• JT de la chaîne I-Télé à l'instant: résumé des sujets traités:

    1. incendies en France, Espagne, Italie, Grèce et même en Suède.

    2. Accident grave d'un pilote de la Formule1.

    3. Tour de France.

    Puis, dans les nouvelles en sous-titres: "Transports: plusieurs vols retardés à Roissy par des voyageurs en colère".

    Ah bon? En colère pourquoi? Parce que ce n'est pas un Français qui emportera le Tour de France? Parce qu'il y a trop d'incendies? Ou bien parce que le pilote de Formule1 a eu cet accident?

    Pour aucune de ces raisons, certes. Il y a très fort à parier que c'est en raison d'expulsions, et vraisemblablement violentes, de "sans papiers", dont ils sont témoins. C'est ce qui se passe souvent. Mais ça, on ne nous le dira pas. Sans doute, il n'y a pas de reporter pour aller y voir ce qui s'y passe. Ils ont été mobilisés notamment en Corse, pour les incendies. Ils ont certainement du emporter aussi leurs maillots de bain.

    Des voyageurs en colère, il y en a parfois. Rappelez-vous des utilisateurs des RER, notamment de la ligne B. Ils étaient aussi très en colère à chaque fois qu'un incendie déclaré dans un camp rrom à proximité du chemin de fer retardait les trains. Et là, comme par hasard, ce n'est pas l'incendie qu'on filmait, ni ses victimes, mais les victimes des retards à la gare du nord.

    Rien à dire! On est quand même très bien informés en France! Allez, circulez, il n'y a rien à voir.

    RECTIFICATIF OU MISE A JOUR

    Appelez ça comme vous voulez. Blaise a commenté ce billet, en expliquant le retard. Il a eu l'info sur internet.

    Qu'est-ce que cela change par rapport au JT de i-télé? Rien.

    A l'idée du billet? Pas grand chose. Nous nous sommes trompés en pariant sur la raison de la colère des voyageurs, et nous le reconnaissons ici. Parce qu'il faut savoir reconnaître ses erreurs. Comme le dit Blaise, on est allés plus vite que l'avion :).

    Il n'empêche: combien de fois les médias ont-ils parlé des révoltes de voyageurs refusant de prendre l'avion avec des sans papiers scotchés par la police? Et là, puisque la raison de leur colère n'était pas ça, i-télé en a parlé. On a cru un moment que le courage était revenu... à moitié. Illusion...


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  • Après le jugement du TGI de Bobigny concernant le terrain où MDM a installé des tentes, nous avons tenu à clarifier la situation auprès du public par un communiqué de presse. Rue 89 a été le seul média à s'intéresser, et nous y avons publié une tribune. Se sentant attaquée, l'ONG a cru bon user d'un droit de réponse. En filigrane, on y sent une tentative à isoler La voix des Rroms et surtout à se redorer le blason de MDM en "modérant" un peu les propos tenus par son président sur les "villages d'insertion". La vérité est cependant toute autre: MDM va même plus loin que son éloge à ces camps de semi-internement, en demandant une augmentation des subventions pour ses gestionnaires. Courageuse, voire téméraire initiative!

    Voici notre réaction à cette nouvelle position de MDM:

    Détente sur la forme, oppositions de fond maquillées

    La Voix des Rroms se félicite d’abord de la détente relative dans la communication avec Médecins du Monde. En effet, il y a encore quelques semaines, la communication passait par avocats interposés, suite aux poursuites pour diffamation engagées par MdM contre le président de La voix des Rroms, poursuites dont MdM a été débouté. Or, si la communication est plus détendue dans la forme et les moyens employés, le fond du problème reste là, toujours le même. Des Rroms qui réfléchissent et qui agissent, on dirait que ça dérange.

    Ne mélangeons rien, ni même les genres

    La voix des Rroms s’est senti l’obligation de tirer la sonnette d’alarme au sujet des « villages d’insertion », ceci depuis bientôt un an, auprès notamment des instances européennes. Depuis février 2002, elle a aussi pris l’initiative de la création d’un blog spécial sur les « villages d’insertion », pour informer aussi le public de cette dérive.

    La voix des Rroms n’a pas pour but de polémiquer avec qui que ce soit, mais de défendre les intérêts de la population rromani dans son ensemble. Ainsi donc, nous ne défendons pas les droits des « familles roms », comme le dit MdM, par un abus de langage que nous laissons à l’appréciation de chacun.

    Accords et désaccords

    Parlant au nom de « tous les acteurs engagés auprès des Roms », MDM rappelle que ceux-ci dénoncent « avant tout les expulsions à répétition ». Nous sommes d’accord sur ce point-là avec tous les acteurs, engagés ou pas auprès des quelques milliers de Rroms roumains et bulgares survivant dans des bidonvilles en France, tout en ajoutant que ceux-ci ne représentent que 1,5 à 2% de tous les Rroms en France. Il n’y a effectivement pas de polémique sur ce point.

    En revanche, passer de la qualification des « villages d’insertion » de « solution efficace » à « une des manières, parmi d’autres, de tenter de répondre à une situation déplorable »...  ou encore dire que ces villages peuvent être utiles s’ils sont organisés avec les Roms eux-mêmes et « dotés de moyens suffisants et sur la durée ». Non, docteur ! Ce n’est pas parce que vous ajoutez de la vitamine C après avoir vainement tenté l’aspirine que vous soignerez une tumeur. Le seul qui gagne avec votre nouvelle prescription est le pharmacien qui vendra ses cachets. Ce n’est pas en internant 10% des Rroms de chaque bidonville qu’on résoudra le problème.

    Marketing ou justice sociale, chacun choisit

    Il est tout à fait compréhensible que Médecins du Monde soigne son image, mais celle-ci gagnerait certainement plus d’une prise de position claire que d’une fausse modération des propos, qui s’occupe plus de faire le jeu des gestionnaires de ces camps de semi-internement en demandant plus d’argent pour encore plus longtemps à leur bénéfice. Le choix de Médecins du Monde semble désormais fait et définitif. Il se trouve à l’opposé de l’opinion, argumentée, de La voix des Rroms, pour qui les villages d’insertion loin d’être une « manière de répondre à », sont « une situation déplorable » de plus.

    Tous ceux qui ont lu nos écrits respectifs ont compris que le problème principal était celui de l’accès à l’emploi pour « ces familles et pour les Roms d’Ile-de-France », comme MDM le dit encore par un malheureux abus de langage. Oui, ce problème se pose effectivement pour tous les Rroms, même au-delà de l’Ile-de-France et au-delà des quelques bidonvilles que MdM visite et dont elle prend les habitants comme un échantillon des 500.000 Rroms de France. Il est à résoudre par le changement de la loi en ce qui concerne les Roumains et les Bulgares et par le changement des mentalités en ce qui concerne l’ensemble des Rroms. C’est un vaste programme, certes. La voix des Rroms s’y est engagée depuis sa création en 2005 et s’y maintient, même sans avoir les moyens de l’establishment. Il semble que souvent les ambitions soient inversement proportionnelles aux moyens. La voix des Rroms a choisi de maintenir ses ambitions, même au détriment des moyens. Ce n’est peut-être pas un choix « rationnel », mais il a le mérite de l’honnêteté.




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  • Le Monde rapporte la décision du tribunal de Bobigny suite à la demande d'expulsion formulée par la préfecture du 93 à l'encontre de Médecins du Monde. L'ONG avait fourni des tentes à quelques Rroms originaires de Roumanie dont les abris de fortune dans une usine désaffectée à Bobigny avaient été détruits lors d'un incendie. Un enfant de 7 ans avait trouvé la mort dans l'incendie. Hébergés dans l'urgence dans un gymnase par la mairie de Bobigny, ils en avaient été expulsés par la police et avaient cherché à s'installer à Gennevilliers, d'où ils avaient à nouveau été expulsés dans quelques heures.

    Venus s'installer à St-Denis, sur le quai de St-Ouen, ils ont été soutenus par l'ONG humanitaire qui avait employé alors les moyens de guerre, au sens propre du terme. En effet, des tentes normalement destinés à abriter des réfugiés dans des pays en guerre avaient été installées sur ce terrain à Saint-Denis, portant le logo de Médecins du Monde. D'où l'idée de la préfecture du 93 de demander l'évacuation du terrain à l'encontre de MdM. Or, les juges ont estimé que ce n'est pas MdM qui occupe le terrain. Jusque là, on comprend. En effet, Médecins du Monde a son siège dans le 18e arrondissement de Pars, un bon immeuble avec des bureaux et des salles de réunion...

    L'interprétation que MdM donne du jugement, par contre, est moins compréhensible: On cite l'article du Monde:

    "Pour le Dr Olivier Bernard, président de MDM, par cette décision, le juge "demande à l'Etat de s'asseoir autour d'une table avec les associations et les élus pour trouver une solution d'hébergement pérenne aux Roms". Les "villages d'insertion", en expérimentation depuis 2007 dans trois villes de Seine-Saint-Denis, qui accueillent essentiellement des familles roms désireuses de chercher un emploi et de scolariser les enfants, "sont une solution efficace", avance le Dr Bernard."

    C'est d'abord extrapoler sur une décision tout à fait juridique, en ce qui concerne la fameuse "table". Puis, si les "villages d'insertion... sont une solution efficace"... jugez-en par vous même en vous rendant sur ce site. MdM n'a-t-il pas compris cette réalité, qu'il connait pourtant bien, ne serait-ce que par sa place au sein du collectif associatif Romeurope? Il serait préférable, mais plus que difficile de le croire...

     

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  • Voici un reportage de Rue 89, signé Fanny Texier et Nicolas François sur le village d'insertion pour les Rroms à Saint-Ouen:

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    Pas facile de pénétrer un village d'insertion. A l'abri des regards extérieurs, entouré d'une palissade en métal blanc, l'entrée en est gardée 24 heures sur 24 par un vigile. En principe, personne ne peut y entrer, à part les dix-huit familles roms de Roumanie qui y vivent depuis septembre 2008. Tous habitaient le bidonville de la zone industrielle de Saint-Ouen, ils font partie de rares personnes sélectionnées pour intégrer cette structure.

    A leur disposition, des caravanes et un accompagnement administratif qui à terme doit les mener à l'accession au logement et à l'insertion professionnelle. En échange, ils s'engagent à apprendre le français, scolariser leurs enfants, et respecter le règlement interne du village. Pour s'y faire accepter et réaliser ce film, nous nous y sommes rendus régulièrement pendant trois mois. Nous souhaitions montrer leur vie quotidienne. La tâche était ardue.

    Nous leur parlions de notre projet, avec les enfants comme interprètes. Peu d'entre eux semblaient emballés par la démarche. La méfiance vis-à-vis des médias demeure importante et nous arrivions quelques semaines après une équipe de M6. A force de visites et de persuasion, la confiance a fini par s'installer. Nous n'étions plus gênés d'aller leur parler, ils étaient de moins en moins réticents à nous répondre.

    Résultat, des heures et des heures d'images et de témoignages, avec le dilemme de devoir supprimer des tranches de vie auxquelles nous avions assisté. De tout le temps passé sur place, le film restitue une journée type, enrichie d'événements particuliers comme la visite de l'ambassadeur de Roumanie, des interviews en tête-à-tête ou la collecte des loyers.

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    Nous vous invitons à visiter le site de Rue 89 pour lire aussi les commentaires des internautes, ils sont intéressants.


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  • Ce jeudi 7 mai 2009, la 17e chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris a rendu sa décision concernant l’affaire de l’émission «Délinquance : la route des Roms ». M. Yves-Marie Laulan, intervenant à l’émission, ainsi que Marc Tessier, ancien PDG de France télévisions, ont été condamnés à des peines d’amende et à des dommages-intérêts. Les associations rroms, qui avaient initié la procédure par une plainte simple au procureur de la République se disent à moitié satisfaites par la décision.

    C’est certes une première judiciaire : France Télévisions condamnée pour incitation à la haine raciale, qui plus est, grâce à l’initiative d’une série d’associations rroms qui ont saisi la justice.

    Cependant, faut-il inciter au génocide pour être condamné ? Car les propos d’Yves-Marie Laulan, le seul intervenant à l’émission à être condamné, plus qu’une incitation à la haine, correspondent à une incitation au génocide. M. Laulan avait en effet affirmé entre autres que « pour bien faire », il faudrait « soustraire ces enfants » à leurs familles.

    En revanche, le fait de parler de « criminalité organisée à base clanique ou ethnique », de « Dalton » qui « tirent sur tout ce qui bouge », dire que « ces gens-là sont effroyablement dangereux » (Xavier Raufer) n’a pas été jugé comme incitant à la haine raciale. Pas plus qu’imprimer sur l’écran « Délinquance : la route des Roms » et systématiquement ramener la discussion vers les réseaux mafieux et la dangerosité des Rroms, comme Yves Calvi l’a fait.

    Les associations rroms estiment qu’il s’agit d’un premier signal positif pour faire barrage à l’antitsiganisme dans les médias, mais restent déterminées à poursuivre leurs actions, y compris en justice.

    Un site internet a été consacré à l'émission 'Délinquance: la route des Roms', sur lequel sera publié entre autres l'intégralité du jugement, dès qu'il sera en notre possession.

     

     


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