• Faire semblant de sourire au type Sidaction, « j'ai pas le temps ». Le gars, dépressif en fin de journée, sa pile de fiches vierges, personne de généreux bordel, l'indifférence devant un ciné noir de monde. Et puis c'est faux, j'ai le temps, le temps élastique, j'en ai à revendre. Vite, vite me presser dans le gouffre puant et moite du métro, vite, vite, courir pour attraper le train dont l'alarme assourdissante vous brise déjà les tympans, vite, vite, repérer une place entre une grosse lisant un magasine People, et un étudiant plongé dans un fantastique, hop pardon, excusez-moi, je voudrais m'asseoir merci, hop, faire semblant d'avoir le temps, prendre un livre, levez les yeux anxieusement toutes les dix secondes voir le nom de la station alors que l'on sait pertinemment que le trajet est imprimé à vie dans le cerveau tellement il a été passé, passé et repassé – cette chaleur, ces gens hargneux qui se bousculent et se filent des coups entre chaque station, ces baladeurs criards que l'on voudrait détruire à coups d'extincteurs, ces types luisants, s'épongeant, balbutiant, ces regards indignés contre une bande de black qui n'ont fait de mal que d'ouvrir la bouche et l'autre qui regarde amoureusement la photo de Sarko dans le journal du soir, photo dans toutes les mains de la France, la grande distribution de l'information pousse à l'aliénation des masses. La culture par l'abrutissement, et demander à des pauvres pecnos dans la rue leur meilleur remède pour s'endormir. Une tonne de somnifère, une fessée et au lit, pas besoin d'aller faire le trottoir -, et vite, vite, tous ces gens qui courent vers la sortie, appel d'air, sortir de l'étouffement, il semble que tout le monde joue quelque chose, on saute les marches, on dévale les escalators, les pauvres types qui glandent en observant le paysage publicitaire n'ont qu'à ranger leurs cabas sur le côté et toc. Rien à foutre de la contemplation médiatique ou rien à foutre de la contemplation de sa misère, pas le temps il faut sortir. Sortir, revoir le quartier, le type qui se plante au milieu et qui balance ces journaux, ça pullule ces choses là, rouges, pimpants. Ridicules mais il faut trouver du boulot et moi je n'en ai pas. La critique tombe à l'eau. Vite traverser à la limite du vert, manquer la mort, tant pis pas pour aujourd'hui, well done. Vite, vite, composer le code, un regard-on-ne-sait-jamais vers la droite, pas d'Anaïs cachée à épier, tu rêves ma fille, et vite, vite se retrouver dans la cour, le silence étouffé, puis l'escalier, rentrer et puis néant. Rien, rester là, ouvrir la fenêtre pour un semblant d'action. Regarder dehors, la vie, les bruits de cuisine, les bruits de clés que l'on secoue, la concierge qui regarde la télé, toutes ces choses qui ne nous calment plus comme à l'ordinaire. Abrutissement de la répétition, s'étaler sur un canapé et réaliser que l'on a rien à faire, que finalement on aurait pu lui accorder ces cinq minutes qu'il quémandait le pauvre jeune en manque d'amour à l'entrée du métro, mais on le sait qu'au fond c'est que la misère on ne veut pas la voir, on ne veut pas entendre parler, parfois on aimerait mieux que tout le monde crève et soi avec pour qu'enfin on ait un peu de silence. La paix. Ouf. Mais pas possible. Prendre un air inspiré dans les rues, peut-être que... guetter chaque car Air France qui passe, elle est peut-être là, et le Ministère de l'Education nationale c'est où ? Barbouiller sa tête de rien. Quelle heure est-il ? Et hop régler avec la télé, encore cinq minutes à souffrir avant l'occupation de la soirée, regarder les informations, se sentir concerné par le monde dans son ridicule petit canapé, maître de l'actualité avec sa télécommande universelle, et hop regarde je passe de l'attentat suicide à la télé réalité chinoise et à la vie de Jordy. Quel sublime invention. Et hop que faire, se préparer à manger, manger ça occupe pourquoi pas, manger c'est bien, il faut le temps de tout sortir, de tout déballer, hop hop, mettre le beurre à grésiller, jeter la cellophane dans la poubelle odorante, avoir honte au passage des taches sur le sol, et si...Anaïs passait par là, non utopique, pas la peine, rester dans sa crasse, mais tout de même laver en rentrant demain, jeter la viande périmée dans la poêle, attendre, minuter les pâtes, accorder de l'importance à des choses idiotes, puis s'asseoir, manger, trop vite et puis pas assez, se remplir encore, et puis zut après plus rien à faire alors manger, prendre un dessert, faire du thé, tout est bon. Se foutre devant les émissions du soir regarder la belle France s'exhiber, exhiber leurs rejetons dégénérés, fiers de leurs mèches jaunes, de leurs accents grossiers, fiers de leurs pavillons, fiers de leurs voitures, fiers de leur jardinet propret, qui veulent à tout prix gagner en notoriété en passant devant des millions d'autres Brian, bouffant et rebouffant des plats survitaminés dans des cuisines récurés avec le produit de la télé, qui critiquent et recritiquent tout ce qui passe sous leurs yeux porcins. C'est si facile de mépriser et puis c'est si facile mais si douloureux de se mépriser soi-même. Se sentir au dessus de la masse grouillante d'imbéciles heureux et puis ramper parmi les moins que rien, être incapable et blablabla, ne rien avoir à montrer, mentir. S'occuper, faire semblant de s'occuper, jouer, montrer sa pauvre culture dans des bars gays, ne rien ressentir. Et toutes ces associations, tous ces trucs organisés, toutes ces affiches ? A quoi bon ? Il  n'y a que des cadavres en décomposition, tous ces gens qui feignent d'ignorer qu'ils sont déjà morts, toutes ces actions sans but. Il faut marquer le monde au fer rouge, faire un coup d'éclat, rester dans la mémoire, c'est ça l'échappatoire et puis pourquoi encore ? Rien au final. Tous ces cadavres qui vivent autour de moi ça me rend malade. Et tout ce cérémonial que l'on fait dès que quelqu'un s'aperçoit que oui tout était déjà finit bien avant. Pas de destin, pas de truc tout tracé, c'est ça, c'est tout.


    votre commentaire
  • Etre seul à deux c'est rare

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>

    Une nuit. Rêver d'Anaïs encore, de ce qui arrivera et n'arrivera désormais plus. Pas de pot. La famille, le concours, pas le temps. Point. Rien que des images de moi en filigrane, moi et mon corps que je ne supporte plus. « Je vis dans la constante négation de moi-même » ai-je écrit dans mon portable un jour. Est-ce que je vais mieux ? Les choses muent mais restent. L'anxiété ne me quitte plus. Amen. Je vis ma vie dans mes cauchemars. La douleur c'est l'existence. Ma vie n'a rien de douloureux, enfin...faut voir. L'autre, elle est de plus en plus démente à l'occasion. Je suis une femme que l'on tape sans conviction. Exutoire insipide. Tant pis. Mais toujours, toujours rester debout. Faire semblant. Je ne me supporte plus. Encore. Mais pire. Plus supporter mon visage, mes manières, ma voix, ce que je raconte, délicieusement inutile, mes sentiments, mon manque atroce de confiance en moi, moi, moi et moi. Annuler l'être, vivre repliée, cachée. Comment montrer cette moisissure à Anaïs ? Je sais que la rencontre ne sera pas bonne, surtout dans un laps de temps aussi court. Les cauchemars ont déteint sur la réalité, les immeubles s'amassent mous en bas des avenues, tout s'enfuit dans un trou, que l'on ne voit pas, quelque part, derrière les horizons rouges et le ciel mécanique. Parler à l'Amie qui ne comprend rien, parler pour de vide. « etre seul à deux c'est rare » chante l'autre. Etre dans ses bras ce matin et se sentir tomber dans le néant. Plus de protection, elle ne peut rien parce qu'elle ne me comprend pas. Je n'ai pas d'avenir dans la tristesse mais elle ne veut pas se déloger. Les coins des mes yeux sont gris, un peu plus et tout ça vire au noir. Mourir, leitmotiv obsédant. Une photo de ma mère sur le mur. Pas le droit. Et ce sourire, tout ça a dérivé, la vie a dérivé, les continents dérivent et tout explose en masse informe. Tout ce que je devrais savoir pour être valable, tout ce que je devrais lire, faire, voir. Tout le monde qui lancine, « la volonté y a que ça de vrai ». Rien à redire. Je suis un rebu de la société à ce niveau de là. Les faibles aucune pitié pour eux dirait Nietzsche. Bien raison.  

    « Je n'ai qu'une seule vie, cette pensée m'obsède, il faut que quelqu'un m'aide ». Sauf qu'il n'y a personne à part toi-même ici. Toi et l'ombre de rien. Je suis épuisée de vivre alors que je n'ai rien vécu. Dommage. Et quoi plus tard ? Rien. Projets utopiques. Manque d'argent. Et quoi plus tard ? Rien.


    votre commentaire
  • Je viens de relire les premières conversations que j'ai eu avec ma copine lorsque je l'ai rencontré sur un tchat, il y a de cela presque deux ans maintenant. Retrouvées sur un vieux cd. Me suis coupée les cheveux, c'est étrange. Je vois Anaïs dans quelque jours, il est possible aussi que je ne la vois pas, peut-être qu'elle ne pourra se libérer. Je crois aux coups de foudre parfois. Maybe not. Replongée dans tous ces dialogues amoureux, cette drague juvenile mais touchante. J'ai bien changé et elle aussi. Pas le même amour. J'ai envie de tout rembobiner et de tout remettre à zéro. Toutes ces journées passées au téléphone avec elle, toutes ces nuits, enfouie sous ma couette avec sa voix. Moi qui pensait que c'était souffrir de n'avoir qu'un son pour compagnie, j'aurai du comprendre que ces un moi et demi étaient les plus beaux de toute ma vie. Une rencontre. Quoi de mieux qu'une rencontre. Je me rappelle d'elle, de tout ce qu'elle me disait, de la sensation à l'intérieur de moi, lorsque rentrant du lycée je pensais à elle que j'allais appeler, que j'allais aimer aveugle, sans la connaitre. Le lycée, pauline, levallois, les rues blanches et pavées, le jardin que je traversais chaque jour, son image edulcorée à elle, elle avec qui je vis à présent. Le chemin passe vite. En quelques mois on se retrouve adultes et totalement changée. Je suis passée d'un statut de dépressive amoureuse de sa meilleure amie à une fille amoureuse d'une autre, virtuelle, puis amoureuse de cette même autre, mais cette fois réelle, j'ai découvert la mer et la forêt la nuit, la plage, les clichés niais mais tellement beaux de l'amour, les calins, faire l'amour, j'ai évolué, j'ai gambergé une longue période, j'ai douté, j'ai arrêté de voir mon père, nous avons décidé d'emmenager ensemble dans un an, j'ai travaillé pour cela, on a déconné, j'ai failli ne pas avoir mon bac tellement je ne faisais rien que penser à être avec elle, je l'ai eu, les responsabilités m'ont rattrapée, on a cherché un appart encore, nous avons trouvé, jour de signature du bail, on ne se rend pas bien compte encore, déménagement, entrée à la fac, entrée dans la nouveauté, et maintenant être là. A attendre la suite.



    On ne se rend vraiment pas compte de l'importance de certains moments de notre vie et c'est ce qui je crois, nous empêche de vivre. Si l'on savait...



    Son sourire sous l'écharpe, son pull noir, sa taille plus mince qu'aujourd'hui, son sourire. Elle est venue près de mon lycée, voilà deux jours que je l'ai rencontré pour de vrai, je n'ai jamais été aussi amoureuse. Elle non plus. Elle me jure que jamais elle ne me quittera. Tout cela ce sont des paroles du début. Parfois je me dis qu'il vaudrait mieux accumuler les rencontres pour ne garder que le début, l'effervescence, la beauté, le paroxysme intact.



     



    Je l'aime, je voudrais qu'elle m'aime toujours, je voudrais l'aimer toujours, mais il faut redescendre sur terre et penser aux réalités. We will see... maybe one day we get married, maybe one day I will be alone.



     


    votre commentaire
  • J'ai envie de me saouler, de faire comme tout le monde, d'être raide morte. J'ai le coeur qui se fend en deux et les yeux qui s'éteignent, l'iris qui se dilate sous la pression des lumières. Sous la pression du néant. Je ne peux jamais rien faire pour personne à part parler, parler. Je parle à la rousse aux yeux verts, je lui parle et je n'y change rien. L'Amie pleure là haut, à écouter la tristesse, à parler à des inconnus d'msn pour que ça passe, pour tuer le temps. Mais mieux vaut tuer tout court. A quoi bon. J'aimerai aller sur cette colline perdue dans la campagne, faire revenir les morts, qu'elle ne se sente plus si seule. I'm selfish........ J'apprends rien de bon. Pourquoi je ne peux pas la serrer dans mes bras et qu'elle s'oublie dans la chaleur ? Je ne suffit pas, je suis l'apreté du vide, personne ne se raccroche à moi, je n'ai pas revêtu la peau de celle qui console, j'ai revêtu la peau de l'ours et les coups de feux auront raison de moi. Des traces de sang sur la neige, poor Leno... June Carter qui chante à la radio qu'est-ce que ça peut foutre ? Un mix de chansons odieux entre le rien et le rien. God Damned disaient-ils. J'aimerai faire quelque chose pour elle, mon amour ne sert à rien, je n'ai aucune vocation. Les inconnus qui lui parlent sans arrêt sur ce tchat stupide s'en sortent bien mieux que moi de toute manière. I'm selfish, aucun interêt pour les autres. Mes larmes acides brûlent le papier peint et la moquette, je suis incandescente d'égoisme. Adieu planète. Nobody's home.


    Je l'aime et à quoi bon puisque je ne suis bonne qu'à ça. Rien pour elle.


    votre commentaire
  • ...

    Je dois avoir, très certainement, une vision erronée de la vie de couple. La vie de couple doit avoir un sens trop étrange pour que je puisse, très certainement, la comprendre. Je rêve d'une nana, au pif, qui m'embarque avec elle sur un cheval bleu. Bien là seule image de La science des rêves que j'ai apprécié. Une nana avec pourquoi pas, un air de charlotte gainsbourg et de la miss à côté de moi en esthètique de l'image. Fin peu importe qui, je voudrais une nana avec un haume fichée sur la tête, une fille courtoise à défaut d'un homme, une fille grimpée sur son cheval de coton, qui me jure un dévouement sans borne en échange du mien, une fille avec une moustache dessinée au crayon gras, juste au dessus des lèvres. Une fille avec un état d'esprit cliché pour mes chers contemporains mais terriblement en vogue à l'époque de Dame Christine de Pizan. Puis en fait j'aimerai bien la même, ma copine de toujours, mais avec des airs d'avant. Pourquoi les débuts, les esquisses d'une relation, deviennent étrangement attrayants au fil des mois ? Pourquoi nos souvenirs d'avant deviennent beaux, presque limite mieux que lorsqu'on les a vécus, mais ça sur le coup on ne pouvait pas le savoir hein, pourquoi je repense à nos dimanches passées allongées, enlacées, à dormir, à faire l'amour, à parler toute la journée, dans un lit, sans aucun ennui, sans l'idée que l'on était ensemble et que cela suffisait.

    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires