• Robert REDEKER : Distinguons son méfait de la menace qu'il subit !


    Mon souci tient en deux points: d'une part la forte montée du racisme contemporain qu'il faut combattre sous toutes ses formes et d'autre part la nécessité de maintenir l'esprit critique y compris contre les fétiches religieux et le droit d'expression qui le permet.


    Aujourd'hui la critique sévère à la limite du racisme de Robert REDEKER contre l'islam provoque des menaces de mise à mort. Comment prendre position?


    Avant de se poser la question de la solidarité (2) il faut savoir dire si les propos étaient racistes ou non. La critique de la religion ne peut-elle pas déboucher sur des propos racistes? Si oui à quel moment situé le dérapage raciste? (1)



    1 - Le moment du dérapage raciste :



    Ces affaires de racisme implicite ou explicite ayant pour point de départ la critique de la religion méritent de distinguer les champs d'expression. Ce n'est pas si aisé. Gerard KERFORN ne tranche pas nettement en faveur du racisme (cf site MRAP-Landes) alors que Pierre TEVANIAN a dit l'essentiel en "dix remarques sur un collègue" sur Bellaciao à propos du texte de Robert Radeker . Un second texte de Pierre TEVANIAN concernant la position de la FSU montre que les choses ne sont pas si claire pour tous. Je vais essayer de poser les élements de clarification.


    La critique des religions, même sévère, est une conquête de libération historique de l'homme contre les fétichisme qui veulent le rabaisser, le soumettre, l'agenouiller. Mais cette critique ne saurait sortir de son champ, sortir de sa route par dérapage racisant. Quand sort-on du champ licite?


    1 - Il est évident que l'on peut critiquer les religions toutes les religions.


    Il est d'ailleurs aisé de trouver de quoi le faire, qu'il s'agisse de la religion juive, catholique ou musulmane. La critique porte en général sur les textes sacrés ou sur les propos des maïtres religieux . Elle peut aussi porter sur des pratiques religieuses, celles mises en application des textes ou par coutume religieuse. Mais la critique de la religion doit rester la critique de la religion.


    2 - Or, le racisme n'en reste pas là.


    La critique n'est que le prétexte, le moyen. L'interprète dira que le texte de telle religion contient des éléments de violence. Soit. Ou il dira, en plus nuancé : "le texte de telle ou telle religion contient beaucoup plus d'éléments négatifs que positifs". Là encore, à mon avis, pas de problème. On a le droit d'opinion. Le propos peut être "scientifique" ou idéologique. Il est dicible et bien sûr criticable à son tour.




    3 - Mais, la pensée raciste va plus loin que de dire son "opinion" sur une religion donnée.



    Elle passe au réel, aux "gens" en globalisant. Autrement dit, elle affecte le "négatif" de sa critique à des personnes mais sans distinction. Là ce n'est plus la religion qui est concernée.Ce sont ses adeptes. Et pas des adeptes critiqués pour tel ou tel pratique, comme par exemple l'exhibition de signes hostensibles mais des adeptes critiqués globalement. Ils sont essentialisé sous une caractérisation globalisante. Ce n'est alors plus une opinion.


    Voici ce que dit la pensée raciste: Les gens de tel continent sont adeptes de telle religion dont j'ai dit tout le mal. Là ce sont bien les croyants eux-même qui sont qualifiés négativement. Cet essentialisation d'une religion combinée à l'essentialisation d'un peuple suffit pour dire ce n'est plus une critique de la religion, une opinion mais une insulte raciste. Robert Redeker relève de ce régistre


    4 - Mais bien souvent le racisme va plus loin encore.


    La critique de la religion n'est qu'un point de départ. Ils disent: Tel peuple croit en une mauvaise religion ; mais aussi tel autre peuple croit en une bonne religion. Nous sommes dans le cas d'une comparaison hiérarchisante classique du racisme.



    2 - La question de la réaction à la violence raciste


    En fait je vois trois questions sur cet aspect.


    A) - Ces menaces sont injustifiées.


    - Réponse ambigue : La réponse du MRAP laisse entendre que non tout en faisant le lien entre les propos et les menaces. Mouloud a parlé en quelque sorte de réponse disproportionnée. Ce qui donne lieu à une offensive de Respublica sur le net.


    - Réponses claires mais sur fondements différents:

    Cela constitue les points 1et 2 des "Dix remarques à un collègue" de Pierre Tévanian sur Bellaciao.

    C'est clair aussi dans la position de Gérard Kerforn publiée sur le site MRAP Landes


    B) - Qu'elles sont les motivations de ces menaces?


    Les mollahs lancent-ils la guerre contre ce racisme ou contre le blasphème de leur fétiche. Les maîtres spirituels ne s'adonnent pas en général à ce genre de riposte. Ils reconnaissent que dans leur camp il y a des tarés. Il y a des tarés dans toutes les grandes religions. Il y a aussi des personnalités plus réfléchies dans toutes les religions. La théologie de la libération promeut beaucoup plus l'égalité des sexes, la laïcité et appelle à participer auxluttes contre toutes les formes de domination, d'exploitation, d'oppression.


    C) - Que faire face aux menaces?


    Face aux menaces de mort contre Robert Redeker, il faut le protéger mais pas aux côtés des racistes .

    Faut-il s'accoquiner avec Respublica qui par dogmatisme aveugle sur la laicité ignore le moment du dérapage raciste. Je pense que non.



    Christian Delarue
    Membre du Bureau exécutif et du Conseil d'Administration du MRAP 


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  • ATTAC et "Unitaire 2007":

    Intérêt évident et indépendance nécessaire.



    Voilà un processus de formation d'un programme et de désignation d'un candidat qui tranche de l'ordinaire. Il suscite l'intérêt parmis les membres d' ATTAC. Certes ATTAC n'est pas un parti politique , certes ATTAC n' a pas faire de choix parmis les candidats. Et les membre de sa direction n'ont pas - en tant que tel - à participer à la désignation de candidats . Par ailleurs, ATTAC n'est pas de gauche .


    Reste qu'en tant que membre d' ATTAC il est encore possible, me semble-t-il d'intervenir sur quelques aspects . Je vois au moins trois aspects . Si ATTAC n'est pas "de gauche", il reste que son projet de Manifeste (2) se heurte nettement aux politiques libérales donc aux projets de la droite et de la gauche modérée, social-libérale. Il reste aussi à propos de la question des personnes que lorsque l'on se place du point de vue du mouvement social on s'abstient pas de voir si dans les candidats en lice il y en a qui sont issus - ou non - de ce mouvement social. Enfin le processus lui-m^me interpèle(1).


    1. - Il y a bien dans le processus en cours une dynamique à la fois citoyenne, unitaire et plurielle qui est portée par ATTAC. Ce ne sont ni LO et le PT et assez peu les dirigeants des Verts et du PS qui s'engagent dans un tel débat politique, alors que les adhérents de base semblent plus intéressés. Du moins c'est ce que je retiens des discussions de couloirs ici ou là . Donc il ya là une initiative poltique originale très positive . Le fait que des citoyens comme des membres de partis de gauches interviennent ainsi pour dire leurs exigences est très encourageant.


    2. - La formation d'une base programmatique semble bien fécondée par des propositions issues du mouvement social, d' ATTAC, de la Fondation Copernic . On devine déjà bien un projet porteur de ruptures "pour une autre France et pour une autre Europe" comme on dit à ATTAC. Normal puisque plusieurs membres y ont participés à titre individuel. Mais là encore libre à chacun d'aller voter autrement, ou plus modéré, ou plus radical.


    3. - Sur les candidats, il n'est pas du ressort d'ATTAC et encore moins d'un membre de son CA national d'indiquer qui est le meilleur candidat. Je n'ai surtout pas à choisir ici entre Marie-George BUFFET et Olivier BESANCENOT, pas plus qu'un autre candidat d'un parti. Il me serait alors loisible de souligner la candidature de José BOVE comme issu du mouvement social. Mais est-il représentatif de l'ensemble du mouvement social et notamment de sa composante syndicale, du moins de la composante syndicale qui ne s'accomode pas de l'accompagnement social du libéralisme ? Je laisse la question pendante . Je pense qu'il n'y a pas à mon sens suffisament de candidat du mouvement social. Pourquoi Annick COUPE ne s'est-elle pas présentée? Peut-il y avoir un candidats du mouvement civic, en faveur de l'égalité des droits? Par ailleurs les choses se présentent parfois sous une autre forme. A défaut de membre nettement représentatif du mouvement social dans sa diversité, ce qui est une gageure, on peut observer que la lutte contre le Traité constitutionnel européen a pu mettre en avant plusieurs militants tel Raoul Marc JENNAR ou un militant de qualité comme Yves SALESSE, qui combine plusieurs histoires politiques et associatives . On le voit l'abstention s'impose sur ce point pour moi comme membre d' ATTAC même si il y a matière à discussion.


    En fait, ce qui compte c'est la dynamique de rassemblement qui croise mouvement social et logiques d' appareil. Réaliser l'unité sur la base d'un projet altermondialiste. Voilà qui s'avère exaltant, pour peu que l'on s'en tienne pas à des revendications franco-françaises..


    Christian DELARUE
    Membre du CA d'ATTAC France

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  • Bernard TEPER (à gauche) Christian DELARUE (à droite) 

    Pour une ATTAC altermondialiste et démocratique : débat B. TEPER / C. DELARUE 

     

    Base d'intervention de Christian DELARUE lors du débat avec Bernard TEPER à Saint Etienne le 22 septembre 2006, base reprise avec ajouts et modifications lors du débat avec Michel GICQUEL à Pontivy et avec Henri RACINE et Michel GICQUEL à Carhaix (sur ce blog et sur le site attac 29).

     


    En ouverture, le président du comité local précise qu'il fera lecture et commentaires de la position « non alignée » (publiée dans Lignes d'ATTAC sous la signature de Régine TASSI) après les exposés de chacun des deux représentants des camps qui s'affrontent.

     

    Christian DELARUE, qui est membre de la direction du MRAP et élu au CA d'ATTAC comme fondateur MRAP, va commencer par une défense et illustration du texte « Pour une ATTAC altermondialiste et démocratique »
    http://www.france.attac.org/article.php3?id_article=6572
    puis se sera au tour de Bernard TEPER, fondateur UFAL, de défendre la contribution « Pour une ATTAC de deuxième génération »
    http://www.france.attac.org/article.php3?id_article=6571

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    1 - Christian DELARUE « Pour une ATTAC altermondialiste et démocratique »





    Une présentation plus large me semble utile tant pour les adhérents d'ATTAC que pour ceux du MRAP que je vois dans la salle. Je suis certes membre fondateur d'ATTAC délégué par le MRAP (Mouvement contre le Racisme et l'Amitié entre les Peuples), mais ce n'est pas moi Christian DELARUE qui a participé à la fondation d' ATTAC, c'est le MRAP. Et, pour dire vrai, même le MRAP adhérent personne morale – APM – n'est pas à strictement parler fondateur.
    En 1998, puis les années qui suivirent, j'ai essayé - en vain - que mon syndicat , la CGT des impôts d'Ille et vilaine (SNADGI-CGT 35), affilié à la Fédération des Finances CGT membre fondatrice d'ATTAC, soit adhérent d'ATTAC et que j'ai un mandat pour le représenter. Cette démarche renouvelée ayant échoué j'ai adhéré individuellement – APP- au comité rennais d'ATTAC et je suis entré dans son CA, grâce à l'invitation de Michel Gicquel.
    L'anti/altermondialisme m'a réellement passionné. Mais mes activités antiracistes et altermondialistes demeuraient séparées. Au sein du MRAP, j'écrivais bien des textes sur le sujet pour la commission « mondialisation » mais c'était une autre camarade – Claudie GARNIER – qui était déléguée par le MRAP comme co-fondatrice. Et ce n'est que lorsque je l'ai remplacé que je me suis intéressé aux enjeux et aux conflits au sein de la direction d' ATTAC. J'ai vu qui s'affrontait dans ce CA. Et je vais dire ici ce que j'en pense.
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    Auparavant, je précise que je suis certes là pour défendre un texte qui représente un « camp ». Je vais donc le faire. Mais je vais le faire à ma façon, à partir d'une conception. Car la « logique de clan » durcie avec le conflit sur la fraude impose certes des contraintes extrêmement pesantes mais n'oblige pas à mon avis au grégarisme et au sectarisme compulsif ni à l'agression constante de l'autre. Pour autant je suis pas « non aligné » et au sein de la « gouvernance » d' ATTAC la naïveté bisounours n'est pas de mise.
    Mon propos commence par la nature et l'identité d' ATTAC ce qui débouchera sur les questions d'organisation – la gouvernance d' ATTAC – et d'orientation avant de terminer sur le conflit relatif à la fraude et à l'éthique.


    1. – REPRENDRE LA QUESTION DE LA NATURE D'ATTAC...



    La crise du mouvement ouvrier mène à ATTAC (1), qui malgré son projet de transformation sociale n'est pas de « gauche » au sens strict du terme (2). Elle est porteuse d'exigences altermondialistes qu'il faut clarifier (3).


    I – LA CRISE DU MOUVEMENT OUVRIER ET ATTAC


    En France mais aussi dans de nombreux pays la plupart des partis socialistes et communistes entrent en crise. Il en va de même des syndicats de salariés. Le marxisme comme idéologie explicite ou implicite de ces organisations subit un déclin impressionnant. Je n'ai pas le temps de démonter ici tout cela de façon rigoureuse.
    Ce qui est apparu plus tard c'est l'idée forte qu'il ne fallait pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Il y a donc eu un retour de la pensée marxiste mais sous forme critique, dédogmatisée, plurielle. Il y a eu aussi au titre de la pensée critique « renversante » du libéralisme le remplacement de la fondation St Simon par la fondation Copernic.
    ATTAC a grandi dans ce contexte ou chacun construit sa pensée avec des bouts de Marx avec des bouts de Durkheim, des bouts de Proud'hon, de Bourgeois, de Bouglé et j'en passe mais en ne supportant plus la vérité venue d'en-haut. Tout cela a des répercussions précises qui aident à comprendre la composition d' ATTAC et plus particulièrement la question des fondateurs.



    II. – ATTAC DE GAUCHE ?


    A) La composition d'ATTAC

    - La base : Les adhérents d' ATTAC viennent d'horizon divers et ce d'autant plus que l'orientation d' ATTAC librement déterminée ne recoupe pas totalement le positionnement des partis de gauche . Il y a dans ATTAC beaucoup de salariés non syndiqués et non affiliés à un parti. Il y a aussi des artisans et des paysans (en général adhérents à la Confédération paysanne).

    - Le côté gauche : Dans son article « Après le Larzac, de nouveaux défis » paru dans Libération le 18 aout 2003 Jacques NIKONOFF écrit : « Si une partie de l'extrême gauche a bien rejoint le mouvement altermondialiste, il s'agit principalement de militants de la LCR, dont la plupart apportent leur sensibilité, honnêtement et efficacement, sans chercher à récupérer ou manipuler le mouvement. Quant aux deux autres formations d'extrême gauche (PT et LO), le mouvement altermondialiste – et particulièrement ATTAC – est devenu leur bête noire. » Voila une analyse que je partage et qui s'oppose à la vision policière d'un individu prolixe sur les listes internes qui tire à vue obsessionnellement et sans preuve sur les « permanents politiques de la FSU ». Il y a aussi dans ATTAC des membres du Pc, des Verts, du PS.

    - Le côté « droit » : S'agissant de socialistes, le problème est aigu. On l'a vu le 9 septembre 2003 que cela pouvait poser problème. Les socialistes qui tenaient le stand étaient sans doute aussi « altermondialistes » convaincus mais comme ce n'était pas « marqué sur leur front » et que, même en ce cas, cela n'effaçait pas pour autant – ce serait trop facile - l'hypocrisie insupportable d'un stand PS dans le champ alter, il y a eu l'opération « enlèvement de bâche ». Je laisse pour le débat la question de l'exploitation politicienne et médiatique par les officiels de cette attaque sur le symbole. On a vu aussi récemment que si des membres anonymes « PS » se montraient à la fois critique de leur direction et réellement porteurs des alternatives et ruptures présentes dans le Manifeste - ce que l'on approuve pleinement - il n'en était pas de même de notre Secrétaire générale d'ATTAC qui avoue photo à l'appui dans Le Nouvel Obs ses sympathies pour le PS. Il ne s'agit pas ici seulement de dire que l'on peut voter PS au second tour, ce qui n'est pas une question de fond.
    Educ pop » ? La « seconde génération » d'ATTAC théorisée par Bernard et ses amis pourrait faire en sorte que la citoyenneté émancipatrice ne débouche pas sur des comportements électoraux en contradiction avec les dynamiques portées par le mouvement ATTAC. Le soutien des positions de la direction du PS et le soutien des positions d'ATTAC sont bien souvent contradictoires au fond. Sauf de rares exceptions l'altermondialisme n'est pas compatible avec le socialibéralisme.
    Paradoxalement, on connaît des militants Verts et socialistes, souvent critiques de l'orientation de leur parti, et non membre d'ATTAC qui portent comme ATTAC une franche critique du socialibéralisme et du néosolidarisme , deux critiques qui heurtent le positionnement de la direction de ces deux partis. Je ne développe pas plus, je ne tranche rien et je laisse ici place au débat.


    B) ATTAC n'est pas un parti


    Là il y a deux débats à pointer rapidement:

    - D'une part la question en 2004 de la création d'une liste « 100% alter » comme « entourloupe » pour soit carrément transformer ATTAC en parti politique soit créer en annexe d' ATTAC un parti « alter » (la version « pressée » a été choisie face à la version plus subtile). J'ai montré ailleurs que l'opération avait été mal montée en interne au sein d'ATTAC et mal initiée en externe par rapport à des organisations sur le même créneau (CCAG, PC, LCR...).

    - D'autre part la formation d'un proto-parti. L'idée prêtée à Jacques et Bernard serait de vouloir transformer ATTAC en une sorte d'organisation politique intervenant dans le champ politique mais ne présentant pas de candidats aux élections donc n'étant pas réellement de ce fait un parti politique. La critique est plus présupposée que réellement fondée. Il convient de remarquer pour qui a du « pif politique » que la solution « proto-partidaire » suppose comme par hasard de se séparer des syndicats car ils doivent maintenir leur indépendance tant à l'égard du patronat que de tous les gouvernements et partis politiques. La stigmatisation des « fondateurs » vise essentiellement les syndicats accusés de modérer les exigences du mouvement.


    - III. - ATTAC : UNE NOUVELLE DYNAMIQUE ALTERMONDIALISTE


    Le texte rennais pour le Manifeste intitulé « Altermondialisme, une dynamique pour un autre monde » donne brièvement un contenu mais ne clarifie pas les enjeux.


    A) ATTAC conserve son antimondialisation capitaliste :

    ATTAC est passé de l'antimondialisation « sans adjectif » (qui lui donnait parfois des proximités de terminologie fort suspectes comme celle de l'antimondialisme du FN) à l'antimondialisation capitaliste. Pour ce faire elle a élargie son champ d'intervention. Le Manifeste contient dans ses 12 domaines des points qui sont en ruptures avec la mondialisation capitaliste. Mais l'on voit que cette résistance est forte de luttes comme le sexisme et le racisme. Je me félicite que l'antiracisme soit désormais considéré comme essentiel à la construction de l'autre monde que nous voulons.


    B) ATTAC est devenu altermondialiste :


    A la résistance toujours nécessaire elle a ajoutée des alternatives positives comme l'alterdéveloppement (les services publics démarchandisé et en appropriation publique plus l'écologie pour aller très vite) ou l'alterdémocratie.
    Ici il y a encore du non dit. Bien avant de débattre de l'émancipation laïque chère à Bernard je crois qu'il faut clarifier ce qui fait désormais l'essence de notre mouvement. Je renvoie pour le contenu au texte de présynthèse de Marc Delepouve.


    a) L'option mouvementiste insiste sur l'atermondialisation c'est-à-dire sur les processus collectifs en oubliant les buts : l'autre monde, l'autre Europe, l'autre France . Le mouvementisme s'accomode beaucoup plus aisément que l'altermondialisme véritable du socialibéralisme et du néosolidarisme.
    Au plan de la démocratie, la démocratisation insistera sur la démocratie participative mais sans préciser ce que signifie une alterdémocratie qui est pour moi un système politique qui étend pleinement le champ de la décision du peuple-citoyen et qui pour ce faire a fait reculé fortement le marché et l'appropriation privée et qui a mis fin au cadre de ce que l'on appelle « la démocratie libérale » rabougrie.
    « L'enfouissement » dans les forums et dans le mouvement social avec une ATTAC strictement mouvementiste donc sans position propre voire sans apparition propre peut participer de cette conception d'ATTAC qui « bouge » avec tout ce qui bouge.
    Dans cette conception, le Manifeste doit rester ouvert, ne pas trancher certaines questions qui font débat et ne pas ressembler à un programme politique. Le terme même du Manifeste fait d'ailleurs problème par sa proximité avec le manifeste communiste et les manifestes des partis politiques


    c) L'option altermondialiste insiste sur les ruptures qui par effet de convergences montrent des perspectives de changement de société. Il y a donc bien ici un trajet pour un projet alter. Comme l'indique la contribution rennaise au Manifeste : avec l'altermondialisme on voit clairement « une dynamique pour un autre monde ». ATTAC se constitue alors en mouvement critique orienté vers un but et porte constamment les exigences nécessaires à la réalisation de ce but : l'autre monde que nous voulons (mais aussi l'autre Europe et l'autre France). Il ne s'interdit pas d'intervenir ici et maintenant dans les futurs élections françaises mais son champ d'action et ses perspectives historiques ne sauraient se limiter à l'ici et maintenant.
    Pour les altermondialistes, le Manifeste d'ATTAC doit contenir de réelles ruptures dans tous les champs de l'existence humaine, économique, sociale, écologique, culturelle. L'alternative se porte dans les luttes sociales avec toutes les composantes du mouvement revendicatif, les syndicats, les associations voir les partis politiques mais dans un cadre unitaire large (mais aussi contre ces acteurs politiques lorsqu'ils s'inscrivent dans la vision du monde dite de la « fin de l'histoire »).


    2. – ... POUR COMPRENDRE LA "GOUVERNANCE" ATYPIQUE D'ATTAC.


    I.– LA CRISE NE VIENT PAS DES FONDATEURS : L'appel du 14 septembre colportant la bonne vieille tactique du bouc émissaire est un mensonge !

     



    Certes son rôle de proposition des orientations prévu par les statuts est resté lettre morte. Pour autant il est faux de dire que les fondateurs se sont intéressés aux enjeux de pouvoirs. Cette globalisation des fondateurs ne rend pas compte de la réalité. La plupart des fondateurs comme d'ailleurs beaucoup d'adhérents des comités se sont longtemps désintéressés des conflits de sommet.
    Cette tactique du bouc émissaire cache le fait que la crise vient de l'affrontement au sein de la direction, au sein du CA et du BE. Au sein du CA elle est menée que par un nombre réduit de personne. Pour compléter le propos je dirais que non seulement sur les 57 fondateurs bien des fondateurs ne participent pas à ce conflit et que par contre des personnes non membre du CA (et non déléguées par une personne morale fondatrice) participent à longueur de journée sur les listes électroniques à l'intensification du conflit. Et je vous cite des noms devant le magnétophone sans problème.


    II.- THESES SUR LES FONDATEURS POUR EN FINIR AVEC LE MENSONGE


    1 Il faut changer la terminologie. Tous n'ont pas été « fondateur ». Il doit y avoir débat sur ce point pour changer.
    2 Dans ce collège des fondateurs, il y a des adhérents personne morale – APM – et des adhérents personne physique reconnus comme personnalité très importante APP-VIP.
    3 Les APM (et les APP-VIP) paient une cotisation comme les APP dits « actifs ». Ils peuvent donc se présenter à l'élection pour devenir membre du CA
    4 La force d'ATTAC réside dans ses comités locaux, les élus issus de ces CL doivent avoir un poids déterminant au sein du CA. Il faut assurer la réussite de la réforme statutaire de rééquilibrage
    5 Le phénomène bureaucratique est inhérent à toutes les organisations y compris syndicales et politiques. C'est un fait historique scientifiquement validé. Ce qui ne signifie pas cynisme et fatalité.




    III. – PROPOSITION POUR UNE NOUVELLE GOUVERNANCE :


    ATTAC n'est pas une entreprise néolibérale qui met en application la « corporate gouvernance » la transmission en interne de la critique de la gouvernance par analogie est donc non valide. Car la présence des 57 fondateurs apporte une richesse au mouvement et évite l'option avant-guardiste (voir un texte clair sur le sujet que j'ai mis sur Bellaciao).
    Cependant deux faits cumulés risquent de réintroduire les éléments de crise issus de la bureaucratisation du mouvement ouvrier : 1 - Le fait que certains représentants fondateurs soient en position de pouvoir renforcé via la longue présence dans les instances (depuis 1999 pour certains) via le lieu d'habitation (Paris), via le statut de permanent syndical. 2 – Le fait que les fondateurs ne soient pas élus individuellement mais sur liste bloquée. Je pense aujourd'hui que ces deux phénomènes conjugués sont préjudiciables aux « fondateurs ». L'argument de la nature d' ATTAC ne suffit pas à écarter cela.

    Solution préconisée : distinguer les fondateurs dans leur fonction statutaire (art 11) des fondateurs candidats au CA. Je ne vois aucun inconvénient à ce qu'un fondateur soit reconduit par son organisation depuis 8 ans voire plus si cette organisation l'a décidé parce qu'elle juge que le travail effectué est utile. L'objection des « sénateurs » et « permanents » porte plus lorsqu'un fondateur est candidat au CA. Là je crois qu'il doit s'y présenter sous les mêmes règles que les autres. Dés lors, non seulement cet acte de candidature ne doit pas lui être interdit mais un nombre de place doit être réservé au CA aux élus APM. Mettons 1/3 des places, c'est à discuter.


    3) L'IMPENSABLE EST SURVENU


    I.- Sur la question de la fraude :

     

    Les deux préalables : Une conflictualité forte faite de haines tenaces. Les mauvaises conditions du dépouillement étaient avérées mais sans doute pas connues de l'ensemble du mouvement.

    La question de la fraude apparaît donc à de Rennes avec 1 la publication des résultats, 2 l'intervention de Bernard CASSEN devant 300 adhérents décrivant combien il était aisé de tricher lors des dépouillement et 3 les premières analyses statistiques qui montrent à l'aide de tableaux des anomalies surprenantes. Pour certains il y a eu fraude, pour d'autres non. Les partisans de la fraude refusent de siéger au CA. Des groupes de discussion se forment entre élus siégeant et élus non siégeant, le tout hors de la plupart des adhérents qui restent en attente et ignorent les raisons de cette division.
    De Rennes à l'Université d'été de Poitiers, la question de la fraude a agitée l'association durant tout l'été. La bataille a fait rage autour des analyses statistiques. Deux menaces de procès sont intervenues ; l'une contre Thomas COUTROT est en cours d'exécution.
    Finalement c'est le rapport de René PASSET (site ATTAC) publié la veille de l'université d'été qui va peser sur la très forte probabilité de la fraude qui va être à l'origine d'une commission exécutive mixte paritaire. (Sur la chronologie du conflit : note de soutien au débat de JMH)
    Il y a fraude mais pas de fraudeurs connus. La présomption d'innocence s'applique. De plus des camarades ont même juré de n'avoir pas fraudé.
    Ce n'est pas tout. ATTAC outil de lutte contre le néolibéralisme doit être remise sur pied rapidement.



    II.- Une autre éthique : en finir sans exclusion avec la guerre des camps.


    « Du pire peut naître un bien » : Nécessité du « lâcher prise »
    La question de la fraude n'est pas restée clandestine. La presse en a abondamment parlé. Il faut donc opérer un grand changement, fondé sur l'abandon réciproque du combat interne. Il faut « lâcher prise. » Pour le noyau directionnel il faudra l'intervention de « casques bleus ». Pour le reste du mouvement, nous pouvons rester ensemble car il n'y a pas « une organisation qui a fraudé » et qui serait pestiféré. Pour autant, la fraude est chose grave et le mouvement ne saurait la banaliser. Mais la présomption d'innocence s'impose. De plus si la fraude est avérée, nul ne sait qui a fraudé. Enfin il n'y a pas d'un côté des saints et de l'autre des immoraux. La chute est concevable pour tous et chacun, il convient de tout faire pour l'éviter. Cela exige une certaine discipline et d'intégrer cette dimension éthique dans notre activité et orientation.
    La conflictualité au sein de l'exécutif et du Conseil d'Administration est telle qu'elle tend désormais à s'étendre à l'ensemble de l'association et qu'elle risque de nuire à l'ensemble du mouvement donc au combat qu'elle mène contre le néolibéralisme.
    Deux solutions ne semblent pas partagée donc ne portent pas. Il s'agit d'une part de la démission de tout le CA (B Cassen) ou d'autre part la solution de la disparition du noyau directionnel en conflit dur perpétuel ce qui signifie effacement simultané des trios de chaque camp : JN BC MD et SG GM PK . Aucune de ces solutions n'est acceptée par l'autre camp.
    Il reste donc l'abandon du conflit sous pression des « non-alignés » et des comités locaux. Chacun des camps en présence abandonne ses armes : les statistiques sur la fraude d'un côté, la mise en procès de Thomas COUTROT de l'autre côté. Le refus des exclusions au Conseil scientifique comme au CA.



    III. - La solution altermondialiste :
    « marchons sur les deux jambes »


    1) - Les activités propres d'ATTAC :

     

    contre la financiarisation du monde ;

    <v:shape id="_x0000_i1029" alt="-" type="#_x0000_t75"><v:imagedata o:href="http://bellaciao.org/fr/puce.gif" xsrc="file:///C:\DOCUME~1\DELARU~1\LOCALS~1\Temp\msohtml1\01\clip_image003.gif"></v:imagedata></v:shape>contre l'AGCS et l'OMC, pour la défense et réhabilitation des services publics hors logique marchande ;
    <v:shape id="_x0000_i1030" alt="-" type="#_x0000_t75"><v:imagedata o:href="http://bellaciao.org/fr/puce.gif" xsrc="file:///C:\DOCUME~1\DELARU~1\LOCALS~1\Temp\msohtml1\01\clip_image003.gif"></v:imagedata></v:shape>pour l'appropriation publique et citoyenne et l'alter-démocratie
    <v:shape id="_x0000_i1031" alt="-" type="#_x0000_t75"><v:imagedata o:href="http://bellaciao.org/fr/puce.gif" xsrc="file:///C:\DOCUME~1\DELARU~1\LOCALS~1\Temp\msohtml1\01\clip_image003.gif"></v:imagedata></v:shape>Le « Manifeste » d' ATTAC a ajouté des thématiques : Les ruptures doivent intégrer 12 secteurs d'intervention..


    2) - Les activités unitaires sont de deux sortes :

    - au sein de collectifs
    <v:shape id="_x0000_i1033" alt="-" type="#_x0000_t75"><v:imagedata o:href="http://bellaciao.org/fr/puce.gif" xsrc="file:///C:\DOCUME~1\DELARU~1\LOCALS~1\Temp\msohtml1\01\clip_image003.gif"></v:imagedata></v:shape>aux contours variables avec des syndicats de salariés et de paysans, des associations et des partis le cas échéant :
    <v:shape id="_x0000_i1025" alt="-" type="#_x0000_t75"><v:imagedata o:href="http://bellaciao.org/fr/puce.gif" xsrc="file:///C:\DOCUME~1\DELARU~1\LOCALS~1\Temp\msohtml1\01\clip_image003.gif"></v:imagedata></v:shape>Exemple :
    en 2003 pour la défense et promotion de la Sécurité sociale et des retraites et contre la décentralisation-féodalisation,
    en 2004 pour la santé contre la réforme Douste-Blazy ;
    en 2005 contre le projet de traité constitutionnel européen dans les collectifs pour une autre Europe (collectifs du 29 mai) ;
    en 2006 avec la participation de comités locaux aux luttes contre le CPE et aux luttes de défense des sans-papiers.

    - au sein des forum : ATTAC participe à la construction des FSM, FSE, FSL et autres forum respectant la Charte de Porto Alègre.
    Cette participation est offensive et critique car l'altermondialisation comme processus fait converger des forces qui ne se sont pas clairement dégagées du socialibéralisme. Or l'altermondialisme lui ne s'inscrit pas dans « la fin de l'histoire », il veut un autre monde.


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