• <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    C'est vrai : une maison d'édition n'est pas un puits de pétrole. C'est plus important qu'un trou dans le sable qui fournit, pendant une période, disant quelques générations, ce qu'on appelle l'or noir. Or, un ouvrage sorti d'une maison d'édition peut traverser des siècles. C'est pour cette raison qu'il faudra accueillir, chaleureusement, les Editions Achab installées à Tizi Ouzou.
    Cette maison d'édition est spécialisée dans le domaine berbère, tout en restant ouverte aux autres domaines, selon son fondateur, Ramdane Achab, Docteur en linguistique berbère. Elle devra démarrer son activité dans le courant de cette année 2009. « Une partie très importante de cette activité sera consacrée à la réédition d'ouvrages fondamentaux, de manuels de référence, de revues, de dictionnaires, etc. destinés à répondre aux besoins du grand public de façon générale, et en particulier à ceux de l'enseignement et de la recherche », a indiqué M. Achab dans un communiqué.
    L'activité de réédition constitue, faut-il le souligner, un créneau important. Cette démarche permettra de mettre à la disposition d'un public plus large des ouvrages de grande valeur, mais épuisés, introuvables dans les librairies ou rééditer avec un tirage limité.
    Les Editions Achab n'ont pas l'intention de vivre au passé et sur le passé, aussi important soit-il. Son promoteur, Ramdane Achab, a aussi le regard tourné vers le présent et l'avenir. Il envisage d'éditer aussi des ouvrages nouveaux touchant à divers domaines tels que l'histoire, la linguistique, la didactique, l'anthropologie, la littérature traditionnelle, la littérature moderne etc.
    Cette nouvelle maison d'édition « contribuera non seulement à combler un vide, ou en tout cas un manque, mais s'efforcera de couvrir l'ensemble du champ berbère par la mise à la disposition du public d'ouvrages de qualité ». Le travail d'édition et de réédition se fera dans les normes réglementaires en ce qui concerne les contrats d'édition, le dépôt légal et les droits d'auteurs, selon M. Achab.
    Les Editions Achab prévoient, dans le même temps, de lancer un Bulletin périodique destiné à faire la promotion des titres parus et l'annonce des ouvrages à venir. Le Bulletin contiendra aussi des fiches de lecture et des entretiens avec les auteurs.
    La création de prix littéraires fait partie aussi des projets des Editions Achab. La démarche est destinée à encourager l'écriture.
    Ecrivains, à vos plumes !


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  • Le jour de l'an amazigh (berbère) est le 12 janvier. Ce 12 janvier 2009 Imazighen (berbères) célèbrent le 1er yennayer 2959. Cette date est célébrée, parfois avec faste et dans une ambiance de fête, un partout en Afrique du Nord. Elle donne lieu à un repas riche le soir, au milieu duquel droit trôner « trize » (une corbeille contenant 13 sortes de bonbons, cacahouètes et autres sucreries. Vous voulez voir la corbeille ? C'est presque ça (recopier ce lien):

    http://www.jacquielawson.com/viewcard.asp?code=0183913358


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    Dans ces bourgades éparpillées entre El Hamdania et Ouzera, la toponymie des lieux garde sans aucune altération phonétique le cachet tamazight de la langue maternelle des autochtones de cette région.
    Aâmi Djerrah (aâmi au sens populaire oncle) est prolixe, il faut seulement lui payer un café et il se fera un grand plaisir de vous parler en tamazight local. Dans le bus qui relie Ouzera au village de Ben Haddou, il n'hésite pas à narguer le receveur en débitant souvent « oullache aydhrimene » (je n'ai pas d'argent). Une manière pour lui de dénigrer une société qu'il estime indifférente vis-à-vis de la catégorie de citoyens vulnérables comme lui. Si l'on s'égaye à l'euphorie en prenant un grand plaisir à discuter à bâtons rompus avec cet octogénaire qui vient des fins fonds des montagnes des Beni Messaoud, précisément du village de Djerrah (à quelque 35 km vers le nord-est du centre-ville de Médéa), il n'en est pas moins que ce vieux briscard demeure parmi les rares vieilles personnes dépositaires encore du parler berbère de la région.
    Dans ces bourgades éparpillées entre El Hamdania et Ouzera, la toponymie des lieux garde d'ailleurs sans aucune altération phonétique le cachet tamazight de la langue maternelle des autochtones de cette région. Celle-ci, à relief escarpé, constituait à l'instar des autres régions du pays, au fil de notre longue histoire, des zones de replis pour fuir l'atrocité des envahisseurs et préparer ainsi la rébellion.
    Ainsi, les flexions en « i », en « ti » ou en « ta » des débuts de termes d'origine berbère sont fréquentes dans toute la région nord de Médéa : Tizi El Mahdi, Tizemour, Tizi Ntagua, Iboura, Imoula, Isselene ou encore Tala Oussoukerth, Tala Oufela (une sources d'eau perchée sur les confins nord de l'atlas blidéen), Amchach... Si ce n'est la situation sécuritaire qui a provoqué la grande saignée des années 1990 vers les grands centres urbains limitrophes de l'Atlas blidéen il y a peu de temps et jusqu'au début des années 1990, nous pouvions encore rencontrer une communauté villageoise du côté de Mssenou, Tadjennante, Djerrah, Boughadou qui gardaient intact ce legs phonétique depuis des millénaires.
    A l'heure actuelle, les populations habitant les villages se trouvant à proximité des grands centres urbains gardent encore quelques traces du phonétique berbère. Les exemples sont légion. Si les habitants des villes utilisent l'expression « El hadj Moussa, Moussa El hadj » pour dire que la chose revient au même, les montagnards de la région d'Ouzera, du moins pour les plus vieux persistent à dire dans le même sens d'idées « houa el foule houa el baouene » (en arabe el foule désigne le fève, en tamazight on l'appelle el baouene).


    Un legs oral


    Les nuits de la saison d'hiver caractérisées par leurs longueurs pour les designer sous cet aspect, on utilise le vocable « merrar » en disant « ellil touil merrar » (longue comme une corde) ». Le tizri, un qualificatif encore usité de nos jours par les mamans qui vont voir pour la première fois l'élue choisie pour leur fils. Le tizri désigne un ensemble d'articles, savon, henné, parfum... offert à l'éventuelle fiancée, mais dans son sens premier, ce mot renvoie au terme berbère ouzrigh, qui veut dire voir ou regarder (bien sûr la fiancée). Il en est de même pour les appellations ayant trait au règne des plantes médicinales, merghanis, talgha, mliles... ou encore pour les fruits el bakhsis ou la fameuse variété d'olive de table el djaraïz (en kabylie adjeraz).
    Si la toponymie des lieux se maintient dans son intégralité, exception faite des projets des nouvelles cités auxquelles on préfère coller des chiffres, cité 206 Logements, cité 1000 Logements... les noms que portent les chérubins de la nouvelle génération sont plutôt Ihab, Ramsi, Ilhem, Aouhem... que Dahmane, Haoudech, Ougrid, Ires, Aldjia, Souaâda, El Djouher, Taoues.
    Après l'éradication de plusieurs bidonvilles qui se trouvaient à la périphérie de la ville de Médéa, nous dit-on, de vieilles personnes issues de familles de communautés villageoises, qui gardaient plus ou moins ce legs oral des anciens autochtones de la région, étaient éparpillées un peu partout. Sur le plan officiel, il semblerait qu'en dehors de la culture turco-andalouse, on ignore qu'à quelques encablures seulement du centre-ville de Blida, mais aussi de Médéa, le berbère existe aussi dans cette région. Si les quelques personnes comme cet octogénaire, aâmi Djerrah, viennent à disparaître, c'est tout un pan du patrimoine phonétique local qui partira avec lui.


