dans la rue, les grandes surfaces, sur les plages ou les pistes de ski ; dans le cas des fameuses compilations de Béatrice Ardisson et des mélodies d'aéroport, les notes de la gamme sont devenues partie intégrante de notre paysage auditif, tout comme le chant des oiseaux ou le bruit du vent.

    La musique est désormais soumise aux lois de temps, du lieu, de l'humeur. Car on la compose - ou on l'arrange - pour qu'elle se modèle sur une ambiance, mais jamais ne la crée. Du paysage naît la musique, et non l'inverse. C'est le Chesterfield qui appelle le jazz étouffé, tout comme les rayonnages du Cora de Creil appellent les disques de Florent Pagny...


    Paradoxalement, c'est en se démarquant - en se dépersonnalisant - que la musique devient un organe à part entière. Désormais, la musique est partout car nous l'avons rendue naturelle. Elle n'est plus luxe ni choix : elle est évidence. On ne la distingue même plus, et il faut une certaine dose de concentration pour remarquer ici un solo de guitare, là un rythme de mérengué. Nous l'avons absorbée, phagocytée, et elle fait partie de notre constitution, pour ne pas dire de notre physiologie.

    C'est alors le silence qui choque et qui insulte...


    "Qu'on le veuille ou non : le futur est dans le tympan. Le XXIe siècle sera celui de l'Ecoute, ou il ne sera pas !" Nicolas d'Estiennes d'Orves


    Designers sonores : gourous du tympan
    Fondateur de l'unité de design sonore à l'Ircam et musicien (il a notamment composé la musique du film Homo sapiens, diffusé sur France 3), Louis Dandrel présente le design sonore de la manière suivante : «C'est une profession qui consiste à concevoir des sons utiles. On pourrait la définir avec la devise d'un des pères du design, Raymond Loewy : "Form follows function" (la forme découle de la fonction). Ce qui n'exclut pas la dimension esthétique. Aujourd'hui, ce métier a de multiples applications. Architecturales : un espace "s'accorde" comme un instrument de musique. Une gare, par exemple. Le designer sonore s'applique à domestiquer tous les sons émis par les usagers, le passage des trains, les annonces vocales. Veille à ce que les bruits gênants soient absorbés - par des matériaux de construction, des doubles parois, etc. -, et les sons utiles clarifiés ou amplifiés. J'entends par "son utile" les signaux sonores. Quand j'ai créé celui de la SNCF, j'ai dû résoudre des problèmes techniques : éviter la réverbération sonore, permettre une perception nette dans toute la gare. Interviennent aussi les facteurs de fonctionnalité : pour obtenir une intelligibilité optimale, il fallait bannir la mélodie et favoriser la neutralité. Concevoir la sonnerie d'un téléphone ou le vrombissement d'un moteur participe aussi du design sonore. Enfin, le décryptage sociologique d'un son (une porte qui claque, un soupir, un bruit de pas), en est encore une autre forme. Attention aux confusions cependant. Tout d'abord avec l'art, mais aussi avec la communication et le marketing. On entre alors dans le frivole. Faire passer pour "design" un DJ dans un magasin, c'est une véritable imposture.»
    Propos recueillis par Astrid Eliard

    Lady Ardisong
    Tout le monde en parle, de Béatrice Ardisson. Du moins, tout le monde l’écoute. Restaurants, hôtels et magasins en vue s’arrachent le logiciel de diffusion de sons design
    qu’elle a créé avec un ingénieur informatique, Olivier Saunier. Le principe de ce Sound Design System : en échange du paiement d’une licence (de 3 000 € à 5 000 € en moyenne) et d’une redevance annuelle, lady Ardisong vous fournit une ambiance musicale personnalisée qu’elle confectionne elle-même à partir de reprises et de créations de DJ. Vous pouvez gérer cette bande-son à partir d’un boîtier ou bien directement sur internet. Une quinzaine d’enseignes prestigieuses diffusent déjà sa musique : les hôtels Bristol et Crillon (Paris), Métropole (Monaco), le restaurant Kong, le Groupe Barrière, les magasins Sephora, le Drugstore Publicis et Vuitton au Japon. « J’ai constitué une base de données de plus de 20 000 titres, confie Béatrice Ardisson, dont 9 000 qui tournent en sound design. Les thèmes sont très variés : cela va du black power à la sugar pop, en passant par le jazz et le swing, très à la mode en ce moment. » Parallèlement, la reine de la reprise continue à assurer l’habillage sonore de « Paris dernière », l’émission créée par son époux sur Paris Première (dont les compilations s’arrachent chez les disquaires). Et elle ne manque pas de projets : un disque pour Sephora, des musiques de films, le développement de la collection Mania chez Naïve et, peut-être avant la fin de l’année, le lancement d’un juke-box nouvelle génération.
    Renseignements :
    contact@ardisong.com

