• 1955 : "Le contenu du socialisme", "le Dieu caché", "Tristes tropiques".

    1955 : "Le contenu du socialisme", "le Dieu caché", "Tristes tropiques".

    A celles et ceux né(e)s en 1955 !
     
    En 1955, date de naissance de Pascal FRANCHET, Serge JALU et Christian DELARUE - ce qui n'a d'importance que pour nous et l'amitié que l'on se porte - mais aussi et surtout date de naissance du Tiers-monde avec la Conférence de Bandung .

    C'est aussi l'année de parution d'au moins trois ouvrages importants. L'un sur le socialisme de Castoriadis l'autre de Lucien Goldman sur la foi en une transcendance sociale sous le titre "le Dieu caché". Le troisième est de Claude Levi-Strauss et se nomme Triste tropiques.

    1) Cornélius CASTORIADIS (1922-1997) a d'abord été marxiste avant d'abandonner un peu rapidement la méthode matérialiste de Marx à la "critique rougeuse des souris".

    En 1955, toujours marxiste et même trotskyste il écrit "le contenu du socialisme". Plus tard, non marxiste, il plaide pour une société autonome.
    Il ne faut pas prendre ce parcours comme un trajet obligé. Il faut comprendre que pour lui comme pour des millions de personnes, le socialisme a fini par devenir la société contrôlée par la GPU, et non comme il l'a longtemps voulu une société contrôlée par les travailleurs et travailleuses. Eu égard aux changement intervenus depuis 1989 et 1991, il y a lieu aujourd'hui de reprendre l'une et l'autre notion pour avancer. Car le "socialisme du GPU" n'en était pas un. On sait cela.

    Le contenu du socialisme du XXI ne sera même  plus celui du Castoriadis de 1955. Ne serait-ce qu'à cause de la dimension écologique à prendre en compte. Mais l'on peut encore s'appuyer sur des éléments anciens et avancer vers une autre société.

    De même, le marxisme peut de nos jours retrouver son plein usage critique (sans nécessairement penser qu'il s'agit de retourner à un âge d'or du temps de Marx) et abandonner un usage de légitimation du pouvoir et de voilement des mécanismes de domination. Le marxisme n'est pas une orthodoxie. Il se déploie sous différentes formes.


    2 ) L’œuvre de Lucien GOLDMAN (1913 - 1970) représente une autre tentative de frayer une voie au renouveau de l’étude marxiste de la religion, d’inspiration très différente de Bloch. Dans son livre Le Dieu caché (1955), il essaye de comparer – sans pour cela assimiler l’une à l’autre – le pari pascalien sur l’existence de Dieu et le pari marxiste sur la libération de l’humanité… Tous deux sont fondés sur une foi, une croyance à des valeurs transindividuelles, qui n’est pas démontrable au seul niveau des jugements factuels : Dieu en ce qui la religion, la communauté humaine de l’avenir en ce qui concerne le socialisme. Ce qui les sépare est bien sûr le caractère supernaturel et suprahistoriques de la trancendance religieuse.

    3) Tristes tropiques et l'islam. On estimera - à raison selon moi - qu'il faudrait quand même parler d'autres analyses de Claude LEVI STRAUSS (1908 - 2009) et non se focaliser sur la fin de ce livre. La fin du chapitre Le retour - qui fait l'apologie de JJ Rousseau - se termine par le passage qui suit (p 484 ed PLON / Terre humaine poche) :

    Grande religion qui se fonde moins sur l’évidence d’une révélation que sur l’impuissance à nouer des liens au-dehors. En face de la bienveillance universelle du bouddhisme, du désir chrétien de dialogue, l’intolérance musulmane adopte une forme insconsciente chez ceux qui s’en rendent coupables ; car s’ils ne cherchent pas toujours, de façon brutale, à amener autrui à partager leur vérité, ils sont pourtant (et c’est plus grave) incapables de supporter l’existence d’autrui comme autrui. Le seul moyen pour eux de se mettre à l’abri du doute et de l’humiliation consiste dans une “néantisation” d’autrui, considéré comme témoin d’une autre foi et d’une autre conduite. La fraternité islamique est la converse d’une exclusive contre les infidèles qui ne peut pas s’avouer, puisque, en se reconnaissant comme telle, elle équivaudrait à les reconnaître eux-mêmes comme existants.

    Mais il s'agit juste de la fin de ce chapitre. En fait il développait son point de vue critique sur plusieurs pages. Et cela continue sur le dernier chapitre, celui qui suit.
    lire : Claude Levi-Strauss et les musulmans par No Comment
    http://www.legrandsoir.info/Claude-Levi-Strauss-et-les-musulmans

    Christian D


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  • Commentaires

    1
    Dimanche 12 Août 2012 à 00:00
    LEVI-STRAUSS
    Pour diminuer la charge contre LEVI-STRAUSS Dans Race et histoire (1952) Lévi-Strauss écrit : « Une première constatation s’impose : la diversité des cultures humaines est, en fait dans le présent, en fait et aussi en droit dans le passé, beaucoup plus grande et plus riche que tout ce que nous sommes destinés à en connaître jamais […] La notion de la diversité des cultures humaines ne doit pas être conçue d’une manière statique. […] Beaucoup de coutumes sont nées, non de quelque nécessité interne ou accident favorable, mais de la seule volonté de ne pas demeurer en reste par rapport à un groupe voisin qui soumettait à un usage précis un domaine où l’on n’avait pas songé soi-même à édicter des règles. » Malgré ce phénomène d'échange, la pente naturelle d'un individu tend vers l'ethnocentrisme, c'est-à-dire qu'il tend à considérer sa culture comme La Culture. Cela consiste à « répudier purement et simplement les formes culturelles morales, religieuses, sociales, esthétiques, qui sont les plus éloignées de celles auxquelles nous nous identifions. » Dix plus tard, en 1962, dans la Pensée sauvage, il défend l'universalité de la pensée, et surtout de l'uniformité des capacités intellectuelles et conceptuelles des hommes quel que soit leur degré de civilisation. Le livre tente aussi de démontrer la relativité d'une supposée supériorité de la science des civilisés sur celle des archaïques.
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