• Notre Bébé a aujourd'hui presque deux ans, il est devenu un adorable petit ange, et chaque regard que je pose sur lui est empli d'amour, d'un amour profond (plus profond peut être que si nous n'avions pas eu toutes ces difficultés ?).



    Pourtant les difficultés des premiers mois ont banni de mon cœur tout autre enfant. Je ne peux pas encore m'imaginer en avoir un deuxième, c'est trop dur, et l'angoisse me submerge de nouveau si j'y pense. J'ai beaucoup de mal encore aujourd'hui à prendre un bébé dans mes bras ; j'évite de me retrouver dans une telle situation, et si jamais il se met à pleurer je panique. J'ai vu hier un reportage sur des mamans qui allaitent leur tout petit nouveau-né ; tout avait l'air si simple et si serein. Une amie qui vient d'accoucher me racontait l'éternel émerveillement devant son bébé de trois jours. On nous parle de la naissance d'un enfant comme du plus beau jour de notre vie ... Pourquoi pas nous ? Qu'ai-je raté ? Pourquoi le bonheur nous a-t-il échappé ?

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    Le rendre ... J'ai tant désiré pouvoir le rendre à quelqu'un, le donner, ou le jeter par la fenêtre mon bébé ; je m'imaginais courant vers la plage et me noyant avec lui, ne pouvant pas lui survivre mais ne pouvant pas vivre cette situation non plus. J'en étais venue à comprendre les gens qui secouent leur bébé, ou les étouffent sous leur oreiller ... C'est terrifiant de se rendre compte qu'on est capable de comprendre que ce soit si insupportable qu'on ne puisse se retenir de faire quelque chose de mal mais d'inévitable. Je ne l'ai jamais fait et je ne l'aurais jamais fait car malgré la distance géographique j'avais un entourage présent et qui me soutenait et m'aidait, mais si j'avais été vraiment seule ?



    Dès notre retour de la maternité les difficultés ce sont confirmées. Il n'a pas cessé de pleurer, de hurler, se débattre, se raidir, et nouveauté il s'et mis à s'arrêter de respirer au cours de ses crises de hurlement ; les spasmes du sanglot du nourrisson m'a-t-on dit. Il ne respirait plus, devenait bleu quelques secondes puis reprenait son souffle et braillait de plus belle, ou parfois perdait connaissance et restait inconscient quelques dizaines de minutes, poursuivant par un sommeil secoué de sanglot. J'étais terrorisée et si impuissante ! Impuissante en tant que mère car rien ne calmait les pleurs de mon bébé, ni mes bras, ni ceux de son père, rien qu'on ait essayé, rien hormis la voiture ou les promenades en kangourou ... encore fallait il marcher car dès que l'on faisait mine de s'arrêter les hurlements reprenaient. Et la tétine que nous avions achetée dès son troisième jour et que nous lui imposions, nous assurant qu'elle ne tomberait pas trop vite, en la calant avec des langes contre sa bouche ; étrange image que celle de notre bébé à moitié enseveli sous des tissus qui avaient pour but de maintenir la tétine dans sa bouche, l'empêcher de la recracher. Je me sentais également impuissante en tant que médecin car c'est ma profession ; car mon enfant n'était pas physiquement malade comme me l'a confirmé maintes fois le pédiatre que je sollicitais deux à trois fois par semaine. J'aurais tellement aimé qu'on lui trouve une vraie maladie, bien réelle contre laquelle j'aurais pu lutter, contre qui j'aurais pu diriger ma colère. pardon à toutes les mamans qui souffrent d'avoir un enfant malade, c'est certainement bien plus dur encore que ce que j'ai pu vivre,mais sur le moment j'avais besoin de ne plus être en colère contre moi ou contre mon bébé, j'avais besoin d'avoir une raison à toute cette détresse. Mais le pédiatre me disait que mon bébé était tout simplement stressé, qu'il n'en avait jamais vu d'aussi tendu, que le temps et l'amour soigneraient ce mal. Doublement impuissante et désespérée.



    Notre bébé ne dormait toujours que par cycles de trois quart d'heures jour et nuit, et jamais dans son lit, ni dans le notre d'ailleurs, il ne dormait que dans son transat dans des positions impossibles mais qui seules semblaient lui convenir. Il ne cumulait jamais plus de 12 heures de sommeil sur 24 alors qu'on me disait que les nourrissons dorment en moyenne 16 à 20 heures sur 24. Il était probablement épuisé mais luttait contre le sommeil, le refusait, le rejetait. Je voyais parfois ses petits yeux tomber d'épuisement et se fermer doucement après des heures de bercement, mais à peine les paupières se touchaient je voyais mon enfant les rouvrir, s'agiter comme pour ne pas risquer de se rendormir.



    Moi je dormais deux trois heures par nuit. J'étais épuisée et angoissée, je ne voyais pas la fin de cet enfer, je m'enfonçais tranquillement pendant que le pédiatre et les voisins bien intentionnés me sermonnaient et me culpabilisaient : mon bébé pleurait soi disant parce que j'étais trop nerveuse et angoissée ... Vous savez les enfants ressentent tout ! Mais je crois que mon stress résultait de ses pleurs, non l'inverse. Pourtant nous étions vraiment entré dans un cercle vicieux, et quelqu'ait été l'origine de ce chaos nous étions maintenant incapable de retrouver notre équilibre.



    Sans sommeil et terrorisée je malmenais également mon corps dont je ne m'occupais plus ; le bébé ne me laissant pas un instant de répit, ne me permettait pas de prendre de douche ni de manger ; si je le posais il hurlait encore plus fort et j'avais peur qu'il s'étrangle dans ses cris. J'avais paradoxalement peur qu'il s'étouffe et meurt, alors que si souvent j'aurais voulu que nous mourrions ensemble ou bien que tout cela n'ai jamais existé, que ce ne soit qu'un cauchemar dont j'allais me réveiller. Je repris très vite ma taille d'avant grossesse à force de ne pas manger, et de passer des heures à marcher sur la plage de long en large, écoutant le flux et le reflux des vagues, sous une chaleur étouffante et un soleil de plomb, de quatre heures du matin à dix-huit heures le soir, heure à laquelle la nuit tombait déjà ; sans jamais m'arrêter sinon je savais que les pleurs allaient reprendre ; supportant les remarques des passants : mais il n'est pas un peu tôt pour promener un si petit bébé ? mais il ne fait pas trop chaud pour un si petit bébé ? ... Mais prenez le donc ce petit bébé, prenez le avec vous et si vous parvenez à le calmer alors j'accepterais peut être tous vos conseils !



    Je me levais le matin une boule dans le ventre qui avait fini de couper le peu d'appétit qui me restait, terrorisée à l'idée de passer une nouvelle journée avec mon enfant. Mon ami me laissait dans cet état pour aller travailler, il nous retrouvait tous les deux en pleurs dans les bras l'un de l'autre, moi dépassée essayant vainement de calmer les cris du bébé, le bébé raide comme un piquet, rouge tomate, trempé de pleurs et de sueur ... En trois semaine d'enfer je ne pouvais même plus nourrir mon bébé, je n'avais plus de lait, alors que la montée du lait s'était au départ bien faite et que mes seins engorgés coulaient dans toute la maison. Je n'étais même plus capable de le nourrir, il ne grossissait plus, et je ne supportais plus de toute façon de n'être qu'un biberon ambulant .... Mon ami me soutenait autant que possible mais vivait lui aussi un enfer, un peu moins permanent que le mien puisqu'il s'éclipsait la journée pour aller travailler. La tache était d'autant plus rude pour lui au retour puisqu'il lui fallait prendre le relai le soir pour essayer de calmer notre petite tête brune. Il se promenait une bonne partie de la nuit avec lui, lui parlant doucement, l'aimant comme je ne savais pas le faire, chantant doucement jusqu'à ce que l'épuisement ait raison de ce tout petit bonhomme. Il avait heureusement la force de nous sortir un peu, dès qu'il avait un jour de congé. Notre première « sortie » fut pour aller manger une glace sur le port voisin. Le bébé avait 8 jours, il dormait en voiture et donc le trajet se passa bien ; il se remit à pleurer dès que nous nous fumes garé, se calma dans le kangourou, et reprit de plus belle pendant que nous essayions de déguster notre glace ... nous dûmes l'engloutir très vite mais c'était déjà si bon de quitter les murs de l'appartement. La deuxième sortie fut pour aller acheter une poussette car le kangourou me fatiguait énormément. Je n'avais pas quitté mon lit pendant quatre mois et voilà qu'il fallait non seulement marcher sans cesse mais en plus porter le poids du bébé. Heureusement il apprécia la poussette autant que le kangourou et tant qu'elle était en mouvement il restait calme. Au bout de trois semaines je n'avais donc plus de force physique, seule la force des nerfs me soutenait et me poussait en avant, j'avais deux solutions pour calmer les cris du bébé : marcher ou  maintenir de force la tétine dans sa bouche ce qui était d'une efficacité très limitée. Je n'avais rien trouvé de plus dans les livres ou les revues que je dévorais dès que j'avais un instant, le bébé dormant enfin, sur moi ou dans son transat. Je lisais, je lisais et ne m'en trouvais que plus anormale à chaque fois, rien ne ressemblait à ce que je vivais. Les conseils étaient contradictoires. J'étais seule, perdue et désespérée.


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  • La première nuit fut une épreuve que je n'oublierais jamais.


    Mon ami était revenu passé la soirée avec nous. Le bébé n'avait cessé de pleurer que pour faire quelques petites siestes de trois quart d'heures par ci par là, et pour manger. Ce soir là nous avions fait le tour de tout : le bébé avait-il faim ? Je l'avais mis au sein plusieurs fois dans la journée, le lait semblait bien monter, et le bébé paraissait bien se rassasier à chaque tétée ; ce n'était donc pas pour ça qu'il pleurait. Je l'avais changé pensant que peut être il était sale. Puis je l'avais bercé en chantant doucement et en marchant. Enfin j'avais demandé conseil aux sages-femmes qui ne m'avaient aidé en rien. Et l'heureux papa, rafraichi, et reposé, étant arrivé nous refaisions le tour de tout ... N'avais je rien oublié ? La couche me dit il, il est plein de caca !!! En fait le méconium ... tout noir des fesses jusque dans le dos ! C'était donc ça, il avait du se resalir très vite après que je l'ai changé la première fois ... Ouf ! Une raison à ses pleures s'offrait à nous. Nous avons alors très vite nettoyé notre petit bonhomme, toujours hurlant pendant les manipulations diverses et peut être encore un peu maladroites, nous l'avons rhabillé de propre et de sec, repris dans nos bras, bercé, et .... Les pleurs n'ont pas cessé pour autant ! Je l'ai remis au sein, il a tété trente secondes, s'est calmé cinq secondes, et a repris de plus belles ! je ne comprenais rien, je ne savais plus que faire, mon ami non plus. Un peu plus calme lui-même il parvint à détendre le bébé en marchant dans les couloirs, en lui parlant sans arrêt et en lui montrant toutes les affiches au mur, me laissant me reposer deux heures ... avant de rentrer dormir chez nous. La nuit était déjà bien avancée. Il était minuit quand il partit, me laissant seule avec cette petite chose que je ne comprenais pas et que je ne parvenais pas à calmer. La nuit se passa en cycles de trois quart d'heures. Trois quart d'heures de sommeil, trois quart d'heure de pleurs .... J'étais épuisée après ces deux nuits d'éveil, et me trouvais si seule ... Mais je me disais aussi qu'une naissance ce n'est jamais facile, qu'il faut du temps pour trouver ses repères, et que tout irait mieux dans quelques jours ...


    Le lendemain matin fut occupé : apprendre à donner le bain, peser le bébé, voir le pédiatre .... Diverses activités qui se passèrent tant bien que mal entre deux crises de hurlements non expliqués. Je n'étais plus seule, il y avait mon ami, les sages-femmes, et infirmières qui passaient, beaucoup de monde et tout autant de conseils contradictoires qui ne me perdaient qu'un peu plus.


    L'après midi était réservé aux visites, je n'en avais pas, car je ne connaissais personne ; seule une copine passa, me laissant toujours avec mes doutes et mes peurs ; évidemment le bébé dormait pendant les dix minutes de sa visite.


    De petites siestes de trois quart d'heure en tétées, et promenades dans les couloirs, la journée passa, la nuit vint et le même cirque repris : mon ami du passer trois heures dans les couloirs à promener le bébé en le laissant téter son doigt ce qui le calmait un peu et nous décida très vite à acheter une sucette, afin que je puisse reprendre quelques forces.


