• j'ai vu 4

    J'ai vu 4

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    J'ai vu qu'on a beau décider c'qu'on veut, on fini toujours par céder devant la vie, le destin, appelez ça comme vous voulez.


    J'ai vu qu'putain les femmes décidément vous faites chier, le 11 juillet, j'ai vu qu'c'était l'anniversaire de Léna, ses 30 ans, le matin elle est venu m'voir dormir après avoir lu mon petit mot et ça m'a réveillé, j'ai vu qu'c'était la dernière fois que j'la voyais sourire, le soir elle est rentré en pleurs, et est resté la nuit à pleurer dans sa chambre. Le lendemain, j'ai vu qu'elle a commencé à m'faire des reproches bidons à tout va et qu'elle était pas allé au boulot, j'ai vu qu'alors que la veille elle voulait que je reste au moins jusqu'à sa fête le 13, d'un coup, ça avait changé, j'ai vu qu'quand j'lui avais demandé, elle répondait non sans conviction, j'ai vu qu'j'ai repris la route au pied levé.


    J'ai vu qu'tu m'a beaucoup aidé et que j't'en remercie mais qu'j'aurais jamais dû tant m'attarder , je suis content qu'on se soit reparlé avant qu'je parte


    C'est peut-être ça la différence entre Homme et Femme : Nous on fait c'qu'on dit !


    A la gare routière, j'ai vu une foule de fou, des conversations agressives sans raison, et sur le trajet pour Gedaref, encore des contrôles à foison. Dans le bus, j'ai vu un film bidon, d'une violence extrême et filmé à la bioman, il m'en a filé la nausée.


    A Gedaref, alors que j'avais peur de devoir y passer une nuit (c'qui m'aurait ruiné du peu de dinars qu'il me restait), j'ai vu qu'en fait, après un énième contrôle, j'ai trouvé un pick-up pour Gallabat (la frontière) immédiatement.


    De khartoum à Gedaref, j'avais vu le sable être peu à peu remplacé par une terre aride et la végétation faire doucement son apparition : de Gedaref à Gallabat, à 12 avec nos bagages à l'arrière d'un pick-up (j'ai vu que ça tient), j'ai vu une véritable explosion de vert, aussi riche qu'un arc en ciel à lui seul : du vert, clair, foncé, vivant, mort, brillant, mâte, luisant (;), ... le tout mêlé à une terre devenue entre marron et rouge : de la même couleur que le visage des gens que je vais croiser à partir de maintenant et encore ici à Djibouti.


    Le trajet aura été long, mais j'ai vu que j'ai pu sympathiser avec des soudanais (j'ai vu que dans ce coin, on appelle les blancs : Kawadia (européen en arabe) et même des éthiopiens. Je me suis vu donné des conseils pour accéder clandestinement à l'Europe et bien que je leur explique les dangers d'accès et les réalités d'une vie de clandestin, j'ai vu qu'ils continuent de prendre nos pays pour des Eldorados et à croire dur comme fer aux droits de l'Homme qui ne sont respectés qu'en présence de caméra (ce qu'ils ne veulent pas croire). J'ai vu que sur le trajet, les militaires de chaque check point prenaient un malin plaisir à emmerder les éthiopiens pour un rien : sur les 12, j'ai vu qu'on était 7 à vouloir atteindre l'Ethiopie et qu'on a été 4 à y arriver.


    La frontière c'est un pont, et après mes galères au Soudan, j'ai fais un bond en son milieu pour que la poisse ne me suive pas en Ethiopie, et j'ai vu qu'ça avait marché : j'ai eu le cul bordé de nouilles dans ce pays, alors que j'y accédait par un coin réellement dangereux : pas politiquement comme le soudan, mais plutôt du fait de la pauvreté de la population ( Lydie Richard, Attention, j'entends des rumeurs qui prétendent que Nairobi est extremement chaud sur ce point ). J'ai vu que pour entrer en Ethiopie c'aura été nettement plus simple que pour en sortir. Par contre, j'ai vu que ma première nuit aura été galère, alors que des hordes de voleurs se pressent sur mon passage. J'y ai vu, goûté et apprécié la spécialité éthiopienne que je vais manger tous les jours jusqu'à Djibouti : l'Injelo, une grande galette dans laquelle est déposé une garniture (viande, œuf, ou poisson), j'ai ainsi vu que c'est pas une légende : le piment, ça explose l'arrière train !