    Le marketing du son
    Dans la publicité, le grand public retient plus les sons
    que les images, constate Christian Blachas, producteur
    de « Culture Pub » et directeur de CB News. Partant de ce principe, les marques soignent leur identité sonore. Une campagne de publicité réussie, c’est un jingle qui devient un tube. Ainsi, le petit air de « Chambourcy, oh oui ! », un des premiers succès du genre. Designer sonore à l’agence Capitaine Plouf, Guillaume Le Guen confirme la nouvelle exigence des marques en matière de son. A titre d’exemple, Peugeot travaille le bruit des portières et celui des moteurs (qui ne vrombissent pas mais soufflent). Macintosh porte le plus grand soin à ses signaux d’erreur ou d’enregistrement. S. T. Dupont surveille le « cling ! » cristallin des briquets de luxe qu’il fabrique. Au bout de la chaîne de production, des « madames Cling ! » testent le son d’ouverture des briquets. A leur tour, les grandes
    enseignes succombent au marketing sonore. L’institut Lancôme a confié à l’agence Sixième Son le travail d’habillage musical de son espace. Ainsi, des créations cohérentes avec les valeurs de la marque (par exemple, la féminité, que l’on retrouve dans des musiques douces) sontelles diffusées dans la boutique, l’espace parfums
    et même le spa. Au Printemps de l’Homme, l’ambiance est urbaine et la musique très différente des autres étages du magasin. Chez Toni & Guy, chacun doit se sentir chez soi.
    Les coiffeurs programment donc des musiques qui varient
    selon les salons : hype, lounge ou underground. On évoque là un « marketing sonore sauvage », en adéquation avec la culture de l’entreprise. Pour goûter au silence, mieux vaut rester chez soi.

    Concert téléphonique
    Amoins d’apprécier la version flûte de pan des Quatre Saisons ou la Lettre à Elise massacrée à l’orgue Bontempi, l’attente téléphonique est souvent synonyme de supplice. « La musique est souvent le détail qui gâche tout. Si celle-ci n’est pas appropriée, c’est l’image de toute l’entreprise qui peut en pâtir », affirme Fabrice Aristaghes
    de L’Oreille Cassée *, l’une des sociétés qui a compris qu’entre deux interlocuteurs, le combiné peut susurrer bien des choses. Du sur mesure ! D’agréables mélodies
    composées par de vrais musiciens, voilà ce qu’il propose. « Nous traduisons en musique les valeurs que l’entreprise désire exprimer, ce qu’elle veut montrer d’elle-même : la
    jeunesse, le dynamisme, l’environnement, la famille… », explique-t-il. Son art se rapproche du graphisme, il
    travaille la matière sonore pour la rendre expressive. Résultat : l’attente, par définition non désirée, devient très supportable.

    La science des stimuli
    Quels sons perçus à l’intérieur d’une voiture peuvent lui conférer une aura de puissance ? Quelle hauteur de notes choisir pour qu’un jingle d’aéroport soit agréable à l’oreille et parfaitement perçu malgré le brouhaha ? Quel type de sonnerie permet de localiser le plus rapidement possible un portable enfoui au fond d’un sac ? Ces questions inhérentes au design sonore ont leurs spécialistes : les psychoacousticiens. Science de la perception des sons, la psychoacoustique étudie les relations entre les stimuli sonores et les sensations qu’ils provoquent. A partir de mesures scientifiques et de tests physiques et psychologiques sur des « auditeurs », elle traque le son parfait : audible, adapté à la situation d’écoute, plaisant. Et, de façon plus enfouie, le plus proche possible de l’image mentale que l’objet est censé véhiculer.

    Paris dans votre oreille
    Lounge, ambiant, chill out… Autant d’appellations sibyllines pour le profane. Ces termes témoignent des diverses déclinaisons de la nouvelle musique d’ambiance. Il s’agit d’une musique électronique tranquille et soyeuse, à écouter en fond sonore pour se détendre. Les endroits chics parisiens l’ont adoptée pour son côté soft, son élégance à la mesure de leur image. Surfant sur la vague techno, beaucoup possèdent d’ailleurs leur DJ maison, ambassadeur de l’esprit du lieu. Initié par le Cafe Del Mar, du café du même nom à Ibiza (plus de 9 millions d’albums vendus), les premières compilations lounge apparaissent en 1999. Le phénomène est suivi par l’Hôtel Costes à Paris, le Buddha Bar, le Kong, les compilations Saint-Germain ou Paris Lounge, qui développent le même concept : restituer l’ambiance qui règne dans un lieu. Sur un total de sept volumes, l’Hôtel Costes s’est vendu à 1,8 million d’exemplaires, dont une grande part à l’étranger. Cet engouement exceptionnel se fonde sur la notoriété des lieux concernés. Avec son cortège de stars, l’Hôtel Costes représente une certaine image de la France glamour. La compilation véhicule alors une émotion unique, chargée de symboles et de souvenirs. Un choix inattendu face à la classique tour Eiffel porte-clefs.

