Vous avez aimé le projet de marché transatlantique ? Vous allez adorer le « droit à l’oubli », la dernière trouvaille des foldingues de Bruxelles .
Sous prétexte de nous protéger des utilisations commerciales abusives des données personnelles , la nomenklatura bruxelloise a créé un nouveau droit qui manquait cruellement dans la palette des droits de l’homme : le droit à l’oubli . Ce nouveau droit procède de l’idéologie individualiste qui irrigue cette nomenklatura; désormais toutes les archives personnelles devront être gérées individuellement d’une part ( nous pouvons donc dire adieu aux archives gérées par les entreprises, les notaires, les services du cadastre et même les services de l’état-civil ) et d’autre part les données personnelles seront anonymisées, c’est à dire qu’il ne sera plus possible, par exemple, de reconstruire l’histoire des familles .
On peut voir dans ce projet l’expression du gaucho-européisme dont parle Vincent Coussedière parce qu’il aura pour effet de couper les Européens de leur passé familial et partant, il fera disparaître une grande partie de ce qui permet de distinguer les Européens de souche de ceux qui ne le sont pas .
Les élites savent bien que la généalogie est une passion populaire qui anime des millions de Français et qui procède du besoin puissant de connaissance de nos origines qui est présent chez une grande majorité d’entre nous . Cette passion est jugée politiquement incorrecte ( faites le test: essayez d’engager une discussion à caractère généalogique avec un bobo ) et il est permis de penser que ce projet de règlement , au-dela de ses bonnes intentions affichées, vise à nous couper de notre mémoire personnelle et collective ( la généalogie a une dimension familiale mais elle a aussi une dimension communautaire parce que plus vous remontez le fil des générations et plus le sentiment d’une communauté d’appartenance vous gagne; les communautés rurales étaient très endogamiques ) .
L’individu zombifié des sociétés occidentales était déjà soumis au nomadisme géographique au nom de l’efficacité économique, il va être désormais victime de l’amnésie historique au nom de la liberté . Le libéralisme concret est un enfer !
Ce projet a été validé par le parlement européen en Juillet 2010 et par le conseil de l’Union Européenne en Février 2011 . En Janvier 2012, le parlement européen a confié à la commission des libertés civiles la responsabilité de l’examen des propositions sous l’égide de deux rapporteurs, Mrs Jan Albrecht et Dimitrios Droutsas . Ce règlement pourrait être adopté avant l’automne 2013 pour une mise en application fin 2014 . Les archivistes français et le SIAF ( Service Interministériel des Archives de France ) font des contre-propositions et suggèrent des amendements . Hervé Lemoine, directeur du SIAF , pense qu’une mobilisation citoyenne est souhaitable et indispensable pour faire échouer ce projet .
François Arondel
28 Mars 2013