    Une fois seule, avec trois heures devant moi pour dormir, trop fatiguée et stressée je ne parvins pas à m'endormir.


    Une fois mon ami parti je mis le bébé dans mon lit au contraire de tout ce qu'on m'avait conseillé et décidais de lui donner le sein aussi souvent qu'il se réveillerait toujours à l'encontre des conseils divers et variés qu'on m'avait prodigué dans la journée et la soirée : ne lui donnez jamais à téter plus que toutes les trois heures, ou bien donner lui un complément alimentaire le soir pour qu'il dorme mieux,  écoutez votre cœur (mais que me disait il mon cœur ? il était aussi perdu que ma tête !) ... Tous ces conseils contradictoires me mettaient dans un état de doute encore plus permanent ; j'étais prise dans un cercle vicieux infernal et ne ressentais toujours rien pour mon bébé.


    Cette nuit là se passa à peine mieux que la précédente, il passa autant de temps éveillé mais pleura un tout petit peu moins puisque sa bouche était occupée par autre chose ; mais épuisée je finis par dormir une demi-heure à chaque fois que le bébé se rendormait également.


    Ainsi passèrent ces trois jours obligatoires de maternité que j'aurais bien prolongés au départ mais qui finalement suffirent bien amplement à mon désarroi. Je sortais de la maternité plus désemparée qu'avant et complètement désespérée et démunie. J'espérais seulement qu'une fois à la maison, entouré des repères que nous lui avions construit avec amour, notre bonhomme se calmerait.


    Pourquoi pleurait-il ? Pourquoi étais je incapable de le calmer ? pourquoi est ce que les bras de sa mère n'avait pas le pouvoir magique qu'on leur donne dans les livres ?


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  • Mon ami est parti se doucher, faire quelques courses et reviendrait bientôt. J'étais seule dans la salle d'accouchement, seule avec mon bébé sur le ventre encore endormi, le sein dans la bouche. Seule pendant deux heures. Deux heures pendant lesquelles défilèrent des milliers de questions dans ma tête : qu'allais-je faire si le bébé se réveillait et qu'il se mettait à pleurer, ma hantise : que le bébé pleure et que je n'arrive pas à le calmer. Pourquoi est ce que je ne ressentais rien de précis pour cette petite boule endormie ? Pourquoi ce n'était pas comme dans les revues que j'avais lues et relues pendant ma grossesse, les revues ou les parents racontent leurs expériences ; tous parlaient du bonheur qu'ils avaient ressenti à la naissance de leurs enfants, tous parlaient du plus beau moment de leur vie. Est-ce que je n'étais pas normale ?


    Après ce temps de surveillance en salle d'accouchement on m'emmena dans ma chambre. J'y retrouvais mes affaires et des repères connus, mais à partir de cet instant le bébé commença à pleurer, crier, hurler, et ce fut le début de notre enfer qui dura des mois, une éternité me sembla-t-il.


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  • C'était un deux novembre, ensoleillé et chaud chez nous à la réunion, notre petit "zoréol" (métropolitain né à la réunion) avait quitté mon ventre et tentait d'attraper mon sein.


    Première inquiétude : Je ne ressentais pas le bonheur annoncé à l'arrivée de son enfant, je n'avais pas envie de pleurer de joie, juste de soulagement après ces quatre mois difficiles et cet accouchement un peu douloureux. Je ne ressentais pas non plus le grand amour, le coup de foudre pour mon petit garçon, je voyais un beau bébé sur mon ventre, celui que j'avais longtemps porté en moi, qui avait grandit en moi, et qui maintenant réclamait un peu d'indépendance en quittant le nid douillet du ventre de sa maman. Etait ce normal de ne pas avoir plus d'émotion, de ne pas déborder d'amour, et de bonheur à cet instant ?


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  • La remise en mouvement s'accompagna très vite de la recrudescence des contractions, qui devinrent bientôt douloureuse. J'étais sur la plage, je profitais du soleil retrouvé et d'un après midi avec un couple d'amis et leurs enfants ; l'eau de la mer était encore fraiche de l'hiver tropical finissant, et je me sentais de nouveau vivante. Plusieurs fois cet après midi là je ressentis quelques contractions plus fortes, à peine douloureuse mais déjà différentes de ce que j'avais pu ressentir jusque là. Ce jour là rien de plus ne se passa. Ce n'est que le lendemain soir, après une petite toute petite chute sur les fesses car le tabouret sur lequel j'étais assise s'était fendu (à cause de mon poids ?), que les contractions s'accentuèrent.


    A 23 heures trente je me couchais pourtant car tout semblait être redevenu calme ; mais à peine au lit, j'ai senti une flaque d'eau en dessous de moi et j'ai réalisé que je venais de perdre les eaux et donc que l'accouchement serait imminent. Très calmement, malgré la petite appréhension qui me serrait la gorge, j'ai téléphoné à la maternité, pris une douche, et nous nous sommes mis en route. Nous partions chercher notre petit bonhomme. Nous quittions l'appartement à deux et nous y reviendrions à trois ; une page était en train de se tourner dans notre vie et j'en avais étrangement conscience à ce moment là.


    Tout ensuite fut assez rapide et long en même temps : l'arrivée à la maternité, l'examen de la sage-femme, on m'installa dans une chambre en me disant que le bébé n'arriverait sans doute pas avant le matin ... Mais j'avais mal moi, et des contractions toutes les minutes, le terme ne me semblait pas si loin ... Je patientais deux heures dans ma chambre, mon ami à mes cotés qui essayait de me rappeler les cours de préparation à l'accouchement pour me soulager, pour m'aider, pour être présent ... mais je n'en pouvais plus d'attendre et dès les premières contractions j'avais oublié ma résolution de ne pas demander de péridurale ... je la voulais tout de suite !!!! On me transféra en salle d'accouchement, et on m'injecta d'abord un anti douleur analogue de la morphine pour me soulager et pour aider mon col de l'utérus à s'ouvrir car malgré l'intensité des contractions il avait du mal !!! Le comble ! Je venais de passer quatre mois allongée car mon col s'ouvrait trop tôt et maintenant qu'il aurait du s'élargir rapidement il restait désespérément à peine entrouvert. L'anesthésiste vint me faire la péridurale une heure plus tard ce qui soulagea immédiatement le coté gauche de mon corps ... laissant le coté droit s'arranger des douleurs ! l'anesthésie ne fonctionnait que d'un coté et je passais donc les quatre heures suivantes à moitié douloureuse, à moitié euphorique car on tenta encore de me soulager avec le fameux protoxyde d'azote, gaz anesthésiant, amnésiant surtout et légèrement euphorisant également ! Je devais retenir les poussées car le bébé prêt à sortir essayait vainement de passer par mon col toujours fermé !  Retenir, retenir encore ... C'est peut être pire encore que pousser. Je n'en pouvais plus de retenir j'étais épuisée. Puis enfin on m'autorisa à pousser, alors je poussais, poussais de toutes mes faibles forces, mais n'en avait manifestement plus assez. Après une heure de poussée, le bébé restait coincé contre l'épine ilio-pubienne. 7 heures du matin, six heures seulement que j'étais là, je me jurais alors de ne plus jamais recommencer (il parait qu'on dit toutes ça !). Enfin le médecin fut appelé, enfin il m'aidât à faire sortir mon pauvre petit homme coincé à la lisière de mon corps, enfin il apparut grâce aux grosses pinces qu'on appelle forceps et qui me déchiraient de l'intérieur.  Tout d'un coup je ne ressentais plus rien, j'étais physiquement épuisée mais il n'y avait plus aucune douleur. Le bébé était là, il n'a passé que quelques secondes sur mon cœur avant qu'on me l'enlève très vite pour lui dégager le nez, le laver, et l'habiller. Pauvre petite être qu'on tire du ventre de sa mère pour le plonger dans l'eau inconnue d'une bassine, lui aspirer les glaires de son nez, et le couvrir de vêtements dont il ne connait pas encore l'usage. Je veux bien croire qu'une naissance soit traumatisante pour un enfant même si je n'ai pas de souvenir de la mienne. Il était là notre petit bonhomme, il était arrivé et après tout ce remue-ménage se reposait tranquillement sur mon sein.


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