• Tous les enfants étaient là, dans la cour de récréation sous le préau, il pleuvait, le préau était grand, et les institutrices censées nous surveiller sortaient de temps en temps la tête par la fenêtre, une tasse de café à la main, pour voir si tout allait bien.


    Juliette s'avanca et proposa qu'on décide d'un jeu, bien évidemment elle avait déjà une idée en tête, Juliette elle aime faire la chef, elle ne se soucie pas de ce que les autres ont envie de faire.
    Elle propose de jouer à la balle chasseur et de former deux équipes, qu'elle choisirait ceux qu'elle voulait dans son équipe, que ce n'était pas la peine de l'embêter avec ça, c'était elle la chef puisqu'elle a décidé du jeu. La voici envoyant Samuel chercher un ballon près des institutrices, tous les élèves se pressent autour d'elle, presque tous.


    Moi je n'aime pas Juliette, je n'aime pas les jeux en équipe, je n'aime pas les travaux de groupe, je n'aime pas les filles d'abord, et c'est pas vrai que j'en suis une ! Les filles toutes les mêmes, toujours à jouer à des jeux débiles...


    Juliette désigne alors Alicia, sa meilleure amie comme chef de l'autre équipe, et tout le monde se met en ligne, en rang comme de braves petits soldats, moi aussi, de toute façon il n'y a rien d'autre à faire.
    Juliette ne m'aime pas et Alicia non plus, il faut dire que depuis que je leur ai lancé des cailloux hier elles me conspuent. Je m'en fiche, de toute façon j'ai moi aussi une meilleure amie, mais aujourd'hui elle est malade, elle a la grippe m'a dit sa maman à la grille ce matin...


    Sur la ligne à présent il ne reste plus que 5 enfants, dont je fais partie, Alicia et Juliette se sont disputées pendant de longues minutes pour le choix des garçons, (toi tu prends Alexandre et moi je prends Julien, et pourquoi moi je prends Alexandre? Ce n'est pas juste!). Bref il reste moi, Louis, Valérie, Nicolas et Laurence. Nicolas et Laurence ne sont jamais choisis non plus, tout comme moi, de toute façon Nicolas passe toutes ses récréations à faire des trous dans le sol ou dans les murs et Laurence est bizarre, elle est toujours très bien habillée et ne veux jamais jouer à rien, mais là cas de force majeure, celui qui ne veux pas jouer sera le bouc émissaire, pas question !


    Nous voilà répartis de gré ou de force dans les deux équipe, évidemment je suis dans l'équipe de Juliette. Ils font un cercle pour décider quelle stratégie adopter pour battre l'autre équipe, c'est alors qu'une voix lance une suggestion à Mme la capitaine de l'équipe, tout le monde se retourne vers moi... Sans m'en rendre compte j'ai parlé, j'ai osé suggérer comment jouer à Juliette, évidemment elle n'est pas d'accord et pour la peine je suis exclue de l'équipe...


    Me voici assise près de Nicolas, il est en train de faire un trou dans le sol avec un bout de bois, je lui propose alors de creuser un circuit pour les fourmis, tout occupés à nos travaux, la partie a commencé et déjà deux élèves pleurent, l'un est tombé et est égratigné au genoux et l'autre a reçu la balle sur la tête... Il pleut...


    Alors que nous allions planter deux petit bout de bois pour terminer notre circuit, je vois les chaussures de Juliette s'approcher de nous, elle commence alors à piétinner notre circuit, elle me donne un coup de pied. Et c'est là que j'ai pu enfin défouler ma colère sur Juliette... Ce jour là j'ai su que les filles ça ne se battait pas comme les garçons... J'ai 8 ans et je sais déjà que les filles sont des furies dans un corps de poussin sans défense... Comment se battre contre une tornade qui mord, qui pince, qui tire, qui arrache? Comment ne pas pleurer devant Juliette?

    Je suis dans le bureau du directeur. Par la fenêtre je vois la maman de Juliette s'éloigner avec sa fille dans les bras. Juliette je lui ai cassé deux dents et elle a un énorme bleu au visage... Et là, la pluie s'arrête, le beau temps est revenu, les enfants sautent dans les flaques, je m'endors sous le bureau de Mr le directeur. Se battre c'est vraiment crevant ! J'en ai marre de l'école !


    Lou2006


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  • Je déteste perdre les choses, lorsqu'on perds quelque chose on ne le retrouve jamais, j'aime à penser que toute chose perdue se retrouve dans le pays perdu. Chaque personne, chaque animal, chaque végétal, chaque objets égarés ou perdus se retrouve dans ce monde, un monde qui grandit chaque jour grâce à notre étourderie, nos peines, nos joies aussi et nos coups de têtes, et bien d'autres raisons mystérieuses.


    Quand on retrouve ce qu'on avait perdu, ce n'est jamais pareil qu'avant la perte... Et la plupart du temps, on ne retrouve rien. La science dit : rien ne se crée, rien ne se perds, tout se transforme. Et moi je suis sûre que cette phrase s'applique à chaque chose.
    Lorsqu'on trouve quelque chose c'est une chance, lorsqu'on retrouve quelque chose c'est une épreuve et un mauvais souvenir.


    J'ai l'impression qu'en 22 ans j'ai perdu tellement de choses ! Pour perdre quelque chose il faut avoir conscience de la chose égarée, sinon c'est une chose abandonnée. Je ne peux me défaire du souvenir de tout ce que j'ai perdu, pas même un vieux papier de bonbon qui trainait dans ma poche, pas même ce gravier que j'avais mis dans mon tirroir pour je ne sais quelle raison.

    Chaque personne a son pays dans le monde des choses perdues, plus ou moins grand, plus ou moins peuplé, plus ou moins merveilleux.

    Mon pays à moi est plutôt bleu, et peuplé de gens qui me manquent beaucoup, et de nombreux chats malchanceux. Il y a un cheval blanc aussi et une chemise blanche lignée, il y a également le portefeuille de mon petit frère (qui se trouve pourtant dans son pays à lui) et tant d'autres trucs ! Au fur et à mesure des arrivages, les choses bougent, les gens se construisent une maison avec tout ce bazar.
    Dans le monde des objets perdus, les objets s'adaptent juste à la taille des gens et des animaux, aussi si je pense à ma petite voiture verte que j'ai perdue il y a un bail, et bien mon grand-père doit surement être en train de la conduire ou de trifouiller dans le moteur.
    Et mon petit Bibi (un chaton) dort sur les genoux de Miguel qui a sur la tête ma casquette préférée des Lakers.


    Un jour, lorsque j'aurai perdu des milliers de choses, de gens, d'animaux, de plantes, de sentiments, d'impressions et de mots, j'irai dans ce pays, lorsque je serai perdue moi-même, lorsque tout sera fini et il y aura tellement de choses que je construirai des tas de villes et de maisons pour abriter les gens que j'aurai retrouvé. Car les choses que l'on a perdu tout au long de sa vie on ne peux les retrouver que là-bas, une fois qu'une chose a été perdue c'est fini.


    Dans mon pays je retrouverai : ma foi, ma virginité, mon enfance, mes cheveux bouclés, mon temps perdu, mes mots, mes histoires jamais écrites, mes cailloux ramassés dans la rivière, tous mes coquillages, mes chats, ma joie de vivre, ma chambre d'enfant, ma maison d'enfance, mon dragon-arbre, ma balançoire, mon premier baiser, mon étoile, mon enfant, ma capacité à être heureuse, ma famille réunie, mes plus beaux dessins, ma dignité, mes idées, toutes mes personnalités, mes cartes sis, mes cartes d'identité, ma santé, mes nuits blanches, mes lunes et mes plus beaux ciels, et tant d'autres choses !


    Un jour j'irai... Mais pas encore...


    Lou2006


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  • Après une grosse phase de dépression j'ai l'impression de tout doucement revenir à moi et oser petit à petit ressentir des choses que je semblais m'efforcer à ne pas ressentir. L'indifférence du coeur est pire que la mort, c'est une mort lente et cruelle qui conduit au zombïsme.


    Comme une fleur qui s'ouvre, je redécouvre les choses simples, je n'ai plus peur de voir le soleil, je sors de ma torpeur et j'ouvre mes pétales. Je crois qu'avant j'étais une fleur qui se fânait, et à présent je commence ma nouvelle vie de fleur, le printemps est revenu semble il. J'apprends petit à petit à aimer être une fille, grâce à je ne sais quel déclic extraordinaire.


    Avant, il y a très longtemps, vers l'âge de mes 9-10 ans je me suis rendue compte tout à coup que je ressentais les choses comme à travers un voile et que rien ne me brûlait vraiment mis à part la douleur, il n'y a qu'elle que j'ai laissé rentrer, et j'avais beaucoup de mal à me sentir heureuse, aussi heureuse qu'avant, depuis ce temps là je me sentais à côté de la vie, j'avais du mal à m'y lancer ou alors c'était assez rare. A présent je me bats pour être heureuse, parce que j'ai assez visité le mal-être je crois. J'avais oublié qu'on pouvait aussi être bien.


    Je crois que je me laisse trop envahir par les sentiments et que c'est ça qui me fait peur, et que si je me laisse être heureuse je le serai vraiment très fort, à la place la douleur m'envahit parce que la douleur est comme un flot, une vague, un tsunami qu'on ne peux arrêter, et qu'on ne peux pas faire autrement que d'avoir mal, mal, mal.


    J'ai encore mal, je sais... M. me manque trop même si pourtant je ne l'ai pas beaucoup connu à l'âge que nous avions... Et puis mon père me fait trop mal même pour que j'ose penser à lui comme je penserai à mon père... En fait j'ai mal de tant de choses, c'est atroce... J'ai aussi mal pour des choses qui ne me concerne en rien même parfois, pourquoi est ce que je ressens tout si fort bon sang !? J'crois que les gens froids sont aussi handicapés dans la vie que les gens trop émotifs et que bien souvent les deux se confondent aisémant. Qui pourrai dire qu'une personne froide ne canalise pas totalement ses sentiments car elle ressent tout trop fort?


    J'plonge dans tout ce que je fait, dans tout ce que je pense, je m'y baigne et j'y coule, je me love dans une bulle d'air, tout au fond du lac. A la limite mon monde me suffirait si je n'avais pas tant besoin des autres. Bien sûr tout le monde a besoin des autres, mais moi j'ai vraiment besoin de les aimer tous, ou de les détester. Les autres sont tellement merveilleux, tellement terribles aussi. J'voudrai tous les inclure dans mon monde à moi, paradoxal désir inutile.


    Alors maintenant je veux regarder tout autour de moi et entrer dans ce monde là, y entrer vraiment. J'veux goûter le sel transporté par le vent, j'veux respirer l'air du grand large et caresser les voiles. J'veux oser m'avancer sur la piste et me déchaîner pour moi sans les autres, j'veux tout, j'ai déjà assez perdu de temps.


    La meilleure façon de procéder selon moi c'est encore de raconter, de dire ce que je vois, d'écrire tout sans oublier un mot, c'est ma façon à moi, je serais qui j'écrirais.


    Lou2006


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  • Dans un pays tout ce qu'il y a de plus commun, vit une fille qui semble ordinaire, foulant un sol vu et revu, dans une cacophonie citadine bien connue, mélodie du bruit, harmonie du silence qui n'arrive jamais.
    Je la regarde marcher, et j'ai décidé de la suivre, je zoome avec la roulette de ma souris, à présent je vois le bout de sa chaussure, elle est trouée et à travers je peux voir une chaussette rayée blanche et bleue. Jolie chaussette pour une si vieille chaussure !


    La voici qui s'arrête dans un magasin de vêtements, c'est vrai qu'elle en a bien besoin, ses vêtements sont usés, la mode grunge est passée et bien passée... Je la vois passer dans les rayons, elle ne s'arrête que très peu, picorant par ci par là des fringues, tout en les remettant en place aussitot. Et puis enfin, elle s'arrête devant une robe bleue, une belle robe, le genre de robe qu'on a envie de garder toute sa vie. La voilà qui s'extasie, la voici qui semble rêver sa tenue, ou bien la vivre.
    Elle la prend et entre dans une cabine, je la vois se débattre, se déshabiller, et enfin elle essaye la robe. Bien sûr celle-ci lui va comme un gant, c'est alors qu'elle tente de refermer la fermeture, tout va bien, jusqu'à arriver au milieu de son dos, cette fois c'est sur, elle ne se fermera pas. Elle a beau insister, forcer, ça ne fonctionne pas. Elle se regarde alors dans la glaçe et trouve que cette robe est bien jolie, elle a pris la taille la plus large mais visiblement elle a une trop grosse poitrine.
    Je crois qu'elle est en train de se demander si elle va l'acheter, si ça choquerait tant que ça que la fermeture éclair ne se ferme pas...
    La voici qui l'enlève, elle se rhabille, et se regarde une nouvelle fois dans la glaçe, elle se tourne et se retourne, il y a un jeu de miroir et elle peux se voir de profil, soudain elle semble génée de voir son profil, elle se tâte le nez.
    A présent, elle ressort, elle regarde un instant la robe abandonnée à son sort dans la cabine d'essyage, comme si celle ci la suppliait de la prendre. C'est alors qu'elle voit cette autre fille, elle est grande et mince, elle fait du 95 C ça semble certain...

    A présent elle est sortie du magasin, je zoome sur son visage et je vois qu'elle a les larmes aux yeux, je ne sais pas pourquoi exactement, mais je pense que je peux la comprendre, c'est vrai que faire les magasins pour se trouver une tenue c'est affronter son corps et le corps des autres, jalouser ce qu'on est pas et maudir ce qu'on est, tout à la fois.


    Je suis sûre qu'elle rentre chez elle...
    Alors je l'ajoute dans mes favoris, et je me dis que je repasserai la voir plus tard.


    Lou2006


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  • Il n'est que cendre, il n'est que feu, il n'est que désespoir.
    Il n'est plus ici, mais peut être là
    Il pourrait être patience, mais il est la foudre
    Il est anguleux tout en étant rondeurs
    Je garde en moi sa chaleur
    Et je prie pour qu'elle s'en aille
    Voir s'éteindre chaque feu est une mauvaise consolation
    Mais c'est tout ce qu'il reste parfois...


    Sur sa peau de pierre, tout glisse
    Et pourtant on peux s'y accrocher
    Parfois ses yeux sont comme vides
    Et ses mains sont fermées, tendues vers le monde
    Mais sous ses paupières de glace et de pierre
    Il y a un éclat étrange
    Que nul ne pourrait voir

    J'ai vu les feuilles d'ombre voletter autour de lui
    J'ai pu en attraper une et la garder
    Elle creuse un trou dans ma poche
    Comme un acide très puissant
    Et dans ce puit, plus rien ne bouge
    La feuille d'ombre s'en est allée
    Par cet espace indéfini

    Ses doigts de pieds semblent espacés
    Et pourtant ils sont recroquevillés
    Telle des serres sur leur proie
    Sa proie à lui, c'est le vide et parfois le temps
    Cette proie il la tient prisonnière tout en la regardant s'enfuir
    Et on peux l'entendre pleurer

    Un jour le ciel pleurait sur lui
    Et sa peau de pierre craquelée
    S'est refermée, comme gardienne de l'eau
    Depuis la glace, le feu, le vide, le temps et l'eau sont en lui
    Et c'est comme ça que les hommes viennent au monde
    Il y a larmes et cris, car la proie et en fait le chasseur
    Et la chaleur ne nous enveloppera jamais plus, comme à ce moment là

    Il y a un trou dans ma poche
    Et je n'en vois pas la fin

    Lou2006, genèse.


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