•  Introduction

     

                La planche que je vous présente ce soir traite de l'action. L'Action sera entendue comme l'occurrence d'une Volonté (du monde spirituel) dans le Réel (le monde matériel). C'est à dire que l'Action est ici considérée comme le moyen d'intervention de l'Esprit sur la Matière pour la transformer, que ce soit l'Homme lui-même ou le milieu dans lequel il évolue. Ce en quoi ce sujet est bien maçonnique.

     

    Symboliquement, l'Action est représentée par le moment où le Maçon frappe du maillet (la Force) sur le ciseau (la Volonté) pour transformer la Pierre Brute (le Réel) en Pierre Taillée (l'Idéal) selon le plan (la Réflexion).

    fig 1

     

    Précisément nous nous poserons la question  "Quels types d'action la Franc-Maçonnerie doit-elle engendrer dans la société ? Quelle doit être sa part dans la transformation sociale ?"

    C'est un débat récurrent en maçonnerie. Faut-il s'extérioriser ou non ? Sommes nous là pour agir ensemble ou pour nous construire intimement ? Venons nous chercher la quiétude d'un lieu préservé de l'agitation profane ou préparer les travaux qui nous attendent à l'extérieur de la Loge ?

     

    Pour se faire, nous interrogerons notre Rituel.

     

    Mais avant, interrogeons nous sur  les mystères de l'action et de sa nécessité pour le penseur.

     

     

                1) De la nécessité de l'Action

     

                Nous venons de le voir, l'action est la phase ultime  qui permet au penseur de réaliser son œuvre, de lui donner naissance et ainsi transformer le Réel. L'action ne vient pas seule, elle est une prolongation, un aboutissement d'une pensée. La pensée prend naissance grâce à plusieurs sources :

     

    fig2

     

    - l'âme dans laquelle est renfermée ce qui fait unicité de l'être :  l'histoire de l'individu, ses références culturelles, sa façon de réagir aux choses, sa quête, ses vérités acquises, sa sagesse. Ce qui lui donne sa couleur unique.

    - l'intuition ou sa capacité à imaginer, à se laisser influencer, à créer, à sentir spirituellement, à être en situation de réception. 

    - la compréhension du monde, domaine de la Raison : comment l'individu voit le monde, la lecture qu'il a des forces en présence, sa connaissance scientifique ou technique, son analyse de la situation. Ici vont s'exercer ses connaissances empiriques et théoriques.

     

    Une fois ces 3 éléments mis en présence, pour qu'il se combinent profitablement, il faut un agent particulier pour qu'ils ne restent pas des ingrédients mélangés dans un récipient. Cet agent, c'est, je crois, ce que nous appelons Lumière : principe d'animation et de vie, catalyseur de cette équation.

    Souvent, nous la percevons comme un déclic à partir duquel tout devient clair, tout s'ordonne, bien avant que notre raison est fait son œuvre de construction. C'est l'Eureka après lequel on se jette sur les premiers papier et crayon venus pour dérouler le raisonnement et immortaliser la trouvaille. La Lumière est ce moment magique de lucidité et de compréhension où les choses sont senties avant d'être formalisées. Elle vient après un effort et permet le développement sur un autre plan. Ici, elle nous fait passer des idées informelles aux idées formalisées.

     

    Cette Lumière fait que ces 3 ingrédients se combinent pour donner naissance à une réflexion. Dans cette réaction l'âme donne sens et interprétation à l'analyse. L'intuition va ouvrir le champ des possibles, elle va féconder l'interprétation pour sortir du constat impuissant et le sublimer en une réflexion riche qui esquissera des solutions novatrices possibles. En effet, la plus fines des analyses restera lettre morte et succombera au fatalisme démissionnaire si elle se suffit à elle même. Elle détruira même la faculté d'analyse : en effet, quel intérêt peut on avoir à analyser le monde si c'est pour constater l'échec de l'Idéal et l'impuissance à transformer ce monde ? Autant fermer yeux, oreilles et bouche et cesser d'analyser...

    L'analyse ne peut donc à elle seule donner naissance à la réflexion dont la mission est d'aboutir à une création de solutions.

     

    Ces solutions possibles subiront l'épuration par l'éthique, exercice de l'âme pour déterminer ce qui est conforme à ses principes, ses buts, sa nature. Elle assure la cohérence et l'harmonie de l'individu entre ses pensées et ses actes. En effet, pour le Sage, les moyens doivent être conformes aux fins, la technique cohérente avec l'ouvrage. On ne peut pas faire le bien avec des moyens mauvais !

     

    De cette épuration sort le plan, l'œuvre idéalisée qui viendra au passage nourrir l'intuition.

    La Pierre cubique est tracée, nous savons ce que nous avons à faire.

     

    fig 3

     

    C'est là qu'intervient la volonté qui, alliée à la logique, va déterminer la position du ciseau sur la pierre brute : Par quel bout commencer ? Comment organiser le travail ? Comment s'y prendre ?

     

    fig4

     

    Enfin l'action interviendra quand la Force sera réunit et qu'elle sera animée par la Lumière qui après avoir donné naissance à la réflexion, redonne du service pour ouvrir les travaux. La Lumière revient pour impulser l'Action, être l'élément déclencheur, catalyseur. La Lumière nous fait passer ici du monde des idées formalisées à la concrétisation de celles ci dans le monde réel. "Agir, disait Alain, il suffit de s'y mettre ! " L'action nourrira à son tour la connaissance du monde. Les travaux ne seront fermés que lorsque l'œuvre sera accomplie.

     

    Maintenant que nous avons décortiqué le processus de l'Action et que nous avons entrevue ses mystères, il apparait clairement que la pensée qui s'arrêterait au plan n'aurait servi à rien d'autre qu'à nourrir l'intuition. Si bien que le penseur resterait coincé dans le monde spirituel. Il ne se nourrirait que de désir et d'imagination. L'expérience ne viendrait pas aiguiser sa connaissance du monde, son savoir faire, sa compréhension des choses. Cette situation l'entrainerait dans une spirale où il serait toujours plus éloigné du monde et du réel et qui, de fait, rendrait de plus en plus stérile son activité spirituelle ou intellectuelle. Tant que le penseur ne s'est pas confronté au Réel par l'Action, il n' en a qu'une représentation nécessairement trompeuse. La pensée appelle donc à l'Action. Si cet appel n'est pas entendu, la pensée se stérilise. Par ailleurs, celui qui ne se résoudrait pas à agir, fuirait sa responsabilité et déléguerait de fait à ceux agissent le soin de diriger l'Histoire et donc sa propre vie. Ce qui me fait penser à ce slogan libertaire : "si tu ne t occupes de politique, la politique s'occupe de toi". Agir n'est donc pas qu'une simple nécessité pour le penseur, c'est une responsabilité. Celui à qui il a été donné de comprendre doit se transformer et agir en conséquence sinon il s'enferme lui même dans l'erreur.

     

     

    Si l'action est nécessaire à la pensée, qu'est-ce qui peut lui faire obstacle ?

     

    Si on considère le schéma alchimique   :

     

    fig5

     

     

     

    Le soufre, principe de réalisation individuelle pousse à l'Action et le mercure, contraintes extérieures, étouffe ou contient ce feu actif du soufre. Entre les deux se cristallise le sel : la personnalité.

    Si ce qui caractérise le passage à l'Action est la Volonté c'est à dire le soufre (L'empereur, Arcane 4 du Tarot, dans sa posture, figure le symbole du soufre) ce qui va contre elle, lui fait obstacle, ce sont les contraintes extérieures en excès, symbolisées par le Diable au Tarot (Arcane 15) portant le signe du mercure. Ce qui par association d'idée fait penser à la phrase de JP Sartres : "L'Enfer, c'est les autres".

    Pour une action juste, il faut équilibrer soufre et mercure. L'excès du mercure étouffe l'action, l'excès de soufre la consume, la rendant inefficace. La Justice est d'ailleurs l'arcane 8 du tarot se trouvant à la croisée du 4  et du 15.

    Je laisse à votre méditation ce que peut représenter le soufre en excès et en souffrance ainsi que le mercure en excès. Ces 3 cas alchimiques symbolisent les obstacles à l'Action.

     

    FIG 6, 7 et 8

     

    Par l'excès de mercure on peut comprendre :

    - le poids d'une tradition qui au lieu de transmettre et canaliser, tue toute créativité, enferme et asservie les individus dans des codes immuables maintenant artificiellement un Ordre, une tradition qui décourage tout développement de l'individu (cf Jonathan Livingston le Goéland).

    - la culture conservatrice, qui formate les esprits à refuser tout changement, toute remise en question pour ne pas perturber un ordre existant.

    - la menace politique ou physique, qui manifeste sa force de dissuasion pour contenir ce qui pourrait lui nuire en prenant de l'ampleur.

    - la pression sociale qui émet des normes comportementales identificatrices , sorte de néo-tribalisme et soumet les individus par la peur de l'exclusion, de la mise au ban (ce qui se fait / ce qui ne se fait pas, ce qu'il faut penser, ce qu'il faut aimer, ce qu'il faut consommer)

     

    L'excès de mercure peut aussi provenir d'un soufre en souffrance :

    - le manque de volonté, dilettantisme

    - le manque de cohérence et de sincérité entre la pensée et le passage à l'acte, quand les intérêts personnels sont plus forts que les principes moraux (honneur, probité) et les exigences de la recherche de la Vérité.

    - manque de confiance en soi, peur de mal faire, de prendre des risques ou de perdre la face

    - préférer le confort d'une illusion séduisante et rassurante à la vérité libératrice et exigeante (Matrix)

     

    L'excès de soufre quant à lui peut être illustré par :

    - un aveuglement, un vision monocentrée ou monoculturelle

    - la certitude d'avoir raison en dépit des autres, confiance exacerbée face à ses trouvailles

    - la déconnexion entre l'action et le sens de l'action ( faire le Bien pour les autres en les excluant de l'action )

    - une prise en compte sommaire et partial du terrain où doit se jouer l'action, car seule l'action à de l importance

     

    Volontairement, je ne traiterais pas du cas d'un mercure en faiblesse rendant un soufre normal en soufre en excès car je crois que ce cas n'existe pas. En effet l'univers et ses lois constituent déjà un  Mercure suffisant. Le Réel, le monde dans lequel l'action prend forme et existence, ce monde est régi par des lois (arcane 8) connues ou inconnues, objet des sciences. Sur ces lois reposent l'ensemble, elles assurent le fonctionnement du tout et rendent solidaire chaque élément entre eux et au tout. Ainsi, toute action pour être efficace doit être compatible à ces lois, leur obéir. Pour illustrer le propos, considérons que l'Univers est comme un système géométrique, pour que le point soit point, il faut que l'espace soit normé et orienté, ce repère constitue la loi par laquelle le point a une existence. Rien ne peut se faire en dehors de ces lois. Dans le monde matériel, tout a un support matériel. Ainsi les lois de l'univers s'imposent à l'action et lui permettent en même temps de naître, d'exister et d'être influente. La maîtrise de ces lois permet d'étendre le champ de l'action. (vaincre la loi de la pesanteur)

     

    Pour ma part, les lois de l'Univers et les contraintes sociales consciemment et librement consenties sont les seuls mercures à accepter pour réguler notre soufre. Tout le reste doit être éliminé ou remis en cause éternellement car il représente du mercure en excès qui vient étouffer notre soufre.

    Si nous laissons affadir notre sel par la pression sociale, la culture conservatrice ou la démonstration de la force, notre feu se meurt et résiste de moins en moins aux pressions mercurielles qui ôtent ainsi toute vie spirituelle et toute individualité à notre être, nous transformant en un fantôme d'homme. Ainsi nous nous abandonnons pour une tranquillité froussarde et servile. L'initié, lui, a reçu le feu, son devoir est de le conserver, de le faire fructifier et de le transmettre. Il remet tout en cause pour trouver les lois immuables sur lesquelles il fera reposer sa pensée et son action. Peut être est ce là un des sens de VITRIOL.

     

    fig 9

     

    2 ) Y a t-il une action maçonnique et si oui laquelle ?

     

    Nous venons de le voir dans la première partie, l'action est à la fois la prolongation et la génération de la pensée. La Franc-Maçonnerie se revendiquant une école de l'Art Royal, c'est à dire l'Art de bien penser, de bien parler et de bien agir, l'idée d'une action maçonnique semble légitime.

    Cependant, l'idée de l'action se heurte à la tradition du secret ou de la discrétion. La légitimité de l'action maçonnique ne semble donc pas être une certitude. Pour sonder la solidité du concept d'action maçonnique, il suffit d'analyser dans le corpus de la FM, si un tel concept est envisagé, décrit ou favorisé.

