Comme le capitaine Haddock, qui hésitait à mettre sa barbe sous ou sur le drap, la France et ses élus hésitent depuis longtemps à mettre la Loire-Atlantique en ou hors Bretagne. Pour beaucoup, cela peut paraître insignifiant ; pour les Bretons – Nantais ou d’ailleurs –, la question est majeure.
Historiquement, tout d’abord, la Loire-Atlantique a toujours été incluse dans la Bretagne ; la séparation de ce département d’avec la région Bretagne est une idée de Pétain. En redéfinissant cette région, le but était de l’affaiblir ; la Loire-Inférieure (comme elle s’appelait) a été détachée de la Bretagne alors qu’elle en était un des poumons économiques.
Son rattachement à une région « Pays de la Loire » n’ayant aucune réalité économique ou culturelle était un moyen de destruction. Ajoutons à cela que la résistance bretonne très active était centrée en particulier sur le maquis de Lanvaux dans le Morbihan. Séparer la Loire-Inférieure était aussi un moyen d’éviter l’élargissement de ces maquis.
Le Pays nantais est de tout temps historiquement, linguistiquement, culturellement breton. Dès 932, Nantes était la capitale de la Bretagne et l’est restée après l’annexion par la France. Le château des ducs de Bretagne est, comme tout le monde le sait, à Nantes. Ce n’est pas par hasard que nombre de communes de Loire-Atlantique ont pour suffixe « de Bretagne » après le nom. Enfin, le redécoupage imposé a toujours été refusé par les habitants de Bretagne.
Aujourd’hui, 71% des habitants de Loire-Atlantique sont pour la réunification, et c’est peu dire que, depuis très longtemps, notre pays refuse cette démocratie aux Bretons.
Aujourd’hui 19 avril, une grande manifestation est prévue par les différents collectifs de Bretagne avec comme slogan « 44 = Breizh ». Cette manifestation était prévue de longue date, bien avant l’intervention de Manuel Valls sur le regroupement des régions. Il est même singulier de voir que les Bretons se mobilisent depuis longtemps pour rattacher la Loire-Atlantique à la Bretagne, mais que dans le même temps ils sont absolument contre une grande région de l’Ouest, regroupant aussi les Pays de la Loire et peut-être d’autres départements. Ce qui ferait perdre du même coup l’authenticité, la culture, la langue et l’identité bretonnes. Bretons oui, mais seulement bretons, pas de dilution dans des régions anachroniques et sans identité.
Comme on peut le voir, le problème n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Le conseil régional de Bretagne a adopté, le 17 avril dernier, un vœu en faveur de la réunification, et la création d’une « assemblée de Bretagne ». Les élus ont voté majoritairement, mais ceux de l’UMP et de l’UDI se sont abstenus. Dans le même temps, les élus UMP et UDI de Loire-Atlantique annoncent leur volonté de défiler ce samedi à Nantes pour la réunification. Impossible de comprendre la stratégie de ces deux partis, sauf à y voir de petits intérêts partisans et particuliers loin de l’intérêt général.
Réunifier, c’est sans compter avec tous ces petits prés carrés aussi bien d’un côté que de l’autre. Quelques questions qui se poseront obligatoirement comme « Quelle sera la capitale de la Bretagne ? » ou encore « Où seront prises les décisions économiques ? » et enfin, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes devenu breton sera-t-il encore d’actualité après cette réunification ?
Toutes ces questions qui ne manqueront pas de se poser comme à chaque fois qu’il est question de réformer ou de changer quelque chose, même si ce changement est le bon sens ou l’intelligence même. Les intérêts politiciens, comme toujours, seront loin des intérêts des habitants.
Spécial NANTES, samedi 19 avril 
Bonjour Madame, bonjour Monsieur,
le site internet de notre manifestation du 19 avril prochain : http://www.nantesbzh19avril.org/
Suivre le flux RSS des commentaires
Ajouter un commentaire
Créer mon blog 