• Susan Sontag,

    une femme d’exception

      par Élaine Audet   mer

     

    Source : Wikipedia

    Le 29 décembre 2004, alors que le monde entier pleurait les milliers de victimes des raz-de-marée en Asie du Sud-Est, on apprenait la mort de l’essayiste et romancière américaine Susan Sontag à l’âge de 71 ans. Depuis 30 ans, elle luttait avec succès contre le cancer qui l’a finalement vaincue. Auteure de dix-sept livres, traduits en trente-deux langues, dont quatre romans, des nouvelles, quatre films, des pièces de théâtre et huit essais, elle a collaboré dès sa fondation à la célèbre New York Review of Books et n’a cessé de prendre publiquement position dans tous les grands débats culturels et politiques de son époque. Ses principales œuvres sont Against Interpretation (1966) ; Styles of Radical Will (1969) ; On Photography (1977) ; Illness as Metaphor (1978) ; Under the Sign of Saturn (1980) ; AIDS and Its Metaphors (1988).

     

    On se souviendra de ses prises de position contre la peine de mort, la guerre du Vietnam, l’envahissement de l’Irak par les forces anglo-américaines, la politique d’Israël face au peuple palestinien et de ses déclarations, après les attentats du 11 septembre, conspuant "la superpuissance autoproclamée" des États-Unis. Son texte, dénonçant les tortures dans la prison irakienne d’Abou Gharib, publié en mai 2004, constituera sa dernière grande prise de position publique. « The photographs are us ». Les photographies, c’est nous, notre guerre, notre occupation, notre politique, écrit-elle. Elle y compare les photos des tortionnaires souriants à celles des lynchages dans le sud des États-Unis entre 1880 et 1930, et explique comment la violence, dans la torture comme dans la pornographie, fait désormais partie de la culture de divertissement américaine.

    Susan Sontag est née le 16 janvier 1933 à New York, dans une famille juive d’origine polonaise, d’une mère institutrice et d’un négociant en fourrures mort en Chine alors qu’elle avait 5 ans. Dans ses biographies, on apprend qu’elle sait lire à l’âge de 3 ans, qu’à 6 ans, elle a lu une biographie de Marie Curie et découvert l’importance de la justice sociale dans Les Misérables, de Victor Hugo. Elle a passé son baccalauréat à 15 ans, s’est mariée à 17 ans avec un de ses professeurs, Philip Rieff, a obtenu sa maîtrise de l’Université de Chicago à 18 ans et a étudié en philosophie à Harvard. Entre-temps, elle a donné naissance à un garçon, David. À 26 ans, elle divorce et possède déjà la pleine maîtrise de sa vie et de son œuvre. À la fin des années 80, elle se lie à la photographe Annie Leibovitz qui partagera sa vie jusqu’à sa mort. En 1999, elle publie avec elle Women, un album d’une centaine de portraits de femmes célèbres avec leur biographie. Le livre commence par le portrait de la mère de Leibovitz et se termine par celui de Sontag, de qui la photographe a fait plusieurs portraits inoubliables.

    Elle découvre à 12 ans toute l’horreur dont l’humain est capable en feuilletant, dans une librairie de New York, un livre sur les camps de concentration. C’est un choc intense, dit-elle, surtout une photo montrant des centaines de lunettes de déporté-es entassées en pyramide. Elle imagine, derrière chaque paire de lunettes, un homme, une femme, un enfant. Ce qui était abstrait est devenu irrémédiablement réel. De là sa fascination pour la photographie dont elle analysera le rôle dans un de ses essais les plus célèbres, On Photography (1977). Elle incite le spectateur à ne pas accepter les photos comme des preuves, mais comme le résultat du "conflit entre deux impératifs : embellir, impératif hérité des beaux-arts, et dire la vérité". Elle a illustré cette conception en commentant des photos célèbres comme celles prises lors de l’exposition du cadavre de Guevara en Bolivie ou des tortures de prisonniers irakiens par des soldats américains dans la prison d’Abou Gharib. Depuis un demi-siècle, affirme-t-elle, ce sont les photos qui ont déterminé "comment les conflits importants sont jugés et rappelés".