    Le matin de mon premier jour en Ethiopie, alors que j'attendais que mon bus parte pour Gonder, j'ai vu derrière un arbre, le lever d'un Soleil sublime, j'ai vu qu'j'ai pris ça comme un bienvenu. J'ai vu des paysages sublimes sur tout ce pays, que j'ai vu que je ne vais pas tous vous les décrire, tant j'en ai vu. Mais j'ai vu de superbes décors et j'ai vu que notre planète est magnifique.


    A Gonder, j'ai vu qu'en Ethiopie, le chômage est extrême, plus de 70% sur le pays et sûrement plus dans cette région, du coup, l'exode rural se concentre dans cette ville qui gonfle de plus en plus : et comme il n'y a pas plus de boulot dans les villes que dans les campagnes, j'ai vu des bidonvilles et j'ai vu, à toutes heures du jour et des soirées, des zonars squattés n'importe où et à l'affût de quoique ce soit, j'ai vu des gosses jouer avec des frusques sur le dos, d'autres de 2 ans ramasser des cacahuètes par terre pour les manger, j'ai vu des prostituées m'accoster, et des enfants se battre violemment, des mendiants à la pelle dont énormément sont estropiés, j'ai vu qu'il fallait que je sois prudent malgré ma volonté d'en voir un maximum, et j'ai vu qu'j'ai dû faire demi-tour devant quelques rassemblements suspects, j'ai vu qu'j'ai eu la chance de jamais me faire coincer dans les 2 sens, j'ai vu que je suis content d'avoir vu une telle pauvreté avant d'agir contre elle par <?xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" /><st1:PersonName w:st="on" ProductID="la Sant←">la Santé</st1:PersonName>, l'observer, sans pouvoir agir me permettra de mieux la connaître.


    J'ai vu qu'en à peine plus de 24 h la température avait chuté de 40 à 25 degré, mais que le soleil était toujours de plomb.


    A Gonder, j'ai bien sympathisé avec un Ethiopien qui a passé la frontière avec moi, et j'ai vu que sans lui, j'aurai pas pu m'aventurer si loin dans certains quartiers, il s'appelle Ménélik, parle un anglais à défriser <st1:PersonName w:st="on" ProductID="la Queen">la Queen</st1:PersonName> et est malade : une sale bronchite, depuis la frontière je l'ai foutu sous antibios et depuis il m'aide, m'évitant plusieurs arnaques et m'expliquant les logiques du pays et son principal problème : à savoir que les gens deviennent fous à force de ne rien faire. Le matin, avant le lever du soleil, j'ai vu une foule immense rassemblée devant les grilles de la gare routière, avec plus ou moins de calme, j'ai vu qu'c'est sans doute ici qu'j'ai eu le plus de chance d'échapper aux pickpockets (faut dire que j'm'étais armé contre eux).


    A partir de Gonder, et tout au long de l'Ethiopie, j'ai vu que pour tout le monde j'étais un « YU », tout le monde et surtout les enfants hurlent ça sur mon passage : c'est pas une insulte ça veut juste dire «  le blanc ».


    J'ai repris la route pour Addis Abeba et j'ai vu qu'il m'aura fallu un jour et demi pour l'atteindre. Sur le chemin j'ai vu Lac Tana : la source du Nil bleu, The Nile sea comme dit Ménélik : et j'en ai mangé un poisson. J'ai vu qu'au dessus il y avait un nuage perpétuel que l'on peut voir à des kilomètres à la ronde.


    J'ai vu que peu à peu, par montées et vallées, on prenait de plus en plus d'altitudes (Addis est à <st1:metricconverter w:st="on" ProductID="2500 m">2500 m</st1:metricconverter>). J'ai vu les paysans, pieds nus, vêtus de sorte de panchos et portant des parapluies (saison des pluies oblige). J'ai vu que c'étaient de vrais forçats de <st1:PersonName w:st="on" ProductID="la Vie">la Vie</st1:PersonName>, semblant capable de résister à n'importe quoi. J'ai vu des montagnes sublimes de toutes les formes, de toutes les couleurs, ...


    J'ai vu que l'Homme l'avait énormément modelé, et qu'en voyant tout ces terrassements, toutes ces cultures et tout ces champs, je ne comprenait pas que l'Ethiopie souffre de famine, je ne comprenait pas qu'elle puisse exporter des denrées alimentaires en laissant son peuple crever de faim, je ne comprenais pas que je voyais les sacs de riz de l'USAID, et même si je comprends suffisamment bien l'économie mondiale pour savoir qu'il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas, je ne comprends pas qu'un pays qui a tant besoin d'infrastructures cumule un tel taux de chômage. J'ai vu que je me suis demandé ce que serait aujourd'hui <st1:PersonName w:st="on" ProductID="la France">la France</st1:PersonName> si au lendemain de la guerre elle n'avait pas pu bénéficier d'un plan Marshall, j'ai vu que je ne comprends pas pourquoi l'ONU ne propose pas l'équivalent à des pays en développement (autrement que par de fausses promesses), parceque j'ai vu que je suis certain qu'en moins de 2 générations un pays comme l'Ethiopie pourrait se relever et rembourser ses dettes. J'ai vu qu'à un moment, alors qu'on sortait des gorges du Nil bleu (splendide), on a pris une route goudronnée par des financements humanitaires du gouvernement japonais. J'ai vu que l'Humanitaire se doit de rester une aide mais que j'ai l'impression que nombre de pays font semblant d'offrir de bon cœur pour s'ouvrir de futurs marchés financiers, j'ai vu que l'Afrique ne se relèvera jamais autrement que sous le joug des entreprises privés qui la boufferont à petit feu. J'ai vu qu'j'espère que je me trompe.


    J'ai appris que l'USAID était une rampe de lancement de <st1:PersonName w:st="on" ProductID="la CIA.">la CIA.</st1:PersonName>


    J'ai vu la pluie, torrentielle, très courte mais qu'en peu de temps elle est capable de remplir des lits entiers, vides auparavant. J'ai vu une rivière déborder : quelquechose d'impressionant, on a été obligé de faire un détour par une route de terre.


    La nuit où on s'est arrêté à un hôtel, j'ai vu que heureusement que Ménélik était là pour parler aux mendiants qui me harcelaient parceque j'ai vu qu'ils ne te lachent pas, j'ai vu que ça m'a empêcher de trop me ballader dans Denjin (ou quelquechose comme ça).


    J'ai vu qu'en Ethiopie ils parlent l'Amarik, une langue très belle avec son propre alphabet, je crois qu'elle date de l'époque de l'Empereur Ménélik, un souverain qui n'a rien à envier aux grands rois européens. J'ai vu tous mes efforts pour parler l'arabe réduit à néant, et j'ai vu que j'avais un mal de chien à apprendre le moindre mot de cette langue.


    J'ai vu, mon cher guigui, que les mouches je déteste vraiment ça, quand c'est à moi qu'elles s'attaquent, passe encore, mais dans le bus, y avait un petit de quelques semaines qui se faisait harceler par ces salopes et que j'étais trop loin pour l'éventer, le pauvre petit, elles le lâchaient pas. J'ai vu que le deuxième jour, en plus de ça, il hurlait sans s'arrêter, j'ai compris grâce à Ménélik que c'était parcequ'il crevait de faim et que sa mère n'avait pas assez lait, et j'ai vu que du fond du bus j'étais le seul à avoir de l'eau stérile (en bouteille), je l'ai donc offert à la mère pour qu'elle en mette dans le biberon, j'ai vu les femmes se serrer les coudes pour offrir du pain qu'elles ont dilué à l'eau : j'ai vu que le petit allait mieux après ça.


    Au détour d'un virage et après avoir atteind des forêts luxuriantes que je désespérais de voir dans ce pays, j'ai vu Addis-Abeba, cette ville qui sonnait pour moi comme un Eldorado alors que je déchiffrais son nom sur la carte avant mon départ : Addis-Abeba ça veut dire Nouvelle fleur : ça tombe bien, je viens d'abandonner ma Rose qui pourrissait entre mes doigts !


    4 millions d'habitants, très étendue car quasi aucun bâtiment en hauteur, une population ultra vivante et semblant moins aux aguets qu'à Gonder. Quand on y est arrivé, Ménélik a insisté pour m'héberger : Vous imaginez ? Moi qui voulait côtoyer au maximum la population, je me retrouve inviter par un Ethiopien, j'étais aux anges (bien que je restais sur mes gardes : on sait jamais). J'ai vu que ce jour à Addis ( j'étais en retard et ne voulais plus perdre un instant) a été magique : arrivé chez la sœur de Ménélik, après avoir traverser des routes pavés dans lesquelles j'ai vu des troupeaux de moutons, au milieu de ce qui, au premier abord pourrait passer pour des bidonvilles, alors que derrière les barrière de tôle se cachent 3 à 4 minuscules maisons de 2 à 3 pièces ; on m'a généreusement offert un repas de roi, un café torréfié et mis en poudre sous mes yeux, et on faisait l'effort de me parler en anglais.


    J'ai vu qu'les femmes ne mangeaient pas avec nous mais par contre, elles nous lavent les mains et nous servent : vous devriez prendre exemple les filles ;)


    Après le repas,j ‘ai vu que Ménélik m'a accompagné (ça m'emmerdait : en dehors du fait que ça me gênait, je voulais me démerder seul, mais j'ai pas fait le difficile) jusqu'à la gare Djibouto-Ethiopienne : quand je l'ai vu, j'étais rempli de bonheur : mon objectif était là : plus qu'un ticket à prendre et un départ à attendre. Je suis entré dans l'enceinte et j'ai vu qu'elle était vide : j'ai vu qu'il y avait plus de liaison Addis-Djibouti et ce sûrement depuis belle lurette étant donné l'état des voies. J'ai vu qu'apparemment, il y aurait encore le train Dire-Dawa-Djibouti (finalement, heureusement que Ménélik est là : les Ethiopiens parlent très mal anglais, sans doute considérant le faible taux de scolarisation qu'il doit y avoir). J'ai vu qu'on a traversé un vrai bidonville cette fois et j'ai vu que je me demandais depuis combien de temps un Yu n'était pas passé par là, on a été chez le frère de Ménélik, celui-ci était au boulot, mais j'ai vu que sa femme m'a encore offert à manger puis le thé, j'y ait laissé mon sac en dos en quasi toute confiance et nous sommes allés au Sheraton hotel pour que je retire de l'argent, en chemin, j'ai vu l'oncle de Ménélik où on m'a encore offert le thé. Au Sheraton, j'ai vu qu'j'étais choqué par une telle avalanche de luxe au milieu d'une ville si pauvre. A Addis, j'ai compris que l'Ethiopie était un ancien pays communiste en voyant les monuments, j'y ai vu la vie éthiopienne, ses marchés, ses commerces, sa population, ... De retour, après une belle marche à travers la ville, chez le frère de Ménélik, je l'ai vu et j'ai vu que celui-ci doutait du fait qu'il y ait moyen d'aller de Dire-Dawa en Djibouti, j'ai vu que d'après lui, il y a eu des tensions récemment. J'ai vu c'que c'était qu'être stressé ! J'ai vu qu'j'ai décidé de partir le lendemain pour Dire-Dawa (en sacrifiant un séjour à Addis qui s'annonçait mémorable : j'ai que parfois c'qui est court est précieux), et on est rentré chez la sœur qui habite près de la gare routière. J'ai vu que Ménélik a alors encore insisté pour venir avec moi et m'aider, découragé par la galère que j'étais, j'ai vu qu'j'ai pas pu refuser.


    Ce soir là j'ai vu un orage s'approcher, je suis allé l'observer dans la rue et j'ai vu qu'j'ai déliré avec les enfants du quartier, puis, j'me suis encore fait invité à manger chez un voisin où j'ai vu un gamin de 4 ans danser comme M Jackson, j'ai vu que même stressé, j'ai rigolé comme rarement. Le soir, j'ai dormi dans le lit de la sœur et de son mari, avec Ménélik : Ce jour là, j'ai mangé 5 fois, bu 7 thés et 3 cafés, j'ai vu la générosité de la part de gens pauvres et sur-vivants, j'ai vu que j'en ai été touché au plus profond de mon cœur, j'ai vu quelque chose que j'm'attendais pas à voir, j'ai vu qu'on m'a donné alors que c'est moi qui suis venu pour ça.


    Le lendemain, j'ai vu qu'c'était ton anniversaire Kaze, et j'ai vu qu'j'ai pensé énormément à Toi, Frère, j'ai vu qu't'as 26 ans et moi bientôt 25 bon sang ! On a plus le temps de perdre notre temps, profite bien et au maximum du tien , et prend soin de Toi (et de tes poings ;), moi, j'm'occupe du mien et t'inquiète qu'à mon retour, on aura beaucoup à remettre en commun !


    Moi ce jour là , j'ai traversé une ville appelée Nazareth alors que j'entrais dans la vallée du grand rift, notre berceau à Tous, j'ai vu le désert du Météhara (je crois bien que c'est le Matahari en français mais j'suis pas sûr) j'y ai revu la châleur intense malgré l'altitude, j'ai vu un lac noir, de roche volcanique. J'ai revu une dernière montagne, toujours aussi remplie d'agriculture et de verdures. Quand on s'y est arrêté, je m'suis vu enfermé par une horde de mendiants qui m'avaient vu donné à un enfant, une vieille et un estropié, j'ai eu un mal de chien à m'en dépétrer, j'ai vu qu'c'est dur de paraître indifférent quand on ne l'ai pas. (j'avais vu ça avant lors de mes dernières vacances avec ma Rose).


    En redescendant de ces montagnes vertes, sous la pluie, j'ai vu la vue, à travers les cultures en terrassements, sur ce nouveau et dernier désert beige, où se trouve Dire-Dawa, et plus loin, tout au bout, Djibouti, son port et la mer.


    A Dire-Dawa, j'ai vu que effectivement, il n'y avait plus de train depuis plus d'une semaine, mais que les trajets reprenaient le lendemain. J'ai vu c'que c'est que la joie ! (et la chance). Le soir, j'ai vu que tous les hôtels étaient pleins et qu'il a fallu faire une bonne trotte pour trouver une sorte de bar à puttes dans un quartier excentré, j'ai vu aussi que Ménélik était tendu et j'ai compris que c'était rapport à ma sécurité, moi, Yu dans ce quartier pauvre, je suis comme le loup blanc ;) Remarque, reconnu comme le loup blanc, ça a été mon cas durant tout mon trajet depuis Khartoum, à Addis j'ai dû voir maxi 3 visages pâles (Sheraton excepté), c'est tout, j'ai vu qu'au début, j'm'en sentais seul mais que peu à peu j'm'y étais fais.


    Ce jour là, j'ai aussi vu les plans de Ménélik, il veut aller au Soudan, là avec 1000 $, il compte traverser le désert lybien et atteindre Tripoli, puis avec 1500$, il veut aller jusqu'en Italie où il croit être protégé par les droits de l'Homme. J'ai essayé de l'en dissuadé en lui expliquant ce que nous en Europe on sait de ce genre d'expédition (les vols, les mafias, les viols, les meurtres, les noyades et l'esclavage), mais j'ai vu que pour ces peuples au chômage et affamé, tu peux leur raconter ce que tu veux, tu peux pas les décourager (parceque du courage il en faut et pas qu'à moitié), pour eux, c'est leur seul chance : j'ai vu que l'espoir fait vivre et empêche de devenir fou. J'ai finalement vu qu'j'ai essayé de lui faire comprendre que son pays avait besoin de lui pour se développer, bien plus que de l'humanitaire et lui ai donné l'idée de développer une agence touristique où il pourrait faire pour des touristes un peu comme avec moi avec des visites en plus et tout le toutim', j'ai vu que ça lui a paru être une bonne idée (à mon avis plus pour économiser l'argent nécessaire à son projet qu'autre chose), alors il m'a donné l'e-mail de son frère en attendant d'avoir le sien et si l'un d'entre Vous veut aller en Ethiopie contactez moi, je ferais circuler.


    Le soir, on s'est bu une bière ensemble, je l'ai payé pour tous les services qu'il m'a rendu et pour son trajet retour, et lui est donné encore quelques médicaments.


    J'ai vu que cette dernière nuit passé ensemble, il n'a pas toussé, je crois qu'il est guéri.


    J'ai vu qu'j'allais oublié de vous dire que j'ai vu que les femmes éthiopiennes sont absolument magnifiques, une peau plus rouge que noir, des traits fins, un nez droit, des lèvres pulpeuses, elles pourraient te rendre fou d'un simple regard, réellement, elles sont somptueuses.


    Le lendemain, levés de bon matin et après avoir acheté mon ticket (en 1ère, ce qui n'est pas du luxe), j'ai vu les réfugiés somaliens faire la queue, pour prendre ce même train que moi mais qui pour eux symbolise un tout autre espoir : celui de la survie. J'ai vu que j'imagine qu'il seront nombreux à rester devant les portes.


    J'ai vu ce train tant espérer, j'ai vu que sur le trajet, on s'est arrêté une bonne dizaine de fois sous le soleil de plomb du désert, j'ai vu tous ces villages qui n'existent que parceque cette ligne ferroviaire existe.


    A côté de moi, j'ai vu Leila (environ 19ans) et son fils : Libienne un petit de 2mois si petit et chétif que je croyais qu'il avait à peine une semaine. Ca faisait pas une ½ heure qu'on était partit, qu'en bougeant, j'ai senti une main dans ma poche et j'ai vu que mes kleenex avaient disparu, 5 mn plus tard, ils étaient revenu : j'ai vu qu'j'ai regardé Leila en rigolant et que j'ai emballé ma sacoche avec mon blouson.


    Dans le wagon, j'ai vu qu'il faisait très très chaud et j'ai vu le petit Libienne en souffrir énormément, j'ai vu qu'il n'est pas dit que je laisse un bébé mourir à côté de moi sans rien faire alors je l'ai éventé, pendant tout le trajet, à m'en filer des crampes de fou, il a tenu le coup, j'ai vu qu'j'aurai pas parié dessus.


    J'ai vu le poste frontière éthiopien, j'y ai vu des somaliens s'enfuir en courant vers la frontière djiboutienne pour l'éviter et j'ai compris pourquoi quand j'y ai vu la violence et les bastons, les douaniers frappent fièrement les somaliens qui essayent de s'enfuir sous les yeux des autres réfugiés qui se mettent à hurler, puis les emmène là où on ne peut plus les voir. J'ai été donné mon passeport (en laissant mon sac et BOMA-YE dans le wagon), quand ils ont commencé à les rendre, il y avait celui de Leila, mais celle-ci était resté dans le train pour allaiter Libienne, j'y suis allé pour la prévenir et j'ai vu que bien m'en a pris de vouloir l'aider : BOMA-YE avait disparu. J'ai vu que j'étais fou : <st1:metricconverter w:st="on" ProductID="3000 km">3000 km</st1:metricconverter> à la trainer et la perdre sur la ligne d'arrivée : pas question, j'ai vu qu'on m'a dit que pendant qu'on attendait nos passeports, les douaniers montaient dans les wagons pour fouiller les sacs, et se servaient s'ils voulaient. En sortant du train, je me jette sur un douanier et en regardant au loin, j'ai vu 3 bonhommes dont un portant le sac de BOMA-YE, j'ai vu qu'j'ai foncé sur eux en me foutant royalement de leurs bâtons, j'ai vu que pas moyen de la leur faire lâcher, je me suis vu me mettre dans un état comme je me suis rarement vu et j'ai vu que ça leur plaisait pas, j'ai vu leurs bâtons se lever plusieurs fois, j'ai vu qu'ils prétextaient qu'une guitare était interdite à Djibouti, j'ai vu qu'après un long moment, j'ai réussi à la récupérer, mais j'ai vu que je pense que j'ai réussi uniquement parcequ'ils ont compris qu'il suffirait pas d'un coup de bâton pour me faire lâcher l'affaire et que même dans ce coin reculé, ça la ferait pas pour eux de bastonner un blanc : français qui plus est, aux portes de Djibouti (qui garde une affection particulière pour <st1:PersonName w:st="on" ProductID="la France">la France</st1:PersonName>). J'ai vu que j'ai sauvé BOMA-YE.


    J'ai vu qu'après avoir attendu un bon moment, et laissé pas mal de somaliens, on s'est remis en route jusqu'à la frontière djiboutienne. Là, j'ai vu le bonheur, que c'est, lorsque t'as passé de nombreux jours au milieu de langues étrangères que tu comprends pas, de réentendre ta langue maternelle parlée parfaitement. Ca fait un bien fou !


    J'ai vu que comme j'étais le seul blanc, je suis passé le premier à la frontière. Alors que j'étais avec le douanier en chef à prendre mon visa, j'ai vu un douanier amener une femme en pleurs qui s'est assise sur une chaise et a commencé à faire une crise de nerf, elle s'est évanouie et commençait des convulsions. Je venais juste de dire que j'étais infirmier et ils m'ont appelé, j'ai vu que je m'en suis donc occupé avec les moyens que j'avais et ai fais de mon mieux pour la calmer, mais à son réveil, j'ai vu que j'pouvais pas faire mieux, elle était parti en crise parceque sa famille était restée au poste éthiopien. J'ai vu qu'à sa place, j'aurais crisé aussi.


    En tout cas, j'ai vu qu'il m'aura pas fallu longtemps après mon arrivée à Djibouti pour me mettre au boulot.


    Jusqu'à Djibouti, j'ai vu qu'on s'est arrêté plusieurs fois et notamment, avant la nuit, à Ali Sabieh, la grande ville de la frontière où j'ai vu le drapeau, le symbole et la devise de Djibouti : Unité, Egalité, Paix, écris en énorme à flanc de colline. Sur le chemin, j'essayais de distinguer le paysage avant qu'il ne fasse noir complet : j'ai vu que la terre était complètement désertique et montagneux, c'est dire si le développement rural va être difficile.


    Alors que le soleil était couché depuis longtemps, derrière une colline, j'ai vu le halo des lumières d'une ville, et quand en franchissant un virage, j'ai vu Djibouti de nuit. J'ai vu que j'avais réussi, que j'étais arrivé et je me suis senti rempli de bonheur, de fierté, de ... de tas de choses de sentiments et d'impressions indescriptibles.


    En arrivant à Djibouti, j'ai vu que la première chose qui m'a marqué, c'est l'odeur de la mer, je ne l'avais pas senti depuis si longtemps et j'ai vu que c'est vrai que ça régénère à plus d'un titre étant donné l'épopée que je viens de vivre.


    Sur le quai de la gare, j'ai vu Madhi, le président de lAgence pour le Développement Rural.

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    J'AI REUSSI


    Ca non plus j'aurais pas parié dessus, j'peux l'dire maintenant : j'avais une frousse de taré depuis mon départ qui parfois s'est amplifiée, parfois atténuée, mais qui a toujours été là et contre laquelle j'aurais eu a lutter tout au long de mon voyage du delta du Nil à la corne d'Afrique.


    J'me sens fort, j'me sens un Homme !


    Pourtant, c'est maintenant que tout commence !

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    Un dernier « j'ai vu » en guise de conclusion et je passe au présent, prenez soin de Vous, bonnes vacances !


  • Commentaires

    1
    Etienne
    Mercredi 2 Août 2006 à 17:22
    coucou !
    Un petit bonjour rapide de ton cousin, qui a lu tout ca avec GRAND interet... Merci de ton temoignage !! Bon courage pour la suite, je penserai bien a toi en attendant les prochaines nouvelles.
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