• Djibouti 1

    Djibouti

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    Par où commencer ?


    Djibouti, c'est ce petit Etat situé sur la côte africaine du détroit de la mer Rouge ; ancienne colonie française, ses frontières ne s'éloignent jamais de plus de 100 km de la côte (tracées en accord avec le royaume éthiopien de l'époque), et c'est marrant parce que si tu en observe le contour, il forme une tête de dragon ou d'hippopotame (au choix). En son centre, la mer rentre dans les terres sur plusieurs kilomètres et la faille du grand rift devient aquatique à la pointe de ce golf. Pays désertique et volcanique, la terre y est aride et l'agriculture en souffre, ne pouvant se développer suffisamment pour subvenir aux besoins du peuple. C'est dire si les travaux de l'ADR peuvent avoir un grand intérêt pour lui !


    L'un des maîtres mots du pays est Unité, et effectivement, les djiboutiens réunissent de nombreux peuples et cultures : les somalis étant d'origines de plusieurs grandes familles (les Issas, les Issaks, les Gadaboursi, ...) ; les Afars, peuple charmant dont certains se taillent les dents en pointe et se tatouent des symboles entre les sourcils, quand ils te parlent, ils ont un visage d'une telle expressivité que t'en comprendrais presque ce qu'ils te disent. A ça se rajoute les nombreux immigrés venant Erithrée, mais principalement d'Ethiopie et du Somaliland (les 3 pays frontaliers), attirés par les conditions de vie djiboutienne qui y sont bien meilleurs (ce qui n'est pas non plus la panacée). La communauté arabe est également très présente. Au final, le pays se partage à travers 4 dialectes : le somali, l'afar, l'arabe et le français (qui reste encore très utilisé).


    A part ça, il y a les militaires occidentaux : depuis l'indépendance, les forces armées françaises ont conservé leurs bases militaires (c'est le plus grand régiment français à l'étranger), il y a donc un forte présence française ici qui est très bien tolérée par la population. Par contre, depuis 2001, les américains sont venus implanter, à Djibouti, leur plus grande base africaine (on comprend facilement la position stratégique du pays en regardant une carte). Après avoir rénové écoles et hôpitaux, ils se sont refermés sur eux (par peur du terrorisme) et vivent en complète autarcie ne se mêlant que peu au peuple : ce qui fait que leur présence est vue d'un bien moins bon œil par le peuple. Attention, oncle Sam, la peur engendre la peur, tout comme le feu et la violence. Il y a aussi des militaires allemands qui, faute de base, logent dans des hôtels de luxe pour participer à leur mission humanitaire ; ainsi qu'un projet d'implantation des britanniques, ce qui a le don d'énerver les français qui vivaient comme des pachas ici depuis presque 30 ans.


    Djibouti est un pays musulman, il respecte les préceptes du Coran. Il y a peu, j'ai assisté à  Isra al miraj : l'ascension du prophète Mahomet à travers les 7 ciels d'où il est revenu pour nous apporter les 5 prières (c'est marrant parce que ce jour là, les corbeaux n'étaient pas présents à l'hôpital); et dans peu, je verrai le ramadan et l'Eid el kebir. J'avais prévu d'emmener le coran pour le lire pendant mon voyage, mais les obligations pondérales de mon sac ne me l'ayant pas permis, je le lirais à mon retour. Le savoir est une arme !


    La télé djiboutienne, c'est 1 chaîne (si tu n'est pas abonné au cable), elle diffuse le journal télévisé dans les 4 langues locales, des films américains récents (les gars, j'ai vu « Shade », un film sur le poker avec stallone, à la fin vous y verrez une variante du poker américain : on le trouve en France dans les vidéos clubs). Elle diffuse aussi des pièces de théâtre en français qui sont excellentes et gagneraient à se faire connaître, sortes de fables, elles ont à chaque fois une morale humaine et sociale et sont bourrées d'humour. Il y a aussi la musique traditionnelle, qui malgré l'occidentalisation reste forte et vivante dans ce peuple qui l'adore et le mot est faible.


    Djibouti est en pleins travaux. Depuis l'implantation américaine, les caisses de l'Etat se sont bien remplie et permettent petit à petit au pays de se créer les infrastructures nécessaires à son développement (d'autant que vu le prix que paye les ‘ricains, les français ont dû s'aligner). C'est une des choses qui m'a frappé à mon arrivée : alors qu'à travers mon voyage je n'avais vu que très peu de chantiers immobiliers (si ce n'est les routes et encore, rarement), à Djibouti, j'ai eu l'impression d'assister à l'explosion économique d'un pays : si la stabilité politique se maintien, son visage va vite se modifier.


    Je ne peux pas vous parler de Djibouti sans vous parler de son port. La richesse de ce pays, c'est indéniablement sa position sur la mer. Passage quasi obligé entre l'Arabie et l'Afrique, source d'approvisionnement pour l'Ethiopie qui n'a pas d'ouverture sur la mer ainsi que pour les navires militaires postés au large ; le port de Djibouti transfert des tonnes de marchandises chaque jour. Depuis peu repris en main pour 20 ans par une société de Dubaï (ville hallucinante de folie des grandeurs, je vous engage à en chercher des photos sur le net) qui l'a considérablement rénové, le port c'est la dynamique essentielle de Djibouti.


    Malgré tout cela, le chômage y est très fort, comme d'ailleurs dans tous les pays africains (et on s'étonne qu'ils émigrent par milliers en Europe ? C'est pas tant la pauvreté qui crée les mouvements de populations mais bien celle créée par l'inactivité : agirions nous autrement ? Et comme dans tout les pays africains, on ne dispose d'aucun chiffre de ce fléau : marché noir et coup de mains aidant, de toute façon ils ne seraient pas fiables, et du coup la communauté internationale ignore le problème : aider à la création d'entreprises locales, ça aussi c'est de l'humanitaire, mais non on préfère envoyer des sacs de riz et inonder ces peuples de notre coca et de nos bières, pendant qu'on pille et qu'on s'accapare leurs richesses par le biais de nos multinationales). Bon, j'm'écarte ! Donc le chômage est très fort ici et ce à une autre échelle que celle européenne. Mais le peuple s'en sort tout de même. Sur un plan social, la pyramide me semble à peu près identique à celle du Vietnam : une classe riche représentant une extrême minorité de la population, une classe moyenne faible en nombre, mais qui devrait se développer en parallèle du développement du pays, et enfin une classe pauvre à divers degré que j'estimerais à vue de nez à 80% (ce chiffre n'a aucune valeur, d'autant qu'en occidental que je suis, j'appelle pauvreté des situations qui n'en sont pas).


    Les djiboutiens « broutent » le Kat'. Cette plante qui pour moi représentait la drogue des enfants soldats est en fait un vrai produit de consommation sociale (au même titre que le vin en France) et je me suis vu de nombreuses fois invité pour des séances. Chaque après midi, certains se réunissent pour en prendre ensemble. Il arrive chaque jour d'Ethiopie (où il est cueilli à l'aube) par avion vers 13h, de là, des voitures le charge et se répandent en un rien de temps à travers tous les coins de la ville et du pays en klaxonnant pour informer tout le monde qu'il est arrivé ; partout dans la ville se tiennent des stands de vente qui sont aussitôt approvisionnés. C'est un moment très attendu et la ville est morte pendant 2-3h après son arrivée. S'il est vrai que l'effet est agréable, tout est mauvais en excès et même si il n'est pas sensé apporter de dépendance physique, la dépendance psychologique est bien réelle ce dont j'ai pu me rendre compte les quelques jours où il est arrivé en retard. Le Kat' est un euphorisant comme le café, la cocaïne ou les amphétamines, c'est d'ailleurs en gros une amphétamine naturelle dont l'effet est très doux et qui permet de se concentrer, de se réveiller et de se sentir plus fort. Je broute le Kat' de temps en temps et j'apprécie (je suis d'ailleurs en train de faire la chèvre en écrivant ces quelques lignes : je suis birka : c'est comme ça qu'on en appelle l'effet).


    Alors que j'ai traversé 3 pays en 3 semaines, depuis mon arrivée dans le 4ème j'ai pas quitté sa capitale : Djibouti city. Pour ma défense, j'avoue que j'ai pas eu vraiment le temps, le 18/7 j'arrivais, le 23 je prenais mes fonctions avec 30h de boulot tous les 4 jours. Mais ça j'vous en parle bientôt.


    Le lendemain de mon arrivée, Abib, un ami de Madhi ( qui me fait un peu penser à toi Tof en  prestance et en caractère) m'a emmené sur son petit bateau et on a fait une partie de pêche à la traîne. C'était fabuleux, j'avais pas dû pêcher en mer depuis près de 15 ans, j'ai attrapé un poisson et vraiment, je pouvais difficilement faire mieux connaissance avec Djibouti dès mon arrivée alors que c'est justement l'odeur maritime qui m'a frappé en premier lieu.


    2 jours après mon arrivée, j'ai été au mariage d'un cousin de Madhi : ça commence par une grande séance de Kat' (ma première birka) réunissant tous les hommes, pendant laquelle joue un orchestre avec des chanteurs alors que tout le monde est installé à l'aise sur des tapis et des coussins. Tout le monde vient féliciter le marié, puis, en début de soirée, tout le monde va se changer, enlève sa « fouta » (sorte de jupe d'origine indienne portée par les hommes pendant les séances) et s'habille class pour rejoindre le marié à la maison de ses parents. De là part le cortège qui rejoint la maison des parents de la mariée. Arrivés, les femmes nous font une haie d'honneur tandis que nous montons à l'étage. C'est là que le frère du père du marié demande au père de la mariée, sa main, celui-ci acceptant, le marié et le témoin apporte une valise dans laquelle se trouve la dot : de l'argent et des cadeaux, la famille de la mariée en prend la moitié et rend le reste ; alors un représentant religieux bénie l'Union. Le mariage est célébré. Après on est sorti en boîte avec le marié et ses amis. La mariée nous a rejoins ce qui n'est pas forcément traditionnel.


    A mon arrivée, j'ai été logé chez Madhi pendant 2 semaines, puis chez Kéno, un de ses amis qui est locataire de Idriss, un autre de ses amis. J'ai été reçu comme un Roi et c'est rien de l'écrire, l'hospitalité djiboutienne est à mettre à l'honneur de ce pays, que ce soit pour eux comme pour tout ceux qui m'ont accueilli, présenté et expliqué leur pays.


    Le peuple djiboutien est curieux, accueillant, sympathique et vivifiant, c'est un vrai plaisir de faire sa connaissance et de tenter de venir l'épauler dans le développement de sa génération future.


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