    Par Abdelli Mohamed, in El Watan du 05.01.2009

     

     


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  • Par Mohamed Arezki Himeur

    Le Cap, bimensuelle, Alger


    Une hirondelle ne fait pas le printemps, dit-on. Tout au plus annonce-t-elle sa prochaine arrivée. C'est le cas pour le bijou d'Ath Yenni.La fête du même nom, dont la 8ème édition s'était déroulée fin juillet, n'a pas dissimulé les difficultés auxquelles sont confrontés les artisans bijoutiers de cette commune. Leur activité séculaire, transmise de père en fils depuis des générations, baigne dans la tourmente.
    Elle traverse une sérieuse crise. Elle est menacée, à plus ou moins longue échéance, de disparition, estiment les plus sceptiques. Non pas par la cherté du bijou, dont le prix a effectivement prix l'ascenseur depuis quelques années, mais surtout par l'exode rural.
    Ce phénomène, qui affecte de nombreuses régions du pays a pris, ici aussi, des proportions inquiétantes. Il suffit de marcher à travers les ruelles étroites et escarpées d'Ath Lahcène, Taourirt Mimoune, Aït Larbaâ notamment et de discuter avec des habitants pour constater que les villages de la commune se sont vidés et continuent de se vider de leurs populations.
    Le constat fait sur Ath Yenni est différent de celui qu'on peut établir ailleurs, dans d'autres villes et communes. Car les Ath Yenni étaient, autrefois, une tribu très riche. «Ils étaient les plus argentés de Kabylie», disait-on. Les familles vivaient, dans leur majorité, dans une certaine aisance grâce à cet art traditionnel qu'est la bijouterie en argent.
    Les Ath Yenni ont subi une véritable saignée. Au dernier recensement, la commune comptait environ 5 700 habitants, contre quelque 8 000 habitants une dizaine d'années auparavant.
    Assis dans un coin de la djamaâ (tajmayt), un lieu de rencontre des villageois, un vieillard lança un jour à ses voisins du même âge : «On n'a plus le droit de se disputer». Une façon de les exhorter à entretenir de bons rapports pour le temps qui leur reste encore à vivre, dans un village déserté par une partie de ses habitants. Cette réflexion peut faire rire. Mais elle reflète, malheureusement, une triste et amère réalité. Celle d'un village qui dépérit, qui a perdu sa force vive : la jeunesse.
    Autre signe qui montre la gravité de l'exode rural : l'école. A Ath Yenni, deux établissements scolaires ont déjà fermé leurs portes «faute d'effectifs scolaires». D'autres établissements sont sur le point d'en faire autant. «A cette allure, il ne restera que 2 écoles pour toute la commune d'Ath Yenni : celle d'Ath Lahcène qui accueillera les élèves du village et ceux d'Ath Larbi, et celle de Taourirt Mimoune qui prendra en charge les élèves des autres villages de la commune», selon Mohand Ouramdane Djennane, membre du comité d'organisation de la dernière fête du bijou d'Ath Yenni.
    Autrefois, chaque village de cette commune disposait de sa propre école. Mais au train ou va l'exode rural, et la dénatalité, les écoles de Tigzirt et Taourirt El-Hadjadj seront tôt ou tard contraintes de mettre la clé sous le paillasson. Celle du village Agouni Ahmed a déjà fermé faute d'élèves. L'établissement a été transformé, excellente initiative, en centre de formation professionnelle.
    Bien sûr, les autres communes de la daïra d'Ath Yenni, à savoir Yatafen, Tassaft et Iboudrarne, sont, elles aussi, frappées de plein fouet par le phénomène de l'exode rural. «Nos communes n'arrivent pas à retenir les habitants sur place, faute d'emplois. Moi aussi je ne resterai pas ici. Une fois mes études universitaires terminées, je m'installerai à Tizi Ouzou ou ailleurs», nous a confié Karim, un enfant d'Iboudrarène, rencontré à la dernière fête du bijou.
    La commune d'Ath Yenni n'a pas connu de développement pouvant sédentariser ses habitants. «Ceux qui ont les moyens ont quitté la commune», a estimé Saïd, un jeune homme d'une vingtaine d'années. Parmi ceux qui sont partis figurent de nombreux artisans bijoutiers. Ils ont abandonné leur métier pour une autre activité plus lucrative, leur permettant de subvenir aux besoins de leurs familles. Car, la bijouterie ne fait plus vivre son homme aujourd'hui, répète-t-on à Ath Yenni.
    Certains se sont convertis en épiciers, d'autres ont déniché du travail dans des entreprises ou dans des services de l'administration. «C'est avec le cœur lourd que des artisans bijoutiers ont abandonné le métier qui leur a été légué par leurs ancêtres, un art qui s'est transmis de père en fils depuis des générations», dira Youcef Sadeg, vice-président du comité communal des fêtes d'Ath Yenni.


    Bijoutiers reconvertis en épiciers


    On n'abandonne pas une activité qu'on exerce depuis des décennies de gaîté de c?ur, sans peine. Les artisans qui s'accrochent encore à ce métier ancestral éprouveront des difficultés à faire passer le flambeau aux générations futures. «Le bijoutier n'arrive plus à nourrir correctement sa famille. Autrefois, le bijoutier était vraiment à l'aise. Il gagnait assez bien sa vie. Maintenant, plus rien. Il se débat, au quotidien, dans des difficultés», selon M. Sadeg.
    Des difficultés multiples : cherté de la matière première (l'argent est passé à 50 000 DA le kg), du corail et de l'émail. Trois produits essentiels pour la fabrication d'un bijou en argent. En plus de sa cherté, le corail se fait de plus en plus rare depuis que sa pêche est interdite en Algérie. Le bijou d'Ath Yenni est apprécié pour ses motifs et surtout pour sa qualité. Sa particularité, nous a confié un artisan, réside dans le fait qu'il est fabriqué avec de l'argent de premier choix, qu'on appelle dans le jargon des bijoutiers le 950 (sur 1 000), alors qu'ailleurs, l'argent utilisé est de 2e ou 3e choix, c'est-à-dire du 700, 750 ou du 800 sur 1 000.
    Les artisans d'Ath Yenni désirent préserver le label, la notoriété de leurs produits. «Une notoriété qui a dépassé les frontières du pays», selon M. Madjid Chérifi, président-directeur général de l'Entreprise nationale de transformation et de distribution des métaux précieux (Agenor) rencontré à la fête du bijou d'Ath Yenni. Son entreprise accompagne depuis des décennies les bijoutiers d'Ath Yenni. Elle entretient de très bonnes relations avec chacun d'entre eux. Mais, malheureusement, elle ne peut agir sur le coût de l'argent. Celui-ci est fixé sur les bourses étrangères.
    Les artisans ne cessent de lancer des cris de détresse. Ils réclament l'aide des pouvoirs publics. « Si la crise perdure, on va irrémédiablement vers la disparition du bijou d'Ath Yenni. Il faudra que les autorités se penchent sérieusement sur la corporation des bijoutiers. C'est une profession ancestrale, on ne veut pas qu'elle disparaisse », clament des artisans de la commune. «Ce ne sont pas des orfèvres qui travaillent l'or et le diamant. Ce ne sont que de pauvres artisans qui travaillent chez eux, dans un petit atelier sordide de 4 mètres carrés », dira M. Sadeg. L'aide souhaitée peut prendre plusieurs formes, par exemple, l'allègement de la fiscalité, la réduction du montant de la taxe du poinçon etc. Les promesses d'aide et de soutien des pouvoirs publics tardent à se concrétiser sur le terrain.
    Pendant ce temps, la bijouterie d'Ath Yenni perd chaque jour du terrain. Des artisans continuent d'abandonner l'activité. Ceux qui s'y accrochent arrivent difficilement à joindre les deux bouts. Un grand nombre d'entre eux ont déjà rendu leurs registres de commerce et leurs cartes d'artisan, parce qu'ils n'arrivent plus à s'en sortir. C'est le cas pour plus de la moitié des quelque 350 artisans bijoutiers exerçant durant des années dans la commune.
    Certains préconisent un programme de soutien à cette activité. Parce qu'elle fait nourrir de nombreuses familles des différents villages de la commune. «Le bijou d'Ath Yenni mérite bien ça. C'est un patrimoine qu'il faudra préserver. Mais si on ne fait rien, ce patrimoine va disparaître. Et ça sera dommage», dira Malika, étudiante à l'Université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Elle avait fait le déplacement à Ath Yenni, lors de la fête du bijou, pour acheter des bijoux à offrir à une amie qui a convolé en justes noces.
    Les difficultés des artisans d'Ath Yenni ne résident pas seulement dans la cherté de la matière première (argent, corail et émail). Elles découlent plutôt de l'insécurité créée par la présence des groupes armés islamistes depuis plusieurs années. Les touristes étrangers, et même locaux, ne vont plus, comme autrefois, à Ath Yenni pour visiter les boutiques, avant de repartir avec des bijoux à la main et quelques billets dans le tiroir-caisse de l'artisan.


    Le terrorisme a tué le bijou et poussé les artisans vers l'exode


    C'est le terrorisme qui a fait basculer la bijouterie dans la tourmente actuelle. «Nous sommes obligés de nous déplacer à travers le territoire national pour écouler nos produits, alors qu'autrefois ce sont les clients qui venaient chez nous», dira un artisan. Pour lui, la fête du bijou constitue une excellente initiative. Parce qu'elle permet aux artisans, une fois par an, d'améliorer quelque peu leur chiffre d'affaires, qui peut atteindre parfois le maigre montant réalisé tout au long de l'année.
    Pour le patron de l'Agenor, M. Chérifi, la fermeture de certains ateliers de fabrication de bijoux à Ath Yenni n'est pas liée à la cherté de la matière première. «On ne peut pas dire que cette fermeture est due véritablement au coût de la matière», relève-t-il. « Même si les coûts sont élevés, les gens ont toujours acheté des bijoux. Et le bijou d'Ath Yenni a une grande importante, parce qu'il véhicule un fond historique, culturel et sentimental», selon lui.
    L'arrêt d'activité qu'observent aujourd'hui bon nombre d'artisans résulte donc «du climat d'insécurité existant dans la région. Un climat qui décourage la venue des touristes, notamment étrangers, et qui se répercute sur l'activité de la bijouterie en argent, autrefois principale source de revenus d'une partie des habitants de la commune», estime Si Brahim, un enfant d'Ath Yenni, ancien fonctionnaire aujourd'hui à la retraite.
    Les artisans d'Ath Yenni gardent tout de même espoir. Beaucoup d'entre eux pensent que la situation pourrait s'améliorer, plus tard, une fois la sécurité revenue dans la région, que les automobilistes et les voyageurs pourraient se déplacer sans risque de tomber, au détour d'un virage, sur un faux barrage routier dressé par des «barbus».
    Mais une telle analyse n'est pas transposable aux autres zones et régions de Kabylie affectées par le phénomène de l'exode rural. Dans ces derniers cas, ce sont des programmes de développement qu'il faudra élaborer et mettre en œuvre pour stabiliser, sédentariser les populations des villages, ou ce qu'il en reste encore, parce que beaucoup ont déjà « fait leur vie ailleurs», dans les grands centres urbains.
    Une telle démarche passe par une politique d'aménagement du territoire qui prenne en compte, réellement, les spécificités des zones rurales et l'aspiration de leurs habitants à une vie descente. Une réflexion qui revient à chaque fois qu'on aborde la question de l'exode rural et du développement des zones rurales.
    Cela relève, ajoute-t-on, des prérogatives et des compétences des pouvoirs publics. Eux seuls peuvent enclencher un dispositif destiné à créer de petites entreprises dans le secteur des services et dans celui de l'arboriculture de montagne pour régénérer la culture de l'olivier, du figuier, du cerisier etc. « Il faudra vraiment aller vers des décisions rigoureuses et ambitieuses pour aider à la création de petites unités dans ces domaines », nous a confié en avril dernier Belkacem Mostéfaoui, maître de conférences à l'Université d'Alger (sciences de la communication), vivant à Tizi Ouzou. La Kabylie dispose de ressources humaines importantes. A titre d'exemple, elle compte de nombreux ingénieurs en informatique.
     «On aurait pu concevoir qu'il y ait, sur les montagnes de Kabylie, des unités de travail délocalisées comme il en existe en Inde et en Tunisie proche», dira-t-il. Il faudrait peut-être revoir et repenser la politique d'aménagement du territoire. Parce que créer des postes de travail et construire encore et toujours des cités dortoirs dans et autour des grands centres urbains ne font qu'attirer vers eux de nouvelles populations, au détriment des campagnes et les zones montagneuses qui se dépeuplent. C'est à partir de là que doit commencer la lutte pour stopper, ou tout au moins freiner, l'exode rural.


    M. A. H.

     


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  • Interview réalisée par
    Mohamed Arezki Himeur

    Le Cap, revue bimensuelle, Alger


    Paroles d'un  spécialiste de la chanson chaâbie, producteur d'émissions radio et TV, et écrivain. Bendameche est également l'auteur du livre «Les grandes figures de l'Art musical algérien».

