• Dans ses billets intitulés "Démolition des murs ... démolition des vies" , Parisperdu a montré comment la volonté de certains avait eu raison de quartiers entiers de Paris. Parfois cette "rage de destruction" n'est pas le fait des hommes mais celui d'un tragique destin qui s'acharne sur certains lieux de vie.
    Dans le sud de la France, après
    Perillos, un village perdu des Corbières, après Celles un village ruiné et dévitalisé au terme d'une longue épopée; après Comes un village abandonné après de terribles années, entre 1921 et 1926, quand la sécheresse eût raison, saison après saison, de chaque récolte; Parisperdu a visité Flassa, un autre village abandonné qui gît là, posé sur la pente ... dans un paysage magnifique...


    Chaque village perdu porte les ruines de notre mémoire.




    Il faut marcher longtemps, grimper surtout et, bien après que le souffle soit devenu court, … dans un ultime lacet, apparaît soudain la récompense: l'église Saint-Maurice de Flassa, aux avant-postes du village.

    Si loin du tout, posé sur la pente, sans même un panneau pour signaler son existence, Flassa se baigne, en ce matin, dans un soleil d'été.

    C'est d'abord le silence qui vous accueille ici, celui de l'abandon, du vide.
    Pas un être humain, pas un animal, rien de vivant, … à Flassa, même les arbres sont morts !

    Dans les années 60, la fermeture des mines de fer et des marbrières, le déclin du pastoralisme, l'attrait des villes … ont été les facteurs du dépeuplement de ce territoire. A Flassa, la poignée d'irréductibles, partisans de la vie en montagne va alors se réduire progressivement, jusqu'au tournant de l'année 2000. Cette année-là, Flassa avait encore un dernier habitant, un berger, vieux, tenace, fidèle à sa maison musée alors que le reste du hameau continuait à se rider, à se creuser. Il est allé jusqu'au bout, avec ses quelques moutons et tout cet espace où le regard plonge et se perd.

    Dans sa maison, dorénavant elle aussi abandonnée, la seule encore habitable, un cantonnier de la commune voisine a pris le relai.
    Il y loge de temps à autre, surtout pendant la période des foins, où il est chargé de couper les herbages et de les stocker au rez-de-chaussée de l'habitation. Le fourrage nourrira les troupeaux de passage, jusqu'à l'approche de l'hiver.

    Pour lui rendre la vie un peu plus facile, on lui a installé une dizaine de m2 de panneaux photovoltaïques : seul signe de modernité dans le vieux village abandonné.
    Alors, timidement Flassa se dénoue de son abandon, les quelques salades et tomates cultivées par ce nouveau résident, en sont les témoins.

    Face au Canigou omniprésent, la montagne sacrée des catalans, Flassa garde une certaine noblesse. Et, lorsque Jean Giono écrit: "Comme les hommes, les pays ont une noblesse qu'on ne peut connaître que par l'approche et la fréquentation amicale. Et il n'y a pas de plus puissant outil d'approche et de fréquentation que la marche à pied.", on peut penser qu'il est venu un jour jusqu'à Flassa !

    Alors nous aussi, nous vous invitons à marcher, à suer, à peiner pour atteindre ce village perdu …
    Et, tout comme Aladin qui frotte sa manche à la lampe magique, en frottant vos chaussures à la terre, à la roche, vous réveillerez l'esprit des lieux, l'esprit de ce village abandonné … au moins pendant le court temps de votre visite.


    >>  L'église Saint-Maurice de Flassa, aux avant-postes du village.

    >> Balade dans le village de Flassa.

     

     


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  • Dans mon village de vacances, on me dit qu'il existe un "petit Paris".
    Un petit Paris ?
    Je me fais, bien sûr, un devoir d'aller voir ça de plus près.

    Sur la presqu'ile qui referme le port sur lui-même, sur une hauteur qui domine même le clocher du village, il y a là, une petite dizaine de maisons, le long de deux rues minuscules : c'est le petit Paris.

    Mais rien ne semble justifier une telle appellation, ici rien de capital, tout respire la modestie … dans une torpeur bien méditerranéenne. Point d'agitation dans les rues où seuls quelques chats se prélassent au soleil et quelques résidents âgés se reposent à l'ombre du figuier.
    Alors pourquoi le petit Paris … ?

    Il faut aller chercher la réponse, dans la déformation du vocable catalan du lieu, le petit Paris serait en fait … le petit Barri, le petit quartier !
    Et, là on comprend mieux, car ce petit quartier est bien en fait une annexe du village … et ce "barri" a un charme fou … un peu comme Paris finalement !


    >> Le Petit barri de Port-Vendres (Pyrénées-Orientales)



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  • Place de Stalingrad : La Retonde de Claude Nicolas Ledoux sur la place réaménagée par Bernard Huet.

    On peut s’interroger sur la remarquable absence de tags sur la Place de Stalingrad.
    Serait-ce la monumentalité du lieu qui inhiberait la "créativité" des tagueurs ?
    Ou bien ceux-ci adhèrent-ils inconsciemment au style voulu par les deux architectes successifs de la Place: Ledoux et Huet ?
    Ou alors, plus prosaïquement, la mairie ou la Ville nettoient-elles instantanément et en priorité chaque "taggage" à cet endroit ?

    Nous n'avons pas la réponse, mais force est de constater les faits : la Place de Stalingrad n’est jamais tagguée.
    Nous nous permettrons alors une interprétation : elle n’est pas tagguée précisément parce qu’elle est livrée à la "consommation urbaine" de tous, y compris des victimes de la crise, de la drogue, … et des délinquants multicartes … tous trouvent ici une scène nocturne où exhiber leur malheur social et individuel.

    Ces gens qui parfois flirtent avec leur propre disparition, seraient en communication symbolique avec la sobre et sombre Rotonde de Ledoux, un lieu à la solennité incontestable, en quelque sorte: un temple, … leur temple !
    Et, on ne taggue pas son propre temple …


    >> La double vie de la Place Stalingrad.


     


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  • Les deux facettes de la Place de Stalingrad - Paris 19e arrondissement.
    (Photomontage: © Pierre Barreteau)


    Le projet de la nouvelle Place de Stalingrad fut dès le départ étroitement liés au programme d’aménagement du bassin de la Villette. Il devait aussi poursuivre le grand projet urbain de Ledoux (et surtout de Girard), sans prétendre toutefois à une reconstitution littérale.
    La Place, retravaillée par l'architecte Bernard Huet a été livrée au public en 1989.
    Quelques 20 ans après, quel est le résultat pratique obtenu ?

    Sa fréquentation diurne/nocturne fait penser à Mr. Jekyll et Dr. Hyde, la place ayant une double vie : respectable le jour, mais interlope la nuit. Ainsi, arrivé au terme de sa rénovation, la place de Stalingrad doit encore régler ses problèmes de drogues ...

    Un temps chassés en banlieue, les dealers de "crack" vendent à nouveau à Stalingrad. L'endroit précis est connu sous le nom de "camp des arcades", un petit camp retranché sous les arcades du bout de la place avec, comme rempart protecteur, des barrières de chantier de la ville de Paris. Sur ce spot, se tiennent en permanence une trentaine de zonards tellement accros qu’ils achètent et ­fument leur drogue en plein air. Les rares passants détournent le regard, tandis que défilent des dizaines d’autres clients venus s'approvisionner ici.

    Le problème devrait être résorbé en quelques mois avec le nouveau plan "Crack Stalingrad". Déjà, la police et les brigades anti-criminalité (Bac) font des raids réguliers le soir, et la voirie passe pour nettoyer. Mais les policiers n’embarquent presque personne, car les dealers ont leurs réseaux de guetteurs et, sur la place, les groupes se reforment moins d’une heure après les descentes de police.

    Les riverains pensent que l'ouverture de la Rotonde, transformée en restaurant haut de gamme, va contribuer à faire partir les "crackers".
    Sans doute, … mais ils trouveront un autre endroit, plus loin. Peut-être même seulement à une centaine de mètres …et la place de Stalingrad continuera à mener sa drôle de double vie.



    >> Déjà sur Parisperdu: "Stalingrad".

     


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  • Rue Tholozé Paris 18ème


    Sans doute fascinés par le moulin de la Galette qui, en sa partie haute, ferme la rue Tholozé, Utrillo et après lui beaucoup d'autres peintres n'ont cessé de croquer la perspective montante de la rue.

    Tous ont délaissé la perspective inverse, celle de la rue descendante.
    C'est pourtant cette dernière qui sied le mieux à l'œil du photographe, car alors les plans successifs s'étalent devant son objectif,  jusqu'à libérer le champ sur un Paris lointain…  d'où émerge le dôme doré des Invalides.

    En cette fin d'après-midi ensoleillée, et selon cette perspective, elle a bien fière allure la rue Tholozé …



    >> Peinte par Utrillo, il y a 100 ans.

    >> Rue Tholozé, en contre-plongée.

     

     

     


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