• 4-14, rue Dénoyez - Paris 20ème.


    Nous sommes en 1994 et encore tout récemment, se tenait là, rue Dénoyez, une usine ... bien vivante, et toute grouillante d'activité : ces bâtiments étaient alors la fourmilière de dizaine d'employés.
    Mais le vacarme a maintenant fait place à un silence assourdissant... L'agitation s'est effacée devant une fébrile tranquillité.

    De cette "vielle dame", il n'est longtemps resté qu'une friche industrielle, débarrassée de ses derniers vestiges et dépouillée de ses rouages vitaux.
    Des hangars désertés, des salles désaffectées et des verrières brisées donnaient à ce lieu un esprit plutôt sinistre ... mais en même temps, il s'en dégageait un climat particulier, apaisant, presque rassurant.

    L'usine de mécanique générale de la rue Dénoyez (dont la raison sociale exacte était : "Société des Petits Appareils Mécaniques pour Toutes Industries"), a donc vécu.
    Même si ses machines ne tournaient plus depuis bien longtemps, ... pendant encore de longues années, l'usine a continué à respirer ... la poussière et les traces sur les murs en témoignaient alors.
    Certains jours, il parait même qu'elle résonnait encore du bruit de ses machines-outils et que l'odeur de l'huile et de la graisse vous imprégnait jusqu'au dernier pore de la peau.
    C'est sans doute ce qu'on appelle l'âme des lieux.

    Et voilà qu'aujourd'hui, les lieux ont changé d'âme et tous ces souvenirs sont définitivement tombés à l'eau ...
    A l'eau? Oui, car, est-ce dû au nom de la rue ? (prononcez "des noyés") ... je ne sais, mais c'est bel et bien une piscine que l'on vient de construire au 4-14 de la rue Dénoyez ! ...


    >> Le 4-14, rue Dénoyez en septembre 2006.

    >> La piscine Alfred Nakache, Rue Dénoyez.



     


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  • Cette rue discrète, juchée sur un petit tertre du secteur Martin Nadeau, dans le  20ème arrondissement, porte le drôle de nom de "rue de la cloche"; mais pourquoi ce nom ?
    Tout simplement parce que ce quartier est construit sur une cloche, aussi appelé fontis: une cavité creusée par l'écoulement sous-terrain de l'eau. D'ailleurs, de nombreuses rues du 20ème témoignent de ce sous-sol gorgé d'eau, et cela a donné leur nom aux rues ... du Ruisseau, des Cascades, des Rigoles, de la Mare...

    Mais ici, tout a changé ... ne cherchez pas la rue de la Cloche, elle n'existe plus. Sur le petit tertre, toutes les constructions ont été rasées pour faire place nette à un square ... baptisé du nom du Docteur Joseph Grancher, un ami et collaborateur de Pasteur.

    Ce nouveau "square-jardin", situé sur le flanc sud de la colline de Belleville, porte encore quelques traces de son passé : des rues pavées, des moignons de murs en meulière, des escaliers. Le square tente ainsi de conserver l'esprit du lieu, d'en rappeler son histoire.

    Car dans ce quartier, où la vie s'organisait autour de trois rues aujourd'hui disparues ... (et dont la large promenade sur le sommet du square, reproduit le tracé des  ... anciennes rues de la Voulzie, Westermann et de la Cloche); il y avait des maisons, des habitants, des artisans, mais aussi ... des résistants, des enfants juifs raflés en 1942, et dont l'école de la Bidassoa - toute proche - nous rappelle le triste destin. 
    Nous ne sommes pas ici, en effet, dans un simple square, mais dans un lieu pétri de symboles, de souvenirs, et où chacun peut trouver sa place pour rêver, respirer, se rencontrer, jouer, ou méditer...

    De surcroît, la position en éminence du square, fait qu'ici, il nous semble facile de pouvoir nous élever à la fois au dessus des morts du Père Lachaise - tout proche - et aussi de nous détacher de la vie terrestre qui sans cesse, grouille en contrebas.


    >> Déjà dans Parisperdu: "Je reviens d'un lieu qui n'existe plus ..."


    >> Lieux de tournage : "Paris", un film de Cédric Klapisch. 

     

     


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  • Dans tous les sens du terme, elle portait bien son nom ...
    Bien calé dans son coin, à l'angle de la rue Henri Chevreau et de la rue de la Mare; c'était aussi l'épicerie "du coin", celle que l'on fréquentait naturellement, dans ce quartier du 20ème, entre Belleville et Ménilmontant.

    D'aussi loin que l'on se souvienne, elle a toujours été là, ... Même Willy Ronis, dans les années 50, a dû la connaître, lorsque, toujours à l'affût, il arpentait le secteur, son Rolleiflex à la main ...

    Longtemps elle a été la seule à approvisionner en produits de base, les résidents du quartier, surtout ceux - et ils étaient nombreux - de condition modeste. C'était bien avant l'arrivée des Franprix et autres Proxi du boulevard de Ménilmontant.

    Dès que l'on pénétrait à l'intérieur de l'Epicerie du coin, l'on était surpris qu'une aussi petite surface puisse contenir autant de produits, entassés jusqu'au plafond, couvrant même les fenêtres ... jusqu'à les rendre aveugles. Les produis encombrants, comme les bouteilles de gaz, étaient exposés sur le trottoir, tout comme les chaises pliantes ... c'est dire si l'offre était diverse !

    Comme partout, les grandes surfaces ont changé la donne. Les habitants du quartier, attirés par la publicité de la grande distribution et dans l'espoir d'y trouver des prix plus bas, n'ont pas hésité à aller fréquenter les hypermarchés de la Porte de Bagnolet.

    Alors, pour survivre, Momo, qui tient désormais l'Epicerie du coin, a dû se diversifier dans le dépôt de pain, les sandwichs et les paninis ... mais ce n'est pas vraiment son métier et il là aussi, il a du mal à lutter contre les Mac Do et les fast-foods chinois de la rue de Belleville.
    Pas surprenant, dans ces conditions, si le restaurant voisin de la rue Henri Chevreau garde un œil sur le pas de porte de l'Epicerie du coin, ...

    Inéluctablement, une page du vieux Paris va bientôt se tourner, dans ce petit coin du 20ème ....



    >> "L'Epicerie du coin", devenue "Chez Momo".

    >> Voir aussi "Lieux retrouvés_09: Rue de la Mare".

     

     

     


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  • Nous sommes sur l'escalier de la rue Vilin, un lieu rendu célèbre par les photos que nous en a livrées Willy Ronis, dans son ouvrage culte : "Belleville-Ménilmontant".

    Les clichés de Ronis, pris à la fin des années 50 sont bien évidemment en Noir et Blanc. Aussi, pour le Café-Bois-Charbon: "Au repos de la montagne", situé au 53/55 de la rue Vilin, Ronis ne nous dit rien de la couleur de la façade de ce bistrot-bougnat.

    Pour le document de présentation de sa causerie, intitulée : "Belleville, récit des Hauts-Quartiers populaires", le conteur Daniel Leroux a choisi l'illustration ci-dessus ... et là, surprise la façade du Café-Bois-Charbon, affiche une couleur orangée ... presque le même orangé que celui du code-couleur utilisé pour ce blog !

    Mais est-ce la vraie couleur ? Cette façade orangée, a-t-elle eue une réelle existance ?
    Aussi Parisperdu, lance ici, un "appel à témoins"!
    Si vous avez connu la rue Vilin à l'époque où Willy Ronis la photographiait, peut-être pourrez-vous confirmer ou infirmer cette hypothétique couleur orange ?

    Merci pour vos témoignages, ... à poster ci-dessous en "Commentaires" ou directement en cliquant ici.


    >> Les contes de Daniel Leroux.

    >> Willy Ronis : "Au Repos de la Montagne" 1957-
     ©Photo Willy  Ronis

    >> Willy Ronis : "L'escalier de la rue Vilin à l'angle de la rue Piat" 1959 -
    ©Photo Willy  Ronis 

    >> Voir aussi: "Mélange de couleurs", sur Parisperdu

    >> Voir aussi, sur Parisperdu :"Les hauts quartiers de l'Est parisien font de la résistance ".



     


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  • Passage des Deux portes - Paris 20ème.

    Paris peut paraître écrasant ... mais il existe tout un pan de la capitale plus léger, moins solennel ...
    Il s'agit de toute la partie Est, un territoire qui courre de la place de la Bastille jusqu'à la Villette. Ici, d'anciens quartiers populaires sont devenus des quartiers jeunes, conviviaux ... où maintenant, gens branchés et néo-bourgeois résident ...

    Il faut s'essayer à se perdre dans ses rues, dans ses ruelles ... et ne pas craindre de tenter cette expérience toujours enrichissante : prendre le métro, en sortir au hasard et retrouver son chemin parmi les zones piétonnes, les petits cafés, les jardins collectifs où poussent tomates et patates... ici, effet, on est bien loin des quartiers de prestige, on est souvent loin de tout ...

    Vous allez alors parcourir un Paris à dimension humaine, et vous serez un peu comme dans une ville tranquille de province. Vous pourrez aussi découvrir le plus grand espace vert de Paris, un "site touristique" original : le cimetière du Père Lachaise .... Puis, près du canal St Martin ou près du bassin de la Villette, vous pourrez vous asseoir, un verre à la main, et même y pique-niquer aux beaux jours ...

    C'est là un Paris très vivant, beaucoup plus accessible que celui des "beaux quartiers" des bords de Seine; plus romantique aussi, et trop souvent ignoré des touristes ... et là, tout le monde peut trouver sa place.


    >>  La dimension humaine : Humanité, conscience, et complexité de la société. Deux journées avec Edgar Morin.  

     

     


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