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    LA DISSERTATION LITTERAIRE
    (Cours méthodologique pour lycéens (1re-Tle) et étudiants (Licence 1)).
     

     

    Une argumentation construite et cohérente qui s'appuie sur une problématique liée à un genre littéraire et à une œuvre particulière.

    Le sujet peut :

    - présenter une opinion à discuter;
    - demander d'expliquer un point de vue ;
    - susciter le commentaire d'une citation.

    Dans le travail préliminaire:
    - étudier l'énoncé, cerner la problématique :
    - repérer les composantes du sujet ;
    - analyser les mots clés ;
    - reformuler la question posée.
    - Rechercher des arguments et des exemples :
    - établir une liste détaillée ;
    - noter des citations.

    La démarche peut être :

    - dialectique ;
    - thématique ;
    - analytique.

    Le plan détaillé met en valeur un raisonnement progressif et comporte :
    - des sous-parties ;
    - des idées principales ;
    - des arguments et des exemples hiérarchisés ;
    - des articulations logiques.

    Rédiger c'est :

    - composer des paragraphes ;
    - insérer des exemples précis et des citations exactes ;
    - rédiger des transitions ;
    - introduire (préambule, citation et problématique, annonce du plan) ;
    - conclure (bilan, réponse à la question, élargissement).

    Pour réussir une dissertation littéraire, vous devez :
    - posséder une connaissance approfondie des œuvres étudiées, avoir lu d'autres livres du même auteur ou du même genre ;
    - cerner avec rigueur les enjeux d'un sujet, afin d'éviter le hors sujet ;
    - ne pas confondre l'épreuve avec une question de cours.
    - mobiliser l'ensemble des connaissances littéraires que vous avez acquises.
    La dissertation est un exercice différent de l'analyse textuelle proprement dite, dans la mesure où vous n'avez pas forcément un texte à commenter, à expliquer ou à résumer: Vous devez composer votre devoir à partir d'un «sujet» très court, qui comporte souvent une citation, ou une formule gnomique (pensée, proverbe, sentence...). Le but de l'exercice n'est pas tant de faire preuve de connaissances sur un sujet donné que de prouver que vous êtes capable de construire une argumentation claire, complète et équilibrée.
    En d'autres termes, vous organisez un débat où vous jouerez à la fois le rôle de participants ayant chacun des vues contradictoires sur le sujet donné, et celui de l'arbitre, de l'animateur du débat, qui fait les présentations, organise les échanges, et conclut à la fin sur ce qu'on peut tirer de ce débat. En bon animateur, vous devrez canaliser les interventions, demander à chacun de s'expliquer, et surtout rester aussi neutre que possible, même lorsque vous faites valoir votre propre opinion .

    Gardez à l'esprit le sens et le but de votre travail tels que les conçoit le correcteur, qui va très rapidement décider de la valeur globale de votre devoir à partir
    1) de la problématique que vous indiquez (conforme au sujet, ou hors-sujet)
    2) de la qualité du plan
    3) de la qualité des diverses parties du devoir (introduction, développement, conclusion)
    4) de la qualité du détail de votre argumentation (précision et pertinence des arguments, des exemples)
    5) de la qualité de la langue, en particulier de la précision de la syntaxe, de la richesse et de la variété du vocabulaire et, éventuellement, des aspects stylistiques.

    • Comprendre le sujet.

    Cela semble aller de soi et pourtant c'est ici que bien des échecs trouvent leur origine. On conseille de relever les mots clés de l'énoncé, de s'assurer de leur sens, d'examiner ainsi le lexique choisi (niveau de langue, figures de style, connotations). Chaque mot doit être pesé; les sens propres, les sens figurés et même les expressions dans lesquelles il peut recevoir une acception différente, tout cela doit être soigneusement clarifié afin de permettre un développement correct. Cependant, en général, ce n'est pas le vocabulaire qui pose un problème de compréhension mais bien le rapport entre les mots.
    Ensuite, il est utile de diviser le sujet, surtout s'il est vaste, en plusieurs éléments qui sont analysés successivement.
    Lorsque l'analyse sémantique et syntaxique est réalisée, reformulez le sujet en d'autres termes.
    L'énoncé du sujet implique souvent le plan de votre travail. On peut vous demander de "démontrer, justifier, discuter, développer, examiner, expliquer, comparer, commenter". Certains de ces termes sont synonymes et supposent la même démarche.

    o Expliquer, c'est tirer au clair, faire comprendre. Souvent, il faut s'interroger sur les causes. Expliquer ne va pas sans développer, c'est-à-dire décrire les différents aspects de la problématique.
    o Montrer ou démontrer demande qu'on prenne parti pour l'opinion donnée. Il s'agit alors de négliger certaines facettes du problème au profit d'autres. Montrer revient aussi à illustrer, se servir d'exemples.
    o Justifier est comparable à démontrer mais on emploie plutôt ce terme pour une décision, comme "Justifiez la censure...".
    o Discuter d'un sujet, c'est au contraire envisager le pour et le contre. Après avoir développé les arguments, on est tenté de prendre position mais la "discussion" ne l'implique pas. On peut considérer qu' examiner est synonyme de discuter.
    o Comparer est sans doute l'opération la plus intéressante qui consiste à examiner plusieurs objets (oeuvres, auteurs, personnages, siècles, mouvements ou encore, opinions) sous un même rapport pour en faire ressortir différences et ressemblances. Il faut donc déterminer des points précis de comparaison.
    o Commenter offre une grande liberté et englobe les démarches précédentes. Un commentaire explique les différents aspects et les développe. Si le sujet s'y prête, on peut aussi discuter et finalement prendre position.

    • Exploiter le sujet.

    Lorsque la proposition est clairement comprise dans ses multiples implications, il faut vous donner un temps de réflexion. Sur une grande feuille de papier notez en un classement sommaire et évolutif : faits, idées, exemples, arguments, formulations, tels qu'ils viennent à l'esprit, sans vous soucier encore de la rédaction. Imaginez par exemple un débat entre adversaires et partisans de chaque idée. Partez du concret (souvenirs personnels, observations, lectures) pour atteindre les idées, l'abstrait. Prenez en considération le contexte dans lequel s'insère le travail demandé (actualité, type d'orientation scolaire, matière vue à ce moment...). Après avoir soigneusement réfléchi, déterminez la position (la problématique) que vous adopterez en finale à l'aide des questions suivantes : Quel thème aborde le sujet ? Quel est le problème posé ? Que faut-il montrer ?; autrement dit reformulez clairement avec vos propres mots la question posée , c'est à dire l'ensemble des questions soulevées par le sujet, à partir duquel vous dégagerez une prise de position et élaborerez un plan.
    Les sujets de dissertation donnent rarement lieu à des réponses tranchées et définitives. Ce qui vous est demandé, c'est de proposer "des décisions, des choix raisonnés de la part de celui qui l'[la dissertation] entreprend, ces choix n'étant pas exclusifs d'autres mais posés à un moment donné, au terme d'une démarche limitée dans le temps et dans l'espace."

    • Composition.
    La dissertation obéit à des types de plans qu'on peut ramener à quatre :
    o le plan dialectique vous demande d'examiner un jugement, d'en montrer les limites voire de le réfuter (voir ce mot). C'est le fameux plan "thèse/antithèse/synthèse", plus rarement deux : Thèse/Antithèse. Il convient aux sujets qui invitent à discuter un point de vue. Toutefois, la synthèse, phase délicate de la démarche, ne se borne pas à un compromis entre la thèse et l'antithèse : elle vise à dépasser l'opposition selon une perspective plus large. Approfondissement de la réflexion, elle prend la forme d'une nouvelle thèse. Attention ce plan est dangereux car il peut conduire à des catastrophes... il faut le savoir. Il est en outre très efficace.
    On reconnaît aussi ce type de plan au libellé du sujet : les questions "Pensez-vous que...", "Dans quelle mesure peut-on dire que...", "Partagez-vous ce point de vue" etc. sont sans ambiguïté. Il vous faudra confronter les thèses avant d'exprimer nettement un avis personnel.
    La méthode dialectique consiste à examiner de façon contrastive les arguments en faveur de l'une ou l'autre possibilité (qui comporteront souvent des arguments accessoires), dans une thèse puis une antithèse, et ce de façon aussi équilibrée et objective que possible. Il ne faut donc jamais argumenter en faveur d'une seule des possibilités, ou en privilégier une trop nettement au détriment de l'autre.
    Votre réflexion débouchera ensuite sur une synthèse, c'est-à-dire une argumentation qui unit ce qui est compatible entre la thèse et l'antithèse, en expliquant quelles sont les réserves qui subsistent, mais qu'on peut écarter afin de trouver une issue à la contradiction.
    La conclusion ne doit pas se confondre avec la synthèse; elle doit se situer à un autre niveau de réflexion, par exemple en commentant sur l'intérêt que présente le sujet, sur la possibilité de voir l'analyse que vous proposez évoluer dans l'avenir, ou varier dans des circonstances différentes.

    o le plan thématique s'apparente au contraire à l'exposé. Il se reconnaît en ce qu'il n'invite pas à une confrontation de thèses : un jugement, ou une simple question, demandent à être étayés dans divers domaines qui constituent autant de thèmes où la notion va trouver sa justification. Il consiste à fournir un certain nombre d'arguments organisés capables de valider le jugement ou de répondre à la question qu'on vous a proposés mais dans tous les cas il doit permettre un approfondissement progressif, et ne doit pas être confondu avec un catalogue figé d'arguments.
    On reconnaît ce type de plan au libellé du sujet : ce peut être une question ("Qu'est-ce qu'un grand roman ?"; "Qu'est-ce qu'une œuvre engagée ?") ou une invitation à vérifier une affirmation ("En quoi a-t-on raison d'affirmer que...", "Montrez, commentez ou justifiez ceci...")
    Expl de sujet: Il vous est sans doute arrivé de préférer au "héros" vertueux d'une œuvre littéraire ou cinématographique le personnage odieux dont il finit par triompher.
    Quelles sont, selon vous, les raisons qui expliquent l'attrait qu'exercent ces personnages odieux ?

    o le plan analytique, le plan analytique se distingue du plan thématique en ce qu'il propose un examen méthodique d'une notion : ce peut être le type de plan « causes/conséquences/solutions » ou une approche méthodique d'une notion qu'on commencera par expliquer, puis qu'on justifiera avant d'analyser ses implications. Pour ces raisons, il est moins familier de la dissertation littéraire, dans laquelle néanmoins on peut rencontrer des libellés qui y invitent.
    Expl de sujet: «Il n'y a pas de vrai sens d'un texte. Pas d'autorité de l'auteur. Quoi qu'il ait voulu dire, il a écrit ce qu'il a écrit. Une fois publié, un texte est comme un appareil dont chacun peut se servir à sa guise et selon ses moyens.»
    Comment comprenez-vous cette opinion de Paul Valéry ?

    o le plan comparatif vous amène à établir un parallèle constant entre deux notions. Ce plan pourra les examiner successivement dans les deux premières parties avant d'élaborer une synthèse personnelle qui essaiera d'établir leurs points majeurs de ressemblance ou de discordance et de proposer un dépassement.
    Ce type de plan permet d'aller du complexe au simple et répond à deux types de questions : la définition d'une
    notion (exemple: Qu'est-ce que le tragique ?) ou une demande d'explication (exemple: Pourquoi
    les contes de Voltaire n'ont-ils pas vieilli ?).
    Dans le premier cas les idées seront présentées selon un ordre progressif ; dans le second cas, c'est une démarche logique qui s'impose : on partira d'un constat pour remonter aux causes et, éventuellement, examiner les conséquences.

    Construire un plan détaillé au brouillon

    Il implique une grande rigueur car il servira de base à la rédaction du devoir.
    Formulez des phrases courtes mais complètes les points principaux que vous avez dégagés et, en léger retrait, les points secondaires qui s'y rattachent.
    Hiérarchisez les axes directeurs qui correspondent à l'armature du plan et composez les sous-parties.
    Chaque partie comporte plusieurs sous-parties – au moins trois – qui seront présentées sous forme de paragraphes dans le devoir rédigé : chaque sous-partie développe une idée principale.
    Choisissez les arguments et exemples les plus pertinents, parmi ceux que vous avez notés au cours de votre travail préliminaire.
    Classez ces éléments afin de bâtir un raisonnement progressif : les idées les plus complexes prendront place à la fin de chaque partie et en fonction de la position que vous prenez face au sujet, conduisez votre lecteur à la conclusion.
    Reliez les sous-parties par des articulations logiques.

    • La rédaction de la dissertation.
    Exprimez-vous à la troisième personne du singulier ou à la première personne du pluriel, afin de donner un caractère général à votre propos.
    Ne mêlez pas l'emploi du pronom indéfini « on » à celui du pronom « nous ». Excluez l'emploi de la 1ère personne ainsi que toute adresse directe au correcteur.
    Veillez à l'équilibre entre les différentes parties du devoir.
    Évitez les digressions et le piétinement (Vous créez une digression lorsque vous quittez le sujet, lorsque, pour articuler le texte, vous avez besoin de termes tels que : pour en revenir au sujet..., revenons à nos moutons... Votre texte piétine, "tourne en rond", lorsque vous n'introduisez pas d'information nouvelle. Si c'est le cas vous devez approfondir l'invention).
    Lorsque l'ensemble est rédigé, que les différentes parties du texte sont équilibrées et articulées, le moment est venu d'introduire et de conclure.

