• Carrefour de la rue des Vignoles et de la rue de la Réunion _ Paris 20ème (juin 1997)

    Longtemps considéré comme un arrondissement défavorisé, le 20ème a connu de lourdes opérations de rénovation de son habitat, dans le cadre des zones d’aménagement concerté (ZAC).
    Cette procédure était-elle un bien ou un mal ? Quel bilan peut-on en faire aujourd'hui ?

    Contrairement aux opérations de réhabilitation où le bâti est conservé, la rénovation par la ZAC implique inévitablement le processus suivant : "expropriation-destruction-reconstruction".

    Une telle "restructuration" aboutit, par un tour de passe-passe, à une métamorphose de la population du quartier. Ce sont des artisans chassés par les promoteurs, des habitants modestes qui ne peuvent se permettre de payer les loyers proposés dans les nouveaux immeubles, des commerçants qui ferment boutique ...

    Dans le quartier de la Réunion, la ZAC a été imposée par la ville de Paris, sans que celle-ci ne se pose la question de la pertinence de cette procédure par rapport aux problèmes à traiter.

    On a donc éliminé les impasses, et ce faisant, on a détruit 400 logements, de nombreux ateliers, des boutiques, des hôtels meublés … Pour autant, devait-on nécessairement transformer la structure des rues dans ce secteur ? Surtout quand on sait que cette construction en impasses et en passages multiples a été héritée de l’organisation en lanières des vignobles qui s'étendaient ici au 18ème siècle.

    Mais pour le promoteur immobilier, il est plus compliqué et plus coûteux de respecter le parcellaire ancien … car alors on construit moins dense !

    La ZAC de la Réunion est restée en panne de nombreuses années, et avec elle, l’ensemble de l’aménagement du quartier.
    Cette panne s'explique de différentes façons :

    Tout d'abord, le parti pris d’aménagement fondé sur la "destruction-rénovation" a eu beaucoup de mal à passer, et cela pour deux raisons : d’une part parce qu’on avait affaire à un quartier parfaitement constitué, avec sa trame urbaine, ses habitudes, son tissu économique, ses habitants, bref son histoire de morceau de ville, et d’autre part parce que la conjoncture économique n'a plus permis d’équilibrer l'opération en vendant des locaux d’activités et des bureaux. 

    En suite, les associations ont vite compris que le cadre prévu pour favoriser la "concertation", n'était que purement consultatif … et elles ont durci leurs actions.

    Alors, les chantiers traînent, les dents creuses du bâti ne sont pas comblées, les palissades ceignent les terrains vagues pendant des années.
    On a le sentiment d’un énorme gâchis, dans un quartier fragile où il y a quand même une résistance qui s’exprime de la part des habitants contre des méthodes brutales de rénovation et de destruction dont on sait parfaitement qu’elles ne feront pas place à quelque chose qui pourra avantager la population autochtone du quartier.

    Pour attirer l’attention sur le quartier et parce qu’elles "en avaient marre des murages", les associations de défense ont fait peindre les façades par des artistes.

    Miss Tic est alors devenue, avec ses pochoirs, l'artiste emblématique de ce 20ème aujourd'hui disparu.
    Enfin un peu de poésie dans ce monde de brutes …
    d'ailleurs, l'une de ses œuvres ne disait-elle pas : "La poésie ébauche les contours d'une ville à colorier" ?


    >>
    Miss Tic : "La poésie ébauche les contours d'une ville à colorier".

    >> Le résultat aujourd'hui : l'exemple du "11-13 passage Josseaume, 72 rue des Vignoles", ZAC de la Réunion.


    2 commentaires
  • Quartier de Belleville _ Paris 20ème (mars 1997)

    On connaît l'un des buts de Parisperdu : explorer les zones urbaines à l'abandon, y rencontrer leurs derniers habitants.

    Sur la colline de Belleville, je déambule dans les cours, là où la vie palpite et s'enlise, pour fixer des images de la vie ordinaire de gens sans histoire.

    Car ici, malgré l'évolution de la société moderne, ces lieux, ces hommes et ces femmes sont longtemps restés à l'écart du temps.

    Mais aujourd’hui, tout cela a disparu et c'est tout un pan de Belleville qui n'existe plus que dans certaines mémoires.

    Pourtant, je veux croire à une nostalgie d'avenir, c'est-à-dire, que  tout ce que l'on aimait bien dans notre ville avant, on pourrait continuer à le vivre encore aujourd'hui et dans le futur.


    >> La nostalgie de (ou sur) Parisperdu.

    >> La nostalgie refait surface quand le présent n'est pas à la hauteur …

     


    2 commentaires
  •  Parc de Belleville (Août 2012)

    Le parc de Belleville, à l'écart de la ville qui repose à ses pieds, si proche, si loin … est un lieu public par excellence puisqu'il brasse les générations, les strates sociales, les ethnies de toutes sortes.

    Ici les gens se conduisent comme les badauds l'ont fait de tous temps, et même les enfants ont encore assez de pouvoir pour entraver la marche trop rapide de leurs parents.

    Et dans ce lieu qui semble en lévitation au-dessus de la ville, les gens ne sont pas indifférents les uns aux autres. Ils s'observent, ils s'évaluent, ils se draguent ou se contestent du regard.
    On se frôle, ce qui est encore la meilleure façon de se rencontrer marginalement, délicatement.

    Dans le parc de Belleville on assiste à d'imperceptibles jeux de rôles …

     

    >> Le parc de Belleville, déjà sur Parisperdu.

     



    2 commentaires

  • L'échangeur de la Porte de Bagnolet est sans aucun doute l'un des plus vastes échangeurs autoroutiers d'Europe.

    Le projet a été conçu comme un "complexe d'échanges" qui imbrique étroitement différentes bretelles d'autoroute et de raccordements au périphérique, mais aussi un parking semi enterré de 2200 places, une station de métro et une gare routière de 22 quais.
    Le projet initial prévoit aussi l'implantation, au cœur de cet ensemble, d'un centre commercial, d'une salle de spectacles de type Zénith et d'un jardin public. Bref ce projet gigantesque est conçu comme un pôle d'échanges où la voiture bien sûr mais aussi l'homme doivent trouver leur place.

    Lorsqu'il ouvre à la circulation, en 1969, le complexe d'échanges comporte au total 19 ponts et viaducs entremêlés, des tabliers jumeaux, des viaducs courbes enjambant d'autres bretelles … un terrible carrefour autoroutier hostile à toute présence humaine.

    Du projet de départ qui voulait en faire un lieu de rencontre, qu'en reste-t-il aujourd’hui ?
    Pas grand-chose car, la salle de spectacles n'a jamais vu le jour, le centre commercial a été implanté hors du périmètre de l'échangeur et la dalle de 26 000 m2 couvrant le parking et la gare routière va rester désespérément vide, car le jardin public qu'il était prévu d'aménager sur celle-ci ne sera jamais réalisé.
    Le vaste espace au pied des viaducs de l'autoroute A3 reste alors dans un état de quasi abandon.

    Et c'est sans doute mieux ainsi car ce jardin aurait été un enfer.
    Pour s'en convaincre, le piéton doit (et ce n'est pas facile) s'introduire dans le ventre de ce monstre de béton, au centre de ce gigantesque manège.

    Les quelques 300.000 véhicules qui transitent chaque jour par cet échangeur tourbillonnent alors au-dessus de votre tête dans un vacarme incessant. Pire encore, le niveau de la pollution atmosphérique dépasse ici largement les moyennes et cela se sent, très vite les yeux vous piquent … et l'impact de l'échangeur, en termes de gaz nocifs, se fait sentir jusqu'à 400 mètres à la ronde.

    Si vous voulez vous rendre compte par vous-même de l'irréalité de ce lieu improbable, une opportunité se présente prochainement à vous. La 3ème édition de "Paris face cachée", créée à l'initiative de la ville de Paris visitera l'échangeur de la porte de Bagnolet, dimanche 2 février 2014.

    Pour profiter de ce voyage original, vous devez accepter la règle du jeu: le lieu de rendez-vous est tenu secret et n’est dévoilé que sur le billet, après inscription !
    Les réservations se font exclusivement en ligne sur www.parisfacecachee.fr

    Si vous avez raté le rendez-vous, il vous faudra alors tenter seul l'aventure et pour cela, commencer par trouver l'accès de cette descente aux enfers …


    Déjà dans Parisperdu:

    >> De la zone au périph'

    >> L'envers de la ville, la ville à l'envers ...

     

     


    1 commentaire
  • Villa Castel -  Paris 20ème - juin 1994

    Entre la rue de Ménilmontant et la rue de Belleville, sur les collines et leurs versants, se déploient tout un entrelacs de ruelles, d'impasses, de cours et d'arrière-cours, de venelles, de jardins, de tonnelles … comme autant d'oasis où une vie simple et rude a affiché, pendant longtemps, sa pauvreté et sa solidarité.

    Si de l'esprit des rues arpentées par Willy Ronis, dans les années 50-60, il ne reste plus grand-chose, le promeneur attentif pourra toutefois, dans ces quartiers, retrouver quelques parcelles de ces mythiques "villages".

    Ainsi, sur le belvédère de la rue Piat, l'agitation de la capitale haussmannienne semble bien lointaine. Le lieu, conserve une réelle magie même si, en contrebas, le parc a fait disparaître le lacis de petites rues, de passages et d'escaliers : Vilin, Pali-Kao, Julien Lacroix ... et pourtant, le vrai Belleville était là !


    Sur le plateau, parcourez les rues des Envierges, du Transvaal, ainsi que le confidentiel passage Plantin et surtout la discrète Villa Castel où rodent encore les fantômes de "Jules et Jim".
    De là, gagnez les rues décrivant les courbes de niveaux de la colline : rue de Savies, des Cascades, de l'Ermitage, du Retrait ...

    A la belle saison, flâner dans ces rues est un vrai plaisir tant la paix et la sérénité sont ici omniprésentes.

     

    >> La Villa Castel, déjà sur Parisperdu.

     

     


    2 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique