• HOT MêLE 1



    Je suis arrivé vers 21 heures, fourbu, affamé, les jambes lourdes.

    Au fond du jardin, la lune était immense, ombrant crûment arbustes et pelouses, une lune intense qui affûte les sens. On dit que c'est la nuit où les fous s'agitent, où les loups-garous surgissent, où chaque flaque de lumière a l'apparence d'un revenant. J'aurais bien voulu t'emmener par la main vers l'un des bancs de pierre qui ponctuent le chemin. Il y faisait frais. Tu te serais peut-être serrée contre moi, tu aurais peut-être fait celle qui frémit, sans qu'on sache trop pourquoi. Je t'aurais demandé si tu avais froid en espérant t'entendre me répondre autre chose. Tu n'aurais pipé mot. J'aurais eu la gorge sèche en écoutant ton silence.

    La lune monterait, tranquille, paisible, comme nous même le serions, à côté l'un de l'autre sur ce banc, les jambes étendues, les bras incertains de leurs gestes. Tu m'aurais parlé des étoiles, sans doute pour faire diversion. J'aurais regardé tes yeux, brillants comme deux pépites de charbon dans la nuit.

    Oui, c'est la pleine lune (ou presque).

     

    J'aurai sûrement dit oui à cette proposition, assise sur le banc, le coeur battant de plus en plus fort, des frissons parcourant mon corps, bien sûr pas à cause du froid mais bien à cause de toi. Dans un long silence j'espèrerai que tu me proposes tes bras, ce que tu ne feras pas, par pudeur envers moi, c'est alors que  je franchirai le pas que les femmes ne font pas, du moins pas si souvent que ça. Puis délicatement je soulèverai un de tes bras, et toi sans rien dire tu le laisseras faire, et tout contre toi j'écouterai le chuchotement du vent, les joues rougies par ce qu'il viendrait de me dire.


    Je laissai tomber, ballante, ma main sur ton bras nu. Je n'osais y poser ma paume, tant celle-ci risquait de te brûler ; il est vrai que j'ai toujours les mains chaudes. Tes cheveux voletaient contre ma joue, tout ton corps semblait figé, dur, tendu comme un arc. De ma main libre, je balayai tes mèches autour de ton visage, esquissant une vague caresse sur un front froid comme ceux des statues. Le vent remuait les pleureuses du saule au-dessus de nous. Je resserrai instinctivement mon étreinte, comme pour te protéger de la fraîcheur de ce soir d'automne. C'est à cet instant que, à quelques pas derrière nous, un rauquement animal, bref et indéfinissable, a marqué la montée subite du vent. Tu as relevé la tête, les yeux aux abois. J'ai ri, d'un rire bête censé te rassurer. Mais tu n'avais pas l'air effrayée car tu t'es mise à rire de même. Tes dents étincelaient dans la pénombre et je t'avoue que j'ai imaginé la déchirure qu'elles me feraient si tu t'étais subitement mis en tête de me mordre.  J'ai alors prononcé ton nom, trois syllabes distinctes effacées par le vent et se perdant dans ton sourire qui avait pourtant le don de m'inquiéter.


    Nous pouvions sentir sur nos visages cette brise d'été, le parfum des roses, l'herbe doucement mouillée par la rosée, nous étions restés toute la nuit l'un contre l'autre, à espérer ce je ne sais quoi, comme deux adolescents maladroits qui n'osent faire le premier pas. Les premières lueurs du soleil commençaient à réchauffer notre visage, pas un bruit dehors, juste mon cœur qui battait de plus en plus fort. Je ne savais que te dire, mes yeux parlaient d'eux-mêmes, et ne cessaient de te regarder. Parcourant ton corps comme pour te caresser, mes lèvres à demi entrouvertes ne cessaient de te réclamer. Quand allais-je enfin recevoir ce baiser tant attendu...


    Comment ai-je pu tenir toute la nuit sans m'approcher de tes lèvres, dis-moi ?  Peut-être parce que j'avais rajeuni de vingt ans en une nuit. Tu étais si... que dire ? J'étais si... que dire ? Nous étions des enfants.

    Bref, le matin est apparu, j'avais eu un peu froid, toi aussi sans doute. Nous nous serrions de plus en plus fort. Tu me regardais. J'évitais ton regard. Je pensais à ta bouche, fraîche comme l'aube sans doute, je rêvais à ta langue, froide, molle et véloce à la fois. J'imaginais nos mains nous caressant, nos doigts un peu hésitants. Je fantasmais, plus loin encore. Ce petit matin semblait propice mais j'avais tellement peur d'être maladroit, de ne pas te plaire, d'être comme un adolescent impubère, de te perdre, oui, en trois mots, de te perdre avant même de t'avoir trouvée.

    Mais tes yeux me redonnaient confiance. Nous ne disions mot. La nuit était acquise.
    J'étais conquis. Tu étais ma conquérante. J'aurais tant voulu que tu fasses les premiers gestes, un sourire, les doigts levés vers le ciel, tes lèvres se déposant sur les miennes comme un papillon, ou une mouche insistante. J'aurais...
    J'ai baissé le menton vers le tien.
    Nous nous sommes touchés. Sans doute avais-tu toi-même relevé le visage.
    J'ai serré la main sur ton bras nu.
    Il était comme ta bouche, frais et...
    J'ai failli mourir, je te jure, quand ta langue s'est faufilée entre mes lèvres pour frôler la mienne. Déjà, je ne respirais plus.
    Inconsciemment, j'ai posé ma main libre sur l'un de tes genoux.
    J'avais tellement envie de ... dans la rosée du matin.

    Mon corps me trahissait, ma bouche se faisait de plus en plus gourmande, j'étais envahie de désirs, d'un troublant délice. Tu ne bougeais pas et pourtant tu subissais mon caprice de provocatrice. Autour de nous plus rien n'avait d'importance, c'était un instant magique où nos regards se croisaient, ces regards qui en disent long sur nos désirs, où nos bouches se mêlaient. Nos corps se rapprochaient de plus en plus, notre soif prenait le dessus, l'envie de faire l'amour se faisait de plus en plus forte, une envie de fusion parfaite !

    Je me suis levée, te prenant par le bras, voulant marcher un peu, nos yeux brillaient, nos doigts s'enlaçaient, j'avais cette envie de te serrer contre moi, de te recouvrir de baisers, dans ma tête tout défilait à une vitesse, toutes les questions se posaient « que dois-je faire ? Et si je fais le premier pas, ne va t'il pas me trouver trop entreprenante ? » Je te regardais du coin de l'œil, et toi tu me dévorais des yeux, nous savions à ce moment précis que cet instant précieux arriverait bientôt.

     à suivre... CLIC !


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