    Déchirée entre l’éthique et l’esthétique

    Toute sa vie, Sontag cherchera à atteindre le parfait équilibre entre l’éthique et l’esthétique. Elle se définit elle-même comme "une incurable esthète, une moraliste obsédée et une fanatique du sérieux". Selon ses amis, elle avait l’art de soulever les questions d’une façon nouvelle, d’apporter un angle que personne n’avait vu, de créer un effet de surprise qui forçait à réfléchir et provoquait la polémique. En 1964, elle publie l’essai qui la rendra célèbre internationalement, Notes on "Camp", où elle définit une culture inspirée par la mouvance homosexuelle, qu’on qualifierait aujourd’hui de "queer". Elle y fait l’éloge d’une nouvelle sensibilité urbaine apolitique dont l’accent est mis, comme chez Warhol par exemple, sur la vénération du style, l’exagération théâtrale, l’artifice et le mauvais goût. "Si mauvais, que c’est bon" ("so bad it’s good") ! Elle dit ressentir autant d’attirance que de répulsion pour cette culture et n’a jamais cessé de réfléchir sur l’attrait paradoxal des pensées "extrêmes", transgressives.

    Sontag refuse la séparation du contenu et de la forme. Dans Against Interpretation (1966), elle écrit : "La profusion des interprétations de l’art aujourd’hui empoisonne notre sensibilité. Dans une culture dont le dilemme classique est l’hypertrophie de l’intellect au détriment de l’énergie et du développement des sens, l’interprétation est la revanche de l’intellect sur l’art. […] Le plus important maintenant est de recouvrer nos sens. Nous devons apprendre à voir davantage, à écouter davantage, à sentir davantage." Elle se proclame amoureuse des surfaces et affirme que la tâche du critique n’est pas d’interpréter ce qu’une oeuvre "veut dire", mais plutôt de montrer "comment elle est ce qu’elle est." Avec un sens de la formule qui ne lui fait jamais défaut, elle déclare "qu’il faut remplacer l’herméneutique (l’explication des textes) par l’érotique de l’art". Pour elle, toute interprétation tend à tuer le pouvoir incantatoire et magique de l’art. À l’instar de Roland Barthes, dont elle se sent très proche, elle considère l’art comme une célébration, un moyen de "faire partager ses passions". Alors que la plupart des critiques américains se définissent à partir du passé, Sontag se fait l’avocate de l’ici et maintenant, en développant sa propre vision au contact de la culture émergente. Mais, déclare-t-elle en 1998, beaucoup plus qu’envers la défense de la littérature, "notre premier devoir est la solidarité humaine".

    Elle poursuit sa lutte "contre l’interprétation" de l’art dans ses deux livres consacrés à la maladie Illness as Metaphor (1978) et AIDS and Its Metaphors (1988), en cherchant à étendre son analyse au "monde réel", à celui du corps. Pour elle, il ne faut considérer les maladies dites mortelles - le cancer, le sida - "ni comme une malédiction, ni comme une punition, ni comme une gêne". Sans "signification profonde", ce sont simplement des maladies et pas forcément mortelles. "La mort fait partie de la dignité et du sérieux de la vie", ajoute-t-elle. Ses essais sont impersonnels et on y cherchera en vain une allusion à sa propre expérience, à ses relations personnelles ou à sa lutte constante contre le cancer.

    Déclarant aimer plus que tout l’écriture de fiction et vouloir y consacrer le plus clair de son temps, Sontag publie, en 1992, The Volcano Lover, roman historique sur les amours de Lord Nelson et d’Emma Hamilton, de facture conventionnelle, contraire aux canons qu’elle avait elle-même promus dans ses essais sur le style et la forme. On retrouve les mêmes éléments, intrigues sentimentales légères sur fond historique très documenté, dans son dernier roman In America (2000), qui raconte la vie d’une actrice polonaise venue vivre aux États-Unis à la fin du XIXe siècle pour y établir une communauté utopique. Le livre ne remporte pas le succès public et critique escompté mais reçoit le National Book Award.

    L’art, le fascisme et la pornographie

    Au cours des années 1970, avec la fin de la guerre du Vietnam et l’essoufflement de la "contre-culture", Sontag remet en question les conceptions qu’elle a défendues dans ses notes sur l’esthétique "camp", dans lesquelles elle admettait qu’on puisse considérer la culture nazie ou les films de Leni Riefenstahl comme des formes d’art appréciables. "On pense généralement, écrit-elle, que le national-socialisme ne signifie que la brutalité et la terreur. Il constitue aussi un idéal ou des idéaux présents sous d’autres bannières et qui persistent aujourd’hui : l’idéal de la vie comme art, le culte de la beauté, le fétichisme du courage, la dissolution de l’aliénation dans le sentiment extatique de la communauté, la répudiation de l’intellect...".

    Plus tard, Sontag justifie son virage par le fait que les temps ont changé : "Un art qui paraissait éminemment digne d’être promu il y a dix ans, au nom du goût minoritaire ou contestataire, ne paraît plus défendable aujourd’hui, parce que les questions éthiques et culturelles qu’il soulève sont devenues sérieuses, dangereuses même... " Des raisons qui semblent plutôt superficielles, "les questions éthiques et culturelles" que soulève un tel art, qui érotise et esthétise la violence, la haine, et les rapports de domination, étant les mêmes dix ans plus tard.

    Dans Fascinating Fascism (1975), Sontag déclare qu’il "n’est pas étonnant que le sadomasochisme soit ces derniers temps associé au symbolisme nazi : car jamais auparavant la relation maîtres-esclaves n’a été si consciemment esthétisée. […] La couleur est noire, la matière est le cuir, la séduction est la beauté, la justification est l’honnêteté, le but est l’extase, le fantasme la mort."

    Dans la New York Review of Books (1), la poète et essayiste féministe, Adrienne Rich, lui écrit au sujet de cet essai : "Que sont les thèmes de domination et d’esclavage, de lubricité et d’idéalisme, de perfection physique masculine et de mort, ’de contrôle, de soumission, et de force extrême’, ’la transformation des personnes en choses’,’la vitalité…identifiée au supplice physique’, ’l’objectification du corps coupé des émotions’ - de quoi est-il question sinon des valeurs masculinistes, viriles, patriarcales ?"

    Elle se demande si "l’emballement pour de tels thèmes ne reflète pas en ce moment un aspect du ressac provoqué par une fausse virilité qui se sent menacée par le rejet féministe de ses valeurs, ainsi que par la prise de conscience graduelle de femmes qui ne se réclament pas du féminisme ?" Elle regrette que Sontag n’ait pas exploré plus à fond la complexité d’un tel sujet et qu’elle n’ait pas poussé son exploration de ce culte [des symboles fascistes] au-delà de l’expression d’une mode, ou même du phénomène fasciste en soi, et qu’elle ne l’ait pas perçu à la lumière de l’histoire patriarcale, de la sexualité, de la pornographie et du pouvoir, les premières personnes transformées en choses étant toujours des femmes, les qualités (négatives) féminines étant attribuées à tous les groupes dominés afin de justifier leur oppression."

    Sontag lui répliquera que "la passion féministe appliquée à un sujet historique particulier aboutit à des conclusions qui, même vraies, sont extrêmement générales. Comme toute vérité morale importante, le féminisme est un peu simple d’esprit. C’est ce qui fait sa force et, comme le montre l’argumentation de Rich dans sa lettre, ce qui représente aussi sa limite." Sontag conclut que "ce n’est pas une trahison de penser qu’il y a d’autres objectifs que la dépolarisation des deux sexes, d’autres blessures que des blessures sexuelles, d’autres identités que l’identité sexuelle, d’autres enjeux politiques que les enjeux sexuels -et d’autres "valeurs anti-humaines" que les valeurs misogynes."

    Dans L’Envers de la nuit (2), Rich exprimera les mêmes divergences à propos des positions de Sontag dans The Pornographic Imagination (1967) : "Dire que l’objet de la sexualité est la mort me semble aussi romantique que de dire que c’est l’Éros. C’est une affirmation abstraite […]. Pour celles d’entre nous qui font chaque jour l’expérience des répercussions de la pornographie, non pas sous la forme de l’art mais sous la forme du viol, de l’assaut et de la peur de sortir seule dans la rue à la nuit tombée, ce genre d’affirmation n’apprend rien."