    Pour les commodités de cette planche, je me suis restreint à l'étude de notre rituel de tenue au 1er degré. Pour être tout à fait complet, il aurait fallu prendre en compte les symboles, l'histoire, le rituel d'initiation, le Règlement Général du GODF, les Constitutions d'Anderson, etc...

     

    Cette précision énoncée, que livre notre Rituel d'ouverture ? Ce Rituel a une importance capitale car il place les FF en situation de déconnexion avec le monde profane et matériel pour se concentrer sur  ce temps sacré et spirituel du travail maçonnique. C'est l'occasion de rappeler l'idéal, les principes et les buts que se fixent les FM, pour se mettre en condition et orienter favorablement les travaux.

     

    La première parole est celle du VM : "Que l’idéal de liberté nous éclaire, que notre travail nourrisse notre fraternité…". Les FF prennent placent et le rituel se déroule. Un peu plus loin, il est de nouveau question du travail : le GE est questionné sur l'objet du travail maçonnique, le GE répond que les FM travaillent sur la Pierre Brute. Quand tout est en bon ordre, l'Or.'. rappelle les Constitutions d'Anderson qui définissent la FM. Ce à quoi le VM répond pour préciser cette parole : "Un F...Maç... du G...O...D...F... doit donc rassembler ce qui est épars et préparer par une action incessante et féconde l'avènement d'une humanité meilleure et plus éclairée. Il doit avoir toujours présents à l'esprit les principes capitaux de l'Ordre"

    A partir de là, les principes sont précisés, ainsi que les caractéristiques de la FM et ses objets. Une fois ces repères mis en place, l'espace maçonnique est défini, il peut alors s'y passer des choses. Comme en Géométrie, pour réaliser une œuvre il faut d'abord définir l'Espace. Et c'est à ce moment là du rituel que l'œuvre maçonnique est révélée :

    perfectionnement intellectuel et moral de l'Humanité

    amélioration matérielle et sociale de la condition humaine.

    fig 10

     

    A la fermeture des travaux en Loge, il est temps de se déconnecter doucement du temps sacré pour se reconnecter au monde profane. Les devoirs des FM y sont rappelés pour signifier que l'œuvre maçonnique ne se pratique pas qu'en loge exclusivement car dans le monde de l'Esprit la cohérence est de mise, ciment de la construction qui lui assure solidité et longévité.

    Tout d'abord il est rappelé qu'à chaque jour suffit sa peine. Ni trop, ni trop peu, en fonction des besoins et de nos capacités, il s'agit d'être conscient de nos possibles. Puis vient la mesure de la tâche : "De longs et pénibles efforts sont encore nécessaires avant que la tâche soit achevée"... et la mesure de ce qui est accompli : "La Pierre Brute est à peine dégrossie", cela pourrait paraître décourageant mais c'est avant tout exercice de lucidité et d'humilité... "L'heure du repos n'est donc pas arrivée", "Nos FF... n'aspirent pas au repos. Ils continueront au dehors du T... l'œuvre maç...". Voilà, il y a là une évocation majeure du devoir d'un FM dans le monde profane, continuer au dehors ce qui est commencé au dedans. La suite précise les choses : "Ils répandront les vérités qu'ils ont acquises. Ils feront aimer notre Ordre par l'exemple de leurs qualités. Ils prépareront par une action incessante et féconde l'avènement d'une Humanité meilleure et plus éclairée.", "La Lumière qui éclaire la L... doit rayonner sur tout l'Univers. A toute heure, rappelons-nous la grandeur des devoirs que nous nous sommes imposés. A toute heure, soyons prêts à les remplir."

     

    Incontestablement, ce rituel fait référence à une action qui repose sur 2 piliers : perfectionnement intellectuel et moral de l'Humanité et amélioration matérielle et sociale de la condition humaine. C'est en loge que le F doit s'abreuver, penser, remettre l'ouvrage sur le métier, comme un tubalcain-forgeron qui préparerait un soc destiné à labourer la terre pour la rendre fertile et généreuse.

    Mais le soc ne reste pas à la forge, il y est inutile. Tout comme les idées ne doivent pas rester en loge. Elles doivent labourer le monde.