    • l'Introduction
    Rédigée dans un style clair et accrocheur , elle répondra à trois objectifs :
    Intéresser : il s'agit de valoriser votre sujet en soulignant son importance, sa dimension, son actualité. Il faut piquer la curiosité du lecteur, le motiver en lui montrant l'importance de la question pour lui-même
    Annoncer : c'est-à-dire préciser le cadre de l'exposé mais toujours de façon concise. Limitez le sujet, s'il est vaste, à un point de vue.
    Baliser : signalez les différentes parties du texte (tâche à répéter dans le fil du texte s'il est long).

    L'introduction capte l'attention du lecteur et lui montre l'importance, pour lui, de la question qui va être traitée. Si vous affirmez dès le début que la question n'est pas résolue ou que vous allez prendre une option précise, vous risquez d'ôter tout intérêt à la lecture ou de donner un aspect partial à l'argumentation. Mieux vaut entretenir le suspens. (NB: Les formules "Nous allons d'abord examiner..., ensuite nous verrons, enfin nous aborderons,..." rendent le sujet fort prévisible, elles vous aideront pourtant dans vos premières dissertations).

    • Conclure
    Cette dernière partie doit emporter l'adhésion du lecteur, sa rédaction mérite donc un soin tout particulier.

    "L'intervention finale doit être en harmonie avec le reste du texte : il faut que le lecteur soit en quelque sorte obligé par votre texte d'opérer la même conclusion que vous. Une conclusion qui ne découle pas logiquement du reste du texte, ou qui n'a pas été préparée par une démonstration rigoureuse, non seulement est sanctionnée comme une "mauvaise" conclusion parce que le lecteur ne vous rejoint pas, mais encore atteint la valeur du reste de votre texte: vous démontrez vous-même par votre conclusion que le texte antérieur est insuffisant, puisque non susceptible d'amener celui-même qui l'écrit à le conclure convenablement.

    "Lorsque vous avez rédigé votre conclusion, relisez donc l'ensemble de votre texte, afin de vérifier que chacun des éléments de cette conclusion peut effectivement être déduit des éléments de votre récit ou de votre description, et n'est pas contradictoire avec les détails choisis, le vocabulaire employé ou les arguments exposés plus haut."

    • Rédiger
    Il vous reste maintenant à relire le texte en éliminant les maladresses de style et en veillant à une bonne lisibilité (correction de la langue, écriture, mise en page aérée). Ce travail sur le langage permet d' "aboutir à une expression claire, précise et efficace dans un texte bien articulé. Enfin sa présentation doit être soignée et ne pas faire obstacle à la communication.

    • Remarques

    o Les Preuves: il faut bien appuyer vos arguments sur des citations précises, des références à des experts, des allusions à des faits bien établis. Faites bien attention à ne pas faire des constations douteuses sans avoir des points d'appui. Ce sont ces exemples qui étayent la démonstration. Il faut donc les développer avec précision en mettant en valeur les détails concrets qui viennent à l'appui de l'idée. Attention: les exemples doivent être strictement commentés dans le sens de l'idée à démontrer.

    o Les Transitions : Il faut bien relier ensemble vos idées et les parties principales de votre dissertation. Faites bien attention d'abord à écrire de bons paragraphes, c'est à dire en mettant dans chaque paragraphe une idée centrale. Terminez chaque paragraphe par une phrase qui prépare le paragraphe suivant. Servez-vous de mots qui relient les paragraphes ensemble (des mots comme : néanmoins, de même, par contre) ou bien par des expression qui ont la même fonction (par exemple : s'il est vrai que x, il est vrai aussi que y ; si l'on peut dire pour a que, on ne peut pas dire la même chose pour y, : au contraire). Ménager une transition, c'est exprimer clairement le lien unissant le développement qui précède au développement qui suit. Dans un ensemble où tout est solidaire, il faut établir une continuité. Les transitions les plus rigoureuses établissent soit une gradation, soit une relation de cause à effet. Ces transitions sont essentielles pour bien aider votre lecteur (et vous-même !) de suivre votre argument.