    Des stages pour s’initier
    L’Ircam propose des stages de design sonore. Du 14 au 16 février, à destination des musiciens, compositeurs et concepteurs sonores ; et du 22 au 25 mars pour les industriels et les architectes intégrant le son dans leurs projets (1, place Igor-Stravinsky, 75004 Paris ; 01.44.78.48.43).

    Figaro Magazine

    05 février 2005


    1 commentaire
  • Photo: La chaise «émotive», elle change continuellement de couleur, grâce a un système électronique incorporé... http://www.philippebouletcreation.com/index.php


    Vous avez dit classique?


    Impertinents, les créateurs s'emparent des icônes de la décoration et les métamorphosent par un jeu de matières, de patines et de couleurs. Gros plan sur cette révolution de salon.

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    Ici une bergère revêtue d'un vinyle nacré scintillant, là une console aux jambes galbées en Dacryl rose. Ici encore, un chandelier en poly-carbonate translucide et une baignoire orange à pieds de lion... Quel est donc ce coup de baguette magique qui redonne aux meubles de nos grand-mères une jeunesse fringante? Dans les catalogues et les boutiques de déco, les «Louis» nouvelle génération se collectionnent à la pelle. En dentelles de papier ou en plastique chic, les lustres reprennent leur place dans nos salons. Même le papier peint, hier ringardisé, revient égayer nos murs sous forme d'autocollants! Ce retour à l'ornement annoncerait-il la fin de l'ère de l'épure? Acte de transgression ou relent de nostalgie, que se cache-t-il derrière ces réécritures du passé?

    Les spécialistes sont unanimes: «Cette tendance découle d'un besoin des consommateurs d'être rassurés. En ces temps d'inquiétude et d'instabilité, ils ont un mal fou à se projeter dans l'avenir. Et, quand ils y parviennent, c'est en gardant un œil sur le rétroviseur... En revanche, le classique pur et dur ne les intéresse pas, c'est de réenchantement qu'ils ont besoin», affirme Vincent Grégoire, du bureau de style Nelly Rodi. Une tendance réaffirmée au cours des dernières éditions du Salon Maison & Objet (qui s'apprête à souffler, le 28 janvier, ses 10 bougies), comme ont pu le constater ses quelque 3 000 exposants et 66 000 acheteurs. Tous se félicitent d'une progression de 3% (en valeur) du marché du meuble en 2004. Surtout après deux années de baisse d'affilée. «Les Français, ne songeant plus aujourd'hui qu'à devenir propriétaires, ont du même coup l'irrésistible envie de renouveler leur intérieur», pointe Christophe Gazel, directeur général de l'Institut de promotion et d'études de l'ameublement (Ipea). Sans, pour autant, tout bouleverser: 32% des ménages rêvent ainsi d'une déco classique et 13% d'une déco néoclassique, d'après l'étude «Déco Reality», réalisée par l'Ipea en juillet 2004, auprès d'un échantillon de 2 000 personnes.

     
    «Après des années de minimalisme et de monochromie, les consommateurs ont envie de douceur et de légèreté. Ils en ont marre du jus de crâne et du fonctionnel sans charme», poursuit Vincent Grégoire. Signe du temps, même Ikea, spécialiste du meuble en kit, affiche, en couverture de son catalogue 2005, un lit en fer forgé dans le pur esprit néoromantique. «Ce qui ne veut pas dire que le géant suédois renie son passé. Au contraire, il a compris que les consommateurs étaient désormais ouverts au mélange des styles», analyse Christophe Gazel. Un changement que confirme Jean-Eric Chouchan, directeur du marketing de Roche Bobois: «Notre clientèle est de moins en moins monostyle. Elle choisit à la fois du design dans la collection les Contemporains et du traditionnel revisité dans les Provinciales.» Une collection dont les ventes affichent une augmentation de 7% en 2004. «Pas question, aujourd'hui, de transformer sa maison en musée ou en salle d'attente de médecin bourgeois. Comme dans la mode, la nouvelle génération, décomplexée, multiplie les contrastes, les chocs, les touches d'impertinence», confirme Daniel Rozensztroch, styliste, auteur d'Influences, le cahier de tendances du dernier Salon du meuble de Paris, qui mixait allègrement les genres, de l'industriel grand style au rococo kitsch.

