Synagogue de Delme

Transitioners : Le Producteur

Détail

Je me souviens de cette installation de Diana Sanders à la Synagogue de Delme, près de Nancy. Dans l’ancienne synagogue devenue centre d’art, dessinée d’après les plans de la synagogue de Berlin avec son dôme et son style mauresque et byzantin, Diana avait créé une sorte de nursery dans la salle carrée du bas. Par sa petite taille, la pièce évoquait le cocon d’une chambre d’enfant. A l’ancien endroit correspondant au tabernacle du Temple, elle avait dressé un berceau vide, au dais recouvert de dentelle blanche, doublé d’un lacet de guipure en led bleu, qui retombait de chaque côté.

Un peu plus loin, un cheval à bascule toujours en mouvement et un grand coffre en osier, qui débordait de jouets métalliques, de toupies, de grosses autos, de vieux bus multicolores, donnaient le sentiment que la chambre venait d’être quittée. Sur le mur, s’affichaient des photos représentant les jouets d’enfant, ceux-là même aperçus dans la malle, mais en sépia, évoquant un monde révolu.

Au premier étage, sur la coursive laissée dans l’obscurité, bordée d’un balcon qui surplombait la salle, le visiteur était plongé dans un univers sonore, des murmures, des mots, silence, chut. Puis une voix d’enfant s’élevait et chantait des comptines en anglais. Le spectateur se penchait et découvrait un berceau vide, -qui était l’enfant absent ?-, et demeurait muet à l’écoute des « nursery rhymes ».

L’installation avait amorcé le sillon que Diana Sanders traçait depuis cette époque, enfance et automobile, dans lequel il était toujours question de disparition, rendant compte de la difficulté à faire œuvre d’art aujourd’hui.

Série de textes autour de l'idée d'artistes contemporains imaginaires, dans des lieux d'art contemporain, eux bien réels.

Artistes imaginaires : #1 Diana Sanders à la Synagogue de Delme