• QUEL AVENIR POUR LES JEUNES ?

    « Ci-gît la confiance. Ci-gît votre avenir. » Et votre quotidien devient un enfer, faudra vous y faire.

    Écrasé, pulvérisé, réduit en cendres, le vœu du vainqueur de la primaire socialiste de « réenchanter le rêve français ». Morte, la confiance en leur avenir que les jeunes devaient recouvrer. C’est Manuel Valls, en déplacement dans un établissement agricole de Seine-et-Marne, qui vient de le leur assener : « Votre génération doit s’habituer à vivre avec ce danger », le terrorisme, « pendant un certain nombre d’années ».

    En somme, le brave homme l’avoue et, magnanime, prévient : le terrorisme – Manuel est pudique – n’en a pas fini avec nous mais pas grave, nous nous y ferons. Et surtout, les jeunes, c’est bien connu, s’adaptent à tout.

    Mais souvenons-nous, lors de son discours au Bourget, le 22 janvier 2012, quand le candidat Hollande disait vouloir être jugé – s’il était élu président – sur cette seule promesse  : « […] Est-ce que les jeunes vivront mieux en 2017 qu’en 2012 […]. »Côté chômage, au 3e trimestre 2014, c’est un zéro pointé : 24,6 % – en progression d’un point – chez les 16-25 ans, DOM inclus. En outre, 27 % des jeunes diplômés se disaient prêts, en 2013, à quitter la France pour aller travailler à l’étranger. C’est un fait, ils s’adaptent.

    Côté douceur de vivre et trois attentats plus tard, le couperet tombe : non seulement les jeunes – et a fortiori l’ensemble de la population – ne vivront pas mieux mais ils subiront la terreur de trouver sur leur chemin d’autres Kouachi, d’autres Coulibaly, ou de croiser des déséquilibrés fanatiques d’attaques à la gorge. C’est flippant, mais le ministre n’y peut rien : faudra qu’on s’y fasse.

    À Tulle, en mai 2012, les jeunes étaient toujours à la fête. Le Président fraîchement élu remettait le couvert et s’engageait à être évalué sur deux engagements : la justice et la jeunesse. Pour ce qui est de la première, Taubira, depuis, est passée par là avec sa réforme pénale donnant – entre autres – aux multirécidivistes les mêmes droits qu’aux primo-délinquants. Une nouvelle loi pour légaliser le laxisme existant, c’est ça, la justice ?

    Le 12 mars 2013, enfin, à Dijon, François Hollande lançait, emphatique, « Faites confiance aux jeunes », et exhortait ces derniers à retrouver la « confiance en leur avenir qui leur fait tant défaut »

    Deux ans et demi plus tard, les propos de Manuel Valls devant des lycéens inquiets sonnent telle une oraison funèbre : « Ci-gît la confiance. Ci-gît votre avenir. » Et votre quotidien devient un enfer, faudra vous y faire.

    « Trahie »« sacrifiée »« abandonnée »« reléguée », déplorait le candidat Hollande à propos de la jeunesse. Si ça n’était pas faux, force est de constater que ça n’en est que plus probant maintenant.

    Et d’espoir, le Premier ministre n’en nourrit pas tellement, qui prévient les lycéens que le dispositif Vigipirate « durera aussi longtemps que nécessaire ». En clair, on n’est pas sorti de l’auberge… le terrorisme a de beaux jours devant lui.

    Annoncer aux lycéens que leur génération doit s’habituer à vivre avec le terrorisme – en plus de leur envoyer un message fataliste terriblement démoralisant – ne sonne-t-il pas comme un échec cuisant de la politique menée depuis bientôt 3 ans ? Le sens de l’honneur d’un président de la République qui, au lendemain de son élection, clamait être « fier d’avoir redonné espoir » mais dont les services de renseignement, 2 ans plus tard, n’ont pas déjoué les attentats, ne devrait-il pas l’inciter à se retirer de la fonction ?

    Enfin, nous dire qu’il faut nous habituer à vivre avec le terrorisme signifie-t-il l’impuissance du gouvernement à ne pas faire vivre le terrorisme avec nous ?


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