    Pour Rich, il s’agit "d’un humanisme qui a défendu Histoire d’0 et les écrits du marquis de Sade au nom de l’art révolutionnaire et de la philosophie politique. Un humanisme qui refuse de voir que ses leitmotivs (la réduction des femmes par la violence à l’état de chair détestée, à l’état, littéralement, d’excréments) préfigurent et rappellent tout à la fois l’Holocauste, les camps de travail sibériens et les atrocités au Vietnam, au Chili et partout où l’on a tenté et souvent avec succès d’écraser l’âme d’un peuple".

    D’autres auteures féministes, comme Susan Griffin (3), objecteront à la position "esthétique" de Sontag sur la pornographie que celle-ci, "en tant que femme, n’en parle jamais à partir de sa propre expérience. Car comment l’expérience de l’idée pornographique d’une femme peut-elle être expérimentée ?" Pour Griffin, la quête du non-être, de l’anéantissement de soi, est un fantasme masculin. Un débat, loin d’être clos, alors qu’il y a toujours des intellectuel-les "progressistes" pour faire de la prostitution et de la pornographie une forme d’art.

    Créer son propre mythe et le perpétuer

    Femme exceptionnelle, très médiatisée, que l’intelligence, l’indépendance, l’audace, le franc-parler et la beauté ont propulsée au sommet de l’intelligentsia occidentale, elle a su se créer une personnalité, tant esthétique qu’intellectuelle, qui deviendra un modèle de rigueur et de beauté pour ses contemporain-es. On lui a reconnu unanimement une capacité de synthèse hors du commun. Dans une entrevue au magazine Times en 1992, l’écrivain mexicain Carlos Fuentes l’a comparée à l’humaniste de la Renaissance, Erasme, qui voyageait avec 32 volumes contenant tout le savoir digne d’intérêt : "Susan Sontag porte tout cela dans son cerveau ! Je ne connais aucun autre intellectuel qui a les idées si claires et une telle capacité de faire des liens, connecter, relier." Dans ce même article du Times, elle déclarait que son but n’était pas d’exprimer l’aliénation, qu’elle était plutôt intéressée par diverses formes d’engagements passionnés et que le message de toute son œuvre pouvait se résumer à : "soyez sérieux, soyez passioné-es, réveillez-vous" !

    Les médias ont souvent accolé l’étiquette féministe au nom de Sontag, même si le combat contre toute forme de discrimination fondée sur le sexe n’est apparemment pas une de ses priorités, comme le démontrent ses prises de position sur la pornographie et ses multiples interventions politiques dont elle ne fait ressortir aucun angle fémininiste ou même féminin précis. Ainsi prend-t-on pour acquis que les femmes qui font leur place dans un monde d’hommes sont nécessairement féministes, même si c’est souvent à leur acceptation des règles patriarcales du jeu qu’elles doivent leur reconnaissance sociale. Ces exceptions servent ainsi de modèles inaccessibles pour la plupart des femmes parce qu’elles sont des exceptions justement, qui servent à faire oublier que la majorité des femmes continuent à vivre dans des conditions d’inégalité, de pauvreté, de violence et d’oppression. Sontag reconnaissait elle-même récemment avoir "oublié" de parler de la question des femmes, étant préoccupée par des problèmes plus pressants.

    L’éclat de son intelligence, l’étendue de ses connaissances, son sérieux et sa force de conviction n’ont cessé de fasciner. Son visage aux traits volontaires, sa bouche généreuse, sa voix sensuelle, son regard intense, sa longue chevelure noire traversée d’une mèche blanche font partie des "icônes" populaires du XXe siècle. Une personnalité de son envergure était loin, cependant, de n’avoir que des admirateurs. Certains critiques ne voyaient en elle qu’une habile vulgarisatrice des idées des autres et lui reprochaient les fréquentes remises en question de ses positions antérieures, notamment sur sa défense de Riefenstahl ou du communisme qu’elle en est venue à considérer, après l’avoir défendu dans son célèbre essai sur le Vietnam, comme un "fascisme à visage humain". On l’a accusée de cultiver la provocation pour attirer l’attention des médias et, même, de plagiat dans son dernier roman In America. Il est clair que les contradictions ne lui font pas peur, car pour elle, "la vie de l’esprit repose sur la capacité de remettre en question, de réinventer les idées".

    Elle avait l’air de tout savoir, une bibliothèque personnelle de 25 000 volumes illustrait l’ampleur de sa curiosité et de son érudition. Quelques mois avant de mourir, elle confiait à une journaliste avoir l’impression d’être au milieu de sa vie, d’avoir encore tant à dire ! De l’avis de tous ceux qui l’ont rencontrée, elle était habitée par une force vitale hors du commun, un insatiable appétit de vivre, de penser, de tout connaître, de témoigner, de créer, animée par l’amour de "la vérité" et dévorée par le désir constant de se dépasser. Pour elle, "la seule intelligence qui vaille d’être défendue, c’est une intelligence critique, dialectique, sceptique et désimplifiante ».

    Notes

    1. Adrienne Rich reply by Susan Sontag, "Feminism and Fascism : An exchange", New York Review of Books, 6 février, 1975.
    2. Laura Lederer et al., L’envers de la nuit, Montréal, Remue-ménage, 1983. Postface A. Rich, p. 364-367.
    3. Susan Griffin, Pornography and Silence, Culture’s revenge Against Nature, New York, Harper & Row, 1981), p. 229.

    Sources

    - Raphaëlle Rérolle, "Un formidable appétit de vivre", Le Monde, 30 décembre 2004.
    - Susan Rubin Suleiman, "De l’esthétisme "camp" aux engagements éthiques", Le Monde, 30 décembre 2004.
    - Margalit Fox, " Susan Sontag, Social Critic With Verve, Dies at 71", New York Times, December 28, 2004.
    - Charles Mc Grath, "An Appreciation : Susan Sontag, A Rigorous Intellectual Dressed in Glamour, New York Times, December 29, 2004.
    - Susan Sontag, "Mort d’une moraliste obstinée, Susan Sontag, la plus européenne des intellectuelles américaines, décède à 71 ans", Le Devoir, 29 décembre 2004.
    - L’œuvre de Susan Sontag publiée chez Farrar, Strauss, Giroux à New York.


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  • Guillaume Musso

    Né en 1974 à Antibes (Alpes-Maritimes), Guillaume Musso rencontre la littérature à dix ans et est convaincu, dès ce moment, qu’il veut écrire un jour des romans.

    A 19 ans, Guillaume Musso part plusieurs mois aux États-Unis, et découvre New York qu’il adore immédiatement. Pour financer son voyage, il se trouve un job de vendeur de crèmes glacées et cohabite avec des travailleurs de toutes nationalités. Il dit avoir beaucoup appris de cette période. En tout cas, il rentre en France avec des idées de romans plein la tête.

    Après une licence de sciences économiques, il passe le Capes de sciences-éco, pour exercer avec conviction le métier de professeur. En 2004, Guillaume Musso confie son roman Et Après... à XO. Bernard Fixot est enthousiasmé par l’atmosphère unique que crée ce jeune auteur à l’écriture moderne. Et Après… est vendu à plus d’1,5 million d’exemplaires et traduit dans une vingtaine de langues. Cette incroyable rencontre avec les lecteurs, suivie par l’immense succès de Sauve-moi, Seras-tu là ?, Parce que je t’aime et Je reviens te chercher fait de lui un des auteurs français favoris du grand public, traduit dans le monde entier, et adapté au cinéma.

    Et Après…, produit par Fidélité Productions et réalisé par Gilles Bourdos, avec Romain Duris, John Malkovich et Evangeline Lilly, est sorti sur les écrans français en janvier 2009. Les droits cinéma de Seras-tu là ? et Parce que je t’aime ont également été acquis par les Films Christian Fechner et UGC.


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  • L'Ultra-liberalisme

     

    Quel est le pourcentage de la population vivant au-dessous du seuil de pauvreté monétaire en France? 7,5%.

    Aux Etats-Unis? 19,1%.

    Voici quelques chiffres extraits du rapport mondial sur le développement humain (1998), publié par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

    Sur les dix-sept pays industrialisés considérés dans cette statistique, Les Etats-Unis viennent en Tête, et de loin, pour le nombre d'individus vivant au-dessous du seuil de pauvreté.

    Les Etats-Unis médaille d'or de la pauvreté! Qu'on ne nous chante plus à tout propos la prospérité, l'allégresse générale régnant chez ces chantres de l'ultraliberalisme. A moins que l'on ne compte pour rien, pour rayer du nombre des humains, les plus défavorisés d'entre eux.

    Pour en revenir au rapport du PNUD, qu'en est-il de la "pauvreté humaine" qui inclut la pauvreté monétaire, dont il est question plus haut, mais qui tient compte aussi d'autres variables comme, par exemple, le taux d' illetrisme, le chômage de longue durée, les chances de survie? Et bien, là aussi, les Etats Unis sont médaille d'or avec 16,5%.

    Ainsi la première puissance économique mondiale est aussi, parmi les pays industrialisés, la première en ce qui concerne les taux de pauvreté de sa population. Voilà qui donne à réfléchir sur le sens, la qualité, la nature de cette économie mondiale. En particulier celle, purement ultraliberale, des Etats Unis.

    Dans ce pays si riche, qui abrite des fortunes de plus en plus insensées, le rôle de la sécurité sociale est très réduit malgré les efforts de plusieurs présidents, dont Bill Clinton: tous ont échoué, vaincus par les lobbies. La maladie, aux Etats Unis, peut très souvent exclure d'emblée et irrémédiablement. La guérison est aléatoire, fonction du budget individuel. Il est courant pour un hôpital de refuser un patient, même amené d'urgence, même s'il est un blessé de la route, si sa solvabilité n'est pas attestée. Ce qui signifie sinon un homicide volontaire, au moins un délit de non-assistance à personne en danger.

    Le nombre de prisonniers de droit commun - deux millions! - n'apparaît évidement pas dans les statistiques du chômage. La plupart, presque tous, appartiennent à des minorités pauvres; libre, ils auraient fait partie des sans emplois, inscrit ou non; or, l'évidence, une fois incarcérés, ils n'apparaissent plus sur les listes de demandeurs d'emploi.

    Mais, surtout, un nombre colossal d'homme et de femmes vivent dans la misère, le plus souvent trop découragé, épuisé, trop exclus pour s'inscrire au chômage, d'autant plus qu'il est à peine indemnisée et pour un laps de temps très bref.

    A-t-on réfléchi au gâchis humain que cela représente? A l'inconscience, à la régression qu'une telle situation constitue? A la façon dont les droits de l'homme se trouvent ainsi bafoués?

    Lorcequ'il est question de la misère aux Etats-Unis, les dénégations vigoureuses et vagues signifient surtout qu'elle est estimée comme un détail sans importance. On voit à quel point joue l'intoxication, et qu'il est capital de n'accepter aucun des clichés de la propagande.

     

    Extraits du livre "UNE ETRANGE DICTATURE" de Viviane Forre

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  • Le brouillard



    Le brouillard a tout mis
    Dans son sac de coton;
    Le brouillard a tout pris
    Autour de ma maison.

    Plus de fleurs au jardin,
    Plus d'arbres dans l'allée,
    La serre du voisin
    Semble s'être envolée.

    Et je ne sais vraiment
    Où peut s'être posé
    Le moineau que j'entends
    Si tristement siffler.

    Auteur inconnu


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  •  

    Gabrielle Roy

    1909-1983
    Femme de lettres québécoise


    Gabrielle Roy est née le 22 mars 1909 à Saint-Boniface au Manitoba. Elle fut institutrice au Manitoba jusqu'en 1937.

    En 1937, elle va étudier l'art dramatique en Europe. C'est durant son séjour en Europe qu'elle commence à écrire. Après deux ans, elle revient à Montréal et y demeure pendant dix ans.

    Elle connaît la notoriété dès son premier roman, Bonheur d'occasion. Écrit en 1945, cette oeuvre décrit la vie d'un quartier ouvrier de Montréal et remporte le prix du Gouverneur général et, en France, le prix Fémina (1947).

    Trois autres romans lui vaudront le prix du Gouverneur général: La Petite Poule d'Eau (1955), Rue Deschambault (1957), Ces enfants de ma vie (1977).

    Ses romans décrivent des situations et mettent en scène des personnages universels. Plusieurs de ses romans ont été traduits en plusieurs langues, notamment en russe.

    En 1969, elle se mérite le prix David et, en 1976, le prix Molson décerné par le Conseil des arts du Canada, pour l'ensemble de son oeuvre.

    S'étant mariée à Québec en 1952, elle y demeurera jusqu'à son décès, en juillet 1983.

    Elle a été la première femme admise à la Société Royale du Canada.

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