• Elles sont plus intuitives et excellent dans la résolution de conflits. Elles parlent plus vite et utilisent plus de mots que les hommes dans une journée (près du double). Quant à eux, ils bénéficient d'un meilleur sens de l'orientation et d'une capacité d'abstraction plus élevée, affirme Louann Brizendine qui se défend d'exploiter des stéréotypes.

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  • Dans son dernier livre, « La sagesse du monde » (Le Livre de Poche, 2002), Rémi Brague, spécialiste de la philosophie antique et médiévale, professeur à l'université Paris-I et à l'université de Munich, dresse le panorama grandiose des réponses antiques à la question philosophique par excellence: comment atteindre la sagesse? Sa thèse est que toutes sont conçues par rapport à une idée qui nous est devenue étrangère: l'idée de cosmos, c'est-à-dire d'un ordre immuable de l'Univers. Devenir sage ne signifie donc rien d'autre, pour les anciens, qu'observer cet ordre et imiter cette sagesse qui est celle du monde lui-même. Qu'avons-nous aujourd'hui à apprendre de ces philosophes?

      PIERRE-HENRI TAVOILLOT : Où se situe l'épicurisme ?

    RÉMI BRAGUE : C'est le quatrième modèle, plus apaisé. Notre monde est une combinaison fortuite d'atomes, peut-être sur le point de se défaire. Il n'est donc ni bon ni mauvais. Il n'est pas non plus très intéressant. Il est utile de l'étudier, mais pour des raisons négatives : se tromper à son sujet mènerait à se donner des raisons d'avoir peur, par exemple en craignant des dieux qui nous en voudraient à travers des phénomènes physiques effrayants comme la foudre. S'il nous faut chercher une explication, ce pourra être n'importe laquelle, pourvu qu'elle nous délivre de tout ce qui pourrait nous troubler.

    PIERRE-HENRI TAVOILLOT : Pouvez-vous décrire les traits caractéristiques d'une vie de sagesse selon l'épicurisme ?

    RÉMI BRAGUE : Epicure l'a fait d'une façon suffisamment claire. L'absence de trouble, une paix de l'âme comparable au calme des flots quand le vent est tombé. On évitera tout ce qui peut agiter l'âme. En se contentant des plaisirs « purs », qui n'entraînent dans leur sillage aucune peine.

    La sagesse épicurienne occupe, à vrai dire, une place à part. Ce n'est pas ce que j'appelle une « sagesse du monde ». Au contraire, l'épicurisme essaie de définir une sagesse qui ne dépende en rien du monde.

    Deux exemples : chez Epicure, il y a un modèle à imiter. Comme chez Platon. Ce sont les dieux. Mais quels dieux ! Ils vivent dans des « intermondes » situés, comme leur nom l'indique, dans les intervalles qui séparent les uns des autres les innombrables ensembles d'atomes que nous appelons des « mondes ». Ils ne se soucient pas de nous, ils ne nous connaissent même pas. Les imiter, et donc être comme un dieu parmi les hommes, c'est jouir d'une tranquillité qui est insouciance. Le Jardin où vivait et enseignait Epicure est une sorte d'intermonde.

    Par ailleurs, Epicure insiste sur l'amitié qui doit régner entre les hommes. C'est bien sûr une notion psychologique et « politique », comme partout en Grèce ancienne, où le mot désigne aussi la concorde sociale. Mais l'amitié est aussi le programme d'une organisation de la vie humaine qui ne prenne modèle sur rien d'extérieur à l'humain, qui ne cherche qu'à rendre possible la coexistence sans friction des hommes dont il se trouve que, par hasard, ils vivent dans le monde.

    PIERRE-HENRI TAVOILLOT : Vous dites que l'épicurisme est, avec la gnose, un des grands perdants de la synthèse victorieuse produite par les Pères de l'Eglise entre le platonisme et les Ecritures. Pourtant, malgré cette défaite historique, l'épicurisme ne va pas cesser d'exister et d'influencer durablement la philosophie. Ne peut-on pas considérer qu'avec le progrès des sciences il a retrouvé, dans le matérialisme contemporain, une nouvelle jeunesse ?

    RÉMI BRAGUE : Cette défaite n'a jamais été que relative. Un mince filet souterrain a coulé au Moyen Age, où l'atomisme n'a jamais totalement disparu, jusqu'à ce qu'on retrouve le poème de Lucrèce au XVe siècle, puis les textes d'Epicure. Par ailleurs, l'épicurisme a connu une revanche au début des Temps modernes. L'autre modèle vaincu, la Gnose, a d'ailleurs lui aussi fait retour un peu plus tard, par exemple chez les innombrables écrivains et artistes qui ont subi l'influence de Schopenhauer. Au XVIIe siècle, on réhabilite Epicure en morale : ce n'était pas un pourceau, plutôt un ascète. On redonne une dignité à l'atomisme. Mais là il faut s'entendre sur les mots.

    L'atomisme des anciens n'a pas grand-chose à voir avec les atomes (très divisibles en fait) de la physique moderne. En revanche, ce qui sonne épicurien dans la science d'aujourd'hui, ce sont ses présupposés ultimes. Ainsi, son parti pris en faveur d'explications purement mécanistes, contre toute explication qui supposerait une intention.

    Et en morale, sans parler d'un hédonisme plus ou moins naïf, on trouve un peu partout la tentative de renouveler une pensée centrée sur la concorde entre les hommes. On entend dire que la démocratie vaut mieux que la vérité. Reste à savoir si la question que j'ai nommée plus haut, celle de la légitimité de l'humain, reçoit une réponse dans les épicurismes ancien et contemporain.
    De la sagesse à l'Europe : itinéraire

    PIERRE-HENRI TAVOILLOT : Comment le travail d'historien de la philosophie rejoint-il, selon vous, le projet, philosophique lui-même, d'une vie selon la sagesse ?

    RÉMI BRAGUE : Je me considère plutôt comme un amateur, voire comme un touche-à-tout un peu fumiste ! Je me suis effectivement donné la peine d'apprendre des langues, car rien ne remplace l'accès direct aux textes. Mais je me suis contenté, si l'on peut dire, de langues occidentales - dont l'hébreu et l'arabe font partie. Ce qui m'intéresse, au fond, ce n'est pas le passé. C'est notre présent, à savoir le présent d'un monde « occidental » ou en rencontre avec l'Occident. Je voudrais comprendre ce qui a mené à notre présente situation, et donc mieux comprendre celle-ci. Un quatrain célèbre de Goethe dit à peu près : celui qui ne peut pas se rendre un compte exact de trois mille ans reste dans le noir, sans expérience, et se condamne à vivre au jour le jour. Je préférerais, quant à moi, que l'on dise « cinq mille ans », pour que l'on ne nous vole pas l'Egypte et la Mésopotamie, comme si tout commençait avec Homère et la Bible. Mais, à cette nuance près, c'est très juste. Nous ne comprenons le présent qu'en y voyant le résultat de décisions prises parfois il y a des siècles, voire des millénaires.

    PIERRE-HENRI TAVOILLOT : Votre travail d'historien ne vous éloigne pourtant pas de l'actualité. Dans votre ouvrage « Europe, la voie romaine » (Gallimard, « Folio essais »), vous avez réfléchi à la définition de l'identité européenne : une identité « excentrique », selon vous, dont la « voie romaine » constituerait en quelque sorte l'emblème ?

    RÉMI BRAGUE : Je ne mérite pas le beau nom d'historien. Je ne suis qu'un philosophe qui lit de l'Histoire. Et qui ne s'intéresse au fond qu'à l'actualité. Seulement, l'actualité se définit par ce qui la précède. Et il y a des gens qui voient plus ou moins loin en arrière, c'est-à-dire plus ou moins profond. Combien de Sciences po ou d'énarques rencontre-t-on qui font commencer l'Histoire à la dernière guerre, et la préhistoire à la crise de 29 ! Certes, nous sommes après tout cela, mais aussi après la Révolution, après la physique mathématique, après le christianisme, etc. Plus on comprend la série de choix culturels qui ont été faits avant, et souvent longtemps avant nous, plus profondément on perçoit les enjeux du présent.

    Ma « Voie romaine » est un autre exemple de la méthode que j'applique aussi dans « La sagesse du monde ». Je cherche l'identité européenne du côté de sa culture. Mais ce n'est pas pour faire une fois de plus une promenade autosatisfaite dans la galerie des ancêtres. Que nous soyons tombés dans la culture européenne quand nous étions petits n'y change rien : elle reste excentrique, et aux deux sens du mot. D'abord, elle est bizarre, plutôt une exception qu'une règle. Ensuite, elle a son centre en dehors de soi. C'est ce que recouvre la référence à Rome, qui n'a cessé de loucher vers la Grèce. Et au christianisme, qui se sait fondé sur une religion qui l'a précédé. De la sorte, c'est aussi pour savoir qui l'on est qu'il faut tous ces détours : « Allez voir là-bas si j'y suis ! »
    Brague

    Né en 1947, Rémi Brague, spécialiste des philosophies anciennes et médiévales, est professeur à l'université Paris-I et à l'université de Munich. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont « Aristote et la question du monde » (PUF) et « La sagesse du monde » (Livre de poche) et « Europe, la voie romaine » (Gallimard, Folio Essais).


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  • on va perdre notre paradis ! C'est toute notre existence ici. Que va-t-on devenir, des cas sociaux ? » Michaëla ne cache pas qu'elle vit un drame depuis qu'avec son compagnon, Reinhard, ils sont sous la menace d'une expulsion. Par décision du tribunal de Bastia, celle-ci est exécutable à la fin octobre et, pour toute la petite communauté de Franciscu à Piannotoli, c'est comme si le dieu « Société » avait décidé de les renvoyer du jardin d'Eden. Sur la table, où s'entremêlent pots de marmelade, haricots du jardin, tasses de café et objets artisanaux, Reinhard exhibe les papiers du tribunal dont, manifestement, il ne comprend guère les subtilités. Assis sur une chaise en bois recouverte de peaux de chèvre, vêtu d'un seul short, pieds nus, il ressemble à un patriarche biblique avec sa barbe blanche et ses yeux bleu cristal. Un rocher creux pour toit Le corps fripé par le soleil, Reinhard connaît chaque pierre de « son domaine ». Sur quelques hectares, au-dessus de la plaine de Figari, proches de la mer, il a construit une habitation à nulle autre pareille : sous des grands rochers ceux, il a aménagé chambres, cuisine et salle de séjour. Avec Michaëla, il y accueille régulièrement des amis et des parents d'Allemagne. « Ce lieu est ouvert aux colombes qui cherchent un nid » explique joliment Reinhard, qui compare son domaine de Franciscu à « un petit paradis dans un monde en perpétuelle agitation ». Lorsque nous lui avons rendu visite, il hébergeait une amie ainsi que, pour quelques semaines, Joanna et Frédéric, son adorable bébé âgé de 18 mois. Durant la belle saison, tous deux ont dormi dans une chambre « exotique », un rocher creux sous lequel un simple matelas fait l'affaire ! Les deux autres chambres sont aménagées dans des petites grottes. Un muret avec fenêtre a été édifié pour protéger des intempéries. À l'intérieur, une bougie éclaire les lieux où se côtoient dans un étonnant tableau, livres, instruments de musique, petites sculptures... Si par beau temps, c'est presque du camping de luxe, le choix de vivre toute l'année dans de telles conditions ne peut être que l'apanage de gens qui, comme Reihnard, ont choisi de rompre avec la société de consommation pour un « mode de vie alternatif ». Ni électricité, ni télévision, ni commodité, juste de l'eau courante et quelques livres. Pas de téléphone, pas de télévision, encore moins d'ordinateur... Le seul moyen de le joindre ? Le facteur ! Une cuisinière à bois pour chauffage Paisibles, détachés des contingences sociales, Reinhard et Michaëla vivent en communion avec la nature et au gré de ses humeurs. En hiver, ils ont pour tout chauffage une cuisine à bois. « Elle nous chauffe deux fois, pour couper le bois et pour cuire les aliments » dit avec malice et dans son accent germanique « l'homme des grottes » comme l'appellent les habitants de la région qui ont l'habitude de le voir circuler à vélo. Dans ce bout de terre, il ne craint ni le froid ni la pluie : « On a tout ce qui est possible avec le jardin, les poules, les chèvres et les canards. Le potager donne les patates, tomates, haricots...» Des arbres fruitiers ont même été plantés au fil des ans. Aujourd'hui, il ne comprend pas le droit de propriété français : « J'ai toujours payé la location à Simon, l'ancien propriétaire, mais il n'a jamais voulu que l'on fasse les papiers, mais maintenant qu'il n'est plus là, sa fille veut récupérer le terrain. Où va-t-on aller ? On s'entend bien avec les gens du village et on embête personne ». À 66 ans, Reinhard et Michaëla ne défendent pas seulement leur « domicile ». Mais toute leur raison de vivre...

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