    o les paragraphes :
    Le paragraphe constitue l'unité de base du plan, il en est également l'unité de sens, puisqu'il détermine la progression de l'analyse. Sa longueur moyenne est de dix à douze lignes, et il se compose des éléments suivants: une idée principale ; une argumentation, justifiant l'idée en la développant ; un ou deux exemples précis, illustrant l'idée ainsi que l'argumentation proposée. Quand le plan est établi avec précision, la rédaction ne pose guère de problème. Il faut toutefois que la rigueur du plan reste manifeste dans la dissertation rédigée.
    Il faut veiller à faire en sorte que la hiérarchie des idées apparaisse aussi clairement dans la suite du développement que dans le plan. Il faut, et il suffit d'aller strictement à la ligne après avoir traité chaque point essentiel. Ainsi, d'un coup d'oeil, le correcteur peut apprécier l'organisation de l'ensemble d'après la disposition des paragraphes.

    o la suite des idées : il faut ensuite respecter aussi à l'intérieur de chaque partie cette même hiérarchie des idées. Chaque partie se développe ainsi :
    * d'abord l'énoncé de l'idée qui en domine l'ensemble
    * puis immédiatement, énoncé d'une des idées dépendantes de celle-ci suivie de son cortège d'exemples
    * puis énoncé d'une seconde idée qui se trouve sur le même plan logique que la précédente, suivie aussi de ses exemples, et ainsi de suite...














     


    votre commentaire
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    LE COMMENTAIRE LITTERAIRE
    Cours méthodologique pour lycéens (1re) et étudiants (Licence 1).
     
     
     
    Qu'est-ce qu'un texte?
    Du latin "textum" qui signifie tissé, il faut comprendre le texte comme un tissage où les phrases s'entrecroisent jusqu'à former un maillage. C'est dans ce maillage que l'interprète, c'est à dire le récepteur du texte, va "trouver" un sens.
    Lieu de rencontre entre l'auteur et son lecteur, le texte sert à informer, décrire, narrer, argumenter, convaincre, exprimer des sentiments... Si bien sûr il est possible d'utiliser divers types de textes pour remplir ces fonctions, certains types sont généralement plus efficaces que d'autres. À moins de vouloir obtenir un effet très insolite, on n'écrit pas une petite annonce pour vendre sa voiture comme une carte postale etc. Pour chaque fonction, les locuteurs d'une langue ont mis au point quelques types particulièrement efficaces qui obéissent à des règles relativement précises. Le contenu et la composition texte doivent donc tenir compte d'abord de la fonction qu'on veut lui assigner. Pour le comprendre un texte, il faut en avoir élucidé au préalable le type et la fonction.
    Il conviendra par conséquent pour l'étude d'un texte selon un commentaire composé de donner un sens à ce texte, et pour cela établir une hypothèse de lecture. Cela signifie que l'on va présumer que le texte produit un sens donné et l'on va s'appuyer pour ce faire sur des indices qui viendront étayer cette hypothèse de lecture. Ces indices peuvent être lexicaux ( usage d'un vocabulaire spécifique, champs lexicaux ou sémantiques ), grammaticaux (modes, pronoms, types de phrases etc...etc...), réthoriques (figures, types de raisonnements, plans etc...etc... ) parfois rythmiques ou prosodiques ( versifications, rythmes ) - surtout dans les poèmes. il faut alors croiser ces indices en faisceaux jusqu'à ce qu'ils fassent sens.
     
     
    A propos du Commentaire composé
     
    • Avis liminaire
    Le commentaire composé doit être correctement rédigé, ce qui exclut notamment le recours aux abréviations; il requiert :
    o le respect des règles de l'orthographe et de la grammaire
    o le respect des conventions typographiques (les différentes parties seront discrètement séparées par un interligne à l'exclusion de tout autre signe plus ou moins fantaisiste, les débuts de paragraphes seront marqués par un retrait d'alinéa, les titres seront soulignés) ;
    o le respect d'un ton qui exclut aussi bien l'emphase que la langue relâchée, aussi bien le jargon (veillez à utiliser avec discernement, avec mesure et sans affectation le vocabulaire technique de l'analyse littéraire ou les vocabulaires spécialisés qu'elle fait quelquefois siens)... que la platitude.
    o Toutes les citations doivent être entre guillemets et un titre d'œuvre doit être souligné sans guillemets.
     
    • QU'EST-ce qu'un commentaire composé?
    Le commentaire composé est une forme d'exercice qui suppose un double travail :
    o D'une part, l'étude détaillée d'un texte littéraire sous le double aspect du sens et des formes d'écriture
    o D'autre part, la construction d'un exposé écrit qui vise à restituer l'image essentielle que l'on peut retenir de ce texte en l'ayant au préalable décomposée en éléments plus simples par lesquels on commence l'exposé.

    Le commentaire composé suppose donc une capacité à comprendre le sens et les beautés d'un texte, mais aussi une capacité à construire un schéma de réflexion pour rendre compte de la lecture faite de ce texte.


    • A quoi sert-il?:
    o Etudier un texte revient à comprendre qu'un auteur n'écrit pas par hasard ou que même si c'est le cas, notre décryptage d'un texte vient d'une manière d'appréhender la forme d'un texte. Il s'agit donc d'essayer de percevoir le réseau de construction d'un texte en utilisant ce que l'on a appris tout au long de sa scolarité en étudiant des textes de poésie, de romans, de théâtre...
    o En fait le devoir vise , à partir de l'analyse préalable du texte, à en proposer une vision structurée et cohérente. C'est la raison pour laquelle on propose d'étudier le texte selon des angles qui semblent a priori différents, mais qui s'appuient les uns sur les autres pour révéler finalement une vision d'ensemble suffisamment profonde.
    o En bref montrer la richesse d'un texte en réorganisant sa matière ( cf. " composé ") autour de trois ou quatre points centraux ou " centres d'intérêt ".
     
     
    • Quelles questions préparatoires faut-il se poser devant un texte à étudier, en vue de son commentaire?
     
    o A propos du texte:
     
    Quelle est la nature du texte?
    S'agit-il de prose ou de poésie, d'un poème en prose ou de prose poétique...
     
    Quel est le type de texte ? Récit, argumentation, apologue, poésie, discours, théâtral : le mélange des genres est possible comme dans certaines fables.
    Le niveau de langage dépend du locuteur et du destinataire.
     
    Quel est le genre du texte proposé?
    S'il s'agit de poésie, est-ce un sonnet (régulier ou non), une ballade?
    S'il s'agit de prose, avez-vous affaire à une description, un portrait, une narration...?
     
    Quel est le ton du texte? lyrique (qui manifeste des émotions, des sentiments intimes), élégiaque (ton mélancolique, sur un sujet tendre et triste), dramatique, bucolique (poème qui évoque la vie pastorale), satirique (ton qui recourt à la raillerie pour s'attaquer à des vices), polémique (qui contient une critique agressive).

    Quel est le contexte? : L'époque renvoie à des préoccupations précises : guerre, questions philosophiques, sociales, esthétiques, religieuses (ex : jansénisme, querelle des Anciens et des modernes, surréalisme....).
     
    Quelle est la structure du texte?: comment l'idée ou l'impression initiale se transforme, évolue ; comparer le début et la fin. Un texte argumentatif peut utiliser des connecteurs logiques. Ne pas négliger l'organisation sur la page (les paragraphes et leurs tailles respectives)

    Quel (s) champ lexical (x) ?: Un ou plusieurs champs lexicaux doivent être répertoriés : ils donnent au texte sa continuité et sa tonalité. Il s'agit souvent d'une métaphore filée : observer ses modifications, ses connotations.
     
    Quelle syntaxe? : Les phrases sont plus ou moins complexes, construites sur des verbes ou des noms. Les interrogations, exclamations servent à impliquer le lecteur. Les discours directs, indirects libres ou libres montrent justement le degré d'implication du narrateur et/ou mettent en valeur la situation d'énonciation, les pronoms également : qui parle et à qui ? Le système des temps structure un récit : imparfait duratif et répétitif, passé simple de l'action terminée, plus que parfait définitif, conditionnel évitant l'implication trop forte, passé composé du souvenir revisité, présent de narration, de vérité générale...
     
    Quelles figures de style ?: Tout procédé de style (métaphore, métonymie, gradation, hyperbole, chiasme, anaphore...) introduit un écart voulu avec le langage courant, il crée une nouvelle réalité qu'il vous faut découvrir. Il en ressortira toujours un ton particulier (ironie, émotion, tristesse,....).
     