    Qu'est-ce qui pousse les chanteurs à verser dans le plagiat ?
    Un artiste verse dans le plagiat par mimétisme le plus souvent, par souci de succès rapide surtout. Il y a manque de paroliers et de compositeurs, certes, mais il y a aussi une tendance à raccourcir le processus de création musicale de la part des artistes.
    La facilité à produire rapidement est un élément apporté par le développement vertigineux des moyens  de production  dans ce domaine. Les créateurs ont  amorcé un recul face à cette déferlante technologique qui a ôté la sensibilité et l'émotion  à l'homme.

     
    Quelles
    sont les conséquences des reprises sur la création ?
    Le produit musical est devenu à la portée de n'importe quel utilisateur de cette nouvelle technologie. La qualité, par voie de conséquence, est  reléguée au second plan compte tenu de la demande du public de plus en plus croissante.
    Les gadgets appelés « live » sont souvent concoctés dans les studios d'enregistrement en l'absence du créateur compositeur, auteur, ou même du  vrai musicien. Le plagiat est une pâle copie de  l'œuvre originale de toute évidence et elle n'a jamais constitué un seul instant  l'art en lui-même.
    La propension à aller vers la facilité génère des conséquences négatives sur la création et sur l'art en général, mais comme dit l'adage populaire «chassez le naturel, il revient au galop».

    Que faire pour endiguer le phénomène ?
     Il n'y a pas de solution miracle dans ce domaine, notre pays a accusé un énorme retard quant à l'apprentissage musical d'une manière générale et à la formation en particulier. Cette dernière doit  se faire au sein des conservatoires, des écoles de musique, des associations, des festivals, des instituts régionaux et nationaux et, enfin, de  l'université. Elle doit se faire, également, au sein du programme des écoles primaires.
    Lorsqu'elle est inscrite dans des programmes pédagogiques officiels, la formation s'impose logiquement à tous, elle apportera un souffle au besoin et à la demande de  création. C'est une opération qui doit être  inscrite dans le moyen et le long terme.

    Que peuvent faire les auteurs et compositeurs, ou leurs ayants droit, pour protéger leurs droits ? Quelles démarches peuvent-ils entreprendre ?
     Il y a dans notre pays une grande institution qui s'appelle l'Office national du droit d'auteur et des droits voisins (ONDA) qui existe depuis 1973.
     L'ordonnance qui contient des dispositions législatives du droit voisin complétant le droit d'auteur est aussi en vigueur depuis 1997. Les auteurs et compositeurs régulièrement affiliés qui ont déclaré leurs œuvres, ou leurs ayants-droit, doivent se rapprocher de cette institution pour avoir toutes les indications nécessaires.
    La radio et la télévision peuvent-elles contribuer à la lutte contre les reprises et le plagiat ?
    Les médias lourds que sont la radio et la télévision peuvent intervenir par l'identification de l'?uvre  diffusée en annonçant, toutes les fois que possible, les véritables auteurs. Mais là il est supposé une connaissance parfaite du domaine et une articulation correcte des différentes phases qui précèdent la diffusion, ce qui n'est malheureusement pas le cas présentement.
    La télévision a commencé par prendre une décision, celle d'arrêter toute diffusion de chansons « robotisées » comme on dit dans le jargon du son. C'est tout à son honneur dans le souci de donner une écoute confortable au téléspectateur.
     
    Quel rôle peuvent jouer les éditeurs pour juguler ce phénomène?
    Les vrais éditeurs, oui. Mais on note par contre dans notre pays, qu'il règne dans la profession aujourd'hui une véritable cacophonie. L'édition musicale est un centre de diffusion de la culture par excellence, car, faut-il le rappeler, la musique est un moyen d'expression culturelle avéré.
    Le patron de cette institution et tout le staff qui l'entoure doivent avoir une connaissance parfaite du domaine. Ils sont tenus de constituer une sorte de digue, de filtre contre les invasions des multiples opportunistes qui prennent indûment le terrain, sanctionnant ainsi la bonne écoute du citoyen et dénaturant l'histoire musicale si riche de notre pays. 

     

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