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Par Cosmic Dancer le 21 Février 2011 à 20:24
Vois-tu venir sur le chemin la lente, l’heureuse,
celle que l’on envie, la promeneuse ?
Au tournant de la route il faudrait qu’elle soit
saluée par de beaux messieurs d’autrefois....
R. M. Rilke, La Passante d'été
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Par Cosmic Dancer le 11 Avril 2010 à 23:28
"L'écriture est, définitivement, l'évidence du silence et, pour cette raison, l'ennemie irréductible de la Toile qui sans cesse bruit, s'affaire, gigote, trépigne, bavarde, se tend sans qu'il nous soit jamais donné d'observer un brusque relâchement de sa tension. Je me demande encore par quel miracle de mansuétude ou de naïve confiance (plus sûrement, d'aveuglement) dans la suprématie de l'écrit certains blogueurs, figurant parfois même parmi mes propres amis comme Dominique Autié, s'échinent à construire des passerelles entre ces deux entités qui, fondées toutes deux sur les signes, n'en sont pas moins, dans leur essence et leur intention, radicalement contraires.
Écrire un livre suppose la fermeture absolue, le silence je l'ai dit, la solitude. Écrire un texte qui sera publié sur la Toile est par définition une expérience transversale, éphémère, partielle, dont l'ouverture voire la béance est l'alpha et l'oméga. Écrire un livre implique de se retrancher, ce retranchement étant la plus certaine garantie d'une ouverture à ces lecteurs dont on ne sait rien. Écrire sur la Toile suppose l'extrême béance de la parole purement informative : son dernier paradoxe sera pourtant de se fermer à tous après quelques minutes, heures ou jours d'existence plaintive, chétive, distendue par les mailles du Réseau. Car la parole de la Toile est une de ces créatures monstrueuses et éphémères que les anciens considéraient comme des signes de quelque désordre universel. Aujourd'hui les signes abondent de cette catastrophe silencieuse, les monstres naissent et meurent en quelques secondes à peine et chacun continue à faire comme si de rien n'était.
Effectivement, sur la Toile, rien n'est, le Rien est."
La suite ici.
Se faire l'éphémère archiviste, passeur, puis se taire de nouveau. Néo-paradoxe.
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Par Cosmic Dancer le 9 Février 2010 à 21:57
Revenir doucement à l'écriture.
Parce que les amis. Rares.
Parce que les rencontres. Rares.
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Par Cosmic Dancer le 17 Décembre 2009 à 00:11
Oui, je le concède, ce blog manque cruellement d'images. Et l'assume, fichtre, quel courage.
En ces temps obscurs de "retour du religieux", rien ne vaut l'impertinence de Typhon, par exemple, notamment pourfendeur émérite de l'espéranto (que la contradiction se lève et s'exprime ou bien se taise).
La petite Loli aux allumettesLa scène est dans une rue passante
UNE PETITE FILLE –
Je suis une pauvre fillette
Je gèle, J'ai vraiment très froid
Nul ne veut de mes allumettes
Que va-t-il advenir de moi ?
LE CHOEUR –
Sous cette neige tragique,
Cette pauvre court à sa perte
Elle est née d'un père alcoolique
Et sa mère se nommait Berthe.
LA PETITE FILLE –
Une idée me vient, dans ce froid :
Puisqu'elles sont si bien snobées
Par ces connards de gros bourgeois
Je vais, afin de réchauffer
De mes mains, tous les petits doigts
Bien faire usage du pouvoir
Calorigène des allumettes !
Elle frotte une allumette. Un poêle bourré apparaît.
Le CHOEUR –
Oh ! Jaillit une lueur d'espoir,
Des mains glacées de la pauvrette.
LA PETITE FILLE –
Mais que vois-je ? Un bon poêle !
Je ne suis plus dans la ruelle !
Mais que vois-je ? Il est parti !
Et je suis à nouveau transie !
LE CHOEUR –
Une illusion bienfaisante
L'a un instant ravie pour mieux
Lui rappeler que la mort lente
L'étreint. Mais, bon sang, que fait Dieu ?
DIEU –
Je n'existe pas. Et d'ailleurs,
Cette salope n'est plus vierge.
Mets-la en veilleuse, le chœur !
On ne gaspillera pas de cierges
Pour elle. Si tu veux donner
Dans le pathos, j'ai un martyr
Qui par des lions s'est fait bouffer.
LE CHOEUR –
Puisque c'est comme ça, je me tire.
LA PETITE FILLE –
Recommençons à nous chauffer...
Elle refrotte une allumette et un ours magique apparaît.
Tiens donc, cette fois, pas de poêle
Un ours mignon, sans air cruel.
Autrement, je serais terrifiée.
Gentil nounours, je me les pèle
Mène-moi où je n'aurai plus
Ni faim, ni froid, desu desu
Ils sortent.
UN PASSANT –
Revenez ! S'il vous plaît ! Asseyez-vous !
Prenez une chaise.
Une voix d'Ours, provenant des coulisses :
Shit, B& and V&
THE END
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Par Cosmic Dancer le 18 Octobre 2009 à 11:29
Ali Abdane ne s'était pas remis de la séance d'humiliation que lui avait infligée son fils à la suite de la découverte des revues pornographiques. Il passait son temps à bafouiller des excuses, et, s'il n'osait avaler ouvertement le moindre verre d'alcool devant Lakdar, il se rattrapait par ailleurs. Lakdar n'avait pas encore découvert la planque où il dissimulait ses réserves, mais ça n'allait pas tarder. La cave, sans doute. Tous les soirs, Ali descendait soi-disant faire un tour en bas de l'immeuble, ce qui n'était pas dans ses habitudes antérieures. Il rentrait une heure plus tard, d'une démarche légèrement titubante. A quoi bon s'acharner ?
Dès que le téléphone sonnait, même si c'était rare, Ali se mettait à trembler, le front imprégné de sueur, dans la crainte que Lakdar ne raconte tout à la cousine Zora. La cousine, elle avait la langue bien pendue. Et bien fourchue. D'ici à ce que ça se sache, au bled, qu'Ali se tripotait en regardant des photos de putains alors que sa femme Cherifa croupissait recluse dans une petite chambre, la tête agitée de cauchemars incessants, et ce serait la catastrophe.
Thierry Jonquet - Ils sont votre épouvante, et vous êtes leur crainte, Le Seuil, octobre 2006.
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