• L'escargot tranquille...

    L'Escargot tranquille...
    Aucun animal de race, mis à part la limace, ne vous a jamais paru aussi bonasse. Alors faites un petit effort, portez à votre tour votre charge, et glissez-vous dans la peau granuleuse et gluante de l'un de ces gastéropodes. Je vous le donne en mille, la vie d'un beau bourgogne n'est pas aussi simple que celle d'un bon bourgeois.
    Primo, prenez une bonne mutuelle car vous possédez maintenant vingt-cinq mille dents qui se sont mises à pousser sur votre langue râpeuse. Je ne vous souhaite ni plombages, ni détartrage, ni appareil à envisager. Deuxio payez votre facture à la Lyonnaise des Eaux car votre nouvelle vie d'escargot sera une quête incessante de l'humidité, cocasse pour vous qui ne recherchiez jusqu'alors que l'humilité... Votre maison fragile vous ne pourrez jamais abandonner, comme ces petits retraités qui se sentent obligés de courir les routes verglacées dans leur camping-car au plus fort de janvier... Mais attendez, ce n'est pas fini ! Vous devenez aussitôt sourd et pratiquement aveugle, vos yeux minuscules jouant au yoyo au bout de cornes tentaculaires rétractiles à souhait. Dur à contrôler... Vous en attrapez le mal de mer et vomissez la maigre salade que vous veniez d'avaler avec peine. Distante d'à peine dix mètres, il vous avait fallu quatre heures et demi d'efforts pour ramper jusqu'à elle, à fond la caisse, à deux mètres à l'heure pied au plancher...
    Par ailleurs vous avez du mal à respirer car votre « bouche » se situe juste sous le bord de la coquille, pas pratique, à quelques millimètres de votre anus qui ne sent pas la rose... Si vous aviez su, d'ailleurs, vous auriez peut-être tenté de le paître, ce pétale de rose à peine fanée que vous aviez eu du mal à doubler... L'air auto-vicié vous fait tourner la tête mais, grâce à Jégliss, dieu des gastéropodes cul bénis, comble du bonheur à ras-de-terre, vous apercevez in petto, par un heureux hasard, l'escargot visqueux (vice/queue ?) de vos rêves. Comme vous il/elle est mâle et femelle et vous en bavez d'envie. Pas trop s'il vous plait, il/elle pourrait ne pas remarquer votre fraise sous cette chantilly aérienne... Votre alter-ego fait aussi des bulles de joie, et après une heure de course folle l'un vers l'autre et des attouchements timides de vos cornes à coulisse, vous vous caressez et vous engluez de bave jusqu'à la bouche... et aussi un peu l'anus puisque vous débordez ! Vous sentez alors pousser hors de vous un éperon calcaire dur comme du bois qui met votre ami(e) en joie. Vous lui enfoncez bien profond votre éperon et il/elle devient à la fois femme, maîtresse, pédé et gouine à la fois, tout comme vous, qui ne savez plus, même dans votre coquille bien sanglée, où vous habitez. Votre petite sauterie dure dix heures, la lenteur et la multiplicité des rôles ont parfois du bon en amour, puis au coup de sonnette, vous devenez toutes les deux femelles fécondées et vous ne pensez plus qu'à faire vos bébés. Adieu bave, bulles, bandaisons et baisages à toi à moi...
    Vous en bavez encore plus, même si vous vous engluez moins, maintenant que vous êtes mères célibataires et que vous tracez à part. Chacune ripe de son côté. Bye-bye baby ! Et vous allez pondre pendant vingt à quarante heures des milliers de petits œufs qui vous sortiront d'un petit trou de cul niché juste derrière vos cornes... Si, c'est pratique, vous verrez, vous pourrez surveiller du coin de votre œil monté sur tentacule, et puis au point où vous en êtes, ça ne vous fait pas grand-chose, si ce n'est quelques bulles bavouilleuses de plus.
    Un dernier conseil... Dans le jardin joli, entre salades et fines herbes, évitez le cuisinier, surtout s'il cueille l'ail et le persil.

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