• Archimondain jolipunk, par Camille de Toledo

    Camille de Toledo est devenu, semble-t-il, l'emblème de toute une génération. Ces gens qui ont un peu moins que la trentaine, que l'ordre des choses suffoque, qui cherchent une manière de lutter - et un combat.
    C'est Jérôme qui me l'a fait connaître. Il vient de terminer son université avec un mémoire sur Yves Velan (voir le 16.10). J'avais moi-même travaillé sur cet auteur voici plus de vingt ans, dans les mêmes circonstances. Nous sommes entrés ainsi en contact. Deux Velaniens. Des happy few. Il y en a d'autres. Une petite secte que je salue en passant.
    Jérône Tonetti. Retenez ce nom. Ceux qui s'intéressent à la littérature en entendront probablement parler. Jérôme, donc, m'a offert le premier essai de Camille de Toledo (un pseudonyme, bien évidemment, qu'il explique en fin de livre : on n'en dit rien ici...). Archimondain jolipunk (chez Calman-Lévy et en Livre de Poche), sous-titré Confessions d'un jeune homme à contretemps. C'est un essai doublé d'une autobiographie qui colle à celle d'une génération dont l'éducation s'est faite entre la chute du mur de Berlin et les attentats du 11 septembre 2001.
    De Toledo a de la culture (beaucoup, et il l'étale parfois : un côté « j'ai tout lu » qui peut agacer), de l'intelligence, un grand talent littéraire. Servi par ses lectures, il analyse avec précision les mouvements de l'époque : la fin de la dialectique, la déréalisation du monde par l'image, l'homme-flux, l'altermondialisme (je n'en cite que quelques-uns, il est beaucoup plus précis) et leur incidence sur l'individu : la résignation, le dandysme de masse, le scheeze, pour finalement prôner un « romantisme aux yeux ouverts ». Salutaire et porteur d'espoir. Si de tels garçons existent...