• Les dangers et incohérences de la diplomatie à géométrie variable de Ségolène Royal, par Franc-tireur


    Le tout récent voyage au proche orient de la candidate socialiste Ségolène Royal a fait couler beaucoup d'encre et de salive dans l'hexagone, en particulier à cause des déclarations supposées d'un député libanais comparant les actions militaires israéliennes au nazisme. Pourtant le véritable scandale de la visite de madame Royal me semble être ailleurs : tout d'abord, dans la fluctuation de ses positions diplomatiques en fonction des interlocuteurs ; ensuite, et surtout, dans son attitude, légère voir dangereuse, vis à vis des troupes françaises de la FINUL.

    Ségolène Royal a désormais une maîtrise bien rôdée de la communication médiatique. Pour autant, la succès qu'elle rencontre au proche orient peut s'expliquer tout autrement. En effet,la candidate socialiste change de position diplomatique en fonction de ses interlocuteurs, inaugurant un nouveau genre de politique étrangère : la diplomatie à géométrie variable.

    Ainsi lors de sa visite au Liban, madame Royal prend une position très claire concernant le survol par la chasse israélienne des positions des casques bleus basés le long de la frontière : "Je crois que les survols doivent cesser parce que c'est à la fois l'intérêt d'Israël et l'intérêt du Liban. Il faut respecter le mandat de l'Onu, le mandat de la Finul et donc il faut que ces survols cessent" (Reuters 1/12/06). Mais voilà, trois jour plus tard, lors de sa rencontre avec le premier ministre Ehud Olmert, elle prend une position bien différente. Ségolène Royal justifie désormais les survols des positions de la Force intérimaire des Nations unies au Liban par des appareils israéliens : "Je sais que ces survols sont liés à la défense de la sécurité d'Israël". (AFP, 4/12/06).

    Cette volte face diplomatique est tout d'abord préoccupante, car elle rend la position de la candidate socialiste illisible, ou plus exactement, elle permet aux différentes parties en présence d'y lire ce qu'elles souhaitent. Madame Royal applique aux affaires internationales la même stratégie qui a fait son succès dans les affaires intérieures françaises : celle du « kaléidoscope que l'on se passe de main en main, tel que chacun puisse donner à sa guise au chaos du hasard la forme et la couleur qu'il préfère », selon le bon mot de Didier Motchane (Libération, 10/10/06).

    Mais le véritable scandale est que Madame Royal a menti aux 1.650 soldats français engagés dans la Finul qui risquent leurs vies pour faire appliquer les résolutions de l'ONU et essayer de garantir la stabilité de la région. Alors que lors de sa rencontre avec le Général Alain Pélégrini, commandant de la FINUL, elle demande l'arrêt des survols israéliens qui mettent « en difficulté la Finul, porte[ent] atteinte à sa crédibilité » (Reuters, 1/12/06), elle donne finalement un blanc seing au gouvernement israélien pour qu'il poursuive le survol des positions de la FINUL. Volontairement ou non, consciemment ou non, la candidate socialiste expose ainsi directement les casques bleus, dont de nombreux soldats du pays qu'elle aspire à diriger. Le mépris de la vie de nos soldats au nom d'une pure stratégie de communication est tout simplement scandaleux.

    "J'évaluerai en fonction de propositions qui me sont faites"

    Les errements diplomatiques de Ségolène Royal ne s'arrêtent pas à ce dramatique épisode. Sa position vis à vis du Hamas, évolue jusqu'à la contradiction, au gré de ses interlocuteurs.

    Ainsi, au Liban, la candidate socialiste n'excluait pas « de rencontrer des élus palestiniens du Hamas » (REUTERS 1/12/06). Elle restait toutefois très prudente sur un éventuel contact avec le mouvement islamiste palestinien : « Je verrai les propositions qui me sont faites mais s'il s'agit d'élus démocratiquement désignés, je verrai ». A Gaza, lors de son entretien avec le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, Ségolène Royal prend position pour le rétablissement des aides financières à l'autorité palestinienne, supprimées par la communauté internationale lors de l'arrivée au pouvoir du Hamas. (« A Gaza, la candidate appuie Abbas », Libération, 4/12/06).

    Bref, au Liban et en Palestine, Madame Royal, bien que prudente, considérait que le Hamas avait une légitimité démocratique, puisqu'elle n'excluait pas de rencontrer certains de ses élus et prônait le rétablissement des aides financières au gouvernement dirigés par le Hamas.

    Volte-face, lors de sa rencontre avec Ehud Olmert : "En l'état actuel des choses, où le Hamas est sur la liste des organisations terroristes, il n'est pas question de parler aux dirigeants du Hamas", (AFP 4/12/06). Elle a néanmoins estimé « qu'il peut y avoir d'éventuels contacts dans le cadre des discussions menées par le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour former un gouvernement d'union » ; « Encore faudrait-il, a-t-elle ajouté, que le Hamas accepte les conditions fixées internationalement: reconnaissance de l'existence de l'Etat d'Israël et de tous les accords israélo-palestiniens conclus antérieurement, renonciation à la violence » (AFP 4/12/06).

    Si on considère que le Hamas a une légitimité démocratique, ne-serait il pas logique que le gouvernement israélien reconnaisse le gouvernement palestinien sans préalable ? Inversement, si le Hamas est une organisation terroriste, pourquoi lui rétablir les aides financières dont une partie pourrait être détournée pour financer le terrorisme ?

    Seule position sur laquelle la candidate socialiste n'a pas évoluée : le nucléaire iranien. Ségolène Royal s'est fermement engagée contre l'accès de l'Iran au « nucléaire civil » (celui-ci pouvant mener à terme au nucléaire militaire). Ce point mérite d'être débattu car Le nucléaire civil est élément clef du développement économique et écologique (pas de gaz à effet de serre) d'un pays. Par ailleurs, si les déclarations du président Iranien (appelant à « rayer Israël de la carte », ndlr) sont inquiétantes et doivent être prises au sérieux, nombreux sont les analystes qui estiment que l'arme nucléaire sert avant tout à sanctuariser un territoire, c'est à dire éviter une incursion extérieure et non à agresser.

    Il est surtout à espérer que Madame Royal ne rencontre pas le gouvernement Iranien, elle pourrait alors se rallier au droit de l'Iran à disposer de l'arme nucléaire...

    En France, Ségolène Royal met en avant sa féminitié et joue sur les états d'âme des français vis à vis de la classe politique. Force est de constater qu'en matière de politique étrangère elle est loin d'avoir l'âme et la stature d'une Femme d'Etat.

    Franc-tireur

  • Commentaires

    1
    Guillaume
    Mercredi 6 Décembre 2006 à 02:12
    un blog critique sur Ségolène
    Allez voir ce blog sur Ségolène Royal. Vous devriez en contacter l'auteur pour lui proposer ce texte, qui est tres bon. http://desirsdavenir.over-blog.com//article-4490781.html Amic'
    2
    franc-tireur1 Profil de franc-tireur1
    Mercredi 6 Décembre 2006 à 12:23
    Re
    Cher Guillaume, Merci pour le lien. J'ai jeté un coup d'oeil au site, il y a des infos trés intéressantes. Cependant, je me srefuse à donner dans "l'anti-ségolène primaire". Je souhaite dénoncer les incohérences et erreurs de l'enemble des acteurs publics, qu'ils soient politiques, économiques... Certes, je n'ai pas épargné la candidate socialiste ces derniers temps, mais c'est parcequ'on ne voit qu'elle dans les médias et que ces derniers la traitent avec une incroyable mansuétude ! Et j'ajoute, que pour une candidate à la présidentielle, ses faiblesses sont importantes et réelles. Mais, que l'on se rassure le tour de Sarkozy, Le Pen et d'autres, viendra. Cordialement Franc-tireur
    3
    Mercredi 6 Décembre 2006 à 13:57
    diplomtie de mde ROYAL
    bonjour, après de longs mois d'absence, je constate que les critiques sont toujours aussi bien écrites mais bien trop simplistes. sans vouloir défendre madame ROYAl, je constate cependant que son positionnement est celui de la France depuis le général DE GAULLE. Cr�?�©ation d'un �?�©tat palestinien viable? s�?�©curit�?�© des fronti�?�¨res et survie �?�©conomique S�?�©curisation et d�?�©fense de l'�?�©tat d'ISRA�??L contre toute forme d'agression y compris terroriste. quoi de nouveau? Concernant la FINUL, le survol des avions isra�?�ªliens marque en fait l'inexistence de couverture anti a�?�©rienne. c'est cela qui est inqui�?�¨tant car aucune troupe des USA dans ces conditions auraient �?�©t�?�© d�?�©ploy�?�©es sur ce terrain. cela veut dire tout simplement qu'une couverture antia�?�©rienne efficace donc cr�?�©dible est automatis�?�©e, c'est �?�  dire automatique sans intervention humaine. nous avons donc pu constater que cela n'�?�©tait pas le cas; �?�  qui la faute? qui a accept�?�© le d�?�©loiement de nos forces dans ces conditions? Qui est donc l�?�©gitimement responsable? concernant l'IRAN la position de madame ROYAL est celle en "OFF" de tous les responsables occidentaux et Arabes. vous devriez le savoir et dans ces conditions pourquoi le dire �?�  moins que vous ne le sachiez pas, dans ces conditions il faut alors se taire.
    4
    Franc-tireur
    Mercredi 6 Décembre 2006 à 14:25
    Re - diplomatie de mde Royal
    Plusieurs précisions a apporter aux remarque de Gilles. Je suis d'accord avec votre remarque sur le survol des positions de la FINUL : le problème fondamental vient d'abord de l'abscence de couverture aérienne, qui n'aurait de toute façon pas été admise par Israël et donc les Etats-Unis. Mais ceci, n'exonère en rien Madame Royal : elle a bel et bien pris deux positions contradictoires à trois jours de différence ! Si elle avait voulu faire de la "diplomatie autrement", pourquoi n'a t-elle pas dénoncé l'attitude de ceux qui ont envoyé nos troupes sans garantie quant à leur protection aerienne ? Elle aurait pu au passage dénoncer la passivité avec laquelle les responsables politiques français ont laissé l'armée Israëlienne pilonner le Liban. D'ailleeurs, à cette époque il n'y avait eu que des protestations du bout des lèvres de la part des Etats arabes Sunnites et wahabites qui espéraient clairement que Tsahal fasse la peau au Hezblolah Chiite. Vis à vis du nucléaire iranien, on retrouve à nouveau le clivage Sunnites/chiites. La position générale de Madame Royal est de ce fait bien plus dans la droite ligne du département d'état US que dans celle du quai d'Orsay, qui sur le nucléaire ou la barrière de sécurité affiche des positions différentes. C'est tout à fait le droit de la candidate socialiste de défendre une telle position. Mais je persiste : en fonction de ses interlocuteurs, Madame Royale prend des positions différentes, pour ne déplaire à personne... Sincèrement, à l'exception de certains extrémistes, qui ne serait pas d'accord avec le principe du droit à la sécurité de l'Etat hébreux, et du droit des palestiniens à un Etat viable ? Et dernière remarque, un etat viable c'est un Etat souverain : comment, dés lors, justifier les violations répétées de souveraineté par l'armée israélienne ? Cordialement.
    5
    Mercredi 13 Décembre 2006 à 17:37
    chevènement, le bouffon de la république
    Monsieur Chevènement renonce à être candidat. Tout son cirque pour en arriver à annoncer, dans une mise en scène convenue d’avance, son ralliement à Madame Ségolène Royal. Avec ce ralliement le NON de gauche (à la constitution européenne) n’en finit plus de ce dissoudre dans le OUI. Il s’agit de la part de Monsieur Chevènement d’une véritable abjuration. Avec ce reniement le candidat qui en 2002 voulait faire « turbuler le système » disparaît dans les poubelles de la petite histoire politique de notre pays. Ce reniement a débuté par un renoncement. Dès les résultats du premier tour, le 22 avril 2002, Chevènement déclare vouloir travailler à une recomposition républicaine de la gauche, abandonnant ainsi la ligne politique qui motivait sa candidature; à savoir la refondation de la république sur des valeurs qu’il situe au-dessus de la gauche et de la droite, notamment l’idée de nation; et à l’aide d’un outil, le pôle républicain, sensé rassembler des républicains des « deux rives » Il serait trop long d’énumérer les raisons de ce revirement. Le rassemblement populaire et patriotique autour des valeurs républicaines et souverainistes porté par Philippe De Villiers me semble être dans l’esprit du pôle républicain. C’est pour cela que je suis à fond au MPF.
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