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A toi qui aura la peau du fantôme.
A la médiathèque de Dole, j'ai trouvé un poème de Réné Daumal.
Il est accompagné d'une gravure sur intestins de veau et a été tiré à 28 exemplaires en 1982.
Il sera peut être mis en musique par le mystérieux projet sonore dont un visuel est affiché ci dessus.La peau du fantôme.
Je traîne mon espoir avec mon sac de clous,
je traîne mon espoir étranglé à tes pieds,
toi qui n'es pas encore,
et moi qui ne suis plus.
Je traîne un sac de clous sur la grève de feu
en chantant tous les noms que je te donnerai
et ceux que je n'ai plus.
Dans la barque, elle pourrit, la loque
où ma vie palpitait jadis ;
toutes les planches furent clouées,
il est pourri sur sa paillasse
avec ses yeux qui ne pouvaient te voir
ses oreilles sourdes à ta voix,
sa peau trop lourde pour te sentir
quand tu le frôlais,
quand tu passais en vent de maladie.
Et maintenant j'ai dépouillé la pourriture,
et tout blanc je viens en toi,
ma peau nouvelle de fantôme
frissonne déjà dans ton air.
Phantom skin.
I drag my hope with my bag of nails,
I drag my hope strangled at your feet,
you who are not yet,
and I who am no more.
I drag my bag of nails on the fiery shore
singing all the names I would give you
and those I have no more.
That rag in wich my life once beat
perished in the barque ;
alle the boards were nailed,
it rotted on its bed of straw
with eyes not seeing you,
ears deaf to your voice,
skin too heavy to feel the fleeting touch
of your passage in the wake of illness.
And now I have shed the decay,
all white I enter you,
my new phantom skin
already quivers in your air.René Daumal.
« Il n' y a vraiment aucune raison de se révolter...Faux semblant : Il vaut mieux être mort que faire semblant d'être vivant. »
Tags : âme, poèmes, inédit, peau, fantôme, rené daumal, grand jeu, anathème
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