    Dans cet élan de liberté, les mélanges entre inspiration classique et design ultracontemporain vont bon train. Quel créateur n'a pas récemment proposé sa version de la chaise médaillon? Phénomène somme toute récurrent dans les arts décoratifs. «La récupération des styles a toujours existé. Autour des années 1750, on vit apparaître un style néo-Louis XIV et toute une série de meubles qui revisitaient ceux de l'ébéniste virtuose Boulle. Le XIXe fut le siècle de l'historicisme, on revisitait alors la Renaissance, le baroque, le rocaille», observe Bertrand Rondot, conservateur au musée des Arts décoratifs, chargé des collections du XVIIe et du XVIIIe siècle. Rappelons-nous aussi les excentricités du duo Garouste et Bonetti, initiateur du «nouveau baroque», dans la grisaille de la fin des années 1980... «Les créateurs puisent dans ces grands styles, car ils ont besoin de se rattacher à une histoire comme à un âge d'or à la fois social et esthétique», ajoute le conservateur.

    «Si ce genre d'exercice réussit tellement bien, c'est parce que le designer y appose sa patte et son humour»

    Pour bon nombre de spécialistes, ces flash-back sont aussi le signe d'une certaine panne d'inspiration... «Les jeunes designers ont en effet tendance à trop regarder le passé et ne consacrent pas assez de temps à la recherche», regrette Patrick Renaud, professeur, responsable de l'atelier mobilier de l'Ecole nationale des arts décoratifs, à Paris. Reste que, aujourd'hui comme hier, les adeptes de ces réécritures ne se livrent pas à des copies serviles, mais adoptent volontiers un ton désinvolte. Avec des matériaux et des techniques de leur temps.

     
    Véritable emblème de cette démarche, le Louis Ghost, de Philippe Starck. Un cabriolet Louis XVI transparent, en polycarbonate. Ou comment alléger le poids du passé tout en actionnant le levier de la mémoire collective. Un succès immédiat pour l'éditeur italien Kartell, qui en a déjà vendu 200 000 exemplaires à travers le monde depuis sa commercialisation, en 2002. Suivront bientôt les tabourets Charles Ghost, aux pieds effilés façon guéridon Louis XV. «Si ce genre d'exercice réussit tellement bien, c'est parce que le designer y appose sa patte et son humour», remarque Elizabeth Leriche, du bureau de style Nelly Rodi, auteur de l'exposition Ultralux au Salon Maison & Objet. Le couturier Paul Smith, qui devrait ouvrir au printemps à Londres une boutique spécialement consacrée à la déco, représente parfaitement cette attitude. Customisés à l'aide de tissus pop ou ultragraphiques, ses meubles de style sont fidèles à sa mode: «classic with a twist». Comprenez classique, mais légèrement décalé.

    Un état d'esprit que certains fabricants français ont su adopter avec talent, avec, en premier lieu, Moissonnier. Créée en 1885 par Emile Moissonnier - ébéniste, peintre et sculpteur - la société de Bourg-en-Bresse (Ain) conçoit dans ses ateliers une cinquantaine de meubles par semaine: des commodes Louis XV, des bergères à oreilles, des marquises gondoles pas tout à fait comme les autres. Du bleu turquoise au rose pétard en passant par le vert amande, Jean-Loup Moissonnier, ancien photographe de mode revenu à l'entreprise familiale, s'autorise toutes les audaces. Surtout, la maison cultive l'art des patines anciennes qui a fait sa réputation. Après être passé par les mains de l'ébéniste, le meuble est peint, puis patiné et vieilli à la main à l'aide d'un poinçon. Résultat: au sortir de l'atelier, il possède à la fois le charme de l'ancien et tous les avantages esthétiques ou pratiques du contemporain. Fort de ces partis pris, en cinq ans, le chiffre d'affaires de la société (réalisé à 65% à l'export) a doublé.

    Dans cette lignée, une nouvelle génération de décorateurs est en train d'imposer un nouveau classicisme, fait de ruptures de style. Il suffit de pousser la porte du showroom parisien de Guillaume Alan pour s'en rendre compte. Sur fond de sol en béton ciré, un mur en lambris laqué, une table rectangulaire signée Jean Nouvel, un canapé ultracontemporain voisinent avec une méridienne blanche en vinyle nacré et des chaises Napoléon III. «Ce lieu symbolise la façon épurée dont je réunis moderne et ancien», explique le décorateur de 27 ans, qui compte Loulou de la Falaise, ex-égérie d'Yves Saint Laurent, parmi ses fans. Sa spécialité: rajeunir le mobilier français du XVIIIe siècle. Sa méthode: retravailler les proportions, agrandir les assises, augmenter leur profondeur, affiner les pieds, redessiner les dossiers... Chez lui, la méridienne devient un Spa Bed, les rideaux sont en toile de parachute. Ses marquises sont recouvertes de tissu de tenue de plongée légèrement satiné et extrêmement solide. Une trouvaille ingénieuse qu'il a aussitôt baptisée le «velours 2004».

    De plus en plus de créateurs transgressent les règles des matières et s'affranchissent de la tyrannie des formes. «Pourquoi les radiateurs devraient-ils obligatoirement être dénués de charme au point qu'on veuille les cacher?» interroge le designer Joris Laarman. A tout juste 24 ans, ce Néerlandais a tapé dans l'œil au célèbre collectif Droog Design en créant un gigantesque radiateur baroque, dénommé Heat Wave («vague de chaleur»). Presque un manifeste pour réunir forme et fonction dans un même objet complètement inattendu. La carcasse d'un cabriolet Louis XVI peut, elle aussi, se prêter au jeu de l'expérimentation et de la double fonctionnalité. Léon, le fauteuil imaginé par Philippe Boulet, est équipé de leds (diodes électroluminescentes) et s'improvise ainsi à la fois comme siège et lumière d'ambiance. Le designer néerlandais Maarten Baas, 26 ans, auteur de la très prisée collection de meubles Smoke, éditée par Moooi, repousse encore plus loin ces limites en brûlant des meubles déjà existants. Une méthode radicale pour s'affranchir du passé tout en exploitant une nouvelle esthétique, à travers la couleur noire du bois carbonisé, au charme décadent. Et, malgré leurs formes détournées, tous ses objets demeurent purement fonctionnels.

     

     

    Dans un style plus fantaisiste, Serge Olivares s'empare, lui aussi, de meubles anciens pour les hisser au statut d'objets uniques et précieux. Pour son quarantième anniversaire, la Biennale des éditeurs de la décoration, consacrée aux tissus d'ameublement (du 27 au 31 janvier), présente 18 de ses créations: des chaises Louis XV et Louis XVI revêtues de velours de soie, de cuir verni, de plumes ou de strass, et réalisées avec l'aide du tapissier Charles Jouffre, des passementeries Declercq et de la manufacture d'étoffes Prelle. Le résultat, des créations hybrides entre kitsch et néoclassicisme. La preuve que le tissu peut également se prêter à tous les jeux. «Un vent nouveau souffle déjà sur les collections. Les impressions et les soieries s'inspirent du XVIIIe, mais les fleurettes laissent place aux grosses fleurs exubérantes: pavots, hibiscus, dahlias, qui s'épanouissent dans des tons rose vif, rouge pivoine et vert mousse. De même, les velours unis reviennent en force dans des tons toniques, indigo ou turquoise», assure Christiane Thomas, responsable du centre de documentation de la Chambre syndicale des éditeurs de tissus d'ameublement (CSTA). Mêmes effets de disproportion, de couleurs et de matières au Salon Maison & Objet éditeurs, qui se tient pour la première fois cette année autour de 72 maisons françaises et étrangères, au Parc des expositions de Villepinte (Seine-Saint-Denis).

    Modernisé, le papier peint fait, lui aussi, son grand retour. Le voici qui resurgit un peu partout, avec de nouveaux supports, comme les stickers, l'une des spécialités de l'atelier LZC, créé en 2001 par un trio de jeunes diplômés en design textile. «Plus personne n'a envie de recouvrir ses murs de papier. Ce système d'autocollants est à la fois plus économique et bien plus facile d'utilisation», explique Michael Cailloux. Depuis septembre 2004, Habitat propose aussi une «collection alternative». Baptisée «Vinyl», du nom du matériau utilisé, elle se compose de plusieurs créations signées Matali Crasset, Antoine et Manuel, Traffik. Le principe: des kits de motifs en vinyle adhésif, à coller librement sur son mur. Une occasion de plus de s'approprier son décor selon sa propre inspiration.

    «Il n'y a plus de bon ni de mauvais goût. Du moment que l'on est son propre décorateur, tout passe. On va désormais placer côte à côte un tabouret en Plexi et un fauteuil de style recouvert d'un Skaï imperméable à nettoyer d'un coup d'éponge. C'est le grand zapping», renchérit Daniel Rozensztroch. Le célèbre interdit de l'architecte Adolf Loos, «L'ornement est un crime», qui pèse sur la décoration depuis le début du XXe siècle, serait-il en train de tomber? Il se trouve en tout cas sérieusement remis en question. Du moins jusqu'au prochain dogme esthétique, selon l'implacable loi des cycles.
     
     

    Louis 5 D,
    l'applique fantôme


    C'est l'histoire d'un projet de fin d'études devenu un best-seller. Blandine Dubos, 29 ans, était encore à l'école Camondo quand elle a imaginé son applique Louis 5 D. «J'ai d'abord réfléchi sur les différentes manières de gagner de la place dans un petit espace. J'ai ainsi commencé à travailler sur l'écrasement des meubles de façon à ne retenir presque que leur fonction. Une série d'objets est née. Parmi eux, le luminaire s'est avéré le plus parlant.» Ligne Roset ne s'y est pas trompé et l'a édité dans la foulée, réalisant l'une de ses meilleures ventes dans cette catégorie (pour 2005, l'entreprise prévoit d'ores et déjà d'en vendre 5 000 exemplaires). Entre-temps, la toute première création de la designer avait décroché le label VIA 2004. Son secret? Une forme en Plexi transparent évoquant un lustre Louis XIV mais équipé d'une simple ampoule dont l'ombre portée suffit, à elle seule, à créer toute la magie. «Le souvenir du lustre de grand-mère parle à tout le monde. Quand les gens regardent mon applique, souvent ils sourient. J'ai alors le sentiment d'avoir réussi mon pari.» La lumière version Louis le Quatorzième retrouve ainsi sa place. Royale.
     
     

    Maarten Baas,
    l'allumé rebelle


    Quel est ce designer sans scrupule qui détruit des meubles d'époque? Et qui, après les avoir compressés, plongés dans l'eau ou jetés par la fenêtre, décide, tout simplement, de les brûler? Pas au point de les réduire en cendres, mais juste ce qu'il faut pour les carboniser, les teintant ainsi d'un noir profond. Cet allumé, c'est Maarten Baas. Un Néerlandais de 26 ans, sorti il y a deux ans de la Design Academy d'Eindhoven... et déjà célèbre grâce à Smoke, son projet de fin d'études, une série de fauteuils et d'objets anciens brûlés et recouverts d'un vernis époxy. Un acte rebelle qui l'a aussitôt étiqueté comme le représentant d'une jeune génération avide de transgresser ses repères. «Ce projet est né de diverses interrogations. Qu'est-ce que la beauté? Qu'est-ce que la perfection, pourquoi l'associe-t-on à l'idée de symétrie et de raffinement? La nature n'est-elle pas belle et chaotique à la fois?»
    Dès la sortie de l'école, il est remarqué par Ikea, qui l'invite en France pour animer un workshop. Dans la foulée, Marcel Wanders, directeur artistique de la société de design Moooi, décide d'éditer une partie de la collection Smoke. Lancée dans les Salons internationaux en 2004, celle-ci fait un tabac.
    Depuis, les distributeurs peinent à satisfaire les demandes de leurs clients et les commandes spéciales affluent. Murray Moss, directeur de la galerie Moss à New York, lui a demandé une famille d'objets brûlés comprenant des icônes du design, de Charles Eames aux frères Campana. Depuis l'ouverture de la chicissime Cristal Room de la Maison Baccarat, ses fauteuils baroques y trônent en majesté. Et Li Edelkoort, styliste de renom, lui a demandé de mettre le feu à un piano à queue, récemment exposé au Salon du meuble de Paris. L'incendie continue de se propager...
     
     
     

    Des sièges bien éclairés

    Elle change de couleur au gré de ses émotions. Son nom: l'Emotive. Son âge: 1 an quand elle s'allume, 200 ans et des poussières quand elle s'éteint. Cette création du designer Philippe Boulet, 30 ans, représente plus qu'une énième réplique de chaise médaillon Louis XVI. C'est un objet fonctionnel et poétique à la fois, un meuble lumineux. Une multitude de leds (des diodes électroluminescentes à très forte densité), lovées dans une assise en Plexi, éclairent le siège. Et ce n'est pas tout. Par le biais d'un pilotage électronique, les couleurs se mélangent. Résultat: la chaise passe du rose au bleu, puis au vert... «J'ai grandi dans du Louis XVI, explique Philippe Boulet, créateur de meubles lumineux depuis huit ans. J'ai eu envie de redonner une âme à ce type de mobilier, de le faire revivre par le biais des dernières technologies. Léon, le petit dernier de la collection, est un fauteuil cabriolet dont même les accoudoirs sont éclairés de l'intérieur. Un «classique des années 2000», se félicite le designer.
    Philippe Boulet Création, 01-45-24-25-78 ou www.philippebouletcreation.com

    par Marion Vignal
     

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  • Dover Street Market.

    Photo: Dover Street Market, 17-18 Dover Street London W1(opened on September 2004)

    Désordre dans les magasins de luxe

    Après les magasins «zen» où tous les articles sont soigneusement rangés, voici que s’annonce «l’esprit bazar», source d’inattendu et d’achats plus spontanés, recréant une impression de désordre, comme sur les marchés. La marque de créateur Comme des Garçons vient ainsi de transformer, à Londres, un ancien immeuble de bureau de 1 200m² en un squat de luxe multimarques de Six Niveaux : Le Dover Street Market. Les magasins de luxe multiplient les initiatives et les expériences pour, sans cesse, renouveler l’intérêt de leurs clients et maintenir chez eux un étonnement permanent.

    http://www.altema.com/InfosFlash/if.htm#anchor1

    photo: Christobal Palma

    DISTRIBUTION

    marketstore

    LE FAIT

    Sans aucune intervention d’architecte, la marque de créateur Comme des Garçons vient de transformer, à Londres, un ancien immeuble de bureaux de 1.200 mètres carrés en un squat de luxe multimarques de six niveaux : le Dover Street Market. Alternative aux mégastores du luxe, tous identiques de New-York à Shangaï, le lieu se veut plus “market” que “store”, puisque chacune des marques présentées a la liberté de décider des articles qu’elle vend et de la manière de les vendre. Deux cabanes de jardin (l’une pour abriter la caisse, l’autre pour le stock) accentuent le côté brut du lieu.

    L’ANALYSE

    Conscients du risque d’uniformité qui les guette, les magasins de luxe multiplient les initiatives et les expériences pour, sans cesse, renouveler l’intérêt de leurs clients et maintenir chez eux un étonnement permanent. Plutôt qu’une démonstration architecturale, le parti pris retenu est, ici, de créer une impression de désordre (comme sur les marchés) générée par l’entière liberté laissée aux marques représentées (chacune “habite” son espace), tant dans leurs sélections d’articles que dans leurs choix de présentations. Après les magasins “zen” où tous les articles sont soigneusement rangés, voici que s’annonce “l’esprit bazar” source d’inattendu et d’achats plus spontanés. Dans le monde du luxe, qui chasse l’imperfection et fait l’éloge du parfait, les défauts et les imprécisions ne deviendraient-elles pas sources de valeur ajoutée, témoins du vivant et du vibrant ?


    L’œil laser, n°115, Décembre 2004)

    photo: Christobal Palma

    Dover Street Market

    words: Lauren Goldstein Crowe

    Call it the anti-flagship. Dover Street Market is the latest retail venture by Comme des Garcons founder and designer Rei Kawakubo – and it turns the notion of the luxury fashion emporium on its head.

    Located in a Georgian-fronted building in Mayfair, London, the project is inspired by Kawakubo’s memories of the legendary Kensington Market (which closed early last year), a scruffy, rambling indoor fashion bazaar that showcased young designers and launched the careers of stars such as Alexander McQueen.

    “The first place we go when travelling is the local market,” says Comme des Garcons commercial director Adrian Joffe, who is married to Kawakubo. “Rei remembers Kensington Market. What she liked most was the anarchy of the place.”

    The raw shell of the interior of the Dover Street Market store is given over to retail and studio space for designers selected by Kawakubo and Joffe.

    “We just took the shell from the contractors,” explains the fashion label’s spokesperson, Annika McVeigh. “We haven’t worked with an architect, we worked with set designers. There were no rules – except that accidents are OK.”

    The Dover Street Market is a departure from Kawakubo’s other retail adventures – especially the flagship Comme des Garcons stores in New York (by Future Systems) and Paris (by Kitchen Rogers Design), two of the most beautiful architect-designed retail units anywhere.

    But it’s different too from her recent string of “guerrilla” stores that have opened in such diverse spots as Berlin, Singapore and Ljubljana, Slovenia. These open for just a year at a time in un-refurbished retail units in unfashionable parts of town.

    At Dover Street, Kawakubo and Joffe have taken a building in a prime location (Dover Street is a stone’s throw from the Guccis and Pradas of Old Bond Street) and
    de-styled it.

    Joffe says they spent £800,000 to renovate the space and hope to have a first-year turnover of £5 million, which would enable them to turn a small profit. Compare that to the £60 million Prada spent on its Herzog & de Meuron-designed Tokyo outlet and the financial logic of the venture appears clear.

    Besides showcasing the various Comme des Garcons ranges, Kawakubo and Joffe have given over about half the building to other brands, mostly run by friends, and including several that had never before been sold outside Japan. The company acts like a mall operator, taking a percentage of sales from each stall to cover the costs of the 15-year lease.

    “We chose people because they have a point of view,” says Joffe. “They don’t all have our point of view, but they all have something to say.”

    The stalls include a vintage shop by Cameron Silver of Decades in LA, the Lanvin collection by Alber Elbaz, east London hipsters Boudicca, photographer Bruce Weber and jewellery designer Judy Blame. Young London design outfit Amplifier also has a stall.

    http://icon-magazine.co.uk/issues/017/dover.htm

    photo: Christobal Palma

     

    Welcome Comme

    Bare walls, steel beams. portacabin changing rooms, huts and display cabinets with stuffed birds and animal parts are just some of the things you will encounter at Comme des Garcons' new London shop, Dover Street Market. Set across six floors, Dover Street Market brings together over a dozen artists/designers chosen by Rei Kawakubo to share a place "where various creators from various fields gather together and encounter each other in an ongoing atmosphere of beautiful chaos". At the preview on Friday, September 10, Comme's Director of Communications Annika McVeigh told us: "We are very keen for everyone to do what they want in their own space. We have invited people here because we like their vision, it is an important part of the project that they develop their spaces as they want." Raf Simons' archives collection is on sale and alongside his fantastic menswear, you'll find great jewellery, there are shoes by Terry de Havilland and a boudoir boutique by Bouddica. Head to the basement for Undercover, a collection of Comme des Garcons trousers with Dover Street emblazoned across the bum and Judy Blame jewellery which comes housed in brown boxes each signed by Judy and hand decorated (prices from £250 to £2,250 for the Chanel is Dead necklace). Comme devotees won't be disappointed because the Market includes menswear, womenswear, footwear, perfumes, bags, shoes as well as the PLAY and Fred Perry SHIRT collections. SHOWstudio is selling some its 01 box sets and there are plans to broadcast interviews and live events from the Market through the autumn.

    • Dover Street Market is at 17-18 Dover Street London W1. Doors open on Saturday September 11 2004 and then Monday-Saturday 10am-6pm. Tel: 020 7518 0680.

    http://www.widemedia.com/fashionuk/news/2004/09/10/news0003277.html


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  • An Empire Built of Glass 

    Stainless steel architecture can be visually striking, but glass sculptor James Carpenter can make it quite literally glow.

    Carpenter's firm, James Carpenter Design Associates, is designing the new 42-floor Seven World Trade Center, the third building to collapse on Sept. 11, 2001, and the first to be rebuilt. Carpenter found a way to treat the building's street-level exterior -- which discreetly houses concrete vaults containing 10 Con Edison transformers -- with light-refracting prisms. When the building is completed next year, passersby won't simply see their reflections in stainless steel, they will perceive an ambient blue glow emanating from inside.

    Carpenter's unusual ability to combine diverse disciplines -- art, architecture, engineering and technology -- in original, productive ways recently earned him more than a coveted World Trade Center contract. This month Carpenter received a no-strings-attached $500,000 fellowship from the MacArthur Foundation, which selected 23 winners to receive the prestigious genius award this year.

    "Jamie understands how to straddle the line between fine art and actual design and architecture," said Craig Hartman, design partner at Skidmore, Owings & Merrill, the architectural firm that collaborated with Carpenter on Seven World Trade Center and other projects. "Because of the extraordinary poetics of light and material, the visual effects of his work are often stunning."

    For the World Trade Center project, Carpenter selected low-iron glass for the most transparency possible. Direct and reflected sun from adjacent buildings will create subtle changes as one passes the tower. The ever-shifting color accent captured in the facade is intended to enhance the viewer's experience and perception of light.

    Carpenter's talent lies not only in making steel act like glowing glass. He is a glass sculptor, so his true skill lies with glass itself. In another recent collaboration with Skidmore, he made glass behave like a spectrograph.

    When the Skidmore architects won the contract for San Francisco International Airport's international terminal, they asked Carpenter to design the interior atmosphere.

    "It's all about bringing light into the space," said Skidmore's Hartman. "So we have a series of skylights. But Jamie took it a step further with a series of scrims (translucent curtains) that gave a constantly changing cinemagraphic play of light and shadow.

    "He also introduced dichroic glass, a special glass that breaks sunlight into color spectra with colored bands across the floor of the building. As you move through it, it drapes over your body and really connects you to the environment."

    Photo: Seattle City Council with Carpenter's Blue Glass Passage

    Using light to connect people and environment is a Carpenter hallmark. One of his favorite projects is at the Columbus Centre development, where his 15-person studio developed a scheme for an atrium on New York's Columbus Circle.

    Between two 70-story towers is a 150-foot tall entrance of glass, the upper 60 feet of which is a suspended wall that encloses an area for jazz performance.

    "What is noteworthy is the ability to produce a transparent glass wall with minimal support structure," said Carpenter. "It has very delicate cables and that type of wall is a new structure in this country.

    "The idea was to obtain maximum openness to the city of New York for the audience, for the people down on the street to be able to look right up into the performance hall, to make jazz have a connection to the city."

    Also notable is the method Carpenter designed to create stability.

    "Typically with a conventional glass wall, you would have substantial beams that resist forces of wind with their robustness and stiffness," Carpenter said. "But these are more tensile forces, like a tennis racquet, absorbing the forces though flexibility and movement.

    "It contradicts people's notion of strength."

    WIRED News By Kari Lynn Dean

    02:00 AM Oct. 26, 2004 PT

    Story location: http://www.wired.com/news/culture/0,1284,65457,00.html



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