• Appartition

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    Un petit bout de femme, le nez au vent, fait le trottoir en longues enjambées.  La boîte de son instrument, dont les deux lanières sont passées sur sa poitrine, lui bat le dos, rythmant sa marche. Les mains dans les poches, elle regarde ses pieds, avançant toujours sous la pluie qui s'intensifie de plus en plus.

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    Elle n'a pas l'air de se rendre compte de ce qui se passe autour d'elle, quoiqu'il n'y ait pas grand chose à voir, ce vendredi soir, à 19H30.

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    C'est un de ces orages d'été, assombrissant, avec de grosses gouttes qui coulent, qui trempent, qui noient. On entend le tonnerre au loin.

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    Ce n'est pas vraiment qu'elle ait l'air évaporé. Elle a l'air d'être consciente. De savoir. Une expression assez cynique lui barbouille le visage, la rendant intouchable.

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    La capuche de son K-way authentifié déchet de la société par sa propriétaire ne lui couvre qu'un bout de la tête, le vent l'ayant tiré en arrière.

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    Elle marche inexorablement.

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    Elle fonce tête baissée dans la nuit, venue trop vite et trop profondément.

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    Le peu de personne qui l'auront vu se demanderont probablement ce que fiche cette adolescente, sous la pluie, tôt dans la soirée. Elle descend les rues passantes, manque de s'étaler sur les pavés mouillés, passant sans le regarder devant son collège endeuillé par la pluie.

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    Cette adolescente a le cœur brisé, comme tous les gens de son âge, mais elle pourrait vous dire avec une assurance tranquille que ce n'est que passager, que ça passera, que le vent va tourner, comme toujours.

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    Elle a l'habitude de ces passages à vide, et ne s'en formalise plus.

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    Elle sait que ça reviendra, s'en est depuis longtemps persuadée.

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    Elle relève la tête, et repousse définitivement sa capuche, depuis longtemps inutile sous ce torrent qui la noie.

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    Elle ouvre la bouche, et récupère quelques petites gouttes d'eau, les laissant dégouliner le long de sa gorge, allant se réfugier dans la chaleur de ses vêtements et de sa peau.

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    Ça rafraîchit.

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    Il fait trop chaud, l'orage est la bienvenue après cette immonde journée, étouffante, suffocante, où l'on ne respire plus, de peur d'alourdir encore l'atmosphère.

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    Elle regarde le ciel, s'est arrêtée de marcher.

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    Elle ne peut de toute façon pas être plus en retard qu'elle ne l'est déjà.

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    Elle en a assez.

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    Assez de pleurer, d'être perdue, de ne pas savoir ce qu'elle est.

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    Elle en a marre de baigner dans la tristesse, se faisant une tragédie grecque de chaque petit problème qu'elle rencontre.

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    Ras le bol de prendre sa vie pour un roman de Charles Baudelaire.

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    Ras le bol d'être elle.

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    Prête à vivre, peut-être ?

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    Peut-être qu'elle a acquéri assez de maturité pour être insensible aux changements de températures, de certitudes, de lycées, toutes ces choses qui lui causent le plus grand dommage ?

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    Peut-être.

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    On est jamais sur de rien dans cette vie.

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    Jamais.

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    Et chaque jour, les plus intimes convictions tombent, décimées, une à une, remplacées par d'autres, au goût plus amer, à la sonorité plus sèche.

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    Epuisant cycle de la vie, tout bouge, rien ne disparaît, tout se transforme.

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    Elle se demande quelle est la clef des relations humaines.

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    Elle se demande pourquoi elle n'arrive pas à se taper des délires avec les gens qu'elle apprécie.

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    Elle se demande pourquoi il y a des gens qu'elle apprécie.

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    Elle se demande si quelqu'un l'aime, garçon ou fille. Ça ferait déjà une personne à aimer cette pauvre fille trempée, de l'intérieur comme de l'extérieur. Ce qui n'est pas peu dire.

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    Elle se demande si elle aime.

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    Elle ne sait pas.

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    Elle ne sait plus.

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    Elle attend de voir.

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    Elle a peur.

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    Elle a compris que l'amour de nos jours, ce n'est rien.

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    C'est caché.

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    On s'en moque.

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    On se fait mal, pour le seul plaisir de faire croire aux autres que l'on est immunisé.

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    La douleur est le vaccin de l'amour.

     

     

    *Déjà deux ans...*


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  • Merci Thomas.

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  • Pourquoi j'ai toujours envie d'écrire dou dou doum quand j'écoute une musique triste? Nostalgique, plutôt. Parce que c'est triste? Parce que c'est doux? Parce que c'est beau?


    Pourquoi les seuls endroits où les fleurs fleurissent au milieu des pierres sont des cimetières et pas des coeurs d'humains trop éprouvés?


    Pourquoi juge-t-on trop vite les gens? Pourquoi se faire bourreau en étant aussi victime?


    Pourquoi Les fleurs se ferment le soir, dans la nuit, là où l'on en aurait le plus besoin?


    Pourquoi ne pas abandonner nos douces folies et grandir un peu?


    Pourquoi être obligé d'en passer par cette période de merde qu'est l'adolescence? Pourquoi ne peut-on se constuire différemment qu'en souffrant? Pourquoi avons nous autant de mal à apprendre et comprendre de vieilles maximes trop usitées qui n'ont plus de sens?


    Pourquoi personne ne comprend ce que je dis parfois?


    Porquoi persone ne me comprend?


    Pourquoi personne ne comprend?


    Pourquoi comprendre?


    Pourquoi?


    2 commentaires
  • ...

    "Moi, Mal?! Attends tu plaisantes?


    J'ai jamais mal, moi, je sens absolument jamais rien, qu'est-ce tu crois? ça se voit pas à mon visage, ça se voit pas à mon allure, à mes paroles, à ma stature, à ma réserve, à mon silence, à mon grand âge, à tout, bordel de merde?


    Je sens rien du tout.


    Non, non, je suis pas comme ces adolescents idiots qui parlent avec un air de grenouille emphasée de leur carapace et leur coeur de pierre si bien solidifiés qu'ils s'écroulent à la moindre parole, à la moindre bêtise un peu trop mal placées.


    J'ai découvert la vraie façon, celle qui nous sauvera tous les amis! L'indifférence la plus totale. La dérision de tout ce qui existe et ce qui n'a pas lieu de l'être. L'attitude qui permet la dignité, celle qui garde hors d'atteinte.


    Bah, un soupir, peut-être, tout au plus.


    Un haussement d'épaule.


    Un peu de vide dans les yeux.


    Une bouche légèrement ouverte, légèrement sèche.


    Un tout petit bruit d"étranglement.


    Un minuscule et imperceptible hoquet.


    Un étirage de coeur de deux millimètres virgule trois.


    Et....


    Oh putain, un univers de larmes."


     


    Même pas mal.


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  • Je me sens bien en ce moment, ch'ai pas pourquoi.


     Peut-être une overdose de mon antidépresseur préféré, j'ai nommé me chocolat, bien détectable par les multiples petits bourgeons qui germent sur mon facies. Qu'en sais je?


    Peut-être parce que c'est les vacances, et que je pars.


    Peut-être parce que y'a des gens qui me soutiennent.


    Peut-être grâce à la capoeira.


    Peut-être.


    J'aimerais bien que ce genre de phases durent un peu plus longtemps que la norme instaurée par mon spleen, comprendre par là 5 minutes. J'aimerais bien moins faire la gueule et que plaisanter devienne un réflexe. J'aimerais bien savoir ce que les gens pensent de moi.


    J'aimerais aussi être la maîtresse du monde.


    Ne nous égarons pas.


    Je me sens grandir depuis quelques temps. Mais je me sens régresser en même temps, c'est assez étrange. Je crois que j'ai inversé deux parties de ma vie. La partie sérieuse et la partie partage en couille. Qu'à cela ne tienne, les deux ont du bon. Et en ce moment, pour une fois, ma tête, mon coeur, mon sourire, mon corps et moi-même sommes en bons termes. Même si ça n'a pas l'air d'influer sur ma capacité à écrire compréhensiblement.


    Chanceuse je suis.


    Et j'espère...


    Chanceuse je resterais.


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