     

    Le F est appelé à cette action incessante et féconde, évoquée à l'ouverture et à la fermeture des travaux. Incessante, car le F véritable est dévoué à l'œuvre. La sincérité de la démarche maçonnique amène nécessairement la cohérence, on n'est pas maçon la nuit et commun-des-mortels le jour. L'œuvre est plus grande que le Maçon, celui-ci n'en retire aucune gloire ou distinction humaine. Parce que l'œuvre est Juste et Parfaite, le Maçon s'y abandonne avec conscience, il fait le don de lui-même à cette œuvre. Incessante, elle n'en est pas moins féconde, c'est à dire que le F ne doit pas se perdre dans une action trop soufrée, tout azimut. C'est pour cela qu'à chaque jour suffit sa peine, nous travaillons sans cesse certes, mais toujours à la hauteur de nos moyens du moment.

     

    Comment œuvrer à l'avènement d'une humanité meilleure et plus éclairée ? En travaillant au Perfectionnement intellectuel et moral et à l'Amélioration matérielle et sociale.

    L'action des FM est destinée au monde profane et ils s'y préparent en loge. Un FM s'attache aux aspects spirituels (perfectionnement intellectuel et moral) et aux aspects matériels (amélioration matérielle et sociale), nous retrouvons ici notre Compas-Esprit et notre Equerre-Matière.

    Dans sa vie profane, le FM s'attachera à donner du sens et incitera ses congénères à avoir conscience de leurs actes et comportements. Son travail est de libérer les Hommes du monde binaire où s'affrontent les intérêts particuliers, pour les faire accéder au monde ternaire de l'intérêt suprême de l'Humanité et de l'Univers. Le FM s'affaire à libérer l'Homme de sa lutte pour la survie et tisse les liens sociaux de l'entraide humaine, seul facteur juste et parfait de l'évolution du genre humain.

    De fait, il sera en lutte. En lutte contre tout ce qui avilie l'Homme et le rend immoral : la soumission, l'exploitation, l'ignorance, le fanatisme, l'ambition égocentrique. En lutte contre la misère et l'isolement. En lutte contre les chimères et voiles manipulateurs. Car œuvrer, c'est aussi détruire ce qui  menace notre édifice.

    Le FM mobilisera son énergie :

    - pour enseigner aux Hommes le bénéfice commun qu'ils ont à être socialement solidaires,

    - pour défendre les institutions laïques

    - et pour rendre accessible et intelligible la connaissance.

    Savoir, Conscience et Laïcité pourrait être ici un ternaire approprié quant à l'action d'un FM dans le monde.

    Il revient aux FM d'être inventifs, catalyseurs, rassembleurs, de prendre l'initiative, d'avoir l'esprit d'entreprise dirait on aujourd'hui,  pour que ce qui se fasse de déterminant dans ce monde, participe à la réalisation de notre Idéal. La course du monde dépend de la résultante des forces agissantes en présence, soyons de celles-ci et non des moindres !  

      

    Cette œuvre ou action, se décline selon ce qui définit l'espace maçonnique, c'est à dire  les 3 principes, les 3 caractéristiques et les 3 buts de la FM.

     

    Les 3 principes capitaux de l'Ordre :

    - le Respect des Autres et de soi même

    - la Tolérance mutuelle

    - la Liberté Absolue de conscience

     

    Dans ses actions pour la réalisation de l'Idéal Maçonnique dans le monde profane, le FM devra se respecter, c'est à dire tendre à une cohérence parfaite avec son éthique. Le FM devra rechercher non pas à favoriser les autres au risque de se défavoriser lui même mais ne devra pas attenter à la dignité et aux droits fondamentaux de ceux contre qui il sera amené à lutter. Les autres qui seront ses compagnons, il devra les respecter comme tel, c'est à dire ne point se comporter en baron, suzerain,  ou privilégié. La Tolérance Mutuelle est bien plus qu'une bonne manière de petit garçon bien élevé, ce n'est pas une question de bien ou de mal, c'est l'avantage donné à la Vie. Le FM sait que malgré ses efforts il sera toujours autant dans une vérité relative que dans une erreur relative, il ne possédera jamais parfaitement la Vérité, en ce sens la préservation de la Vie des autres est supérieure au combat des idées, autrement dit, on ne tue pas pour des idées, celles-ci étant toujours relativement fausses. Et si les idées étaient vraies, le FM qui les posséderait auraient atteint un tel degrés de sagesse, que l'idée même d'être intolérant ne lui viendrait pas à l'Esprit.

    Le FM sait que dans sa quête d'absolu et de vérité, il ne doit rien s'interdire par dogme. Les cadres de sa recherche seront constitués par son éthique et non par des dogmes. Pour son action au monde, le FM doit combattre les dogmes sociaux (religieux, économiques, politiques, ...) et favoriser la construction des éthiques, règles individuelles consenties pour la conduite de sa vie permettant de vivre en harmonie avec soi, les autres et l'univers.

     

    Ces 3 principes qui rendent le travail en loge possible devront être apportés par le FM dans le monde profane pour le civiliser. C'est par ces 3 principes que la transformation commence et que les étapes suivantes sont possibles.

     

    Les 3 caractéristiques de la FM :

    - progressive

    - philanthropique

    - philosophique

     

     

    C'est aussi les caractères que le FM devra donner à ses actions. Il s'inscrira dans la recherche constante d'un progrès. Mais pas n'importe quel progrès : un progrès qui aime l"Humanité et la Sagesse. La notion de progrès ne peut donc être réduite à son aspect technique ou à la marche forcée des choses. Pour le FM, le progrès est la course de l'Homme vers une Humanité accomplie. Les actions d'un FM doivent servir la Sagesse, l'Humanité (autrement dit l'intérêt général) et l'Idéal de Perfection. Le corollaire de ce devoir, c'est que le FM mènera une lutte contre ce qui ne va pas en ce sens, contre l'ignorance, la manipulation, l'abrutissement, le maintien de la population dans un état de soumission intellectuelle et contre les forces qui tendent à conserver un ordre où leurs intérêts particuliers jouissent de privilèges indus.

    Le FM puisera dans ces 3 caractéristiques de quoi constituer son éthique qui présidera à la direction de ses actions. Car rappelons le la Fin ne justifie pas les Moyens, les Moyens doivent être en cohérence éthique avec la Fin recherchée.

    Est ce que ce que je fais est au service de l'intérêt suprême de l'Humanité ?

    Est ce que ce que je fais participe à l'avènement d'un Homme éclairé ?

     

    Par ces 3 caractéristiques, on rentre dans le vif du sujet de ce que doit être une action maçonnique. Si les 3 principes ont définit le domaine, les 3 caractéristiques oriente l'action qui prend naissance dans ce domaine.

     

    Les 3 objets de la FM :

    - étude de la Morale

    - recherche de la Vérité

    - pratique de la Solidarité

     

    Dans ces 3 objets, nous trouvons le pourquoi de l'action, la motivation, dans quoi elle s'inscrit. Le FM est un cherchant de Vérité. Cette Vérité, c'est le fonctionnement du monde, l'harmonisation de ses lois, le subtil équilibre où rien n'est lésé, tout profite à soi. C'est la balance de la Justice où tout est équilibré. Pourquoi le FM recherche la Vérité ? Parce que c'est là que réside l'harmonisation du Monde, l'intérêt suprême de l'Humanité. Nul ne peut l'approcher s'il n'est vertueux, ce n'est pas une interdiction, c'est une réalité mécanique. Celui qui recherche la Vérité pour son propre intérêt ne peut percer les mystères de l'intérêt suprême. La recherche de la Vérité pourrait paraître loin de l'Action. Mais il n'en est rien, l'action du FM y prend sa raison d'être ! Dans cette recherche, nous énonçons des hypothèses que nous expérimentons, nous accédons à des certitudes, des résultats intermédiaires qui déjà livrent leurs fruits et nous invite à changer nos modes d'organisation, de faire et d'être au monde. La recherche invite à l'action et l'action nourrit la recherche, nous l'avons vu dans la 1ere partie. Par l'étude de la Morale, nous retrouvons l'exigence de la cohérence éthique. La pratique de la Solidarité détonne un peu dans ce ternaire et invite déjà à l'action, on pourrait dire qu'elle est le déclenchement de la réaction en chaine. La première des actions à faire est de pratiquer la Solidarité.

     

    3) Synthèse

     

    La FM peut elle être réduite à un moment sacré où chaque individu  taille sa propre pierre brute ? Est ce qu'elle est uniquement cet espace protégé où les membres se vouent un amour impossible dans le monde profane et où ils travaillent à leur perfectionnement individuel ? Est ce que le perfectionnement individuel suffit à lui seul à représenter l'action maçonnique : l'avènement d'une humanité meilleure et plus éclairée ?

    Si ces assertions sont justes, elles n'embrassent pas la totalité de ce qu'est la Franc Maçonnerie. Oui la FM c'est cela, mais ce n'est pas que cela. Un FM, c'est un constructeur, de lui-même certes, mais aussi d'un Idéal pour l'Humanité. Il ne peut se contenter d'être un bon parent ou un bon copain ou un bon professionnel, le gars sympa à qui on peut tout confier, toujours là quand il faut. Il faut être cela et plus que cela. Il faut transformer ce monde par une action incessante et féconde en faisant aimer notre Ordre par l'exemple de notre Qualité. Il faut attirer les Hommes partout où nous sommes vers les hautes sphères de la conscience et de la responsabilité sociale.

    Le fait que nous ne soyons pas parfaits et que nul ne détient la Vérité est souvent avancé pour relativiser la nécessité d'une action. Ce qui revient à dire, "Comme je suis de tout façon dans l'erreur, je ne fais rien, parce que en vérité c 'est compliqué et que mon action ne sera pas parfaite". C'est ce que j'appelle "l'argument des fainéants". Il faut agir, il faut donner une prolongation à notre pensée, il faut la confronter au réel, ne serait ce que pour la vérifier, pour la mettre à l'épreuve. Et quand bien même nous ferions une erreur, n'est ce pas ainsi que l'on progresse. "Il n'y a que ceux qui   ne font rien qui ne font pas d'erreur". Certes, le monde profane ne pardonne pas beaucoup l'erreur, mais il en est tout autre du monde maçonnique, l'Amour Fraternel nous permet d'assumer nos erreurs.

    Pour un FM du GODF, il me paraît être une obligation morale de se choisir un engagement dans le monde profane lié au perfectionnement intellectuel et moral ou lié à l'amélioration matérielle et sociale. Il pourrait être intéressant que l'apprentissage soit consacré à cette prise de conscience, que le compagnonnage soit consacré au choix et la maîtrise à l'exercice de cet engagement et au partage de celui-ci avec les autres MM. Échanger sur nos engagements profanes pourrait nous aider à les approfondir, à les considérer autrement, à les perfectionner ou les rendre plus efficaces.

    Voilà une première proposition.

    Ensuite la FM n'a pas vocation à intervenir sur tout et n'importe quoi, n'importe quand. Mais elle représente quelque chose dans cette société, elle a une fonction. La FM est la gardienne de principes et de valeurs qu'elle doit défendre quand ceux-ci sont en danger. Mais elle n'est pas confiné à une action conservatoire ou défensive, elle fait aussi germer ces principes et valeurs dans le monde pour le rendre meilleur. En ce sens, nous produisons de la réflexion sur des sujets qui peuvent intéresser et alimenter des structures profanes dédiées à l'action (partis, syndicats, association, coopératives, mutuelles, entreprises, administrations...). Cette production nous pourrions la vulgariser pour l'offrir au monde profane, dans la discrétion d'une lettre, ou d'une rencontre. En gros communiquer nos planches à qui elles pourraient être profitables. C'est ma deuxième proposition.


    3 commentaires
  • L'Amitié partagée rend toute chose plus belle.

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  • L'anarchie est méconnue et méprisée du grand public car son image est déformée.

    Elle est synonyme de bazard, de loi du plus fort, d'enfer social et politique pour la plupart des mortels vulgaires.

    Le penseur véritable, l'Eclairé, ne doit adopter aucun positionnement sur un domaine avant d'avoir exploré ce domaine avec rigueur et imagination, intuition et déduction, sincérité et ouverture.

    Alors ? que penser de l'Anarchie ?

    Les penseurs de l'anarchie n'ont qu'un but en tête : l'émancipation de l'Homme, le Bonheur individuel et collectif. L'anarchie est donc conçue comme un paradis social et politique où la liberté est raisonnée et où l'individu et le collectif sont équilibrés.

    La proposition de base de l'anarchie est bien connu : l'abolition de l'Etat. Mais cette proposition n'est que l'effet, la conséquence. Un acte doit être considéré selon ses 3 faces :
    - la cause (l'esprit, l'idéal, le concept, la volonté, l'intention, le savoir ... )
    - l'action (le Verbe, l'application réelle de l'idée, la matérialisation, le pouvoir ... )
    - la conséquence (la création, le réel transformé, l'expérience, l'oeuvre ... )
    Il faut donc considérer l'Anarchie non pas uniquement du seul point de vue de sa conséquence mais aussi par l'intention et l'application. Cette erreur, les anarchistes eux-même la font puisqu'ils confondent la revendication avec la conséquence alors qu'ils devraient travailler à l'Idéal et son Application, les conséquences viendraient d'elles-même. De plus, l'Idéal et l'Application seraient certaienement plus mobilisatrices que la revendication, qui prise seule et déconnectée du reste peut faire peur par incompréhension.

    L'anarchie est donc un système d'organisation politique qui pousse l'individu à se réaliser et à réaliser le collectif. En effet, n'ayant plus de structure hierarchique incarnant l'intêret collectif, le système doit être conçu de telle manière que les individus intégrent d'eux-même l'intérêt collectif. C'est une société où les membres ont conscience que l'assouvissement de besoins individuels peut être néfaste à l'individu même, si ces besoins vont à l'encontre de l'intérêt collectif.

    Nécessairement, l'accumulation individuelle de capitaux est donc impossible ainsi que l'exploitation de forces de travail pour des intérets particuliers. Les membres d'une société anarchiste étant dynamisés vers une vie en conscience, l'anarchie est le Royaume de Dieu sur Terre.

    Changez la notion de "Dieu" par la notion d'Humanité dans les Evangiles et vous avez un texte anarchiste.  N'oublions pas que le message du Christ contient aussi cet enseignement : Dieu est en nous tous et à nous tous nous (la Création) sommes Dieu.

    Méditez aussi sur ce passage du NT : 

    Actes 2 :

    44 Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun ;
    45 ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et en partageaient le prix entre tous selon les besoins de chacun.

     

     

    J'ai dit


    2 commentaires
  • Voici toute la Loi et les Prophètes : "Aimez vous les Uns les Autres comme je vous ai aimé" disait le Christ ou encore "Aime ton prochain comme toi même".

    Voilà , l'ABCDaire pourrait s'arrêter là. Inutile de lire toute la Bible ou tous les ouvrages spirituels si ce n'est que par culture, curiosité ou amour du travail spirituel. Car le message ultime est là. La Pierre Cachée est révélée : Aime ton prochain comme toi même.

    Il ne s'agit pas ici de l'Eros, l'amour sensitif, charnelle ou physique, il s'agit l'Agape, l'Egregore, la Fraternité réelle, ressentie comme une vibration dans le corps et l'esprit.

    L'Amour est la clé pour comprendre tous les ecrits bibliques. L'Amour nous aide à séparer le bon grain de l'ivraie. Ce qui n'est pas Amour est fabulation, invention humaine, ou transcription de peur ou d'incompréhension. Les textes sacrés sont certes inspirés mais ils ne peuvent être parfaits car ils sont passés par la parole des Hommes puis par l'Ecriture. Il faut donc chercher le sens, non pas caché mais originel, au sens de la source. Retrouver l'esprit qui a engendré de tels textes pour pouvoir en comprendre la portée, l'utilité et le message. Il n'est point besoin de chercher un code magique qui révèlerait tout, le Christ a déjà tout dit, tout donné : "aime ton prochain comme toi meme".

    A ceux qui pensent que cette phrase n'est pas la clé et n'est qu'une sottise pour naifs, la logique de l'Amour Universelle et Inconditionnelle a libéré l'Inde du colon Anglais, a eu raison de la ségragation raciale au USA... L'Amour est plus puissant que tout, pour ceux qui vont jusqu'à la Croix.

    L'Amour est la formule recherchée qui transforme le plomb en or, le vulgaire en magnifique, la bête en dieu. C'est le chemin à prendre pour se Déifier car tel est notre Destin : aller vers Dieu pour participer à sa puissance. Toute le difficulté est d'emprunter ce chemin, de ne pas se perdre. C'est pour celà que nous avons besoin de travail spirituel guidé et d'application de ce travail dans nos actions dans le monde Réel : en amitié, en famille, au travail, dans la société, en politique, en création artistique, etc...

    L'erreur nous guette quand nous voulons être Dieu sans l'Amour : industrialisation et standardisation, pollution de la Terre Mère, exploitation des travailleurs, manipulations génétiques, dictatures et autoritarisme, spéculation, individualisation.

    Ne cherchez plus la Pierre Cachée, aujourd'hui il faut construire avec !

    J'ai dit


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