• Article du Nouvelliste le 29.3

    Par Jean-Marc Theytaz

    Alain Bagnoud nous offre aux éditions DAutre Part un nouvel ouvrage «Comme un bois flotté dans une baie venteuse»:_un livre particulier qui nous parle de diverses destinées, tragiques ou comiques, particulières en tout cas , et de limpact plus ou moins conscient quelles ont eu sur lauteur. On y retrouve ainsi des considérations sur Rory Gallagher, Georges Brassens, Vital Bender, Fernado Pessoa, Fréhel et Marcel Proust, Etienne Dumont... on le voit des personnages éclectiques, différents. Interview.

    1.Vous appelez ce livre «Rhapsodie biographique»; pouvez-vous le définir plus précisément?

    La rhapsodie est un genre musical très libre, qui fait intervenir des thèmes populaires. Ce qui m'intéresse dans cette définition, c'est la diversité, le rythme, la musicalité qu'elle implique: des choses que je recherche dans mes textes. La liberté est d'ailleurs un des points communs des personnages dont je parle, qui sont hors normes. Et, évidemment, ils sont populaires. Dans les deux sens du terme. Ils sont issus du peuple, ou ils ont joué, chanté, écrit pour lui. Le seul qui tranche sur cet aspect, c'est Proust, le plus grand écrivain du XXème siècle. Mais il est placé en opposition avec une chanteuse réaliste qui est l'incarnation même du “canaille”: la grande Fréhel.

    2.Pourquoi faire intervenir des personnages qui n’ont rien à voir entre eux à part votre personne? pour montrer l’aspect pluriel de votre personnalité, ses ambivalences, ses antagonismes, ses cohérences? L’imprévu de l’existence?...

    En fait, chacune de ces biographies reflète, d'une manière ou d'une autre, une facette personnelle. Les modèles ont tous un rapport avec ce que je suis ou ce que j'ai été. Ce qui m'intéresse en eux, c'est leur individualité, leur singularité, mais aussi leur rapport avec ma trajectoire. Un rapport qui peut être réel ou fantasmé. J'ai connu deux ou trois d'entre eux, et même de très près, par exemple mes grands-parents de Chermignon d'en Bas, qui étaient deux personnages passionnants. Mais les autres aussi, j'aurais aimé les rencontrer. Et je suis même parfois sûr de l'avoir fait. On m'a demandé si j'avais inventé pour l'occasion le rêve qui me montre en train de jouer de la guitare avec Brassens, la nuit, dans une petite maison, devant un feu de bois. Mais pas du tout. C'est vraiment venu me hanter, en dormant, de manière répétée, pendant des dizaines d'années. De même, à mon adolescence, mon plus grand fantasme était de jouer avec le guitariste de blues irlandais Rory Gallagher, dont j'apprenais les solos par cœur.

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