• Un des derniers petits paragraphes ici alors.
    Il faut filer, s'éclipser, (se déplacer).
    Mon histoire discrète ces dernières années ? Quelques bonnes idées, un ton franchement insolent dans le fond. Quelques fêtes bien décrites selon certains. Des grands silences liés à la vie intime (les moments se répondent, c'est parfait). Des citations énervantes, déviées de leur contexte, insuffisantes pour la plupart des cerveaux. Précises, vraies flèches pour d'autres têtes. On peut considérer en effet que le narrateur n'a jamais cessé d'être et n'a pas pu s'empêcher de vivre en fonction de ce qu'il lisait dans cette période (Rimbaud, présocratiques, Kafka, Debord...). Il faudrait préciser : n'a pas pu s'empêcher de vivre dans l'espace soit disant inviolable qui sépare l'art de la vie la plus matérielle. Il faudrait encore préciser : a déroulé nerveusement sa joie. On y est : s'est bien amusé.
    Quelques amitiés franches, abordées ici ou là, ponctuant une solitude solide comme un roc. Un certain nombre de filles, les pages se suffisent à elle-même. L'importance de certaines, le miracle d'une.
    Maureen Katie Maya aussi c'est la chanson de Holden. Où l'on apprend que l'été est inconsistant sur fond d'écho de guitares. Que font-elles exactement ? Une plage ? Facile comme image mais pourquoi pas (les yeux gorgés d'eau et de sable). Elles sont dans le rythme d'une seule danse. Mais oui elles s'embrassent, il y a de la caresse, on reste dans l'évocation saphique. Elles dévorent l'ennui. C'est charmant. Que faites vous de vos journées ? Vous est il déjà arrivé de dévorer l'ennui, d'en finir avec lui en en faisant un repas ?
    « Et moi ?  Moi j'ai devancé l'appel devant la blancheur de mes pages. D'ailleurs je m'en vais. »

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  • Le prochain album de Holden s'appellera « Fantomatisme »(sortie le 24 mars). On avait laissé le groupe avec « Chevrotine » en 2006, comme on laisse une jeune adolescente à la plage au moment de la rentrée quand on est soit même adolescent. Départ au matin, tu étais sacrément blonde, les autres filles plus tard viendront de cette allure là, de la couleur de tes cheveux. La voix d'Armelle Pioline, si on la compare souvent à Françoise Hardy, est incroyablement plus intense, plus réservée, plus « en soi » que la dame des années soixante. Cette voix est ahurissante tant elle ne prend pas partie, elle est là pour fredonner, pour paraître, pour iriser.
    Le disque s'ouvre sur une phrase (un journaliste ?un acteur ?) : « Il faut faire attention ». Le ton est donné, il existe encore des disques intelligents, il existe encore des disques soyeux, il faut faire gaffe à eux.
    Pas trop loin, vous appellerez cela le thème si vous le souhaitez, en tous cas il s'annonce.
    « Tout le temps que tu rattraperas... »
    « Quel heureux couplet. Je n'aurais plus jamais envie d'être aimée. Oh non, c'est trop fatiguant d'être une flammèche qui se tord de douleur. A peine allumée je repars vers le grand sommeil. »
    Rimbaud pointe son nez : « Arrivée de toujours, qui t'en iras partout. »( A une raison, Les Illuminations)
    Un peu plus en avant : « Le silence m'ira comme un gant de velour. »
    Un peu de style comparses humains ! Mon grand amour je te quitte, je n'ai plus envie d'être aimé(e), maintenant le silence m'ira comme un gant de velour.
    Combien de séparations amoureuses gâchées pour un manque certain de poésie ? Jusqu'où se cache l'indigence parfois...
    Regardez les dans le métro, ils se disputent, ils adorent ca. Ils croient que c'est au programme. Ils sont rouges de honte et bleus de tristesse. On leur a appris que ca allait être compliqué dès le départ. Les siècles et les siècles vous parlent quand vous vous disputez avec votre petit ami, quand vous haussez le ton avec votre petite amie. C'est sûr, s'écriait-on devant eux, c'est la guerre des sexes, ce sera une grande lutte, volonté contre volonté. J'ai beaucoup de ressentiments contre toi, je ne sais pas vraiment jouir de mes sentiments alors je ressasse. On va bien se bagarrer, ca ne sera pas léger. Il va falloir chialer, parfois il faudra chouiner. Elle avec l'autre con qu'elle déteste. Lui, qui mate les autres filles en coin quand il lui prend la main. Couples menteurs si je me vengeais ! Et la nuit ? Du pareil au même, s'embrassent saouls, ne se voient pas, n'ont que leur jeunesse ou leur mélancolie à raconter. La chanson en question s'appelle « Les animaux du club ».
    Allez, musique !

    Plus sur Holden dans les jours prochains. Le groupe sera le 20 mars à la Maroquinerie.

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  • (Morrissey / It's not your birthday anymore)


    Ce blog prendra une nouvelle forme d'ici quelques semaines. Histoire d'être encore plus autonome.

    Petite partie de l'entretien avec Emily Loizeau.

    La première chanson que vous avez crée venait d'un texte de votre père...
    « Oui, j'ai beaucoup hésité pour donner un titre à cette chanson. « L'ombre d'un vieux silence » ou « Un vieux silence ». Je n'ai jamais vraiment trouvé le titre de ce morceau. Je l'ai beaucoup joué mais  j'ai aussi voulu le confier à d'autres personnes. C'est un texte de jeunesse que mon père avait écrit à la fin des années 50. Par la suite il a été correcteur d'épreuves pour pouvoir nourrir sa petite famille. Il écrivait aussi dans des journaux. La chanson est un poème qui ne comporte pas de refrain, rien ne revient. J'ai donc dû créer ce refrain en choisissant quelque chose dans le texte que je croyais pouvoir se répéter. On ne sait pas vraiment quels mots il faudrait choisir, on a peur de trahir la personne qui a écrit. »

    Plus loin elle confie :

    « J'ai commencé à avoir peur de la mort à 5 ans, ce qui est inconcevable. »

    Les femmes sont à considérer et à aimer dans leur rapport avec la musique. Le chant des sirènes s'est perfectionné avec le temps et puis il n'y a pas que des sirènes. Regardez autour de vous, le test animalier marchera toujours. Lafontainisez à qui mieux mieux. Il y a des louves, de petits canards parfois, des chatons (mes préférées). De grandes sopranos, des rockeuses sexuelles. Tout est question de musique avec elles.


    Cette chanson, parfaite en cas de rupture. J'aime la précision de Morrissey, les paroles scandent parfaitement le rythme du morceau. Dès les premières notes c'est sûr, ce sera un peu lancinant, un peu douloureux.
    « Ta voix a beau dire non, le cœur a sa propre destinée. »
    Du lourd, du cru. On écoute.
    « Ta voix a beau dire non, le cœur possède lui-même un cœur. »
    De quoi ? Hein ? Le cœur qui cache un cœur ? Ton cœur est une putain de poupée russe ma chérie.
    Batterie, cymbales. Sanction.
    « Ce n'est plus ton anniversaire, plus besoin d'être gentil avec toi. L'envie de te voir sourire, de sentir une appartenance s'est maintenant éloigné. »
    C'est ca non ? Quand on ne souhaite plus souhaiter un anniversaire à quelqu'un, on est plus là.
    « Est-ce que tu pensais vraiment que tous ces trucs sirupeux et sentimentaux dont on parlait avaient un sens ? »
    Là l'anglais y va un peu fort, c'est pas très sympa, il n'est pas content. Il crache dans la soupe. Ou alors c'est la fille qu'il aime qui parle à ce moment là...
    C'est un peu de l'insulte tout de même. Poursuivons. Morrissey a lu Lacan bon sang :

    « On ne peut pas le donner. Et pourtant on nous le retire. »
    Mais de quoi peut il bien parler ?
    Il répète deux fois cette phrase et au deuxième instant la voix monte, ca va chouiner dans la chaumière de votre cœur qui, ne l'oubliez pas, a un cœur lui aussi. La guitare s'acère, la batterie est un métronome précis qui indique qu'on est au milieu de la chanson.
    Encore un peu de théorie, c'est un peu simple mais pourquoi pas :
    « Tous les cadeaux que l'on a pu te faire ne peuvent pas être comparés à l'amour que je te donne ici et maintenant, sur le sol. »
    Refrain qui se termine par « Est-ce que tu pensais vraiment que tous ces trucs sirupeux et sentimentaux dont on parlait HIER ENCORE avaient un sens ? »
    Où l'on voit que c'est bien le chanteur, le narrateur qui parle. Hier encore, c'est la petite plainte qui pointe. Il n'y a qu'à écouter la fin du morceau et les cris chantés qui ne peuvent être que des pleurs. C'est le moment où la voix est la plus forte, la plus mélodique.

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  •  


    Emily Loizeau est un être à part. Sans faire de bruit elle débarque dans une major (Universal) avec ses chansons. Le nouvel album va s'appeler « Pays sauvage ». C'est comme si elle confirmait par ce titre, après « L'autre bout du monde » son précédent disque, un goût particulier, ultra féminin, pour l'espace du rêve. Avec elle, le piano indique l'arrière de votre cerveau, il faut aller chercher loin, dans l'enfance et ses conséquences, la mélodie comptine et mutine qui va être fredonnée. Je regarde le clip de « L'autre bout du monde », morceau qui parle de la mort de son père. http://www.youtube.com/watch?v=SiOMjzNUPvs

    Je suis vraiment très idiot ou je n'étais pas informé mais quand j'ai vu la chanteuse au Grand Rex il y a quelques temps, je ne saisissais pas ce thème. Je croyais entendre là un énième refrain sur l'amour plan plan. Au moins suis-je honnête. Sur les images, seul son voile noir montre le deuil. Elle marche dans la nature, elle est en chemin. Ce détail est très beau. Où migrent les oiseaux ? Où fait il toujours beau ? Le paradis mes amis, l'autre côté. L'inverse des apparences si vous préférez. La chanteuse dit aimer Lewis Carroll. Alice (prénom délicieux) décide d'aller au pays des merveilles. « Une voix m'appelle puis se perd, c'est ta voix » (celle de son père). Il est très probable que la seule voix qui compte pour une fille soit celle de son père. Mille actions pour une seule parole que l'on va essayer de chercher partout. Delicatesse d'Emily Loizeau de vouloir aller jusque là.
    Et oui : « Ta voix qui me dit - Mon trésor, tout ce temps je n'étais pas mort, je vivais à l'autre bout du monde ».
    Hölderlin a cette phrase fulgurante, que la simplicité grammaticale ne saurait obstruer : « La mort aussi est une vie ».

    A écouter ses nouveaux morceaux, on a l'impression que le disque précédent se poursuit, c'est frappant, malgré les nombreuses apparitions d'autres artistes que vous appellerez featuring sans me choquer. Le piano est là, Emily chante de mieux en mieux. La chanson « Sister » m'intrigue (première question à lui poser demain). « La dernière pluie » est une petite suite de notes qui se répètent à la flûte en se terminant par la phrase « La flûte est fausse ». « Songes » personnifie les rêves, ils déambulent dans le violon et le piano. « In our dreams » gratte l'intérieur de votre cœur, la guitare suit la voix comme l'eau d'un fleuve parcours son lit.

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  • (Saint Etienne / London belongs to me)



    Troisième jour consécutif avec Bach et sa divine (forcément) Messe en Si. Dès la sortie du métro on dirait que ma marche va aboutir au bouton du petit poste radio de la chambre. J'allume et j'écoute. J'ai toujours aimé les répétitions, mouvement fondamental venant de l'enfance : caché retrouvé caché retrouvé. On laissera à la cohorte gentille de psychanalystes le soin de forcer ici la théorie : lâcher reprendre lâcher reprendre pour mieux s'habituer à un objet, le consacrer, le connaître. Depuis trois jours donc je fais la même chose en me forçant à écouter ce disque qui me repousse, qui a lieu sans moi. Je n'ai jamais écouté de musique classique. Ce n'est pas vraiment un regret, bien plutôt une erreur finalement. Bon sang je ne suis pas là dedans, c'est une sensation très précise d'exclusion du paradis. Le disque tourne, Valérie Bonnard est en pleine forme, il se passe sérieusement quelque chose que je ne peux pas appréhender.

    Guy Debord m'est plus familier, c'est une vraie plongée dans le cœur de la nuit (merveilleuse édition récente Quarto chez Gallimard).
    En 1956 il est question de fragmenter psychogéographiquement l'agglomération Londonienne. C'est-à-dire de dériver dans la ville, d'y trouver des ambiances, de faire une carte très précise de Londres en y  expliquant les rapports entre ce qui s'y vit et l'état mental, l'humeur de l'être qui traverse les rues et les lieux. La définition exacte : « Entre les divers procédés situationnistes, la dérive se définit comme une technique du passage hâtif à travers des ambiances variées. (...) Le concept est lié à l'affirmation d'un comportement ludique-constructif, ce qui l'oppose en tous points aux notions classiques de voyage et de promenade.»
    Le but ?
    « La solution offerte exercera une influence radicale sur des activités de toutes sortes : plastiques, politiques, littéraires, sociales, journalistiques, érotiques, populaires, militaires, philosophiques, cinématographiques, aristocratiques, pédagogiques, commerciales, religieuses, culinaires, architecturales, etc. »

    J'aime que Gabrielle Hallez, mise en examen dans l'affaire de Tarnac, ai eu une pensée pour Kafka.
    http://www.lemonde.fr/archives/article/2009/01/20/tarnac-l-une-des-supposes-terroristes-temoigne_1143981_0.html

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