    Quel rythme? :
    Dans un poème traditionnel, le rythme provient de la régularité du vers, de la rime, des sons (allitérations et assonances). Toute irruption irrégulière est porteuse de sens : un rejet souligne volontairement un mot, une idée, une sensation. Quel est le but de l'auteur? Veut-il peindre, convaincre, émouvoir, suggérer ...?
     
     
    o A propos de l'Auteur :
    A quelle époque, à quel courant littéraire l'auteur appartient-il?
    Que sais-je de la vie de l'auteur qui soit susceptible d'éclairer la page proposée?
    Que sais-je de l'ensemble de l'oeuvre de l'auteur et de l'ouvrage en particulier (surtout quand il s'agit d'une oeuvre très célèbre) 
     
     
    • Comment envisager la progression de l'étude ?
    o le schéma de progression que l'on peut proposer peut consister à partir de l'observation d'un phénomène fort apparent, ou encore appartenant au domaine du concret, pour glisser peu à peu vers le moins évident, le plus caché, et donc vers ce qui est généralement du domaine du sens, de l'abstrait.
    o Sans que ce soit aucunement une loi, on peut considérer en effet qu'un texte littéraire s'appuie souvent sur des éléments compréhensibles pour tous pour peu à peu amener le lecteur à percevoir des données plus difficiles, soit parce qu'elles sont plus personnelles à l'auteur, soit parce qu'elles sont plus abstraites ou plus complexes. L'avantage aussi de cette forme de progression dans le devoir, est qu'elle propose une révélation du texte progressive qui entretient peut-être l'intérêt du lecteur.
     
    • Ce que vous devez présenter et développer dans votre copie :
    o NB: ATTENTION !!! NE JAMAIS ADOPTER UN PLAN qui suive l'ordre du texte (sauf rarissimes exceptions comme certains sonnets par ex.) qui sépare le fond ( ce qui est dit ) de la forme ( la façon dont cela est dit ) qui ne soit qu'un catalogue de qui est dit (la paraphrase). Dans chaque partie composée de plusieurs paragraphes, relever les citations, les analyser, étudier le vocabulaire, le rythme, etc... suivant l'explication que vous voulez donner du texte et qui doit vous servir de fil conducteur.
     
    o 1. L'Introduction.
    D'abord, situer le texte à commenter à l'intérieur d'un ensemble plus vaste (vie et œuvre de l'auteur / mais ne racontez la vie de l'auteur si elle ne vous sert pas directement pour commenter le texte / , genre ou courant littéraire, champ thématique, contexte éventuel, s'il existe un lien entre le texte et son époque ..).
    Si vous ne connaissez pas l'auteur, la mise en situation peut se faire par comparaison avec un type de texte semblable, en recourant aux notions de genre (poésie lyrique, épopée, élégie, roman...) ou d'époque littéraire, voire d'école, mais aussi à l'intérieur de l'œuvre dont ce texte est tiré . Dans tous les cas, les informations données à titre liminaire ne doivent pas l'être sans raison(s), en quelque sorte gratuitement, elles doivent mener à quelque chose, elles doivent amener logiquement à la présentation du texte. Présenter le texte et votre projet de lecture :
    Le texte à commenter brièvement identifié ( analyse rapide du texte et de sa forme : dialogue, récit, narration, description, discours, poème, scène de théâtre, monologue, tirade, texte argumentatif...), il convient de présenter, avec élégance et concision, ses caractères remarquables, thématiques et/ou formels, c'est-à-dire les caractéristiques susceptibles d'en faire apparaître l'intérêt et, dans le même temps, de déterminer ou sélectionner une certaine manière de l'aborder, en d'autres termes : d'assigner au commentaire un objectif central et fédérateur. Il est important d'énoncer fermement ce projet de lecture et de le garder constamment présent à l'esprit : c'est le plus sûr moyen d'éviter de tomber dans le "montage" d'analyses indépendantes qui n'offrirait aucune cohérence pour apprécier l'ensemble du texte.
     
    le "plan" ou progression :
    Annonce de votre plan : indication des thèmes qui forment le sujet de chaque grande partie, dans l'ordre où celles-ci vont se présenter.
    Attention: à la différence de l'explication suivie, ce n'est pas la continuité du texte qui commande la construction du devoir, mais les angles de vue (ou axes de lecture) adoptés (2, 3 ou 4 au maximum), c'est-à-dire les aspects (thématiques ou formels) que l'on se propose d'étudier par vagues successives et l'ordre selon lequel on se propose de les étudier. Il ne s'agit pas de dissocier différents aspects du texte, mais au contraire de montrer que ces différents aspects sont étroitement solidaires, solidarité qui fonde la cohérence interne dudit texte : les "parties" du développement s'inscrivent donc bel et bien dans l'économie d'une progression d'ensemble.
     
     
    o 2. Le développement.
     
    Son organisation:
    Un commentaire composé est un....commentaire composé, c'est un commentaire construit, ce n'est pas fouillis dispersé de remarques indépendantes. Il importe donc de s'astreindre à respecter méthodiquement la progression que vous aurez définie (les parties), d'en souligner les étapes et d'en mettre en évidence les articulations par des transitions judicieusement ménagées. Il convient par conséquent d'éviter : un excessif cloisonnement entre les différents aspects étudiés (les parties), ce qui a pour effet d'escamoter le dynamisme propre au texte ; la multiplication des redites et des rappels, au risque de lasser le lecteur, mais aussi de l'égarer. Il importe également de prendre en compte, s'il est remarquable et signifiant, le mouvement propre du texte, sans pour autant réintroduire subrepticement dans l'exposé, localement ou globalement, une démarche d'explication linéaire. Chaque partie ou axe de lecture commence par une phrase qui présente son objet, est séparée de la précédente par un saut de ligne, commence par une phrase d'introduction, se termine par une phrase de liaison, comprend plusieurs paragraphes dont chacun commence par un mot de liaison.

    Le début de chaque paragraphe est marqué par un retrait. Ne pas sauter de ligne entre deux paragraphes. Un paragraphe, c'est une idée et étayée par au moins un exemple analysé, tiré du texte, avec citation plus ou moins longue. (Respecter la présentation des textes poétiques). Votre commentaire doit s'appuyer sur le texte; vous devez donc l'etayer par ce qui est dit sans dupliquer, ni reformuler le texte ( la paraphrase est formellement proscrite). Les citations.
    Outre le respect des usages typographiques (emploi des guillemets, barre oblique en limite de vers...), il convient de choisir avec discernement, en s'efforçant de les diversifier, entre plusieurs formes possibles d'intégration : citation détachée (introduite par deux points) ; citation insérée dans la phrase (sans en interrompre le mouvement) ; très brèves citations entre parenthèses (ne pas abuser de ce procédé).

    Dans tous les cas, la citation doit s'intégrer utilement et logiquement au devoir, c'est-à-dire servir à des fins de démonstration et/ou d'illustration : elle doit venir étayer le commentaire, en aucun cas en tenir lieu : un commentaire composé n'est pas un montage de citations, même classées... Il convient aussi de proscrire les citations trop longues, trop nombreuses, inopportunes ou redondantes.

    Mais la citation ne constitue pas le seul et unique moyen de prendre à témoin le texte commenté. Au contraire, un bon commentaire sait prendre appui sur un ensemble diversifié d'éléments significatifs : faits de langue et de style, faits de syntaxe, composition, opposition et/ou répétition de motifs thématiques, champs lexicaux, dispositif(s) énonciatif(s)... tout cela peut s'avérer particulièrement signifiant. Pour commenter un texte il faut donc constamment le citer – mais dans le sens juridique du terme ("citer" un témoin à comparaître) : citer le texte à comparaître pour infirmer ou confirmer vos hypothèses ; et, s'il rechigne à parler, ne pas hésiter à... mettre le texte à la question.
     
     
    o 3. La Conclusion.

    Très souvent négligée (fatigue? manque de temps ? laisser-aller ? ), il est souhaitable de la rédiger après avoir fait le plan détaillé ou le brouillon, et non à la fin de l'épreuve.
    Elle a pour fonction : de faire œuvre de récapitulation (retracer les étapes de l'analyse), d'évaluer globalement la pertinence de l'orientation générale de lecture définie dans l'Introduction .
    Elle doit contenir : au minimum un résumé très rapide du développement (rappel des thèmes, caractères essentiels de la forme, appréciation personnelle), sans reprendre textuellement l'introduction ; éventullement (pour l'améliorer !) un élargissement, c'est-à-dire, à partir du texte, une ouverture sur des réflexions plus générales ( par exemple à l'œuvre à laquelle appartient le texte, à l'époque historique dont il est le miroir ou le produit, au corpus au sein duquel, à des titres divers, il est susceptible de prendre place, etc) ou sur un autre point de vue.
    Attention ! Il ne s'agit pas d'introduire une idée nouvelle, qui se rapporterait exclusivement au texte, et que vous auriez oubliée dans le développement.

    .
    Remarque : Ne croyez pas que les règles techniques données ici gênent l'expression sincère de vos réactions ; elles peuvent vous servir de guides, mais ce sont votre culture, votre sensibilité et la qualité de votre expression qui sont importantes aux yeux du correcteur. Une caractéristique essentielle des textes littéraires est la variété des interprétations dont ils sont susceptibles. Le sens d'un texte n'est pas seulement dans le texte, il est construit par chaque lecteur.








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