• les chretiens d'orient

    BREIZATAO – FEUZ HA BREIZH (27/10/2014) Le 27 novembre 1095, à l’issue du concile de Clermont, le pape s’adresse aux évêques, pour demander d’aller au secours des chrétiens orientaux. Cet appel a été retranscrit, plusieurs années après, par Foucher de Chartres, sans doute témoin de l’homélie (allocution sur des matières religieuses).

    Ô fils de Dieu ! Après avoir promis à Dieu de maintenir la paix dans votre pays et d’aider fidèlement l’Église à conserver ses droits, et en tenant cette promesse plus vigoureusement que d’ordinaire, vous qui venez de profiter de la correction que Dieu vous envoie, vous allez pouvoir recevoir votre récompense en appliquant votre vaillance à une autre tâche. C’est une affaire qui concerne Dieu et qui vous regarde vous-mêmes, et qui s’est révélée tout récemment. Il importe que, sans tarder, vous vous portiez au secours de vos frères qui habitent les pays d’Orient et qui déjà bien souvent ont réclamé votre aide.

    En effet, comme la plupart d’entre vous le savent déjà, un peuple venu de Perse, les Turcs, a envahi leur pays. Ils se sont avancés jusqu’à la mer Méditerranée et plus précisément jusqu’à ce qu’on appelle le Bras Saint-Georges. Dans le pays de Romanie, ils s’étendent continuellement au détriment des terres des chrétiens, après avoir vaincu ceux-ci à sept reprises en leur faisant la guerre. Beaucoup sont tombés sous leurs coups ; beaucoup ont été réduits en esclavage. Ces Turcs détruisent les églises ; ils saccagent le royaume de Dieu.

    Si vous demeuriez encore quelque temps sans rien faire, les fidèles de Dieu seraient encore plus largement victimes de cette invasion. Aussi je vous exhorte et je vous supplie – et ce n’est pas moi qui vous y exhorte, c’est le Seigneur lui-même – vous, les hérauts du Christ, à persuader à tous, à quelque classe de la société qu’ils appartiennent, chevaliers ou piétons, riches ou pauvres, par vos fréquentes prédications, de se rendre à temps au secours des chrétiens et de repousser ce peuple néfaste loin de nos territoires. Je le dis à ceux qui sont ici, je le mande à ceux qui sont absents : le Christ l’ordonne.

    À tous ceux qui y partiront et qui mourront en route, que ce soit sur terre ou sur mer, ou qui perdront la vie en combattant les païens, la rémission de leurs péchés sera accordée. Et je l’accorde à ceux qui participeront à ce voyage, en vertu de l’autorité que je tiens de Dieu.

    Quelle honte, si un peuple aussi méprisé, aussi dégradé, esclave des démons, l’emportait sur la nation qui s’adonne au culte de Dieu et qui s’honore du nom de chrétienne ! Quels reproches le Seigneur Lui-même vous adresserait si vous ne trouviez pas d’hommes qui soient dignes, comme vous, du nom de chrétiens !

    Qu’ils aillent donc au combat contre les Infidèles – un combat qui vaut d’être engagé et qui mérite de s’achever en victoire –, ceux-là qui jusqu’ici s’adonnaient à des guerres privées et abusives, au grand dam des fidèles ! Qu’ils soient désormais des chevaliers du Christ, ceux-là qui n’étaient que des brigands ! Qu’ils luttent maintenant, à bon droit, contre les barbares, ceux-là qui se battaient contre leurs frères et leurs parents ! Ce sont les récompenses éternelles qu’ils vont gagner, ceux qui se faisaient mercenaires pour quelques misérables sous. Ils travailleront pour un double honneur, ceux-là qui se fatiguaient au détriment de leur corps et de leur âme. Ils étaient ici tristes et pauvres ; ils seront là-bas joyeux et riches. Ici, ils étaient les ennemis du Seigneur ; là-bas, ils seront ses amis !


     

    Le curé du village de Bargemon, dans le Haut Var, « fait bouger les lignes ». Pasteur de brebis endormies, provocateur à l’image de Jésus, il a décidé d’organiser l’accueil de chrétiens d’Irak dans sa paroisse. Les premiers doivent arriver d’ici un mois. Le village sort de son train-train, se réveille avec la peur de l’étranger, dérangé dans ses habitudes. Les « pour » s’opposent aux « contre ». Ce qui se passe est fort, symbolique.

    Nos difficultés nous feraient-elles oublier que nous restons privilégiés face aux misères du monde ? Comment refuser d’accueillir nos frères chrétiens d’Irak, expulsés de cette terre d’Orient qui fut chrétienne avant d’être musulmane ; ces frères qui ont refusé de se convertir à l’Islam et ont ipso facto perdu leurs biens, leur terre, leur patrie et leurs moyens de subsistance. Eux à qui il ne reste que la vie, suspendue à un fil ; ces frères en humanité niés dans ce qu’ils ont de plus précieux, de plus intime.

    Vont-ils manger le pain des villageois, leur prendre leurs emplois, créer un climat d’insécurité ? La peur n’est ni illégitime ni irréfléchie. Mais elle est stérile, humainement impossible. On ne refuse pas de venir en aide à ceux qui sont confrontés à la plus extrême cruauté. La lâcheté consisterait à laisser faire les autres, en tournant la tête, comme nous le faisons trop souvent. Sauf que cette fois-ci le prochain souffrant devient réellement proche, d’une proximité immédiate…

    C’est en cela que cette initiative est admirable ; parce qu’elle contraint ceux qui auraient toutes les raisons de ne rien faire! Elle les place face à l’autre et à leur conscience, qu’ils ont enfouie au fond de leurs vies…. Bargemon ! Pourquoi pas Paris, Lyon ou Marseille ? Non Bargemon ! A cause de la volonté d’un curé guidé par la Providence… Contre toute logique politique.

    Notre destin se joue autour de la mer Méditerranée. Notre confrontation avec l’Islam est essentielle. Les musulmans révèlent notre faiblesse culturelle et spirituelle, comme le négatif d’une photo. Le drame du martyre des chrétiens d’Orient est un électrochoc. Quelle folie ! Nos frères irakiens, chrétiens martyrisés au nom de leur baptême, nous placent face aux fins dernières qui nous effraient, ligotés que nous sommes par nos besoins, nos attachements, nos égoïsmes et nos affections trop humaines.

    Bargemon est un laboratoire aussi inattendu qu’imprévu. Il mérite intérêt, attention et soutien. La réussite de cette initiative sera déterminée par la capacité à retrouver les ressorts d’un accueil dont les droits de l’hommistes républicains et francs-maçons font des gorges chaudes tout en échouant, précisément à l’heure où la logique politique nationale semble nous inviter à nous replier sur nous-mêmes. Il s’agit de saisir l’appel de la Providence et l’opportunité de l’amour du prochain le plus proche, fut-ce contre toute logique, et de répondre à l’appel de ce prochain qui défend son âme au prix de sa vie. C’est un exemple dont nous avons besoin pour retrouver notre identité et notre dignité !


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :