• L' atheisme nous va si bien ; l'initiation selon Brunschvicg

    Cet article continue le précédent, où je commentais sommairement le si beau dernier chapitre du livre de Brunschvicg : "L'idéalisme contemporain"...voici les quelques lignes de la fin que je recopie :

    "comprendre la civilisation à laquelle il appartient, l'âme qui se fait par elle, l'éclairer à la lumière de la réflexion, en y retrouvant l'unité vivante, le foyer intérieur du progrès, l'esprit, telle est l'oeuvre du philosophe.

    Cette conception place la philosophie au coeur de la morale comme au coeur de la science, au centre de l'humanité....nous croyons avoir montré que la tradition autorise à lui donner le nom d'idéalisme; mais nous voudrions aller plus loin, et dire que c'est dans cette conception même que l'idéalisme conquiert sa propre vérité.

    Tout idéalisme est incomplet et impuissant qui conçoit l'idéal en l'opposant à la réalité;l'idéal, c'est alors ce que nous ne sommes pas, ce que nous ne pouvons pas être, le chimérique ou l'inaccessible.

    Et ainsi se constitue le faux idéalisme, celui qui célèbre doctement la banqueroute de la science humaine, afin de fonder la vérité divine sur l'absurdité de la croyance, ou qui s'associe joyeusement sur terre à l'oeuvre d'iniquité, afin de mieux réserver la justice au Ciel..

    mais si l'idéal est la vérité, il est la vie même de l'esprit. L'idéal, c'est d'être géomètre, et de fournir d'une proposition une démonstration rigoureuse qui enlève tout soupçon d' erreur; l'idéal c'est d'être juste, et de conformer son action à la pureté de l'amour rationnel qui enlève tout soupçon d'égoïsme et de partialité.

    Le géomètre et le juste n'ont rien à désirer que de comprendre plus ou de faire plus, de la même façon qu'ils ont compris ou qu'ils ont agi, et ils vivent leur idéal.

    Le philosophe n'est pas autre chose que la conscience du géomètre et du juste; mais il est cela, il a pour mission de dissiper tout préjugé qui leur cacherait la valeur exacte de leur oeuvre, qui leur ferait attendre, au delà des vérités démontrées ou des efforts accomplis, la révélation mystérieuse de je ne sais quoi qui serait le vrai en soi ou le bien en soi; le philosophe ouvre l'esprit de l'homme à la possession et à la conquête de l'idéal, en lui faisant voir que l'idéal est la réalité spirituelle, et que notre raison de vivre est de créer cet idéal.

    La création n'est pas derrière nous, elle est devant nous; car l'idée est le principe de l'activité spirituelle...

    C'est donc à une alternative que nous conduit l'étude de l'idéalisme contemporain

    Ou nous nous détachons des idées qui sont en nous pour chercher dans les apparences extérieures de la matière la constitution stable et nécessaire de l'être, nous nous résignons à la destinée inflexible de notre individu, et nous nous consolons avec le rêve dun idéal que nous reléguons dans la sphère de l'imagination ou dans le mystère de l'au delà

    ou bien nous rendons à nos idées mortes leur vie et leur fécondité, nous comprenons qu'elles se purifient et se développent grâce au labeur perpétuel de l'humanité dans le double progrès de la science et de la moralité, que chaque individu se transforme, à mesure  qu'il participe davantage à ce double progrès. Les idées, qui définissent les conditions du vrai et du juste, font à celui qui les recueille et s'abandonne à elles, une âme de vérité et de justice; la philosophie, qui est la science des idées, doit au monde de telles âmes, et il dépend de nous qu'elle les lui donne"

    Portons notre attention et notre réflexion méditante sur ce passage :

    "Le philosophe n'est pas autre chose que la conscience du géomètre et du juste; mais il est cela, il a pour mission de dissiper tout préjugé qui leur cacherait la valeur exacte de leur oeuvre, qui leur ferait attendre, au delà des vérités démontrées ou des efforts accomplis, la révélation mystérieuse de je ne sais quoi qui serait le vrai en soi ou le bien en soi"

    La tâche, ou la "mission", du philosophe, ou plutôt de la philosophie, s'avère ainsi, dans un premier temps tout au moins, de nature négative. Il s'agit de dissiper des préjugés, des superstitions, et cette conception semble bien proche en apparence de celles de l'Aufklärung du 18 ème siècle.

    mais cette similitude apparente est erronée; car il ne s'agit pas de détruire, ni de "surmonter" selon un mouvement d'Aufhebung hégélien, il s'agit de remplacer une révélation imaginaire, celle d'un au delà ou d'une transcendance, d'une eschatologie, par une "révélation" immanente, qui est la même, ou en tout cas élargit, celle que Roland Omnès a appelée dans son dernier ouvrage : "la révélation des lois de la Nature".

    L'activité spirituelle immanente  présente en toute recherche scientifique ou en tout effort éthique remplace la transcendance et ses dogmes imaginaires venus d'un "en Haut" ou d'un "monde intelligible" supposés.

    Ceci est bien proche de l'idéalisme de Fichte, que Brunschvicg commente ainsi dans le "Progrès de la conscience":

    "Le Moi de Fichte est entièrement spirituel. Par suite le passage du moi conditionné au moi absolu ne requerra rien que le progrès d'une conscience perpétuellement en acte, suivant l'essor de liberté qui est inhérent au dynamisme de la raison pure.... le principe qui régit la vie de l'esprit, qui fait qu'il y a une vie de l'esprit, c'est que l'on ne saurait envisager de terme dernier auquel s'arrêterait le progrès de la conscience"

    La catastrophe du "réalisme", sous toutes ses formes (matérialismes, dogmatismes religieux, etc..) se trouve conjurée par l'idéalisme envisagé sous sa forme véritable, où le savoir supplante le croire dans la mesure où la conscience morale prédomine sur  la conscience intellectuelle (ce qui n'est pas contradictorie avec ce que nous avons affirmé ailleurs , soit le fait que la recherche intellectuelle du vrai conditionne l'accès à la moralité réelle):

    "Le danger du réalisme se trouvera donc conjuré du moment que la conscience sensible, que la conscience intellectuelle même considérée dans sa fonction théorique, ne sont que des abstractions de la conscience morale, comme le danger de voir la pureté de la critique s'infléchir dans le sens dialectique, l'immanence du Wissen (savoir) se subordonner à la transcendance du Glauben (croire, foi)"

    Les développements de Monod sur l'éthique de la connaissance , à la fin du "Hasard et la nécessité", se trouvent préfigurés chez Fichte expliqué par Brunschvicg :

    "C'est seulement en tant que je suis un être moral que la certitude est pour moi possible : le criterium de toute vérité théorique n'est pas lui même un criterium théorique, c'est un criterium pratique : un criterium interne, non un criterium externe, objectif, car précisément là où il est considéré comme moral, le moi doit être entièrement autonome et indépendant de tout ce qui se trouve en dehors de lui"

    Le Dieu vérace de Descartes, garant des vérités et de la certitude, se trouve donc confirmé et complété, à condition qu'il soit déchristianisé et remplacé par le Dieu des philosophes et des savants, que Descartes et même Fichte , encore trop chrétiens, n'ont pu envisager dans sa nature intellectuelle véritable : c'est à dire comme activité spirituelle, et donc morale, pure. Et du même coup se trouve réfutée toute conception de la Mathesis universalis qui la restreindrait à une mathématique universelle sous forme axiomatique , car le criterium "de fond" n'est pas objectif, il n'est pas sur le même plan que les axiomes des théories qui forment les objets de la catégorie constituant la "mathématique universelle" ; il est moral, intérieur....ce criterium, ce n'est rien moins que le "faire exister" (et non existence) la norme de vérité et de morale qui peut être appelé "Dieu des philosophes et des savants".

    Il est donc bien vrai que comme disait Descartes aucun athée ne peut accéder à une vérité certaine, fondée. La philosophie véritable, celle de Descartes, Spinoza, Brunschvicg, ou Einstein, ne peut être un athéisme. Toute philosophie se prétendant athée ne peut être LA philosophie, la Mathesis universalis, la Wissenschaftslehre (doctrine de la science, science de la science et de l'Absolu).

    Le grand retournement : les athées , ce sont en fait les croyants ! ou : comment Saint Brunschvicg m'a appris à ne plus m'en faire et à aimer Dieu, le Dieu des philosophes et des savants !

    Mais nous avions commencé l'article précédent par le lien vers l'article de Brunschvicg, qui constitue le début de "L'idéalisme contemporain", et qui s'intitule "Spiritualisme et sens commun", lien que je redonne ici :

    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k110519 (aller page 531 à 545)

    Comme on va le voir, cet article extraordinaire (qui est sans nul doute l'un des sommets de l'oeuvre brunschvicgienne, et donc de toute la philosophie universelle) explique , sous une forme bien plus claire et complète, la "réfutation" de l'athéisme qui vient d'être proposée (sous une forme bien insatisfaisante certes, ce qui est dû à l'insuffisance de votre serviteur). Tout ce qui est à comprendre est déjà écrit en toute lettres plus haut :

    "il a pour mission de dissiper tout préjugé qui leur cacherait la valeur exacte de leur oeuvre, qui leur ferait attendre, au delà des vérités démontrées ou des efforts accomplis, la révélation mystérieuse de je ne sais quoi qui serait le vrai en soi ou le bien en soi"

    et , sous une forme encore plus "forte" (page 544 de "Spiritualisme et sens commun"):

    "en définitive, les trois propositions génératrices du scepticisme, de l'immoralisme, de l'athéisme, sont : le vrai est, le bien est, Dieu est"

    Tout ce qu'il y a à savoir pour s'orienter dans l'existence tient en cette simple phrase : comprenez la et vous pourrez marcher tranquille de par la vie, sans plus craindre rien ni personne !

    Il y a là, semble t'il, un phénomène analogue à la "cricumnavigation autour des religions terrestres" dont parle Brunschvicg dans "Vraie et fausse conversion" (citation dans l'article sur "Le dieu des guerres de religion et le dieu des philosophes), mais c'est une impression fausse : ici nous ne sommes plus dans la circumnavigation (où les fidèles de l'hémisphère nord deviennent les infidèles de l'hémisphère sud), mais dans un processus d'orientation absolue.

    La philosophie, c'est l'orientation, opposée à la désorientation (actuelle, du matérialisme démocratique )!

    Comment définit on les athées et les croyants, généralement, dans les discussions pseudo-philosophiques restant engluées au niveau du sens commun ?

    Les croyants sont ceux qui "croient" que "Dieu est, Dieu existe". Les athées sont ceux qui croient le contraire. Et les agnostiques sont ceux qui disent que l'on ne peut pas trancher.

    Eh bien pas du tout , nous dit (et surtout nous démontre) Brunschvicg !

    ceux qui affirment que "Dieu est" , qui se pensent "croyants" sont les athées véritables !

    Scandaleux n'est ce pas ?

    oui, scandaleux, mais seulement pour le prétendu sens commun, poursuit Brunschvicg (page 544):

    "autant cette conclusion est paradoxale pour le prétendu sens commun, qui est l'esclave du langage et qui assimile les réalités spirituelles aux réalités matérielles, autant elel est droite et simple pour le vrai sens commun qui se refuse à séparer de l'activité spirituelle la vie intellectuelle, la vie morale, la vie religieuse.

    Pour le vrai sens commun, le spiritualisme positif et efficace, ce n'est pas celui qui poursuit l'insaisissable chimère de l'absolu, de l'extra-humain, et qui délaisse pour cette vaine recherche toutes les ressources de notre nature, c'est celui qui confond sa cause avec le développement de la civilisation de l'humanité, qui vise à définir, telles qu'elles nous sont faites dans la science et dans la pratique, les conditions de la vérification, de la moralisation, de la déification"

    ce qui rejoint ces lignes du "Progrès de la conscience" à propos de Fichte :

    "L'idéalisme pratique de Fichte, c'est donc l'humanisme, tel qu'il s'est développé de Montaigne à Rousseau, mais un humanisme qui réussit à guérir l'individu de la solitude, qui lui montre dans la conscience de l'Ichheit überhaupt la tâche à réaliser par le moi, et qui n'est rien d'autre que la communauté sur Terre des êtres raisonnables, l'unité vivante de l'esprit"

    et, ajouterai je, l'humanisme véritable, ce n'est donc pas l'existentialisme de Sartre ("l'existentialisme est un humanisme", tu parles !), encore moins l'imposture actuelle des "droits de l'homme", qui permettent aux puissants de l'heure de voler et tuer tranquillement les peuples asservis.

    Fichte, encore un tant soit peu chrétien, envisageait d'autres stades (indicibles)  "après" cette "unité vivante de l'esprit". Mais nous n'avons pas à nous préoccuper de cela, Fichte revu par Brunschvicg nous suffit, et il est plus fidèle à Fichte que Fichte lui même ! (même chose d'ailleurs pour Descartes, qui doit être déchristianisé pour devenir enfin...Descartes! )

    Mais, me demanderez vous, où est la preuve de ces allégations scandaleuses selon lesquelles les croyants (juifs, musulmans, chrétiens, hindouistes, etc..) seraient en fait les athées véritables ?

    La preuve, ce n'est certes pas de prendre en considération les crimes et monstruosités innombrables qu'ont autorisé, voire causé, les trois religions du Livre, avec aussi l'hindouisme... crimes dont le dernier exemple est Gaza !

    non, ce ne saurait être une preuve réelle, c'est à dire philosophique, encore que ce soit un indice bien révélateur , et gênant pour les "croyants", tellement gênant qu'il n'ont de cesse de prétendre que les religions sont innocentes de ces crimes, alors que l'évidence dit le contraire...

    la preuve elle est dans les dernières pages de l'article de Brunschvicg ! comment me permettrais je, avec mes pauvres mots, de tenter de paraphraser ce qui est indépassable ?

    commencez avec le denier paragraphe de la page 541, lisez et relisez, autant de fois qu'il le faudra....vous verrez ! la Révélation se fera, celle du Dieu des philosophes et des savants ! il est impossible qu'il en soit autrement !

    faisons quelques pas ensemble, si vous le voulez bien...page 541 donc :

    "ainsi l'effort que nous proposons au sens commun ne consiste pas dans la substitution d'une doctrine spéculative à une autre : il a pour objet de faire tomber la barrière de préjugés qui dérobait l'esprit à lui même, de le faire revenir à soi"

    mais cette barrière ne tombe pas facilement, encore moins facilement que le mur de Berlin, ou que celui du Proche Orient ! car il y faut, comme le disait Fichte, une sorte d'opération chirurgicale qui "ouvre" l'oeil de l'esprit, qui rende "voyant" les aveugles que nous sommes donc (et pas "voyants" au sens des bas fonds de l'occultisme , théosophie et autres charlataneries). Seulement, la difficulté, c'est que cette opération, aucun chirurgien ne la fera pour nous : le chirurgien, c'est nous mêmes !

    ou, en d'autres termes : il dépend seulement de nous, c'est à dire de toi, de moi, et de notre bonne volonté, de "faire être" Dieu !

    "tous les individus sont compris dans la grande unité de l'esprit pur" (Fichte).

    Le taoïsme, le Zen, ne disent pas autre chose : mais ils ne mènent pas à la réalisation; seule la philosophie véritable y mène !

    l'effort, le travail proposé par Brunschvicg au "faux sens commun" pour qu'il "revienne à soi" et devienne le vrai sens commun, a pour première conséquence, s'il est correctement effectué, de ramener les trois problèmes qui intéressent la vie spirituelle à leurs termes véritables, et donc de permettre leur résolution (car on sait qu'un problème mal posé est insoluble) : problème de la vérité (intellectuel), problème de la moralité, et enfin problème religieux.

    C'est évidemment le problème religieux qui prédomine : celui qui s'arrête au problème intellectuel commet le péché d'intellectualisme; mais s'il arrive à passer du premier au second, à concevoir que la recherche du vrai (dans la science) doit déboucher sur la moralité véritable, alors il arrivera au bout de la voie, au Dieu des philosophes, c'est à dire qu'il comprendra que la voie n'a pas de fin, et qu'elle ne saurait déboucher dans aucun au delà transcendant de pacotille...

    ou encore, comme dit le Maitre Zen au disciple encore plein de préjugés qui lui demande : "Maître,mais pourquoi ai je à me laver, à m'habiller, à me nourrir, à dormir, chaque jour, et à recommencer le lendemain ?"

    "quand j'ai faim je mange, quand l'ai soif je bois, quand le suis fatigué je dors"

    Seulement attention ! là où les spiritualités orientales sont des impostures extrêmement dangereuses, c'est qu'elles méprisent l'intellectualité (ou du moins prétendent disposer d'une intllectualité véritable, située au delà de l'intellect analytique des sciences "occidentales, voir là dessus les balivernes de René Guénon alias "Abd el Wahid Yahia" qui ne cesse de vitupérer contre la rationalité occidentale à laquelle il oppose l'Intellect encore présent chez Thomas d'Aquin !

    Or, nous dit la philosophie, par la voix de Brunschvicg, il faut commencer par le commencement, c'est à dire par le problème de la vérité !

    toute recherche qui croirait pouvoir négliger l'étude de  la science et de la mathématique universelle, pour  commencer directement par le bien, l'éthique du silence, ou par "Dieu" (par dépassement du "mental" et de l'intellect  au cours d'exercices de méditations) est une imposture, une impasse , qui ne mène pas à Dieu mais au néant !

    ce qui se dit aussi , en termes politiquement incorrects et condamnables, et je m'en excuse :

    L'Occident (de la science moderne, et de l'intellectualité analytique) est supérieur à l'Orient !

     les spiritualités orientales mènent à la désorientation, LA spiritualité occidentale véritable (la "vraie" philosophie) est aussi  l'orientation véritable !

    Que ceux qui ont des oreilles entendent !

    mais cette "Occident" véritable n'a rien à voir avec ce qu'on appelle actuellement "occident", qui vole et met en esclavage les autres peuples, et condamne d'ailleurs les peuples occidentaux au malheur et à l'anéantissement.

    Le problème intellectuel est mal posé par le faux sens commun : "le vrai est ou n'est pas". (page 542) Ce qui mène au dogmatisme et au scepticisme. "Le remède à cette maladie, c'est de chercher la source permanente de la vérité dans ce qui est proprement autonome et créateur, dans l'activité de l'esprit" (Spinoza n'a pas dit autre chose). Mais bien évidemment, ceux qui cherchent cette source dans les Livres sacrés (Bible, Coran, Vedas) recoivent leur salaire : larmes, grincements de dents, haines et guerres.

    Le vrai sens commun résout ensuite le problème moral en renonçant à l'idole du "Bien en soi", "entité abstraite interposée entre l'agent et l'acte"... "il ne met pas la valeur morale dans un acte matériel , mais là où seulement elle peut être, dans la vie spirituelle". autrement dit : dépassement du ritualisme et du pharisaïsme.

    Et enfin... enfin... la Terre promise! non pas celle où Moïse n'est pas entré tout en la voyant avant de mourir, mais l'intelligence du problème religieux, venant après celle du problème intellectuel (qui réclame l'étude de la science) et du problème moral (qui réclame la mise en pratique de la philosophie).

    l'athéisme apparaît comme le terme inévitable de l'alternative qui fait de Dieu un objet, "qui est ou qui n'est pas" !

    L'affirmation que Dieu est, voilà l'athéisme ! car :

    "ou l'existence, telle qu'elle est attribuée à Dieu, ne ressemble en rien à aucun genre d'existence connu, et alors l'affirmation échappe à toute justification et détermination" (ou, en d'autres termes: on parle pour ne rien dire ) "ou l'existence est conçue d'après celle des individus vivants, et alors, par la façon même dont il est affirmé, Dieu est nié"

    Lumineux ! dire que "Dieu est", voilà l'athéisme (et aussi donc le scepticisme et l'immoralisme) !

    et l'on comprend les crimes entrainés par les religions !

    "tantum religio potuit suadere  malorum" (Lucrèce) ("tant la religion a pu causer de crimes")

    La seule chose que nous devons retenir de l'Evangile, c'est la prescription d' adorer Dieu en esprit et en vérité.

    Or seul le Dieu qui est l'esprit, qui est la Raison, le Dieu des philosophes et des savants, peut être adoré en esprit et en vérité. Pas le Dieu , l'Idole d'Abraham !

    et "adorer" (amor Dei intellectualis) le Dieu qui est esprit, cela veut simplement dire : concevoir l'esprit comme activité "éternelle", ou encore : ne pas cesser l'activité spirituelle pour retomber dans l'automatisme mental des "opinions" et des "sentiments", ou dans les divers "conformismes" tribaux, nationaux, "ethniques", sociologiques ou religieux.

    Philosophie ou sociologie : il faut choisir !

    Brunschvicg (page 544):

    "L'esprit se refuse au Dieu du mystère comme au Dieu des armées"

    tout est dit....allez porter cette "bonne nouvelle" (Evangile) aux combattants , juifs ou musulmans, de Gaza.

    et encore ceci (pour nous accompagner dans la vallée du désespoir actuel), cette vision prodigieuse de la véritable Terre Promise, promise à tout homme :

    "à mesure qu'il s'approche de cet idéal de perfection, il participe davantage au Dieu intérieur; la vie religieuse consiste dans l'ascension perpétuelle de l'esprit, dans la déification"


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