• Ce fut un rêve

    La division, maladie infantile du souverainisme français

    Le  R B M a vécu

    Le 18 avril 2014
    Une large union des patriotes français, de tous horizons, de droite et de gauche. Beaucoup y croyaient.

    Beaucoup y croyaient. Une large union des patriotes français, de tous horizons, de droite et de gauche. Une grande synthèse des jaurésiens et des maurrassiens, des capétiens et des gaullistes. Bref, l’union sacrée sur la France, celle capable de vibrer uniment « au souvenir de Reims » et au « récit de la fête de la Fédération », selon les mots fameux de l’historien Marc Bloch.

    Le micro-parti SIEL (Souveraineté, indépendance et libertés), fondé en 2012 par l’ancien député européen Paul-Marie Coûteaux, portait cette promesse, tandis que son alliance avec le FN de Marine Le Pen, au sein du Rassemblement Bleu Marine (RBM), en constituait la plus sûre des garanties.

    Las ! Après une accumulation malheureuse de maladresses et d’erreurs successives par l’intéressé, tant au détriment du SIEL lui-même qu’au préjudice d’image du RBM, Marine Le Pen, exaspérée, a fini par le répudier. La crise couvait depuis plusieurs mois. Elle a même fini par arborer un double visage, Karim Ouchikh (président exécutif du SIEL) peinant à faire respecter les termes du partenariat. Un congrès devrait se tenir le 21 juin prochain à Paris.

    Retour au point de départ, en dépit des succès électoraux de membres du SIEL qui sont rentrés dans les conseils municipaux et dont certains figurent en position éligible aux élections européennes du 25 mai. L’enracinement d’élus locaux, condition préalable à l’implantation du souverainisme dans le paysage politique français, via le RBM, semblait pourtant en bonne voie. Pourquoi, donc, cette malédiction ?

    Introduit au lendemain du référendum sur le traité de Maastricht par Paul-Marie Coûteaux, le souverainisme sera condamné à ne jamais être autre chose qu’un Radeau de la Méduse politique, les querelles d’ego succédant aux aigreurs rancies, aux rancœurs remâchées. Comme aurait dit Staline : le souverainisme, combien de divisions ?

    Hors de chapelles et cellules non moins liliputiennes, le souverainisme ne prend décidément pas, alors que paradoxalement la souveraineté évoque inconsciemment, erga omnes, la première des libertés politiques : celle de « demeurer chez soi, maître de ses choix », pour reprendre la belle formule du juriste Michel Clapié.

    Le souverainisme français est d’abord affaire de personnes. Vouloir sortir la France de l’ornière européiste et prétendre l’incarner suppose une ferme discipline d’appareils, autant – et surtout – qu’une inébranlable abnégation individuelle. Des États généraux de la souveraineté nationale au Rassemblement pour l’indépendance de la France (RIF), en passant par l’Entente souverainiste, la nébuleuse souverainiste s’éparpille et, finalement, s’évapore. D’évidence, la crise que traverse le SIEL, à peine deux ans après sa création, n’échappe guère à cette loi d’airain implacable de la double tentation groupusculaire et égotiste. Le culte du moi au milieu du désert.

    Et l’ombre tutélaire de Paul-Marie Coûteaux, intellectuel brillant mais au parcours politique erratique, surplombe jusqu’à l’asphyxie ces diverses structures qui, lorsqu’elles ne furent pas absorbées, furent dissoutes quand elles n’implosèrent pas.

    Marine Le Pen prône l’union des patriotes. Comme, naguère, son père. Le patriotisme, une vieille idée qui n’a jamais cessé d’être neuve.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :